La nuit était assez douce pour cette saison de l’année. Les yeux grand ouvert, allongé sur l’herbe de la plaine, Dar Khan regardé les étoiles et pensait à son avenir. En avait-il un ? Il venait à peine de quitter la maison familiale et ne savait pas encore quoi faire de sa vie. Et puis ce petit mou qui était venu à lui pendant le sommeil et qui maintenant ne quittait plus ses pensées. Quelle chose étrange. Pourquoi lui ?
Le mou, qu’il avait décidé d’appeler Pip, vu le bruit qu’il faisait tout le temps quand il se téléportait ; lui avait ouvert un monde de pensées et partage bien étrange. Il avait rapidement fait la connaissance d’autres tchaës chaleureux et accueillants. Ce nouveau monde qui lui tendait les bras, lui offrait pleins de possibilités.
C’est décidé, le lendemain, il allait rentrer en ville et prendre sa vie en main. Il avait une petite idée de ce qu’il allait faire mais les petites lignes de son plan de carrière n’étaient pas encore là.
-Bah, se dit-il, chaque chose en son temps.
-Pip dit :, fit Pip, tout excité en réponse aux pensées de son nouvel ami.
Le lendemain, après plusieurs heures de marche ils arrivèrent aux portes de la ville de Farnya. Un tydale était sur le chemin, patientant assis sur une grosse pierre. Il se leva en le voyant et l’interpela dans une langue que dar Khan ne compris pas. L’étranger se rapprocha et vint toucher le bras de Dar Khan qui gentiment se libéra de cette étreinte un peu mal placé et lui fit comprendre qu’il ne parlait pas sa langue. L’étranger sembla satisfait de cette réponse et reparti s’asseoir.
Étrange cet homme, pensa Dar Khan. Mais trop excité par sa future journée, il ne pensa vite plus à cet incident et entra dans la ville de Farnya.
Les rues animés ainsi que les nombreuses échoppes où se vendaient de tout et n’importe quoi, apportaient une couleur et une odeur bien spécifique à la ville. Le visage de Dar Khan se fendit d’un sourire en voyant la beauté de ces lieux. Sa ville. Certes il ne la connaissait pas comme sa poche, n’étant venu que quelques fois avec son père fermier, pour revendre les récoltes. Mais il considérait cette ville comme la sienne. C’était son peuple. Ses frères, qui marchaient à ses côtés, et qui parfois le bousculer aussi lorsqu’il rêvassait un peu trop devant telle ou telle boutique mais toujours en s’excusant. Entre tchaë, il y avait rarement des problèmes.
Il se dirigea vers l’armurerie, sentant dans sa poche gigotait le petit Pip, qui lui aussi ressentait l’excitation de cette ville qu’il côtoyait pour la première fois.
Et en inspectant ses poches justement, il se rendit compte que quelques-unes des pierres que lui avait données son père manquaient. Il s’était fait volé. Très certainement cet étranger aux portes de la cité. Il pesta tout haut contre sa malchance et un noble, vu la qualité de ses vêtements, se retourna vers lui. Ce gentilhomme l’interrogea du regard. Et Dar Khan, d’un air gêné et penaud lui expliqua :
-Je crois que je me suis fait voler une partie de mes pierres par un étranger aux portes de la ville.
Le visage du gentilhomme se durci à ses mots et il partit, le visage sombre et d’un pas rapide. Dar Khan ne compris pas vraiment ce qu’il venait de se passer, encore sous le choc de sa perte.
Tant pis, la journée ne démarrait pas exactement comme il fallait mais cela ne l’arrêtera pas. Il compta combien il lui restait et décida que c’était tout de même assez. Il entra alors dans l’armurerie.
-Bonjour jeune homme. Que désires-tu ? lui demande l’armurier, vêtu d’une armure de cuir, très certainement pour vanter les mérites de ses propres produits.
-Bonjour Monsieur, j’aimerai voir ce que vous avez comme pistolet ou arquebuse. Enfin quelque chose qui fasse Boummmm, lui dit Dar Khan, une lumière brillante dans les yeux.
-Hmm dit moi petit, tu sais que ces choses-là coutent très chers. Combien tu es prêt à mettre ?
-Disons 30 Girasols.
L’armurier parti d’un rire puissant et profond mais sans méchanceté. Dar Khan, clairement conscient de son manque de connaissance dans le sujet, ne se vexa nullement et souri gentiment attendant que les rires cesses.
-Ahh mon petit, grâce à toi je vais passer une bonne journée. Pour ce prix-là, je peux te faire une arbalète de poing, c’est tout ce que tu pourras t’offrir. Et comme tu m’as bien fait rire, je te fais 10% sur le tarif. Ça te dit ?
Une arbalète ? ça n’était pas vraiment dans les plans prévus mais pourquoi pas.
Pip dit : demanda Pip d’une petite voix triste dans sa tête.
-Non pas pour le moment je crois bien. Lui répondit mentalement Dar Khan.
L’arbalète en bandouillère, ils sortirent de l’armurerie et allèrent s’assoir sur un banc au milieu de la place des tertres.
Bon c’était la partie le plus simple, se dit Dar Khan. Maintenant, il va falloir être convaincant. Il ferma les yeux.
Assis sur le banc, les yeux fermés, il avait l’air de dormir, mais en réalité il était en grande conversation avec les différents Symbiosés tchaës que lui donnait accès son petit compagnon tout mou et mignon.
Après avoir demandé à qui il devait s’adresser pour faire partie de l’artillerie tchaë, il put se mettre en contact avec le commandant artilleur Toufic.
Dar Khan avait de prévu un long discours pour essayer de convaincre le commandant de l’accepter au sein de ses troupes. Il n’était pas prêt à la supplier mais cela s’en rapprocher. Mais toutes ces manœuvres qu’avaient imaginées Dar Khan furent balayées par la gentillesse de l’accueil du commandant. En moins de 2 minutes, il se retrouva membre du corps des artilleurs. La raison était assez simple : il manquait cruellement d’effectif et un nouveau membre symbiosé était un avantage de taille.
Il semblait même qu’un autre tchaë venait aussi d’intégrer les rangs des artilleurs. Un dénommé Philinor venait de devenir son futur coéquipier.
Le commandant Toufic leur confia même leur première mission.
-Puisque vous semblez motivés, leur dit le commandant, j'ai une mission à vous confier. Il s'agit de repérer un tydale de l'Equilibrium nommé Mirgahal. La dernière position connue de l'individu est au sud de la porte ouest de Farnya. Il est agressif, aussi ce que je vous demande, c'est que chacun de vous pénètre dans une des tours de la porte ouest et observe les alentours, et signale sa position aussitôt vu.
-Chef ! Oui Chef répondit avec un sourire Dar Khan.
-Je ne vous décevrai pas commandant, et m'attelle à la tache dès à présent répondit quant à lui Philidor.
Et c’est ainsi que Dar Khan se retrouva un petit 10 minutes plus tard, montant l’escalier de la tour de guet de la porte ouest. Philinor lui ayant dit qu’il arriverai le plus vite possible mais n’étant pas en ville, il mettrait un peu de temps.