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Père et Junior partent en Croisade...
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Sujet lancé par Tchik
Le 22-07-1511 à 21h16
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Posté par Thosen Noril,
Le 14-09-1511 à 01h03
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Tchik

Le Vayang 22 Julantir 1511 à 21h16

 
***
Mairie de Farnya, 8h08.

***


Elle venait à peine d'arriver qu'il l'attendait déjà sur le seuil du bureau, avec ses grosses chaussures et ses lunettes d'une autre époque. Soeur Eldria était une honorable employée de la Mairie, toujours à l'heure, efficace et dévouée. D'une nature plutôt calme et agréable. Pourtant, ce matin là, il avait suffit de 8 minutes avec cet individu pour la faire sortir de ses gonds.

JE NE PEUX PAS!

La tchaë observait son vis à vis, interloquée par son obstination. On avait entendu la secrétaire jusqu'au bout du couloir. Mais cela ne s'arrêta point. Le ton monta de plus bel. Elle tenait tête malgré un brin d'exaspération. De résignation même. L'autre insistait. Sa voix était calme, mais on l'entendait aussi. Ce qu'il était venu chercher, il escomptait l'obtenir coûte que coûte. A ses yeux, il ne demandait pas là un exploit à Eldria et estimait qu'elle faisait preuve de bêtise, même si il ne le lui disait pas ouvertement. Le tchaë, d'un certain âge, avait choisi les mots exacts "Cela ne vous coûte rien! Faîtes preuve de bon sens". A vrai dire, il essayait de calmer le ton de la Soeur, mais celle ci rechignait véritablement à lui rendre le service demandé. Une question d'éthique ou de règles. Du coup, sa voix se fit de plus en plus...

MAIS PUISQUE JE VOUS DIS QUE JE NE PEUX PAS! PAR ERIKIS!!

...entendre.
Là, même dans le bureau du maire, l'écho avait trouvé son chemin. Tout le monde avait bien distinctement entendu le nom d'Erikis. Bien que ce soit en réalité le nom d'un arrière arrière grand aïeul d'Eldria, qui avait eu le prestige d'être l'architecte des batiments mitoyens de la Mairie. Pas de la Mairie elle-même. Un Saint Patron oublié mais qui ressortait en cet instant inattendu.

Un court moment de gloire.



Interrupteur Enclenché!

 
Thosen Noril

Le Luang 25 Julantir 1511 à 00h58

 
Rallier l'obscurité, continuer à s'enfoncer dans cette mélasse, oublier la brûlure de ses muscles et repousser les images qui revenaient. Le mur de flammes dans son dos serpentait lentement, si lentement. Il n'aurait pas du lui laisser autant de temps. Il jouait avec lui, oui, patient, laissant sa minuscule proie s'épuiser, le venin de la fatigue la paralyser, avant de la dévorer.
Les images se succédèrent à nouveau, évoquant le destin que la clarté rougeoyante dans son dos projetait...

Un œil sur l'horloge installée au mur. 8h08.
Douleur. Ses cervicales lui rappelait une fois encore que sa nuit n'avait guère été enthousiasmante. Relevant doucement la tête, la marque d'un importun contrat de rénovation lui barrant la joue et le front, le petit diplomate se promit de rentrer chez lui ce soir. Ou d'installer un lit dans la pièce. Les yeux encore collés, la langue pâteuse, pestant contre sa vie de bachelor retrouvée, Thosen dirigeait un bras hésitant vers les petits pains chauds qu'on avait du lui apporter quelques minutes plus tôt, lorsque un éclat de voix lui parvient.
Allons donc.

Qui pouvait bien mettre la douce Eldria dans cet état de si bon matin ?
Trouvant difficilement la poignée de son bureau, une brioche dans la bouche et une autre dans sa poche, s'interrogeant sur ce qui pouvait motiver refus si catégorique émanant d'une personne si affable, et sur la manière de faire monter un lit à l'étage, il en vint à conclure qu'un simple oreiller éviterait déjà bien des désagréments.
Là.
Demi-tour vite.
Si seulement.

Resté à l'orée de la pièce, tiraillé par des pulsions contradictoires, Thosen détaillait le Mage Enchanteur. Tchik au petit matin c'était une nouveauté, mais quelque chose au creux de l'oreille lui hurlait qu'il se serait vautré dans l'ignorance.
S'avançant.


Hum, Frère Terenor ? (ouh que cela manquait de conviction).
Vous semblez attendre quelque chose de notre mairie... peut-être puis je vous être utile ?
Prendre les coups durs à la place de ses subordonnés, diriger par l'exemple, tel était le prix à payer pour les petits pains chauds.
Déposant discrètement sa deuxième brioche sur le bureau de la Soeur Eldria, le petit tchaë trouva la force d'adresser un sourire en coin au professeur Terenor.


 
Tchik

Le Merakih 27 Julantir 1511 à 11h31

 
Rooh des coups durs, tout de suite.
Le visage de Terenor n'était pas celui d'une terreur ni d'une tempête déferlant sur une office administrative. Il avait l'air contrarié, certes, mais de voir tant de vagues pour si peu de choses. Du moins, à ses yeux, ce n'était pas grand chose.

D'ailleurs, il réfutait de la tête toute responsabilité.


...Thosen!

Je ne demande qu'une liste d'adresse à la Soeur Eldria.


Avant qu'il ne poursuive, la Soeur renchérit.

Monsieur le Maire!

Un décret interdit aux agents de divulguer la moindre information sans la formelle autorisation des Régis ou du Précepteur! La FORMELLE autorisation. Et ce Frère n'a aucun papier signé de la Rouge et pour nous c'est un parfait inconnu!


Sur un ton pète-sec, la nuque raide et le regard outré.
Il y avait là dessous une relique du Prince qui scellait certains accès. L'ancien Maire avait cédé sa place, mais restait encore quelques vestiges de son passage. Il faudrait un véritable archéologue pour fouiller et déterrer tous les trésors de filouterie et d'astuces politiques qui se trouvaient sous ces piles de dossiers, meubles d'archives.


Mais Soeur Eldria, je ne vous demande pas des informations sur les syndicats, je veux simplement avoir leur adresse. Et les adresses des imprimeries non accréditées ou qui ont perdu leur accréditation. Je suis même certain qu'en cherchant un peu, vous pourriez me trouver une liste d'imprimerie qui ont fermé boutique et qui donc, par définition n'appartiennent plus à personne.

Enfin si, elles appartiennent au Passé!
C'est quand même pas sorcier!


Un peu exaspéré le Galchik, mais son argument relança la discussion. Eldria argua que "Passé ou pas, il fallait une autorisation formelle", ce à quoi elle se vit répondre "Mais les morts ne peuvent pas fournir d'autorisation!", ce à quoi elle rétorqua "d'aller voir ailleurs si le Précepteur veut bien perdre son temps à arbitrer des requêtes d'un inconnu borné!".


Interrupteur Enclenché!

 
Thosen Noril

Le Luang 1 Agur 1511 à 19h36

 
La moindre information... tiens donc... et un décret pour s'en assurer, rien que ça.
Décret municipal, préceptoral ou princier d'ailleurs ? Surement municipal, le préceptorat n'avait pas assez d'influence sur les affaires de la mairie pour remplacer un municipal. Aisé à abroger tout de suite donc,mais à tout les coups Ethan aura malencontreusement apposé son propre sceau Princier au décret de mairie ce qui impliquera forcément enquête d'un avoué pour clarifier cet imbroglio décisionnel savamment orchestré. Avoué qui aura probablement déjà toutes les peines du monde à retrouver la copie originale, retranscris fidèlement dans les us mais dont le texte fondateur aura été perdu dans le changement de direction de Farnya.
Le délicieux Ethan Gorgo savait toujours se rappeler à son bon souvenir de la plus exquise des façons comme sa dernière intervention sur le consensus en témoignait.
Interrompant la Tchaë au milieu d'un
"Et le grand arbre rouge, vous le voyez le grand arbre rouge".

Ah Soeur Eldria ! Justement je n'ai pas eu l'occasion de lire ce décret si fondateur dans nos affaires de la mairie jusqu'à présent. Pourriez vous me l'apporter je vous prie ?

Et royal ? S'il était royal ? Peu probable, le Roi était trop à cheval sur la séparation des pouvoirs et des responsabilités pour mettre du Rouge dans la conduite de la cité de manière si évidente...

Je vais discuter avec notre Frère dans mon bureau en attendant. Et nous contacterons un régisseur une fois sa requête expliquée.
Petit sourire et signe de tête un poil impérieux pour clore la discussion, puis se tournant vers le Mage Enchanteur.

Suivez-moi je vous prie Galchik.
Tchik connaissait déjà le bureau du petit maire, et hormis une bonne odeur de renfermée et un chapeau de feutre sombre sur le meuble, la pièce n'avait guère changée. Baragouinant des excuses, Thosen ouvrit les fenêtres derrière lui et s'assit en présentant la chaise à son vis-à-vis.

Comme vous l'avez appris Frère Terenor, les conditions de transmissions des informations, mêmes anodines, sont assez strictes.
Il l'avait effectivement appris, mais alors pourquoi tant d'insistance ? Soit l'inventeur n'avait pas le temps d'aller demander ailleurs, soit il avait réussi à se fâcher avec tout les régisseurs et le Prince réunis, assuré qu'ils ne donneraient pas le tour espéré à sa demande, soit encore, et le plus probable, il était effectivement borné.
Maintenant comment donner suite à la requête de son Frère sans lui fournir une arme contre lui.


Mais je souhaite y remédier dans la mesure du possible. Je comprends parfaitement les raisons qui ont poussé notre Prince à mettre en place pareilles restrictions, mais mon mandat de maire s’appuie sur la nécessité de permettre à des projets plus transversaux d'apparaitre. Et cela signifie notamment que loges de la Bleue, syndicats de la Rouge et corps de la Noire pourront travailler ensemble sans en passer de manière trop complexe par des structures bureaucratiques.
Je vous en parle parce que vous m'apportez justement un parfait exemple des lenteurs administratives que je souhaite gommer, et même si cela permet de contrôler donc protéger l'information, c'est plus contraignant qu'efficace je crois.


Ce disant plume, feuille de papier, bougie allumée d'un sortilège d'essencialis et petit cachet de cire. Voilà pour le décret, qui aura toujours l'occasion de sortir du bureau ou de se transformer en abrogation si Eldria retrouve l'ancienne loi. Il y avait bien eu la tentation de remplacer "Précepteur et Régisseur" par "Maire" mais il y avait vaillamment résisté. A la place "l'information sur les cœurs d'activités et positions déclarées des syndicats/loges/corps est accessible à tout membre de la Fraternité, non musard qui en ferait la demande à la mairie de Farnya".
Deuxième feuille, plume, cachet et nouveauté, un cylindre d'acier dans laquelle vient se ranger le papier.
Ouvrant une petite trappe dans son bureau, héritage du précédent occupant, Thosen y plaça le message et un bref bruit de canalisation plus tard se tourna à nouveau vers Tchik.


On va à présent m'apporter les informations que vous désirez Frère, les adresses déclarées des syndicats référencées et la liste des imprimeries connues et non accréditées dans notre bonne cité, mais votre demande m'intrigue assez... Peut être pourriez vous m'expliquer son pourquoi ? Nous avons quelques minutes encore devant nous.

L'invitation était polie mais visiblement déclinable comme en témoignait la décontraction affichée du petit tchaë. Encore fallait-il être capable de meubler le silence qui allait alors suivre.

 
Tchik

Le Sukra 6 Agur 1511 à 19h12

 
Finalement, l'arrivée de Thosen avait débloqué son affaire. Eldria éloignée et occupée à obéir à un ordre, il s'en trouvait pleinement soulagé. L'équation retrouvait un cours normal. Cela aurait été dommage de rester bloquer dans ce cercle booléen. Plutot que d'accabler la secrétaire, l'ingénieur avait préféré le "profil bas", le Maire lui même avait ses compétences dans ce genre de situation, il valait mieux le laisser faire. Et puis, il était aussi question du Prince et des lois, Galchik était à même de comprendre que l'alternative suggérée était largement plus efficiente que toutes celles qu'il avait imaginé.

A vrai dire, il partageait la décontraction de son vis à vis symbiosé. Et la question qu'il posait été censée, logique. Ne pas répondre ne le serait pas par contre. Il fallait simplement être prudent. Non pas que le Maire puisse être d'un quelconque danger, seulement, la piste sur laquelle se trouvait Galchik le menait sur des zones d'ombres de la Fraternité et mieux valait avancer avec des pincettes. Y compris avec ses collègues les plus proches. Sans mentir, la situation exigeait de ne pas dévoiler trop la vérité. Dans la mesure où cette vérité justement, même Galchik ne la détenait pas. Plutot que d'éveiller des soupçons et annihiler ses espoirs de discrétions, il préférait attendre d'avoir de véritables preuves avant d'en parler plus ouvertement.


C'est assez simple.
Je mène des recherche en cryptomagie. En vue de réaliser un décrypteur assez efficace.
Et étant donné que les imprimeurs recourent souvent à divers systèmes de décryptage, j'ai songé à les consulter directement, pour me renseigner. Peut être aussi, à fouiller les anciens entrepôts ou ateliers d'imprimerie, peut être pour y trouver quelques perles.

J'espérais simplement ne pas attirer l'attention du Prince ou de ses Régis.
Je ne voudrais pas passer pour un espion de la Bleue, vous comprenez...



Interrupteur Enclenché!

 
Thosen Noril

Le Matal 16 Agur 1511 à 23h35

 
D'engageant, le sourire du petit tchaë se fit large.
Sacré Tchik, toujours un bon mot.


Je comprends, je comprends bien sur.
Le meilleur moyen de ne pas attirer l'attention d'Ethan étant bien sur d'entrer dans des locaux qu'il avait dirigé pendant des années, faire un esclandre et partir bras dessus, bras dessous avec le remplaçant honni de son Altesse Princière.
Le Frère Bleu ne pouvait pas non plus savoir que la moitié de son équipe administrative au moins n'était pas tout à fait encore acquise à sa cause... et que contre mauvaise fortune il fallait constamment redoubler de ruse et d'entreprises retorses pour semer le bon Précepteur.


Vous inspirer de décryptage littéraire pour comprendre des effets de sorcellerie... Un projet intéressant et peu banal n'est ce pas ?
Parlant, distraitement, il avait commencé à verser une tasse de thé au Mage Enchanteur.
Dans la démarche j'entends, si vous ne vous adressez pas davantage à l'un de vos confrères de la Bleue spécialiste en cryptomagie pour le réaliser et préférer vous tourner vers le réel...
C'était que le décryptage servait des buts bien particuliers hors de leurs compétences... ou qu'il n'avait simplement pas envie de mettre sa propre bulle dans la confidence.
Ou les deux.

Revenant à son vis-à-vis, un sourire d'une franchise désarmante aux lèvres.

Que cherchez vous à décrypter Frère Terenor ?

Il ne lui ferait pas l'affront des circonvolutions, ça ne prendrait pas avec Tchik. Les menaces voilées stupides et l'affect une erreur grossière. Non, s'il souhaitait avoir le fin mot de l'histoire... du paragraphe... autant interroger honnêtement l'écrivain.
La curiosité du jeune maire était loin d'être désintéressée d'ailleurs, qu'un autre inventeur se trouve ici et il se serait essayé par amusement à découvrir les raisons de sa visite. Mais avec Tchik il y avait très certainement quelque chose un soupçon plus complexe qu'une antique lotion contre les verrues. Mais lui seul devait savoir quoi encore.


 
Tchik

Le Julung 18 Agur 1511 à 10h27

 
***

***


Il lui avait servi le thé.
Classique! Une manoeuvre qui voulait dire "j'ai tout mon temps". Chaque fois c'était la même histoire quand les gens se servaient du thé. Une clé des plus simples à de multiples matrices. Et après on reprochait à Terenor de voir trop de calcul partout. Mais le thé! Se serait faire affront à son intelligence que d'aller lui dire qu'il s'agit seulement de règles de politesse. Non! C'était un rouage rodé d'un mécanisme quasiment ultime.

Galchik observa le thé avec défiance, puis poussa délicatement le dessous-de-tasse, comme pour l'éloigner. Tout en répondant à la question posée.


...rien de bien défini encore.

Bientôt 9h.
Et il n'était toujours pas sorti de la mairie.
Pourtant sa valse verbale avec Thosen était loin d'être fini. S'il était une cavalière, il était de celle qui en redemande toujours. Théoriquement, il existait toujours un tas d'issu possible pour son interlocuteur de poursuivre cette discussion autant qu'il le souhaitait. Puisque pour le moment, il ne lui avait donné aucune liste, aucun papier administratif et derrière son sourire amical, le jeune tchaë désirait simplement mais fermement rassasier sa curiosité. La seule alternative était donc de poursuivre sur la même idée : ne pas dire la vérité sans mentir. Jongler avec les chiffres donc.


Mon intérêt porte plus sur la fabrication d'un tel objet, que sur le décryptage en lui-même.
Et ce sont justement mes collègues cryptomages qui m'ont renvoyé plus spécifiquement sur certaines techniques qui faisaient leur preuve chez les imprimeurs accrédités par la Rouge.


Une infime partie de la véritable démarche de l'ingénieur. A tel point qu'effectivement, ce pouvait paraître des mensonges. Puis une idée lui vint, une clé pour refermer à nouveau la matrice et renvoyer le thé valser. Métaphoriquement, bien sûr.

...et puis, il faut admettre que je n'ai pas osé les déranger pour si peu, puisque l'algorithme qui m'a inspiré provient d'un... livre de cuisine. Une lubbie apparue entre les crèmes pâtissières et les fruits&légumes.

Une vérité plus vraie que vraie pour cacher une autre vérité. Tout cela n'avait de valeur que pour celui qui en connaissait le sens. Tchik arborait un léger sourire : il venait d'entarter Thosen. Ou de le prendre pour une poire. Et il savait que désormais si le jeune Maire voulait en savoir plus, il serait obligé de prendre le risque d'être "insistant". Peut être cela le découragerait-il.


Interrupteur Enclenché!

 
Thosen Noril

Le Luang 22 Agur 1511 à 21h10

 
Une recette de cuisine !
Quelle merveilleuse trouvaille lui servait son Frère.
De négligemment curieux, Thosen devient soudainement effrontément intéressé.
Dans son regard Tchik découvre, non sans un certain effarement, un amour et enthousiasme indescriptible pour les arts culinaires. Sans connaitre le gaillard, on jurerait qu'il a passé toute sa vie près des fourneaux.
A danseur, danseur et demi, et cette valse jouée par le pipeau du mage enchanteur semble si entrainante !
Dans un éclat de voix.


Me parlez vous là bien d'une sorte de recette de cuisine encryptée Frère Tchik ! Ce serait absolument incroyable, une formule perdue que vous vous feriez devoir de redécouvrir ? Héritage des temps anciens, où la vie était plus gourmande j'imagine. Je salue avec bien du respect votre engagement pour notre mieux manger à tous...

Il est interrompu dans sa petite mascarade par le sifflement du système de tuyauterie. Un sourire à l’enthousiasme enfantin toujours sur les lèvres, il sort le cylindre d'acier, déroule le rouleau présent à l'intérieur et sans un regard pour Tchik griffonne rapidement un autre papier avant de l'envoyer. Le message arrivé est rapidement rangé dans un tiroir et Thosen retourne ravi à son invité.

Le pressentiment, si pressentiment il y a, du vieux chercheur est correct, il peut jurer avoir aperçu dans le regard toujours emplie de candeur du maire un éclair sardonique.
Il y a un nouveau partenaire, à l'autre bout du tuyau le fournisseur d'information est bien obligé d'entrer dans la danse et, un peu malgré lui, s'employer à lier les lacets de Frère Terenor.
C'est mesquin, très mesquin, et cela ne durera pas éternellement, puisqu'il n'envisage pas l'acte comme une forme de chantage, mais avant tout un moyen de pourvoir sérieusement à la contrariété de son cavalier.


Tenez, prenez donc quelques uns de ces petits pains cher Frère, vous m'en direz des nouvelles !
Ce disant justement, le diplomate présente le plateau d'une main et tapote des doigts négligemment sur son bureau avec l'autre.
Une recette de tarte vous me disiez... vous serait-il possible de me la fournir une fois votre travail achevé ? J'aime à me considérer comme un fin gourmet et celui qui a pris la peine d'encrypter suffisamment pour vous faire suer une recette, devait avoir un petit miracle mis de coté.

Prenant un air légèrement déçu.
Ou peut-être celle-ci existe déjà... voulez-vous que je vous apporte justement l'ensemble des brevets déposés sur ce type de préparation afin de faciliter une éventuelle identification par comparaison Frère Terenor ?
Au bas mot, deux mille pages -documents officiels- de tourtes, tartes, tartelettes et autres montages à pâtes plus ou moins feuilletées, c'était crème pâtissière ? Et deux mille de plus...

En effet, particularité unique à la Fraternité, bien que le procédé légale aurait pu être partagé avec la Confrérie, les tchaës appartenant à un syndicats pâtissier, boulanger, saucier, charcutier... de manière plus général ayant trait à la préparation de plats comestibles, pouvaient déposer une demande de brevet auprès de la mairie afin de valider le caractère novateur de leurs créations. Si c'était effectivement le cas, à la suite d'un trop souvent long et pénible travail de recherches dans les archives municipales, ils se voyaient alors octroyé le droit exclusif de l'utiliser pendant deux ans.
"Le Ventre Finaud" auberge réputée des quartiers huppés de la Rouge, se faisait d'ailleurs un devoir et une gloire d'avoir toujours trois recettes exclusives dans ses fourneaux.
Bien sur, à force de les voir s'essayer à des demandes extravagantes et déjà existantes de nourritures diverses, l'un de ses lointains prédécesseur avait finalement fait installer dans cette section spécialement réservée des archives un petit salon à l'intention des archivistes en chefs de certaines auberges.
Véritables rats de bibliothèques ceux-ci avaient pour unique fonction d'éviter aux services de la mairie une succession de démissions faisant suites à de trop nombreuses demandes, et donc recherches, inconsidérées.
Mais laissons-là le quotidien de l'administration Fraternelle.


Je peux peut-être même vous proposer mon archiviste spécialisé en dialectes anciens et recettes de cuisines archaïques Frère Terenor. Je suis persuadé qu'il pourrait vous être d'un grand secours dans vos recherches, probablement davantage que vos Frères Bleus cryptologues ou même nos Frères syndiqués, il se trouve justement qu'il est assez inemployé en ce moment.
A crétin, crétin et demi aussi donc. Le Mage Enchanteur n'avait pas contacté sa bulle, et s'il l'avait fait, il ne leur en avait pas plus exposé qu'à lui. Et il préférait visiblement trop rester dans l'ombre de Gorgo et ses subordonnés.
Il était pourtant venu jusqu'à la mairie pour trouver ses informations, et après la crispation à l'accueil, s'était précipité dans ses rets avec un certain empressement. Peut-être pensait-il le manœuvrer plus aisément qu'Ethan, peut-être attendait-il autre chose qu'un pas de deux inquisiteur.
Reprenant un ton calme.


Votre document ne va pas tarder j'imagine, peut-être souhaitez-vous vous entretenir d'un autre sujet ?

 
Tchik

Le Sukra 27 Agur 1511 à 18h29

 
Crétin!
Le jeune maire tentait de jouer avec le vieil ingénieur. Ce dernier en était certain désormais. Une formalité matinale se transformait en joute de verbiage et d'argumentation administrative sur les archivistes culinaires. Pire! Thosen osait lui faire le coup du "choix le moins pire"! Soit le pot de terre, soit le pot de verre. Runzël de Noril! Il connaissait le principe de parcimonie ce petit malin et c'était bien là une manœuvre de politicien. Heureusement pour Terenor, il avait su la détecter et il en connaissait quelques parades. De toutes façons, il perdrait du temps, alors autant s'employer à déjouer l'équation, plutot qu'à la fuir. Ce pourrait être amusant.

Son visage s'éclaira à l'écoute de la proposition.
D'abord, insuffler un peu de déception.


Ô je doute que votre archiviste puisse seulement comprendre le problème mathématiques et abstrait que je me suis posé.
Tout au plus pourrions nous éventuellement y voir quelques conjonctures avec l'alchimie.
Mais de culinaire, mon travail n'en a que la forme, pas le fond.


Le Diplomate avait fait des suppositions et son intention était transparente.
Il retenait en otage la liste des imprimeurs et Tchik devrait payer de ses informations pour la libérer. Mais ce petit jeu était peut être biaisé d'avance. Les deux trichaient. Mais qui tricherait le mieux? L'un des deux allait être déçu.
La seule règle qu'ils respecteraient : ne pas mentir sans pour autant dévoiler toute la vérité.
Celui qui s'essayerait à mentir de manière éhontée avouerait sa défaite. Ahah!

Très souriant, Galchik prit cette fois le thé.
Maintenant, jouer le jeu.


...toutefois, c'est une piste inattendue, votre idée mérite mon attention. Présentez moi donc votre archiviste. Je vous montrerais l'objet de mon travail, peut être que vous y verrez plus clair que moi. Mon regard est usé à force d'y confronter.

Vos yeux verront peut être ce que je n'ai pas vu.


Et il reposa la tasse de thé.
Oui, Tchik acceptait de révéler une information. Un peu facilement. Très facilement. Juste après avoir dit que cela n'avait aucun rapport avec la spécialité de l'archiviste, il acceptait de le rencontrer et de dévoiler son artefact?! Très très facilement! De quoi troubler un peu les suppositions, les hypothèses. Oh! Le jeune Noril avait de la ressource, il ne se laisserait pas désarçonner, mais l'assurance de l'ingénieur le dérangerait un peu. Le Frère Galchik venait de jouer un pion comme si il était sûr de son coup.

Une incitation à se montrer encore plus rusé?
Vraiment?



Interrupteur Enclenché!

 
Thosen Noril

Le Merakih 14 Saptawarar 1511 à 01h03

 
Insuffler un peu de déception ?

Les petits poumons du diplomate se gonflent si bien qu'une soudaine allégorie de la tristesse se manifeste devant le regard de l'ingénieur.
Dans le regard de Thosen on peut bien compter une quinzaine de gateaux à bougies oubliés, une vingtaine de lapins posés et cinq ou six nuits du Roi à la trappe.


Que la forme pas le fond ?
Les larmes montent presque.

Problème mathématique abstrait que vous vous êtes posé ?
Il étouffe un sanglot.

Une incitation à changer d'armes surtout, à refuser l'affrontement sur un terrain où le Mage Enchanteur s'adapte visiblement trop bien, pas le bon champs d'honneur proposé visiblement.

Seulement ce petit jeu commence à lui couter de son temps à lui aussi, et si pousser le Frère Terenor à révéler ses recherches peut-être quelque chose de plaisant, il n'a pas vocation à être derrière son dos en toute occasion, à épier ses moindres faits et gestes.
En somme, il pourrait tout aussi bien vaquer à ses propres occupations si curiosité et taquinerie ne s'étaient soudainement abattus sur son emploi du temps. En plus de cela un autre tube ne va pas tarder... et cela pourrait être difficile de l'ignorer encore une fois.
Épineux problème donc. Comment quitter le jeu sans briser les règles d'engagement, comment tourner le dos au chercheur sans trop s'exposer à une riposte conventionnelle ? Le panache et la supériorité morale bien sur, et pour cela il lui faut donner un tour nouveau à sa stratégie.

La voix commence doucement, Thosen reprenant rapidement contenance, modèle de stoïcisme devant de telles turpitudes émotionnelles.


Un problème mathématique...
Frère Terenor... Frère Terenor...

Une pointe de reproche apparait dans la voix du diplomate.

Je comprends à présent votre demande et elle m'attriste. Je sais bien qu'un esprit aussi créatif que le votre a besoin de stimuli, de défis, de découvertes, bref, mais tout de même, considérez ma position.
Le reproche devient le bougonnement d'un père adressé à un fils dissipé.

Vous voilà à utiliser les ressources de la mairie, à mobiliser le travail de deux archivistes et d'un frère Compilateur, à énerver notre adorable Soeur Eldria de si bon matin, à être, bien que très indirectement, la cause d'un décret municipal, afin que vous ne passiez pas par le Prince Gorgo, et tout cela pour un problème mathématique parfaitement abstrait, une simple lubie qui ne sert pas la Fraternité...
Notons que Thosen ne mentionne pas le temps que le Mage Enchanteur lui coûte, sa mauvaise foi à des limites et il ne veut pas que Tchik considère trop personnellement son petit laïus.

Vous n'avez pas jugé bon d’importuner vos Frères et Sœurs Bleu, donner des doutes à notre bon Précepteur, mais fournis un conséquent travail de recherche exhaustive, et qui existe compilé déjà surement dans la bulle Rouge, aux services de la mairie.

Notre travail ne consiste pas à fournir de la distraction, même à un esprit aussi brillant que le votre Frère Terenor, vous le comprenez bien n'est ce pas ?
Aussi j'ai bien le regret de vous annoncer que votre demande n'a pas à être traité par les employés municipaux.

Il y a de l'"empathie sincère"® dans le regard du jeune maire. Ses yeux emplis de bonté glissent sur le visage de l'ingénieur tandis qu'involontairement l’extrémité d'une de ses lèvres se lève à peine, esquissant un bien moins empathique et si peu sincère sourire en coin.

Néanmoins pour cette fois, je vais faire une exception, nos employés n'auront pas accompli ce travail pour rien et si cela peut vous profiter cher Frère c'est très bien ainsi.

Il n'allait pas choisir une carte du jeu du Savant finalement, et opposer un désintérêt mesuré, né de la tardive compréhension de sa demande, à la proposition (visiblement bien trop calculé) de Tchik.
Il n'était pas question d'user de coercition, se refusait au chantage ce qui limitait considérablement sa main, et perdre une matinée en palabres pour un résultat inconnu, même s'il parvenait à ses fins, n'entrait pas tout à fait dans les attributions imaginées par le Roi pour la charge de maire de Farnya.

Le grondement étouffé de l'air chassé emplit la pièce et un nouveau tube apparait à point nommé sur le bureau. Thosen l'ouvre rapidement, en retire deux papiers, range l'un dans son bureau et tend le second au Mage Enchanteur avec un sourire amical tandis que brille une étincelle dans ses prunelles. Il quitte la table de jeu et laisse son adversaire emporter sa petite victoire. Alors que la main du tchaë s'avance, le maire fait encore un petit geste de déni du poignet et ajoute chaleureusement.


Il vous faudra vous souvenir de cela pour vos demandes ultérieures Frère Terenor.
Le tube est déposé dans la poigne de Tchik et le petit tchaë se renfonce dans son fauteuil, la cordialité imprimée sur le visage.

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