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Les jardins d'Ykena

Une autre Fraternité

Il y a deux types de Frères sur ce monde : ceux qui ont une arquebuse chargée et ceux qui creusent. Moi, je creuse...
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Sujet lancé par Tchik
Le 23-04-1511 à 18h15
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Posté par Kal'Ash,
Le 06-06-1511 à 20h24
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Tchik

Le Sukra 23 Astawir 1511 à 18h15

 
Le coursier circulait à vive allure dans les couloirs.
Il avait eu de très claires recommandations : se bouger les fesses s'il tenait à être payer.
Le message qu'il transportait devait être de la plus haute importance. Mais lui ne recevait pas un salaire pour lire ou comprendre. On lui demandait de courir, porter et faire honneur à la Servitude. Aussi, arrivé devant la porte, il s'empressa de cogner et d'entrer presque dans l'élan.

A l'intérieur, une jeune tchaë.
Qui pouvait croire que celle ci était déjà Doyenne d'un Département?
Mieux : qui aurait pu croire qu'un jour elle aurait son propre bureau et qu'elle y compilerait des dossiers?
Et l'Esprit de la Machine dans tout ça?!
Et les armes expérimentales?
Les mains dans le cambouis?
Les heures passées tapis dans un recoin inconfortable pour obtenir des informations?
Ou pour monter ses archives naturalistes?

Kalëimendra Ash n'avait pas si fondamentalement changé. Au fond, elle était encore cette clephtienne en quête de secret. Mais du haut de ce rang honorifique -et sans doute lourd de responsabilité- de Grande Humaniste, un autre point de vue sur le monde s'offrait à elle. Une autre approche. La soif était alors tempérée par la patience. Le pragmatisme gagnait peu à peu du terrain sur la fougue et l'instinct. A quoi pouvait-elle bien penser désormais?
Elle seule pourrait le dire...

...et un message lui était tendu.
Une mauvaise blague?


Citation :
Vayang 1 Astawir 1511



Ô Honorable Grande Humaniste,



Autant vous le dire ainsi : j'ai un problème.
Il est venu à ma connaissance une affaire qui embarrasse quelque peu mon Département et notre Doyen. En tant que porte-parole, je me dois de vous en faire part et de vous expliquer dans quelle mesure vous y êtes liée.

Il y a quelques temps de cela, un sociétaire s'est installé dans la section Carmin de la Bibliothèque des Jardins. Jusque là, rien d'anormal, d'autant qu'il s'agit d'un habitué. Où cela perd de sa normalité, est qu'il n'a plus quitté son poste de lecture depuis et refuse catégoriquement qu'on vienne le déranger. Il ne rentre pas chez lui pour dormir, ni pour manger et même si cela donne du travail à quelques coursiers, les barrières de livres qu'il a empilé et les tables qu'il a réquisitionné d'office commencent à nous faire penser qu'il compte tenir son siège sur une période indéterminée. La charge de travail de nos acolytes est déjà considérable et nous ne pouvons pas nous permettre de couper l'accès d'une partie de la Bibliothèque pour l'usage d'un seul de nos Frères. Le déménagement de certaines étagères a même dû être reporté.

J'en viens donc à votre lien dans cette histoire.
En effet, le Frère Ourgh nous a signalé qu'un haut dignitaire 'Symbiosé' lui avait affirmé qu'en cas de problème avec ce sociétaire, il faudrait vous contacter. J'avoue que cela semble alambiqué et peu crédible. Je n'ai d'ailleurs point attaché d'importance à cette information au départ. Cependant, cela fait désormais neuf jours que la situation traine et je me refuse à faire appel à une escouade de la Noire pour l'en déloger.
Le sociétaire en question n'est autre que le Frère Terenor Galchik. Au Département des Sciences de l'Esprit, nous connaissons forcément ce membre de l'Expérimentale. Nombreux sont ceux qui ont eu à débattre avec lui. Et même si nous n'avons rien contre la pugnacité qu'il met dans son travail, cela n'avait jusqu'alors jamais atteint un tel degré. Autant vous le dire, nous sommes à cours de solutions diplomatiques. Si vous avez la moindre solution à nous offrir, je vous prie de vous manifester et vous en serez extrêmement reconnaissant.




Korany seul doit savoir ce que notre Frère cherche là bas.
Puisse t-il vous mettre sur les bons rails.




Maxis Bellion
Mestre Bibliothécaire.
P-P. L.A.


Tandis qu'elle s'assurait du contenu, le coursier s'était éloigné près de la porte. Prêt à partir.
Il semblait si pressé qu'il fit un sourire de convenance, s'excusa par tous les Saints Patrons, salua maigrement la haute-dignitaire puis fila à la manière d'un Confrère. Certes, Kal était assez jeune et cela se voyait, mais c'était risqué que d'agir ainsi envers une sommité de la Bulle Bleue. D'autant plus risqué lorsque l'on sait les accointances de la tchaë pour les armes à feu.

En voilà un qui ne perdait rien pour attendre.
Mais Kal avait autre chose sur le feu.
N'est ce pas?



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Dhiwara 24 Astawir 1511 à 22h03

 
Un poing s'abat sur la table, les veines affleurent de son cou, les jurons fusent. Ce vieil imbécile fait encore parler de lui, suffisamment pour qu'on vienne la déranger dans son travail. C'est à grand coups de pieds aux fesses que la jeune alchimancienne s'en va régler le problème, et le chapelet de noms d'oiseaux qui se bousculent déjà dans sa tête risque de résonner dans celle de tchik pendant les dix années à venir.
C'est certainement ce qui se serait produit deux ans auparavant.



Elle laisse choir la lettre sur la table, un instant pensive. Le message comporte une intrigue de taille.

Ce n'est pas le fait que l'on s'adresse à elle, car bien au contraire Ykena est un sanctuaire, un lieu à part, dans la montagne. La présence de la noire y est la même que partout ailleurs dans la fraternité sauf que, tant que faire ce peut, les azurs règlent leurs affaires à leur manière. Du moment que le délit ne nécessite pas le déplacement d'un prévôt de la milice, qu'une faute peut être gérée en interne, la bleue aime résoudre elle-même ses difficultés. Kal'ash n'y était pas étrangère, d'aucun dirait même qu'elle encourageait régulièrement ce genre d'initiatives.

Le caractère du litige n'était pas plus étonnant. Galtchik Terenor n'avait pas non plus beaucoup changé depuis sa symbiose. Un esprit structuré qui s'était agilement et rapidement adapté au chamboulement psychique de la désormais presque banale symbiose. Il l'avait contrariée, agacée, sa logorrhée avait trouvé dans la télépathie un gouffre sans fond à combler. Puis elle avait grandit, certains objectifs souvent bien dissimulés que poursuivait le scientifique avaient émergés à sa vue. Un grain de sable manquant avait trouvé sa place, et soudain tout paraissait plus fluide, les mécanismes complexes de la logique de Tchik avaient livré quelques uns de leurs secrets à la jeune Tchaë. Loin d'être fou, le théoricien était simplement difficile à suivre.
Or donc la nouvelle ne l'étonnait guère, Tchik succombant à sa passion dévorante pour la recherche, voila un sujet qui ne faisait plus anecdote.
Cependant elle connaissait suffisamment le tchaë pour affirmer qu'il ne se livrerait pas à de pareilles extravagances si le jeu n'en valait pas la chandelle.

Caressant pensivement son front du bout de ses doigts elle parcourait à toute allure et avec toute l'agilité que lui conférait sa solide expérience de la symbiose les derniers sujets mentaux abordés par le Frère scientifique, recensait les humeurs du sociétaire mutin, analysait l'odeur des résidus psychiques laissés derrière lui.
Et... rien du tout.

Et ce n'est pas rien !

Rien c'est un indice, souvent déterminant. Rien c'est l'absence de quelque-chose, et quand un individu a prit l'habitude de disséminer plein de petits quelque-choses derrière lui, cette absence -ce Rien- est symptomatique.
Le Rien mental de Tchik était un message, peut être à son attention mais elle n'aurait pu en jurer. Rien cela voulait dire "J'ai mis le doigt sur quelque-chose qui me tient tellement à cœur, quelque-chose de si emportant, que j'hésite même à en parler ouvertement".

Pour la Clephtienne qu'elle demeurait, le Rien de Tchik était un appel. Conscient ou peut être pas, elle ne savait pas trop encore. Un appel tout de même suffisamment inhabituel pour aiguiser sa curiosité naturelle. Elle se lève de sa chaise sans plus de considération pour le coursier qui s'était si vite enfuit, enfile une veste qui vient recouvrir son holster d'épaule et claque la porte du bureau.


Dans ce genre de mission elle avait l'habitude de se flanquer d'un ou deux ténébreux, grands, trapus, et équipés par la maison. Et pour n'importe qui d'autre c'est ce qu'elle aurait fait.





Sa main claque à plat le comptoir de la bibliothèque alors que son unique œil dévisage le préposé au renseignements. Elle vient pour un truc précis et n'a pas que ça à faire.
La dite Grande Humaniste interroge le Frère sur le blocus en cours à la bibliothèque, qui lui indique la section Carmin en ne racontant rien de plus que ce qu'elle sait déjà. Abandonnant le fonctionnaire au beau milieu de son discours elle s'élance entre les rayonnages qu'elle connait bien jusqu'à voir apparaitre au détour d'une rangée une muraille qu'on aurait eu l'étrange idée d'ériger à partir de la substance manuscrite des lieux.

Le Mestre bibliothécaire n'avait pas exagéré, un incroyable souk livresque, des tables réquisitionnées, une portion importante de la pièce sauvagement annexée.

Elle soupira.

Sors les mains en l'air Tchik, je sais que t'es là. lance t-elle, pince-sans-rire, à la cantonade.









 
Tchik

Le Luang 25 Astawir 1511 à 10h25

 
Une tête dépassa une tribune de livres.
Puis elle replongea dans ses abimes.
Réponse :


Hum...

Ni enchanté, ni agacé.
Après quelques secondes, Tchik finit par lancer à son tour à la cantonade.


Prends le roman, "Journal du Régisseur Malvin Gimel".
Et aussi le carnet d'étude du Frère Vilfon sur les trajectoires des courses.
Ils sont sur ta gauche.

...par terre sur ta droite, il y a une coupe de fruit.
Amènes la aussi.


Visiblement, il était déjà admis que Kal'Ash franchirait la muraille et entrerait dans le fort. Pragmatisme oblige : autant qu'elle apporte quelque chose. La coupe de fruit! Effectivement, il y en avait une. Quelqu'un avait dû la déposer devant le Fort. Inquiet pour le mutin. L'Esprit Bleu en pleine démonstration : un Frère dérangeait tout un Département, mais on lui apportait à manger quand même. Il menait des recherches après tout.
Seul souci, les fruits avaient pourris. Il restait quelques pommes encore mangeables.
Les livres qu'il avait demandé se trouvaient aussi sur la première pile à l'entrée.
Il fallait quand même pas avoir peur de se noyer dans les couvertures et les reliures pour mettre la main là dedans.

Une fois le seuil franchit, on découvrait d'autres murailles. D'autres livres.
Et la perspective d'étagères complètement vidées dans le fond de la Bibliothèque. Puis on finissait rapidement par tomber sur l'ingénieux ingénieur. Attablé et penché sur un grand recueil, une loupe à la main, et de nombreuses feuilles volantes tout autour de lui, qu'il avait dû griffonner. Tchik tendit la main vers la silhouette de Kal, sans même lever la tête, pour récupérer les livres. Ou les pommes. Sur la table, on voyait qu'il s'était véritablement équipé pour cette tache :
Une lanterne pour le moment éteinte, un tas d'outils étranges, son grand sac, un oreiller et surtout un pistolet.
Ce dernier petit détail démontrait à quel point il était déterminé à creuser son idée.
Et sans doute était-ce là le véritable argument qui avait forcé le Mestre Bellion à contacter l'ancienne Analyste.
Elle, au moins, avait l'habitude de gérer ce genre de cas spéciaux.

Que lisait-il au fait?
Un autre roman. Vu le titre, il s'agissait d'une histoire épique. Un grand classique en vérité, racontant les aventures d'une escouade de la Noire. Mais il détenait là une version illustrée et très abimée. Rien d'extraordinaire aux premiers abords.



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Luang 25 Astawir 1511 à 16h45

 
Elle secoue la tête, mais après tout à quoi s'attendait-elle ?
A ce que Tchik s'explique dès son apparition ?
Qu'il abandonne docilement son siège de la section carmin ?
Qu'il se montre raisonnable ?


Elle attrape sans conviction les bouquins demandés et s'empare d'une pomme dans la coupe. Tout en cherchant une ouverture un labyrinthe que l'ingénieur avait construit autour de lui elle croque dans le fruit et grimace. Le gout n'est pas transcendant, la pomme est farineuse, fade. Les bibliothécaires réservent certainement leur meilleurs fruits pour ceux de leurs invités qui ont la déférence de ne pas mener une campagne d'occupation chez eux.

Car c'était bien de cela qu'il s'agissait, le Tchaë était équipé pour parer à toute éventualité. Elle remarqua l'arme qu'il avait prit soin d'apporter avec lui. Elle ne se souvenait pas avoir déjà croisé Tchik armé d'un pistolet. C'était confirmé, il n'était pas là pour plaisanter.

Mâchonnant en silence, elle considéra la main tendue en songeant qu'il s'agissait de la dernière pomme qui n'avait pas commencé à brunir. Elle la glissa dans la main de l'ingénieur, coté non croqué, et déposa en équilibre précaire les livres qu'il avait demandé sur une pile déjà bien haute.

Essayant de lire par dessus son épaule, elle déchiffrait avec peine les griffonnages et n'arrivait pas à relier toutes les feuilles volantes entre-elles.
La lanterne éteinte sur le coté, en pleine bibliothèque, ne lui rappelait pas que de bons souvenirs.

Tu sais, j'ai un petit neveux qui fait un peu pareil. L'autre fois j'ai retrouvé toute étagère renversée et un grimoire de naturalisme ouvert à la page des illustrations anatomiques des femmes Tydales


Intervention inutile s'il en est une, elle espérait approcher l'humeur du chercheur plus aisément, le faire émerger quelques secondes de sa folle entreprise, histoire de faire au moins semblant d'accomplir ce qu'elle était sensée faire ici.

Son mou devait trouver cela trop hasardeux comme entrée en matière.


Monsieur Moustaches dit :
Ahem.... Maitre Terenor, nous avons eu échos de vos recherches. Et il semblerait que... hum... certains Frères soient embarrassés par le fait que vous occupiez cet espace, ces recueils et ce matériel et ce depuis plus d'une semaine. Qui plus est, j'en ai peur, au mépris des horaires d'ouverture ou des sollicitations des sociétaires académiciens. Il serait probablement plus...


Ouais ouais, j'suis sure qu'il s'en veut énormément coupe t-elle en se penchant sur la table de travail, visiblement plus intéressée par ce qui pouvait bien mettre Tchik dans un tel état plutôt que par les réclamations du porte parole Belion.

Qu'est ce qui peut bien faire que tu reste ici ? C'est quoi le point commun de tous ces bouquins ?




 
Tchik

Le Matal 26 Astawir 1511 à 14h26

 
Sans lever la tête ni écouter le mou, il pointa du doigt un "truc sous la loupe".

Ça.

Le "ça" en question était un tout petit symbole au bas du paragraphe.
Tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Et il y avait le même sur l'autre page. On les appelait plus couramment "Étiquettes". Le Frère lambda n'y faisait même plus attention. Il en existait de toutes les sortes et servait normalement à authentifier et identifier un écrit. Les Loges étaient les principales productrices de recueil, hors celle ci se refusait à laisser leur travail entre les mains d'une imprimerie accréditée de la Rouge. Les sociétaires se débrouillaient donc toujours pour imprimer leurs travaux par leur propre moyen -machine d'imprimerie artisanale la plupart du temps-. Cela n'aboutissait pas toujours à un résultat soigné. Parfois il était fait l'économie d'une couverture ou d'encre. Voir même sur la qualité du papier. Et les meubles voyaient s'empiler des tas d'ouvrages difformes et sans format régulier qui finissait par se perdre.
Si certains ont le souci de produire et protéger leurs écrits, d'autres ont celui d'obtenir des informations et de les archiver. Comme un cycle naturel, les feuillets, dossiers, reliures étaient alors compilés dans un seul et même livre, parfois réédité ou simplement remis à jour. Un cycle qui sautait souvent quelques générations. C'est là que les Étiquettes prenaient toutes leur importance : chaque Loge apposait sa griffe sur la moindre page qu'elle imprimait. Ainsi, lorsque les écrits étaient finalement compilés dans un plus grand recueil, on pouvait retrouver l'auteur -car certains Frères inventaient leur propre étiquette- ou au moins sa Loge.

Là dedans, le Syndicat de l'Imprimerie faisait office de Garant d'Authentification. En effet, les "étiquettes bleues" -elles portaient ce nom bien que les Loges ne soient pas les seules à les inventer- étaient enregistrés dans le Cahier des Étiquettes que le Syndicat conservait précieusement et mettait à jour continuellement. Paradoxalement, ce n'était pas lui qui imprimait les livres "officiels" mais une branche du Syndicat de la Manufacture. Ces livres là sortaient en plusieurs exemplaires, estampillés par des étiquettes rouges qu'il valait mieux ne pas s'amuser à contrefaire.

Apparemment déçu, Tchik soupira.


Non...pas de défaut sur celui-ci...

Et il tourna la page.
Très peu loquace, mais surtout si concentré sur son travail que même la présence de Kal'Ash ne l'en détournait pas. Elle avait posé des questions qui nécessitaient un développement, il avait répondu le minimum vital. Comme on réduit une équation à sa plus petite expression.
Comptait il vraiment visionner à la loupe toutes les étiquettes de ce grand livre?
De...tous ces livres?!



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Julung 28 Astawir 1511 à 17h44

 
La rouquine observait les étiquettes, puisque c'était apparemment cela que Tchik lui désignait. Son humeur passa de la sereine ironie à un intérêt plus sérieux. Les plus petites choses sont parfois les plus importantes, et l'attrait que provoquait soudain les estampilles banales pour tout bon scientifique Tchaë lui laissait soupçonner une question sous-jacente bien plus importante.


Le registre des étiquettes hein ? C'est la version 1511, la dernière. Tu cherches quoi exactement ?

Les rares paroles de l'ingénieur étaient pour le moins énigmatiques. A l'entendre il avait troqué sa blouse de chercheur pour celle de missionné d'enquête dans une affaire de faux et usage de faux.


Tu cherches des défauts ? Quel genre ?

Il paraissait peu probable qu'il ait prit le risque de se rendre impopulaire chez les bibliothécaire, qu'il ait passé plusieurs jours et nuits, armé, pour identifier une erreur d'impression. Non, les étiquettes étaient l'arbre qui cache la foret. Ce besoin compulsif de recherche, à un tel niveau d'engagement, sous-entendait un soucis potentiellement plus grave.




 
Tchik

Le Sukra 30 Astawir 1511 à 15h13

 
Plus exactement, des anomalies.
Sous nos yeux en permanence sans que nous y fassions attention.


Sans être réceptif, Terenor paraîssait soudainement plus enclin à discuter. Il avait eu ses fruits et ses livres. Quelques secondes pour finir une vérification. Sa Soeur de Bulle était en droit d'obtenir quelques éclaircissements. Pourtant, il n'était pas de ceux qui livrent un appareil en kit, tout prêt à être monté. L'ingénieur appréciait la mise en œuvre de la réflexion. Amener un esprit à une idée, plutot que de lui soumettre l'idée sans contours ni racines.

Une Loge s'équipe d'un aiguilleur ou fabrique une tige afin d'apposer ces petits symboles en bas de page.
Le même outil, sur chaque page. Résultat : le même symbole.
A quelques détails près. L'outil peut s'abimer ou casser.
Mais si un défaut apparaît, il apparaîtra sur les pages suivantes.
Et nous, lecteurs, continuerons de n'y voir que du feu...


Comme l'énoncé d'un problème d'école. Un cas pratique dont il dévoilait la teneur, situation après situation.

Si pour une raison ou une autre, une page est réécrite, alors elle sortira du lot.
Un velin propre, une encre plus nette, une reliure plus souple...
A moins d'avoir mis cela entre les mains d'un charbin de la Sape.
Même si c'est le cas, le travail serait identifiable.


Tchik avait déjà ruminé tous les possibles. Ou presque. D'une certaine manière, il esquivait les questions de Kal, mais elle avait la certitude que ce petit jeu l'aiderait à suivre le cheminement qui l'avait conduit à bloquer toute la Bibliothèque.
Un aboutissement qui avait si peu d'importance finalement. Seulement une méthode -drastique, certes- parmi d'autres. Pas une fin en soi.


Quant aux faussaires, soit on voit tout, soit on ne voit rien.
Un bon artiste reproduira une aiguille quasi-identique. Seule la mise en page du recueil diffèrera de l'original. Et le nom de l'auteur bien entendu.
Un mauvais charlatan par contre sera démasqué à tous les coins de pages.

Aucun des deux ne fournirait tous ces efforts uniquement pour quelques pages.


Exposé terminée.
Mise à nue de la Prima-problématique.


Alors, Kal, voilà une devinette :
Dans quelle hypothèse est-il possible qu'une étiquette soit différente de l'original, sur une seule page, ou plusieurs non-successives, sans que l'oeuvre n'ait eu à souffrir de la moindre rénovation?

Quand je dis "différente", j'entends par là qu'elle le serait anormalement.
Une boucle plus grande, un trait inversé, une croix déplacée...
Une véritable anomalie.



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Matal 3 Manhur 1511 à 17h23

 
Toute menue qu'elle était, elle posa son séant sur un coin du bureau, croisant les bras. Mystère insoluble qu'il lui posait là, d'autant qu'il avait prit la peine de dégager les pistes que son esprit avait déjà exploré et écartées.

En bon scientifique, Tchik pesait ces mots. Et ce n'était pas un luxe car au fur et à mesure qu'il daignait préciser le fond de sa pensée ce qui aurait pu passer pour une excentricité de plus d'un illuminé de la symbiose se changeait lentement en quelque-chose de pertinent, sérieux.


Comme si.... on avait remplacé des pages entre l'étape d'impression du texte et celle de la reliure ?
C'est à ça que tu penses ? Une, plusieurs pages réécrites et insérées dans le projet à l'insu de l'auteur ?



Malgré l'estime qu'elle avait pour le Tchaë elle montrait une expression quelque peu dubitative.


Tu l'as dis : pourquoi quelqu'un se claquerait le citron à remplacer quelques pages ?

Une odeur commençait à lui chatouiller les narines, moins agréable que celle des fruits qu'on avait laissé pourrir dans la coupe. L'information était son domaine tout comme celui de la très particulière loge qu'elle présidait encore quelques mois auparavant.

Est-ce que ces pages ont des points communs ? La qualité du vélin, celle de l'encre, ou peut être dans le verbe même ? Est-ce qu'elle traitent de sujets connexes ?




 
Tchik

Le Dhiwara 8 Manhur 1511 à 20h21

 
***
Petit retour en arrière.

En Fambir de l'année précédente, Galchik revenait d'Ulmendya. Son esprit bouillonnant commençait à entrevoir les contours de ce qu'il appelait "La Clé". Un processus complexe destiné à délier les noeuds de l'Equation Fraternelle. Toute une affaire. L'ingénieur avait même élaboré tout un projet pour atteindre son objectif. Il avait acquis pour quelques maigres girasols un atelier désaffecté auquel il espérait redonner sa jeunesse. Il passait ses heures à lire et relire des vieux manuscrits, sans vraiment savoir ce qu'il cherchait. Peut être simplement le plus ancien document écrit de la Fraternité. Chose peu aisée lorsqu'on sait que tous ne se trouvent pas à la Bibliothèque.
Au détour d'une page, il remarqua ce qu'il crut être un défaut. Un recueil des plus anodins, sans la moindre révélation significative. Difficile d'y accorder de l'importance. Certains mots troublèrent toutefois sa lecture, là non plus sans pouvoir identifier un quelconque problème. Peut être une impression de déjà vu. Un assemblage familier. Un dessin?

Alors qu'il s'apprêtait à partager ses idées avec la vénérable Baër'lupis, il eut un léger contre-temps...
Un Tark'nal...
Oriandre évacuée...
Toutes les Cités de la Poussière en danger...
Des expériences urgentes à mener...
Un Rituel en Arameth...
Loia...

La Réalité avait tenu le coup. Il retourna donc dans le vieil atelier -qui ressemblait toujours à une ruine- et reprit ses lectures. L'esprit moins concentré, moins déterminé. D'autres priorités l'occupaient. Le Monde changeait autour et ces feuilles de poussières avaient du mal à se rendre plus intéressante. C'est là que Tchik mit la main sur le livre qui allait tout changer...

***


Il répondit donc.

Je me suis posé les même questions.

Exclamation du Frère Galchik, comme il en avait l'habitude : sans lever le nez de son travail. Il était capable de tenir des conversations entières sans jamais avoir adressé un regard à son interlocuteur. Question d'optimisation. Parler est bien souvent une perte de temps.
Pas cette fois cependant. Soeur Kalëimendra avait quelques neurones exploitables et un esprit rodé aux farfouillages de méninges. La réponse qu'il venait de lui faire indiquait donc -sans faire de long discours ou description- qu'il avait non seulement songé à ces problèmes, mais qu'il avait déjà creusé ces pistes. Apparemment en vain. Il y avait peut être une autre option.


Il reste en fait une possibilité.
Des Frères ont volontairement modifié ces étiquettes. Afin de marquer ces pages. Celles ci particulièrement. Pas d'autres.
Comme des instructions à suivre. Je ne peux rien affirmer quant au but recherché.

D'autant qu'il y a un léger problème.


Et il montra les piles de livres autour.

J'ai trouvé ces anomalies dans tous les types de documents, quelque soit le domaine abordé. Elles ne sont pas légions et il faut véritablement les scruter pour remarquer les entailles ou mesurer les différences de longueurs. Ils n'ont véritablement aucun lien les uns avec les autres.

Alors pourquoi?
Sans même parler du fait qu'il paraît totalement saugrenue que des Frères de divers Loges pratiquent exactement la même technique. Pourquoi?


Le Frère Galchik serait-il devenu sénile? Si l'on s'arrête un instant sur les évènements, il y a de quoi en douter : une bibliothèque chamboulée, une attitude agressive, un soupçon de doute d'once d'indice minuscule qui ne repose sur aucun point commun entre les divers éléments.
Peut être pas sénile, mais c'était peut être là la victoire de la Paranoia sur la Raison.
Ou peut être que non.


Ils sont cryptés, Kal.
J'en suis certain. Il s'agit d'un code.
Une anomalie correspond peut être à un chiffre ou à un mot.
Peut être que ce sont des coordonnées pour cibler des passages d'un livre ou d'une page.

Les étiquettes servent d'instruction pour déchiffrer des messages!
Tu te rends compte de ce que cela veut dire?!


Et peut être qu'il s'agissait d'un réflexe ou d'un sursaut de pragmatisme, mais le scientifique posa naturellement la main sur la crosse de son pétard. Sans geste hostile. Au contraire. Cependant, folie ou pragmatisme, il avait sans doute envisagé la possibilité que Kal'Ash joue à la-camarade-qui-te-sourit-pour-t'endormir-et-te-sortir-de-la-bibliothèque-avec-une-bosse-sur-le-crâne. D'autant que ce qu'il énonçait là paraissait si gros, si énorme, que la crédibilité de l'hypothèse ne reposait que sur de faibles fils. En fait, il avait déjà essayé d'expliquer son affaire à des acolytes venus le raisonner les jours précédents. Aucun ne l'avait pris au sérieux. La jeunesse perd la tête!

A moins que ce ne soit la vieillesse...



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Matal 10 Manhur 1511 à 19h07

 
Beaucoup de détails épars, trop de pourquoi, d'anomalies sans liens apparents que le cerveau de Tchik essayait de recoller sans que l'ébauche n'ai finalement de forme approchante.

Frottant son front du bout des doigts elle pousse un soupir, songeuse, perplexe. Se pourrait-il que la masse spongieuse là-haut ait finit par s'emmêler définitivement les ficelles ?
Elle la première admettait le doute en présence d'indices tangibles, reliables.

Ce n'était donc pas l'évidence qui la poussa à continuer plus avant, puisque totalement absente du tableau. Non, la sympathie inavouée que lui inspirait Tchik y fut pour beaucoup pour que la situation ne glisse pas rapidement vers une visite de quelques rudes aspirants à la loge.
Après tout il y avait peut être quelque-chose, quelque-chose que l'on ne pouvait voir qu'à travers d'épaisses lunettes. Misère...


Il lui fallait cependant un peu plus qu'un aveux d'estime à servir au Mestre Bellion. Même si elle n'en faisait elle-même pas grand cas, sa situation s'accompagnait de devoirs, suscitait des attentes des Azurs et du reste de la Fraternité. De l'autorité, de la clairvoyance, de la mesure, elle ne pouvait remballer tout cela sur un coup de tête comme avant.


Donc, un code serait caché dans les étiquettes, une clé pour déchiffrer un passage ou identifier des mots...
Tchik, tu avouera que c'est quand même assez.... bizarre, d'autant plus que si certaines loges travaillent parfois ensemble, elles conservent leur styles, leur mise en page, et aussi leurs secrets. Je vois mal pourquoi plusieurs loges s'associeraient dans un syllabaire commun, passé sous silence à l'assemblée, et dont je n'aurai pas entendu parler.

Peut être un léger excès de confiance sur la fin, mais elle devait bousculer l'ingénieur, qu'il précise sa pensée. Il lui en fallait plus pour justifier de retenir les bibliothécaires de passer outre la Grande Humaniste et aller s'adresser directement à des responsables moins patients.

Elle considéra la main de Tchik qui cherchait machinalement le contact de son arme. Il était convaincu, sûr de lui, un brin à fleur de peau peut être. Ce qui n'était pas étonnant vu la situation.
Elle voulait aller jusqu'au bout de l'explication, ça devait forcément valoir le coup.



Admettons, les étiquettes contiennent des instructions pour lire les pages d'une façon particulière, ou seulement certains mots. Si -et je dis bien si- tout ça est réel, ça mettrai en évidence une organisation particulièrement élaborée, et qui dépasserait les frontières habituelles entre les loges.
Sur des livres en consultation libre à la bibliothèque ça suppose une transmission de l'information du genre ultra-discrète. On réduit les rencontres au minimum en laissant un livre qui sera sollicité par n'importe qui mais qui ne révèlera un message particulier qu'aux initiés.
Si quelque-chose d'aussi complexe et étendu existe, ça n'a pas été fait pour échanger quelques recettes de jus de mou.


Monsieur Moustaches dit :
Du jus de quoi ?!!


La ferme, je réfléchis.





 
Tchik

Le Merakih 11 Manhur 1511 à 11h08

 
Cela tombe bien que tu parles de recettes.

Il quitta la crosse pour récupérer un des rares livres qui se trouvaient sur la table sans être dans une pile. Couverture brune, reliure sommaire, une fine cordelette dépassait et marquait ainsi une des pages. Pas de doute, il s'agissait là du Livre qui avait tout changé : le fameux 'Recettes gourmandes et pratiques'.
Un livre de cuisine, étiqueté par la Rouge, fabriqué sans doute par la Rouge, et distribué par la Rouge il y a un peu plus de vingt ans. Galchik le posa directement sur le roman de la Noire et l'ouvrit à l'endroit qu'il avait marqué, sur une page qui faisait la liste en plusieurs colonnes d'ingrédients divers et variés. Quantités, Qualité. Du moins, à l'origine. Désormais elle était entièrement griffonné. Ne s'en détachait qu'une impression de dessin dont l'ingénieur avait tenté de relié les points, entre des mots, des chiffres.


Une boucle d'Elzen, Kal!
Là! au milieu de nulle part. Je l'ai trouvé il y a plus d'un an et j'ai pensé que c'était un fabuleux hasard.
Quand j'étais plus jeune, mon frère et moi tracions souvent des téliogrammes. Pas aussi facile qu'on pourrait le penser, ils sont comme des illusions d'optique. Nous avions justement trouvé un jeu où chacun à son tour devait calculer la valeur suivante d'une Suite, ce qui permettait de tracer une portion du dessin. Même sans faire d'erreur de calcul, on risquait toujours de perdre la perspective des courbes. Selon comment se déroulait la partie, bien entendu.
Les Boucles d'Elzen nous ont longtemps servi uniquement à cela.

Et celle-ci m'a tout de suite sauté aux yeux!
La position des chiffres, quelques bavures de l'encre au bout des lettres et j'ai sur l'instant vu le dessin au travers des colonnes. Alors j'ai relié les points et constaté ma bonne intuition. Je m'en suis contenté à l'époque. Ce n'est qu'il y a quelques semaines que j'ai découvert que cette page là avait une étiquette modelée.

Je m'étais donc trompé : ce symbole n'était pas là par hasard.
Alors j'ai cherché. C'est là que ce devient troublant : j'ai relevé toutes les valeurs et une équation s'en détache. Quelque chose d'assez simple, mais qui fonctionne. Dans un livre de la Bleu, j'y aurais vu la lubie d'un Frère fantasque. Mais là, dans un ouvrage tiré en plusieurs exemplaires par la Rouge?! Ce n'est pas forcément si audacieux, ni risqué. Car finalement j'avais ce livre chez moi depuis des années et j''ai eu de la chance de la percevoir entre les lignes. Un lecteur non averti n'aurait rien vu. D'ailleurs, même averti, que pourrait-il bien faire de cette méta-spirale?!


En effet, sans les tracés au crayon de Galchik, Kal'Ash n'y aurait peut être pas vu grand chose d'autres que des listes d'ingrédients. Cependant, la Boucle d'Elzen était bien là. Pour les gens du peuple, ce n'étaient que des formes abstraites que peu connaissaient réellement en détail. Le terme était bien souvent galvaudé et assimilé à la moindre spirale un peu fantaisiste d'un peintre prétentieux. Confusion toutefois compréhensible du fait que ces Boucles étaient censées être des variantes de spirales positives.
Les grands mères fraternelles -dont nombreux étaient les étrangers qui aimeraient bien les connaître- apprenaient aux enfants à dessiner des "bonnes" spirales. Elzen avait, elle, décidé de pousser l'idée plus loin et de façonner des formes parfaites à partir de ces spirales. Le concept de formes parfaites découlait directement de la Loge de la Nouvelle Aube Fraternelle, qui avait écrit ses lettres de noblesses durant les premiers siècles de la vie Syfarienne de la Fraternité et innombrables étaient les travaux qu'ils avaient laissé derrière eux. Elzen était une des célèbres sociétaires de la Nouvelle Aube.
Pour certains, ils étaient les fondateurs d'un courant de pensée révolutionnaire sur lesquelles la Fraternité continuait de surfer. Pour d'autres, ils n'étaient qu'un lointain souvenir, une utopie difficile à mettre en relation avec un bout de métal que l'on cogne avec un marteau depuis des heures pour le rendre plat.


Les lettres n'ont par contre rien donné.
Quoique finalement, même les résultats de l'équation n'ont pas de véritable sens.

J'ai cherché en vain d'autres Boucles, dans d'autres livres. Les autres pages aux étiquettes falsifiés recèlent d'autres types de messages, sans doute aussi adroitement cachés derrière des symboles abscons. Ces gens là sont clairement rodés à l'usage de ces cryptages. Ils ne sont pas n'importe qui et il me parait impensable qu'ils le fassent gratuitement. Surtout que cette pratique semble répandue depuis plusieurs siècles.

J'en veux pour preuve ce roman!


Il poussa le livre de cuisine et revint sur les grandes pages du roman illustré qu'il lisait lorsque la Grande Humaniste était arrivé. Un simple coup d'oeil permis à la tchaë de remarquer une pile de feuille reliée par des anneaux en métal : un des registres de la Bibliothèque! Galchik avait osé emprunter un volume sacré. Enfin, "emprunter", quand on sait à quel point ils sont précieux pour ceux de la Loge Académique, Kal'Ash s'imaginait assez facilement comment il se l'était procuré.
Le registre était celui de l'année 1214. Ancien mais propre. Y était relevé tous les 'déplacements' de livres : prêt à un sociétaire, changement de section, réédition, etc. Et bizarrement, dans la liste, elle aperçut deux fois le titre du roman que Galchik étudiait.


C'est une ode à la Grandeur de la Noire. L'ironie vient du fait qu'elle est écrite par un Bleu, membre de la Loge de la Fière Onyx. Notre Bulle a toujours protégé la diversité, que veux-tu. Quoiqu'il en soit, ces activistes s'étaient presque lancé dans une campagne de propagande dont voici l'un des ouvrages les plus lus. De l'année 1214...je n'ai pas réussi à récupérer d'autres informations...

En clair, il n'avait pas réussi à voler d'autres registres.

1214!
Il y a des étiquettes falsifiés dans cette édition là. Pas dans les autres. L'original était en langue ancienne et ne comportait pas d'anomalie. Ce qui veut dire que son succès a suscité l’intérêt de nos mystérieux falsificateurs. Quelle meilleure occasion que la réédition illustrée d'un tel ouvrage qui s'adresse à un public très élargi. Populaire. Je trouve l'histoire assez mauvaise personnellement. Mais les grandes épopées et les victoires glorieuses plaisent à une majorité. J'espérais donc trouver des fausses étiquettes là dedans.

J'en ai trouvé 3.
Mais pas de Boucle d'Elzen pour le moment.


Un travail de cinglé. Etant donné toutes les explications que Galchik venait de fournir, il n'y avait plus aucun doute sur le fait qu'il allait dévaliser la Bibliothèque jusqu'à ce qu'il trouve une autre Boucle d'Elzen. Ou un message plus facile à déchiffrer. Ou une illusion que sa cervelle malade transformera en Sainte Solution!


Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Dhiwara 15 Manhur 1511 à 09h23

 
Elle était si bien dans son bureau à compiler d'ennuyeux rapports de l'exploratoire. Il fallait vraiment qu'elle fasse retirer l'enseigne sur la porte. Quelques uns s'interrogerait surement de la disparition du local de la Grande Humaniste, mais ainsi les porteurs de missives auraient plus de mal à la trouver. Avec un peu de chance les moins vaillants abandonneraient même et laisseraient le message manuscrit aux bons soin d'Erjin, qui étrangement se régale aussi bien de parchemins que de fourrage.
L'excitation de Tchik la ramenait à la dure réalité. Voila qu'il lui glissait sous les yeux une édition méticuleusement gribouillée, puis brandissait fièrement un sacro-saint registre vieux de trois siècles que seuls les plus anciens et aguerris des bibliothécaires pouvaient espérer un jour feuilleter de leurs mains tremblotantes. Et elle qui ne faisait rien pour maitriser le forcené qu'il était devenu.

Là c'est certain, on allait lui en vouloir.


Incrédule elle se laissait guider par l'ingénieur à l'enthousiasme hypnotique. Son évocation du vieux concept des boucles l'intrigua suffisamment pour ne pas l'interrompre. Quelles étaient les chances que Tchik soit parvenu à un résultat probant en interprétant des messages imaginaires cachés dans un livre de recettes ?

Elle s'était penchée sur les bouquins, cherchant quelque-chose, un fil conducteur, une logique qui pourrait relier toutes les anomalies que Tchik lui énonçait.


Et donc... En quoi le succès d'un bouquin pourrait être une raison de sa falsification ? Si l'on cherche juste à faire passer un message à un initié, pourquoi le délier dans un livre à succès ou un recueil de recettes plutôt que dans un précis d'architecture sous le règne Balzan par exemple. Un truc imbuvable qui n'attirerait pas les curieux.


Malgré son scepticisme, l'esprit Tchaë ne pouvait s'empêcher de fonctionner lorsqu'un problème était posé.



A moins que le but ne soit justement de toucher un maximum de sujets. Une sorte d'épandage littéraire, mais à ce moment là pourquoi coder avec autant de soin un message qui sera inaccessible au commun de la population ?

Tout ce qu'elle énonçait là était peu crédible, mais autre chose était encore plus improbable. Pour qui connait mal la fraternité y verrait certainement une simple énigme de géométrie complexe, occultant par ignorance la variable sociale.
La Fraternité n'est pas seulement méfiante envers l'extérieur, les trois bulles -entités politiques autant que sociales- formaient l'ensemble cohérent des Frères du désordre. Il existe pourtant depuis toujours des désaccords entre les groupes. A certaines époques des tensions voire de la défiance s'installe entre syndicats, loges et corps pour se muer en une indifférence mesurée à d'autres périodes.
Quoi qu'il en soit, si les Frères font toujours front face à l'extérieur, leurs relations internes sont bien plus compliquées qu'aux premier abord. Tout ceci pour en venir au fait que de la coopération entre les bulles né parfois un projet commun, cependant les bleus rechignent toujours à partager plus que de nécessaire avec les rouges ou les noirs, et inversement.

Or ce que tchik voulait absolument trouver mettait en avant une collaboration importante entre membres de bulles différentes, ce qui était difficilement concevable.

A moins évidement que l'objectif poursuivit ne soit vraiment considérable.


Le seul moyen de savoir si tout ça en vaut la peine est d'éplucher ces pages contrefaites. La statistique est une grande amie, si on démontre une relation systématique entre étiquettes falsifiées et présence d'un message crypté, alors on aura peut être le début de quelque-chose.




 
Tchik

Le Matal 17 Manhur 1511 à 09h35

 
Difficilement concevable.
Tout le problème était là. Et l'absence de preuve concrète donnait cette désagréable impression d'assister à la déchéance de l'esprit de l'ingénieux ingénieur. Toutefois, Kal'Ash était prête à lui donner le bénéfice du doute. Suggérait-elle même d'éplucher les pages et participer à sa fortification de livres. Quelque part à coté d'une pile, elle pouvait même récupérer un siège et commencer à tourner les pages.

Comme si tout avait été dit, il lui laissait le choix du recueil.


Je t'en prie.

Déjà, il s'en retournait à sa lecture, loupe à la main. Scrutant étiquette après étiquette.
A bien y regarder, il avait l'air différent. Le Tchik. Difficile de dire exactement quoi. Peut être les traits tirés de son visage. Ou les poils naissants tout autour de sa barbe, donnant l'impression que cette dernière était plus grande. A moins que ce ne soit les verres de ses lunettes -on voyait mieux ses yeux que d'habitude-. Et il avait levé le gros veston multi-poche qu'il portait toujours. Ou peut être, cette odeur de fumée. Terenor n'aurait jamais mené une bougie au milieu de tous ces ouvrages. Alors peut être qu'il s'agissait d'autre chose. Du cuir brulé. Ou du tabac...


Le mythe de la lettre volée...
...il suffit de mettre en évidence la chose la plus recherchée pour que personne ne la trouve.
Des livres! Quel meilleur moyen! Ce ne peut être que cela...
Et puis cela leur permet de n'archiver aucun de ces messages. Donc de ne rien garder de compromettant dans leurs locaux...ils doivent en avoir, des locaux...forcément...et ils doivent continuer de travailler en ce moment...chacun dans sa loge ou dans son syndicat...peut être même qu'ils impriment des livres en ce moment même!
...mais pourquoi laisser ces messages aux vus et aux sus de tous après les avoir utiliser?...peut être qu'une des clés du cryptage est périssable. Ainsi, même si nous trouvons le code, nous ne parviendrions jamais à décrypter le message. Par le S'sarkh, ils sont malins! Ô vénérable Falchok, il n'y a que toi qui aurait pu reconstruire une telle clé...
...peut être qu'ils n'utilisent ce système de message que pour une utilisation spécifique. Une communication à grande échelle. D'un autre coté...comment deux Frères de Loges différentes peuvent communiquer sans se rencontrer? La Bibliothèque est la meilleure plaque tournante pour organiser...des grands travaux secrets...quels travaux?...


Et il parlait seul.
Du moins, son verbiage à voix haute sortait tout seul. La présence de Kal'Ash ne faisait que créer l'illusion qu'il s'adressait à elle.



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Merakih 25 Manhur 1511 à 20h17

 
Pourquoi l'écoutait-elle encore ?

Pourquoi n'avait-elle pas déjà tourné les talons et faire ce qui était logique et raisonnable -une ordonnance pour un sédatif administré de force- ?

Et bon-dieu pourquoi se laissait-elle doucement glisser dans le jeu délirant de l'ingénieur ? Était-ce l'enthousiasme débordant qui avait finalement eu raison de ses réticences ?

Elle n'avait pas encore prit de décision, en fait elle pesait toujours le pour et le contre lorsqu'elle se surprit à tourner quelques pages d'un récit romancé de la jeunesse d'un défunt monarque. Le pouvoir de persuasion insoupçonné de Tchik lui arracha une pointe de considération, avant de se replonger dans le bouquin.

Comme chez de nombreux Tchaës, les divagations à voix haute en disaient presque aussi long que les phases de conversations lucides.
Kal'Ash était venue mettre un terme aux agissements dérangeants du mage enchanteur, elle était dorénavant assise non loin, le nez dans les vélins, lui glissant parfois l'un d'eux sous les yeux accompagné d'une courte interrogation.

L'hypothèse était troublante, captivante ! Les enjeux potentiels, gigantesques. Le choix évident pour l'ancienne Analyste était de fouiller là ou l'odeur du secret embaumait. Consulter la loge était également un point de départ nécessaire, mais pas dans l'immédiat.
Si ce qu'ils trouvaient était effectivement conséquent alors cela poserait une question des plus gênante. Le Clephte serait passé à côté ?
Ça n'était pas impossible, mais elle n'arrivait pas à exclure une éventualité plus obscure, qui verrait la loge impliquée.





 
Tchik

Le Julung 26 Manhur 1511 à 14h26

 
Rien ne peut jamais vraiment être parfait.
Surtout lorsqu'on a mis le doigt sur ce qui semble être une anomalie. Une minute avant, on ne voyait qu'un immense et beau paysage, et quelques instants après, on ne voit plus que cette tache de peinture en bas à gauche du tableau que quelqu'un vient de nous montrer. Jouer avec la perception du réel n'efface pas les taches de peintures. L'illusionniste n'arrive qu'à travestir, attirer l'attention ailleurs, captiver le regard là où il pourra le duper.

Mais face à une loupe épaisse, un Tchik borné et une Kal qui commençait à accrocher à l'affaire...que pouvaient faire ces fausses étiquettes? Au fond de lui, l'ingénieur savait que le mystère cèderait face à son obstination. Il en était aussi persuadé que si il s'agissait d'une addition d'algèbre élémentaire. A une époque, un moment donné, un Frère concerné avait forcément failli. L'organisation la plus secrète et la plus grande qui soit ne peut pas lutter contre les affres des circonstances. Du chaos. Un grain de poussière, un Frère malade, un imprimeur curieux, une épouse maladroite, une opportunité financière...ces gens là, à travers les âges, avaient fait des mauvais choix. C'était inéluctable, il découvrirait une erreur dans une de ces anomalies. Drôle d'ironie, par ailleurs.

Kvetha et Drajl dansaient déjà très haut dans le ciel.
Sous le toit de la bibliothèque, il ne restait plus que quelques acolytes qui rangeaient vainement des étagères vidées et des sociétaires lisant tranquillement à des tables éparses. Et puis, il y avait le Mur. Les lanternes créaient des halos diffus dans cette obscurité envahissante et les remparts de livres avaient soudainement quelque chose d'assez agréable, chaleureux. Sécurisant. Au coeur du nid, Kal se dressa pour apporter une nouvelle page étrange sous le regard de Galchik. La tchaë avait fini par faire la différence entre les bonnes et les mauvaises étiquettes. Cela était tout de même troublant de découvrir de tels usages sur des livres totalement différents et par des auteurs sans aucun lien apparents. L'ancien Analyste qui dormait encore en elle était forcément piqué à vif par ce genre de piste. Pourtant, il ne fallait pas perdre de vue qu'ils avaient véritablement besoin d'une preuve. Une deuxième boucle d'Elzen, quelque part, n'importe où...


J'espère au moins que vous couvrez vos bougies!
Vous détenez là le patrimoine de toute la Fraternité, il serait appréciable qu'il ne parte pas en fumée, hein!


La voix venait de derrière les piles de livres. Celle de Calior, un jeune acolyte qui ferait sans doute un bon Ourgh plutard. Son cynisme cachait à peine sa colère.
Mais de sa colère, Galchik n'entendit qu'une chose : partir en fumée!


Et si nous ne cherchions pas au bon endroit, Kal?
Si toutes ces étiquettes fausses ne menaient pas automatiquement à des Boucle d'Elzen?
Dans une telle organisation, il y a forcément des instructions mineures et d'autres majeures. Une hiérarchie, des codes, des règles. Peut être que les Boucles ne sont là que pour les messages de hautes importances. Hors, si ils ont de l'importance, ils ne sont peut être plus dans la Bibliothèque. Il vaut mieux bruler un livre avec un message crypté, quitte à en arracher la page, plutot que de le mettre sur ces étagères.


Tchik s'adressait cette fois nettement à Kal. Son hypothèse soulevait tout un tas d'autres questions.
Qui pouvait prendre un livre dans cette bibliothèque?
Qui ne rendait pas ses livres à la bibliothèque?
Comment trouver ces livres qui ne sont donc pas dans ces étagères, ni ces piles?

Peut être que les limites de l'ingénieur dépendait désormais de l'expérience de l'Analyste dans ses enquêtes. Car si cette histoire devenait une enquête, comment la règlerait-elle? Qui intérrogerait? quelle piste choisirait-elle? des indics, des contacts? Peut être était ce un peu tôt pour sortir l'artillerie lourde, mais la situation devait être débloquée. Et sans doute avait elle des clés dans son esprit qui permettrait d'ouvrir la porte qui se dévoilait devant eux.
La porte des livres manquants.



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Julung 2 Jayar 1511 à 10h56

 
C'était comme de la mécanique, si les pièces devaient encore se mettre en place elle se sentait déjà happée comme lorsque l'on se prend la manche dans un jeu de roues dentées. Il était étonnant de voir deux Tchaës à priori si différents évoluer un un binôme cohérent.

Elle profita de ce que son statu lui apportait de crédit pour ignorer purement la remarque de Calior. Elle savait pertinemment qu'elle aurait droit à une discussion désagréable avec les responsables des lieux, mais plus tard. A moins de prendre un passant en otage ou de jongler avec les lampes à huile elle n'avait pas à se justifier devant un apprenti si prometteur fut-il. Elle n'aurait pas su quoi plaider de toute manière, et les grands pontes ne se déplaceraient pas si tôt. Son silence lui faisait gagner un peu de temps.


La jeune s'était séparée de sa veste serrée qui pendait dorénavant au dossier d'une chaise, accusant sa volonté de prendre ses aises pour continuer de plus belle et dévoilant un holster remontant dans son dos et qui accueillait un grand pistolet le long de sa colonne vertébrale.
Dans la faible lueur des lampes on devinait les arabesques folles qui courraient sur ces bras depuis les encolures de son tricot sans manches.


Et qu'est ce que tu veux faire hein ? S'attirer la rancœur des frères de la bibliothèque c'est une chose, mais si des gens ont des bouquins chez eux...

Cette histoire l'ennuyait, si ne serait-ce que la moitié des délires de Tchik se révélaient exactes, elle devrait mettre en demeure le Clephte de s'expliquer sur son inefficacité ou sur une déviance. Elle ne savait ce qui serait le pire, et n'avait de toute manière aucun élément concret. Quelques doutes, des suspicions.
Tout en réfléchissant à voix haute un geste machinal de son pouce faisait s'ouvrir et se refermer l'antique montre gousset de l'ancien. Tik... Pok... Tik.... Pok...

... la bibliothèque conserve surement les registres d'entrée et de sortie sur plusieurs années. Mais même s'il nous laissaient y jeter un coup d’œil comment déterminer les bouquins cibles sans les avoir sous les yeux. Il nous faudrait le nom de quelqu'un, voir quels tomes il a emprunté, lesquels il a oublié de rendre. Si des livres ont du être remplacé suite à disparition...
Une piste à suivre.... Un point de départ duquel dresser une toile.


Tik... Pok... Tik.... Pok...






 
Tchik

Le Vayang 3 Jayar 1511 à 18h47

 
C'est bien ce qu'il nous faut. Au moins un nom.
En regardant le registre, peut être que nous l'aurons.

La Bibliothèque ne peut pas se permettre de gaspiller et voir se disperser ses ouvrages dans les greniers plein de poussière de sociétaires qui ont oublié de les rendre. Une fois, un acolyte a dormi devant ma porte pendant trois jours pour être sûr de me tomber dessus et exiger la restitution d'un traité sur la rhéologie des solides. Il faut reconnaître que c'était un ouvrage d'importance, de par la rareté de ce champ d'étude. Mais, toujours est-il, qu'il nous faut aussi compter sur le fait que leur travail est toujours effectué de manière aussi acharné.

Une probabilité assez forte tout de même.
Ne fais tu pas toi même ton devoir avec grande détermination?


Quant à Tchik, la question ne se posait pas.
L'ingénieur s'était déjà levé de son siège, et avait récupéré carnet et crayon. Il partait de l'hypothèse que les acolytes avaient bien fait leur travail. Pourquoi pas? Kal'Ash était sans doute habitué à voir les dessous de cette Fraternité perfectionniste. Les musards, les tricheurs. Les basses fosses en étaient remplies. Seulement, ils n'étaient pas dans les bas quartiers. Au contraire, il se pouvait bien qu'au sein de la Bibliothèque, les plus parfaites valeur de la Fraternité soit respectés à la lettre. D'ailleurs, qui en doutait vraiment?


Et puis, il n'y a qu'à voir comment ils m'ont harcelé pour que je rende des livres qui ne sont même pas sortis de la Bibliothèque!

Argument faussement offusqué de Terenor, et ponctuation plus qu'appropriée à son discours.
L'heure était tardive, la mission d'infiltration n'en serait que plus aisée. Toutefois, d'un geste de la tête, il indiqua à sa complice de passer devant. Ils allaient au minimum commettre un emprunt. Voir un vol. Et au pire, une effraction matérielle indélébile. Mais cela ne les arrêterait pas. Les hypothèses étaient une chose, la curiosité folle en était une autre. Ils devaient trouver des faits. Une piste véritablement tangible.



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Luang 6 Jayar 1511 à 20h24

 
Les doutes que Tchik était parvenu a faire germer chez la jeune ingénieure avaient suffit à la détourner de sa mission première. A défaut d'adhérer à l'idée en osmose avec l'enthousiasme palpitant du mage enchanteur, elle accordait le bénéfice du doute et jouait la carte de la méfiance vis à vis d'un phénomène qui l'inquiétait plus qu'il ne la transportait.

Son jeu était de statistiques et de probabilités. Celle que Tchik ait mis le doigt sur un système de communication secret, impliquant un regroupement lui aussi clandestin était très faibles. Cependant une telle éventualité même improbable se voyait affecter un coefficient suffisamment important pour la faire émerger du lot.

S'il n'y a rien, il fallait en acquérir la certitude avant de pouvoir passer à autre chose. Dans le cas contraire il faudrait fouiller avec autant de minutie que de prudence, de crainte de révéler le sujet de recherche à des initiés endormis. Des Dormants. L’association d'idées n'allait pas dans le sens de la neutralité.

L'humaniste rassembla ses affaires, l'heure était à la confirmation d'hypothèses. Valider la base pour pouvoir monter plus haut en minimisant les risques de chute.

Elle saisit doucement l'arme posée sur la table, la soupesa, lorgna le pied d'amorce et le mécanisme du chien avant de la rendre à Tchik, tendue par le canon comme le veut la précaution, un sourire fugitif aux lèvres. Il ne ferait pas de mal à une mouche.
Prenant la tête à l'invitation du Frère elle commente tout en avançant à travers les rayonnages, croisant des sociétaires un peu aigris marchant dans l'autre sens.


En temps normal il n'est pas possible de consulter les registres pour qui n'appartient pas à l'organigramme de la bibliothèque. J'ai moi-même un passé pas forcément glorieux avec la section mécanique appliquée et une lampe à huile bancale.
Mais je connais quelqu'un, suffisamment haut placé qui devrait pouvoir nous arranger ça.


Derrière eux l'escouade des apprentis arrivait sur les lieux du siège, constatant l'intolérable liberté avec laquelle la place avait été chamboulée, et commençant le travail de rangement qui allait leur prendre une journée au bas mot.
S'éloignant en compagnie du forcené, elle ne peut empêcher un sourire de poindre à l'ironie de ce qu'elle s’apprêtait à faire.


Mestre Bellion, il me doit un service.




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