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Le Dhiwara 20 Jayar 1510 à 00h05
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Ne prêtant aucune attention à l'insipide Mou de la tchaë, le garde se renfrogne néanmoins, tout en restant d'un flegme et d'une politesse exemplaire.
Plus surpris sur contrarié, il répond :
Nous ne sommes pas prévenus, vous devez faire erreur.
Sa Majesté ne reçoit presque jamais en audience privée.
Et encore moins une étrangère.
Et s'il le faisait, vous seriez convoquée suite à un problème.
Ce que je ne vous souhaite pas.
Sans vouloir vous offenser, Mademoiselle, vous devez faire erreur..., répète-t-il d'un ton assuré.
Avant même que Nelle n'ait pu répondre, un autre tchaë en arme s'avance depuis l'intérieur du bâtiment.
Distingué, bien fait de sa personne, il a sur lui les armoiries des Mousquetaire du Roi.
Il se penche vers le garde, et lui glisse quelques mots à l'oreille.
L'autre semble perplexe, mais acquiesce en silence, se mettant de côté pour laisser le passage libre.
Le Mousquetaire fait alors un signe de la main à Nelle, l'invitant à le suivre.
Ni bonjour, ni présentation, mais son visage est aimable, sans animosité.
Après avoir parcouru plusieurs couloirs et monté deux escaliers, après avoir passé trois cordons de Mousquetaires armés, ils arrivent dans une grande pièce, où trônent sur les murs plusieurs grandes cartes sommaires de la région de Farnya. Deux fenêtres font entrer la lumière matinale, et donnent un petit aspect désuet à l'ambiance.
Une gigantesque table se trouve au milieu, sur laquelle sont posés de nombreux rouleaux.
Là aussi des cartes. Plus détaillées, certaines très anciennes, comportant des signes abscons sur les pourtours.
Seul le Roi est présent; monté sur un escabeau à observer à la loupe l'une des cartes murales.
Le Mousquetaire qui a accompagné Nelle se retire en silence, là laissant à l'entrée de la salle.
Il n'y a personne aux alentours.
Elchior est bien protégé, mais visiblement peu entouré...
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Le Dhiwara 20 Jayar 1510 à 23h14
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Nelle ne connait pas avec une grande précision tous les insignes des différents corps armés de la Fraternité, surtout celui-ci qu'elle approche pour la première fois, mais elle devine sans peine que ce deuxième garde est le Mousquetaire que le secrétaire palatial a évoqué.
Elle le suit donc après l'avoir respectueusement salué d'un hochement de la tête, sans rien ajouter. Contrairement à Knüt, qui adresse un sourire narquois et suffisant à l'insipide milicien en faction.
Laissée seule à l'entrée de la pièce, elle reste immobile quelques secondes, ne sachant quelle attitude adopter : doit-elle attendre que le Roi l'invite à entrer plus avant ? Qu'il lui donne la parole ? Qu'il termine sa présente activité et descende de son escabeau ?
C'est sans doute ce que recommande l'étiquette usuellement... mais cette entrevue-là ne s'annonce pas sous le signe du protocole, entre le ton de la première réponse mentale reçue et cette audience fort peu entachée de cérémonie. Cette pièce n'a d'ailleurs pas vraiment l'allure d'une salle d'audience, même provisoire.
D'ailleurs, que fait le Roi, seul au milieu de toutes ces cartes ?
Après seulement quelques secondes de questionnement, elle s'avance donc, suffisamment lentement toutefois pour s'immobiliser au moindre signal, et parvenue à distance respectueuse du souverain, elle s'incline révérencieusement.
Votre Majesté.
Merci de me recevoir.
Oubliant l'incongruité du message reçu un peu plus tôt et la singularité de cette entrevue, Nelle s'aperçoit qu'elle est en vérité quelque peu émue.
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Le Merakih 23 Jayar 1510 à 20h14
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| Si elle parvient, par miracle, à ne pas prendre un air trop abasourdi, Nelle ne peut rien contre le rouge qui envahit aussitôt ses joues. Se demandant brièvement ce qu'on peut bien dire d'elle, qui -même si là-dessus elle a une petite idée, et aussi comment cela arrive aux oreilles -physique ou mentales- du souverain Tchaë, elle se sent surtout terriblement confuse face aux compliments d'Elchior.
Ses remarques sur son père, radicalement différentes de celles du Prince, c'est le moins qu'on puisse dire, la surprennent tout autant. Après Firydor, le tchaë est le deuxième dirigeant et premier sorti à parler de Saltis presque comme d'un vieux copain... de quoi sérieusement commencer à se demander de ce qu'elle ignore de la jeunesse de son vieux père.
Cette entrevue est décidément pleine de surprises... et elle ne fait que commencer !
Knüt, pour sa part, ne s'embarrasse pas de sentiment, et cerne aussitôt quoi faire des louanges du Roi :
Knüt dit :
Ahhh, n'est-ce pas qu'elle est jolie, hein ! Et elle est jeune, fraîche, elle a de l'esprit, de la conversation, un bon pedigree, une dot honorable...
Elle n'est... hum... plustoutàfaitvierge mais elle est fertile, assurément !
Alors bon, c'est toujours poignant de voir son petit quitter le nid, bien sûr, mais Pépé Saltis et moi nous s'rons honorés d't'accorder sa main.. heu... ta majesté !
Nelle, pour sa part, n'en revient pas non plus : de plus en plus cramoisie, elle regarde son mou avec des yeux ronds, avant de se ressaisir comme elle peut, préférant simplement ignorer l'intervention de Knüt :
Mon... mon père est légèrement souffrant.
Mais j'ai bon espoir que l'atmosphère bienfaitrice et vivifiante des jardins d'Ykena réussisse à le remettre sur pieds.
Pour ce qui est du motif de ma venue, comme vous l'a transmis votre secrétaire, je souhaiterais continuer l'enquête entamée voilà un an concernant Flymeur et son lien avec les premiers sortis. Et pour cela, commencer par recueillir votre témoignage à ce propos.
Avez-vous eu vent de mes entretiens avec Firydor, Sardoryanne et Akaliara ?
Question posée surtout pour la forme, à vrai dire. | |
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Le Julung 24 Jayar 1510 à 19h35
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Elchior sourit, tout en s'avançant vers la table où il commence à ranger certains rouleaux.
Il répond à Nelle sur un ton plus bas, plus sérieux.
Les Mous sont des créatures magnifiques.
Ils sont les véritables habitants de Syfaria, savez-vous.
Bien sur, les Vortex ou d'autres peuples sont considérés comme natifs car présents depuis des millénaires.
Depuis que les piliers ont engendré cette sphère qui bouleversa la réalité, peu après leur chant de mort dans l'ultime combat entre les Eduens et leurs ennemis.
Vous connaissez la légende d'Andromakus, qui nous narre de façon sibylline les débuts de ce Monde.
Il y est dit que les Eduens, dans leur fuite originelle, ont choisi de s'établir sur un monde oublié, vierge de toute civilisation et de toute vie intelligente...
Certains supposent que ce n'était pas tout à fait vrai.
Et que les Mous sont les seuls véritables êtres natifs.
Du coup, les paroles d'un petit Mou peu protocolaire prennent une toute autre dimension, ne trouvez-vous pas ?
Il fait un clin d'oeil à Knüt.
Sinon, oui j'ai eu vent de vos rencontres avec mes vieux - et vieilles - compères de sorties de pilier.
Il ne reste plus que moi ?
Dois-je voir un honneur ou une insulte au fait de passer en dernier alors que je vous suis sans doute le plus proche, au vu de vos liens... intimes... avec la Fraternité ?
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Le Sukra 26 Jayar 1510 à 22h39
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| Nelle écoute le Roi avec attention, jusqu'au moment où elle comprend qu'il est en fait ni plus ni moins en train d'encourager implicitement Knüt dans son délire matrimonial. Voire pire -comme si ce n'était pas déjà suffisant : de flatter son égo et de lui donner de l'importance !
Ce qui n'échappe bien sur pas au premier intéressé, qui s'empresse de reprendre la parole alors que Nelle s'interroge sur le sens de la dernière phrase du Roi, ne parvenant pas à déterminer s'il évoque ses liens avec Thosen, Thanakis... ou les deux ?
Knüt dit :
Hé hé hé ! Vl'a qui est bien parlé, Pépé Elchior !!
Et ouep, j'suis la voix d'la sagesse, j'arrête pas de l'dire !
D'ailleurs, Nellou s'rait pas là où elle en est sans mes précieux conseils, ah ça non !
Le mou jaune bombe le torse (il se bombe un peu lui-même, quoi) d'un air suffisant, avant de reprendre d'un air décidé :
Knüt dit :
Bon alors, c'mariage...? Pour Julantir... un peu juste... ou Agur...?
Cest peut-être un peu rapide... mais avec la chute d'Oriandre, rien d'mieux qu'une grande fête de c'genre-là pour redonner l'moral au peuple, hein !!
Et voilà...
De nouveau cramoisie, Nelle hésite, et répond un peu maladroitement au souverain :
En fait, si l'on en croit le Seigneur Vortex Armaryen, la légende d'Andromakus semble ne pas être forcément tout à fait fiable, de ce point de vue-là...
Bien que cela ne réfute en rien l'antériorité des mous comme première peuplade... intelligente...
C'est qu'il n'est pas simple de dire à un Roi -sans l'insulter ou le vexer- que malgré l'emballement d'un mou fort peu protocolaire, on n'est pas vraiment disposée à l'épouser...
Décidant de revenir à une discussion moins risquée -quoi que- elle continue :
Pour ce qui est de terminer auprès de vous mon enquête auprès des premiers sortis, n'y voyez aucune insulte : les liens qui m'attachent à la Fraternité sont en effet solides et forts, c'est d'ailleurs un sujet...
Knüt dit :
... elle a choisi d'garder l'meilleur pour la fin, pardi !!
Hé hé hé, la p'tite coquine !!
Rouge jusqu'aux oreilles, Nelle lance finalement un regard implorant à Elchior.
Signifiant à peu de choses près : "pitié, vous l'avez encouragé, maintenant sortez-moi de là..." | |
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Le Merakih 30 Jayar 1510 à 00h20
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| Pas complètement stupide, Knüt comprend qu'il n'est plus l'heure d'insister, et laisse donc -temporairement- les tchaë parler de leurs trucs de tchaës, s'éloignant du futur couple royal, tout guilleret, vers le mou gris d'Elchior...
Knüt dit :Hé, salut... heu... Mou d'Elchior...?!
C'est pas terrible comme nom, ça, Mou d'Elchior.
Enfin, quand je dis pas terrible, heu... je veux pas dire... c'est pas très... enfin... tu vois ?
Genre moi j'suis l'mou de Nelle, ok, mais j'ai mon nom, quoi, tu vois ?
Knüt, c'est mon nom.
T'as pas un nom à toi, toi ?
Chais pas moi... heu... Bob ? Bob le mou d'Elchior, ça sonne pas mal !
Ça t' va, Bob ?
Hey dit donc, pas mal, ta couronne, Bob !
A moitié soulagée, Nelle se reconcentre rapidement sur le véritable motif de sa venue.
Bien que les premières paroles du Roi ne soient pas très encourageantes, pour un préambule... Mais néanmoins intrigantes.
Qu'entendez-vous par "ce que eux trouvent primordial", qui ne vous intéresse guère ?
Et quelles sont les choses qui vous intéressent, vous ? | |
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Le Sukra 17 Julantir 1510 à 23h48
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| Les autres premiers sortis trouvent primordial de perpétrer un souvenir.
Le souvenir de la sortie de piliers.
Ceci ne vous dit sans doute pas grand chose... mais je puis vous dire que ceci leur fait parfois perdre de vue le présent.
Ils ne songent qu'à l'avenir et au passé. Pas moi.
Ce qui m'intéresse, ce ne sont pas les grandes envolées lyriques sur la fin du monde, la destruction des cités, ni même les agissements du Tark'nal, de Flymeur ou du P'KhenS'sarkh.
Tout ceci est important, je ne le nie pas.
C'est même vital pour la survie de nos peuples.
Mais d'autres gens bien plus compétents que moi se chargent de tout ceci. Dont vous, Nelle' Dymer.
Ce qui m'intéresse, jeune tchaë, est le présent. L'instant à saisir.
L'occasion à saisir.
Alors j'observe, j'étudie, je profite.
Afin d'être prêt le moment venu. Saisir l'occasion, je vous dis...
Mou d'Elchior dit : ....
Le Mou regarde Knüt, mais ne répond pas. | |
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Le Matal 20 Julantir 1510 à 11h32
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| La réponse d'Elchior reste pour le moins intrigante... Etre prêt le moment venu ? Saisir l'occasion ? Nelle perçoit assez bien le concept, en tant que tel, mais a plus de mal à saisir quelle application concrète un souverain peut en faire...
Alors, benoîtement, elle demande :
L'occasion de quoi ? Quels instants avez-vous pu saisir, votre Majesté ?
Envolées lyriques... tout de même...
Il me semble en tout cas que la conviction de Sardoryanne sur l'importance du Hasard n'est pas si éloignée de votre philosophie, au final... Entre suivre le vent, et saisir l'occasion...
Knüt, face au silence du Mou d'Elchior, se demande brièvement si c'est une particularité propre aux dirigeants fraternels d'avoir un mou neurasthénique. Est-ce que, comme le symbiote de mémé Thany, ce mou est malheureux, mal aimé ?
Certainement, puisqu'il n'a même pas de nom... Bon mais tout de même, il lui a lancé un regard. Alors quoi ? Il ne parle pas tchaë ? Ben si, Elchior le parle bien.
Ou bien... Bob ? Peut-être que le nom ne lui plait pas, tout simplement. Et qu'il n'ose pas lui dire...
Ou bien au contraire, ce mou souffre de mégalomanie, songe Knüt en remarquant la couronne : faut-il lui aussi lui servir du "votre majesté" ?
Dans le doute, Knüt explore toutes les pistes :
Knüt dit :Ben quoi ?
Bob, ça te va pas ? Tu peux pas t'appeler Knüt, hein, je te le dis de suite, c'est déjà pris.
Je sais pas moi... Jojo ? Mel ? Pour Mou d'ELchior : un diminutif, quoi.
Propose ! Ou bien si t'as d'jà un nom, dis-le ! Ou si Mou d'Elchior ça t'convient... j'sais pas moi, j'trouve ça bizarre, mais après tout, pourquoi pas, hein !
Ou bien discutes-en avec pépé Elchior ? Tu t'entends bien avec lui ? Ça s'passe bien votre symbiose, t'es content ? T'es pas maltraité, comme ce pauvre Sangsue, hein ? Si y'a un problème, faut pas hésiter à en parler, mon pote, faut pas garder ça pour toi ! On peut t'aider !
Ou alors faut qu' j't'appelle Majesté, comme pépé Elchior ? T'es un peu l'roi des mous tchaës, d'un certain point d'vue...
Heu...? | |
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Le Julung 22 Julantir 1510 à 00h03
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| Haaa, Nelle' Dymer, voilà les bonnes questions.
L'occasion de quoi ?
Je modifierai quelque peu les données : "L'occasion de qui ?".
Vous n'êtes pas sans savoir, belle enfant, que toute notre civilisation se base sur une histoire florissante.
Nous sommes la seule race à avoir... un passé.
Pas forcément un passé effectif, rien ne le prouve après tout.
Mais de fait, un passé dans nos esprits. Dans nos âmes.
Un passé avec lequel nous sommes sortis des piliers de poussière voilà des siècles...
Seuls les Tchaës avaient une mémoire "pré-pilier", Nelle'Dymer.
Je crois que pour comprendre "l'occasion de quoi ou de qui", il vous faudrait vous plonger dans nos mémoires.
Dans la mémoire de votre race...
Pour ce qui est des instants que j'ai pu saisir, il y en a eu quelques uns en six siècles.
Pas beaucoup. Il faut savoir être patient car ils sont proies farouches.
Il réfléchit un instant.
La disparition de deux premiers sortis en l'an 931. Deux frères jumeaux tydales.
En 1004, une femme tydale meurt en couches. Son bébé mort-né est brulé.
En 1046, un Nemen qui éternue.
En 1194, une ruelle s'écroule à Oriandre, ainsi que plusieurs maisons adjacentes. On retrouve dans les décombres des traces de sang, mais aucun corps. Personne ne manque à l'appel.
La liste est en fait longue, je m'en rends compte., ajoute-t-il avec un sourire malicieux.
Allez, un dernier.
Il y a quelques mois, un Nelda se perd dans la "bulle" de Flymeur. Il avait une fille.
Vous voyez, Nelle'Dymer, que ce qui m'intéresse peut paraitre totalement inutile et anecdotique.
Pourtant, cela continue de me surprendre.
Alors j'observe, j'étudie, je profite, comme je vous le disais précédemment...
Mou d'Elchior dit :...
Grognement indistinct... | |
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Le Luang 2 Agur 1510 à 00h51
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| Nelle écoute le souverain avec attention et concentration, et lorsqu'elle lui répond, c'est avec un demi sourire sur les lèvres :
Ce dont vous me parlez ne me semble pas si anodin, Majesté.
La disparition d'êtres jusqu'alors immortels, doublement légendaires en tant que jumeaux tydales mâles... Une des premières victimes de ce que les Filles du Déclin nomment le D'Hapu... Un nemen malade... Un phénomène inexpliqué qui n'est pas sans rappeler certains mécanismes de la symbiose, trois cent ans avant celle-ci....
En vérité, je trouve ces anecdotes fort intéressantes.
Nelle réfléchit un instant. Se demandant du coup ce que Uranie, la fille de Thécléothe dont elle n'a qu'entendu parler, vient faire dans cette liste d'évènements exceptionnels...
Concernant la mémoire de la race tchaë... bien qu'ayant finalement grandi loin d'ici, j'ai malgré tout eu un père et une gouvernante attachés à me la faire connaître.
Une brève pause.
Est-ce la trace du légendaire Harko que vous guettez ou surveillez à travers ces instants de présent ?
Croyez-vous qu'il soit lui aussi arrivé sur Syfaria ?
De Flymeur à Harko, Nelle ne sait pas trop où cette discussion va la mener... Ce qui ne la rend pas moins intéressante, bien au contraire.
Knüt, lui, ne peut pas en dire autant. Il est du genre têtu, mais le mutisme du mou couronné commence malgré tout à le décourager.
Knüt dit :
Pfff... C'est relou d'causer avec toi, tu sais ?!
Nan mais sérieux... Si t'as pas envie d'parler, ben dis-le franch'ment, hein, plutôt qu'me faire mariner.
Un peu vexé, Knüt se retourne et se retéléporte entre Nelle et Elchior, sollicitant ce dernier :
Knüt dit :Dis Pépé Elchior, scuse moi d'vous interrompre juste une 'tite seconde, mais heu... c'est quoi son problème, à ton mou ? Il est timide ? Muet ? Asocial ? Bête ? Lui aussi il est né sur un conoluth trebuchet ?
Nan parce que l'mieux qu'j'arrive à tirer d'lui, c'est un vague grognement incompréhensible... c'est un peu inquiétant, quand même... Il est toujours comme ça, ou bien c'est juste moi ?
Au fait, il a pas d'nom ? | |
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Le Vayang 6 Agur 1510 à 19h12
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Une symbiose ancienne ? Whouaaaaa... Knüt se tourne vers le susnommé Bob avec curiosité : ce serait donc le plus vieux mou de Syfaria !!
Le doyen des mous ! La grande classe...
Et malgré tout il ne parle aucune langue de poussiéreux ? Comme un mou sauvage ?!
Effectivement, c'est un sacré phénomène, ce Bob.
Knüt s'apprête à répondre quelque chose à Elchior, mais le regard de Nelle l'en dissuade. Malgré l'importance capitale des révélations sur Bob, elle semble préférer l'importance capitale des révélations sur Harko, et moyennement apprécier que sa conversation soit sans cesse interrompue... Pfff... Elle aura pourtant tout le temps de converser avec pépé Elchior lorsqu'ils seront mariés ! Ah, impatiente jeunesse...
Knüt décide malgré tout de ne pas la contrarier, et retourne vers Bob en attendant une occasion plus propice pour assommer Elchior de nouvelles questions. D'autant que le Bob est de nouveau un centre d'intérêt digne de ce nom, du coup !
Se remémorant sa vie pré-symbiose, Knüt détaille le mou gris de ses grands yeux bleus curieux, et lui envoie une pensée, non constituée de mots... mais d'images, de concepts, d'émotions, comme le font entre eux les mous sauvages de façon naturelle, sans le langage poussiéreux : enthousiasme, curiosité, identité... quelques images de son histoire et sa symbiose avec Nelle... Pépé Bob le mou l'Elchior, le Doyen des mous, qu'a-t-il à partager, lui ?
Nelle, quant à elle, va d'étonnement en étonnement. La réponse d'Elchior sur son mou a effectivement de quoi éveiller l'intérêt, mais celle qu'il lui livre ensuite sur Harko la supplante sur l'échelle des révélations inattendues et absolument captivantes.
La jeune tchaë reste silencieuse un instant, avant de demander :
Pourrais-je vous demander... comment ?
La première réponse évidente pourrait être qu'il l'aurait vu et su dès la sortie des piliers. Mais Elchior n'était-il pas encore qu'un enfant, lors de cet évènement ?
La deuxième réponse qui vient à l'esprit serait que c'est en tant que premier sorti qu'il perçoit l'existence de Harko comme un autre premier sorti, d'après le lien qu'ils ont tous leur permettant d'avoir une sorte de conscience les uns des autres... Mais d'une part ce serait considérer que ledit Harko serait un premier sorti "comme les autres". Or d'après la légende, il est un peu plus qu'un simple poussiéreux... Et d'autre part, cette hypothèse signifierait également que Thanakis devrait du coup avoir la même assurance qu'Elchior -même si, comme cela a été vu avec Flymeur, sa gémellité semble influer quelque peu les perceptions de cet ordre. En tout cas, ni elle ni aucun autre des premiers sortis que Nelle a rencontré n'avait jusqu'à présent mentionné Harko, ou un quelconque être aussi ancien qu'eux qui pourrait y faire penser... là où Elchior est catégorique et sans équivoque.
Alors... ça ne coute rien de demander quelques précisions, après tout : le souverain a mené la conversation vers ce sujet, dans quel but ? De toute façon, il en a trop dit, désormais : il est inconcevable, pour Nelle, qu'il s'en tienne à ces quelques mots...
Puis se remémorant l'un des derniers messages de Syin Lothar, elle ajoute, pensive :
Savez-vous ce que Kysall a dit, à Zarlif ?
"Il existe un mal bien pire que le Tark'nal.
Un mal qui tue par hasard et épargne par caprice.
Un mal qui peut plus que nous détruire. Qui peut nous avilir.
Les effluves ne sont que souffrance. Ce mal est un dieu sans âme.
Un dieu que nul ne peut adorer.
Un dieu qui asservit. Qui a déjà asservi. Et qui continuera son oeuvre."
Des propos qui semblaient au premier abord bien nébuleux... mais qui prennent subitement un sens tout particulier, à la lueur de cette conversation.
Les yeux rivés sur le Roi, Nelle retient son souffle sans s'en rendre compte, à l'affut de ce qu'Elchior voudra bien répondre à ses questions, implicites comme explicites.
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Le Matal 10 Agur 1510 à 18h52
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| Belle prose que voilà, répondit Elchior avec un fin sourire.
Oui, il pourrait s'agir de celui que nous autres Tchaës du Désordre nommons Harko.
Mais notre mémoire n'est que parcellaire, il a sans doute d'autres noms, d'autres origines, d'autres folies à déverser sur le monde.
Comment je sais qu'il est sur Syfaria ?
Parce que je l'ai vu à notre sortie des piliers, Nelle' Dymer.
Je l'ai vu et reconnu.
Et je l'ai tué. Sans hésitation, alors qu'il était faible. Je l'ai étranglé de mes propres mains, avant qu'il ne puisse faire quoi que ce fut...
Mais Harko a alors disparu.
Il fut sans doute le premier ressuscité, ou alors... ou alors il s'est libéré de son entrave physique.
Nul ne peut imaginer ce dont est capable un être pareil.
Mais il est toujours là, quelque part. Je le sens parmi nous.
Malheureusement, je ne peux détecter où il se trouve, et aucun autre premier sorti ne le perçoit.
Mais son essence est bel et bien vivante depuis tous ces siècles.
Alors j'observe, Nelle' Dymer. J'observe et j'attends.
Il est une menace que je me dois d'éradiquer, car même s'il n'a plus rien d'un tchaë et que je me fie moyennement à ma mémoire pré-pilier, je ne peux m'empêcher de songer que nous avons notre responsabilité.
Il est pensif quelques secondes.
Si Kysall parle bien d'Harko, cela signifie que elle aussi a perçu cette menace, et que les tydales ont peut être aussi à voir avec sa présence, avec sa funeste destinée.
Une vieille légende court parmi les premiers sortis...
Chaque faction aurait sa part de vérité.
Et seule la réunion de toutes ces parcelles pourrait nous donner la paix.
Mais nous n'avons pour l'instant jamais compris le lien entre nos factions, entre les six visions du Monde que partagent les êtres de poussière.
Peut être...
Peut être Harko est-il ce lien, d'un manière qui nous échappe encore ?
Qui sait si nous n'avons pas tous été amené ici dans un but précis lié à lui ?...
Bob, pendant ce temps, avait reporté son attention sur Knüt.
Mou d'Elchior dit :Images d'arbres à Mous, et de pure félicité.
Satisfaction.
Fierté. | |
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Le Julung 19 Agur 1510 à 23h15
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Faire quelque chose ?, répondit Elchior avec une surprise non dissimulée.
Mais...
Nelle, je ne peux vous soupçonner d'ironie et de m'accuser d'être inactif pendant que d'autres s'acharnent à nous faire survivre, mais un autre que moi pourrait mal interpréter vos paroles.
Pour ma part, je suis juste surpris que vous me posiez cette question...
Vous faites déjà quelque chose, Nelle' Dymer.
Vous faites même énormément. Par votre ténacité, votre pertinence et parfois même votre impertinence, vous secouez les vieilles carnes que nous sommes devenues, nous autre premiers sortis.
Rien que pour cela, je dois vous remercier.
Pour vous répondre au mieux, observez aussi. Surveillez.
En plus de sauver nos cités, bien entendu..., ajouta-t-il avec un petit sourire malin.
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Le Vayang 20 Agur 1510 à 20h34
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| Tranquillement, Knüt continue de palabrer avec Bob le doyen des mous, dans un curieux mélange de conversation traditionnelle et moderne : car tout en parlant à voix haute comme il en a désormais l'habitude, le mou jaune partage par télépathie les sentiments, pensées et émotions qui illustrent ses propos pour être compris de son interlocuteur... :
Knüt dit :
... et la Quiche Lorhen ?!! T'as déjà gouté à d'la Quiche Lorhen ?! C'est une sorte de tarte, avec du lard, d'la crème, et des oeufs. Et ben mon cochon, si t'as pas d'jà gouté, faut absolument qu'tu y remédies ! C'est divin la Quiche Lorhen, j'te jure !
Nan sérieux, faut qu'tu goutes.
En plus t'as une bouche, faut bien t'en servir au moins à quelque chose !
J'vais d'mander à Nelle d't'en préparer une, à l'occase : pour ça, c'est une reine !
Elle fait vach'ment bien la quiche, Nelle ! Tout l'monde s'accorde à l'dire.
De son côté, Nelle sourit à son tour avec malice, en répondant au Roi.
Je posais la question, Sire, car secouer le prunier ne fait pas tout : il faut ensuite ramasser les fruits qui en sont tombés, et non pas les laisser pourrir...
Son impertinence étant admise, autant lui donner corps, non ?... Et puis après s'être lui-même taxé de vieille carne, être comparé à un arbre fruitier s'avère finalement plutôt flatteur.
Puis redevenant sérieuse :
C'est pourtant moi qui vous remercie, Majesté : même si ce n'est pas sur le sujet qui m'avait amenée initialement, cette discussion est des plus instructives et intéressantes. Et elle n'aurait peut-être pas eu autant de sens, si j'avais commencé par vous mon enquête sur Sieur Flymeur...
Comme quoi le hasard, le destin, ou les deux, font parfois bien les choses...
J'observerai, alors, le regard désormais un peu plus affuté.
Quant au fait de sauver nos cités... à mon tour je pourrais vous soupçonner d'ironie, Sire, car ce n'est pour l'instant pas une grande réussite.
Mais heureusement, il s'avère que les candidats au poste ne manquent pas, et il est possible d'espérer que la prochaine ne pliera pas. Les esprits semblent s'accorder sur le fait que la prochaine bataille sera décisive...
Nelle hésite, mais se retient de demander au Roi sa permission de laisser l'Erudite mener jusqu'au bout leur projet de méta-sorcellerie, lors de la prochaine attaque du Tark'nal à Arameth.
Toute fondée que serait cette demande dans l'absolu, elle serait surtout pour le moins déplacée : Thanakis est bien assez grande pour cela, et Elchior n'a certainement pas besoin des conseils d'une gamine pour diriger son royaume et son gouvernement.
Aussi, après une brève pause, c'est sur un autre sujet qu'elle reprend :
Si vous me le permettez, il y a un autre point que j'aurais souhaité aborder avec vous... : l'idée de double factionnalité.
C'est le Prince Ethan Gorgo qui l'a évoquée... en disant que je ne bénéficiais pas d'un tel statut. Ce qui m'a du coup amenée à me questionner sur ce point : et pourquoi pas, justement ?
Je ne sais pas si la question s'est déjà posée et si une loi fraternelle envisage ou non un tel statut... mais cela me correspondrait assez, finalement.
J'ai été élevée à Lerth par un propage nelda, mais je suis née au sein de la Fraternité, et ces dernières années m'ont amenée à redécouvrir mon peuple d'origine... et à y nouer des liens... solides..
Au vu de l'allusion qu'il lui a faite au début de leur entretien, Nelle se ressent pas vraiment le besoin de rentrer plus dans les détails : qu'il s'agisse de sa relation avec Thosen ou de ses liens avec Thanakis, le souverain en sait visiblement suffisamment sur ses activités et relations fraternelles pour comprendre sur quoi repose sa demande.
D'ailleurs, Knüt ne lui en laisse pas le temps : il devait guetter du coin de l'oeil l'occasion pour revenir à l'abordage, car après un clin d'oeil à Bob il se téléporte au côté des deux tchaës et s'incruste dans la conversation avec entrain :
Knüt dit :
Bon en même temps, avec le mariage la question de la nationalité n'est plus vraiment d'actualité, hein ?
Tu peux pas rester témoin, Nellou, même juste un peu !
Hein Pépé Elchior ?! Ça l'ferait pas, une reine propage, faut être réaliste.
Donc la question est réglée, cocotte : tu vas redev'nir Frangine du Désordre, point !
Bon et alors, puisqu'on en reparle, faut fixer une date, hein !
Je veux bien m'occuper des invit' et du plan d'table, avec l'aide de Bob si ça l'branche. Mais pour ça faut une date, les cocos !! | |
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Le Dhiwara 22 Agur 1510 à 23h37
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| Mou d'Elchior dit :Joie !
Fête ! Mégateuf !!
Hum..., reprit Elchior.
Knüt, je serai positivement enchanté. Malheureusement, je crois bien que le coeur de ta symbiote est déjà pris.
Et je ne saurai ternir une si belle idylle.
Il laisse une pause.
Knüt, pour le moment, tu es son gardien, sa foi, son coeur et son seul amour.
Ta symbiote est jeune. Ne t'emporte pas : tu as tant encore à lui apprendre, à lui apporter.
Il se tourne vers Nelle, soudain plus sérieux.
La double factionnalité.
Oui, c'est possible... en théorie.
En pratique, ça ne s'est jamais fait ou quasi jamais. Je ne me souviens d'aucun cas.
Le souci n'est pas de le faire ou de ne pas le faire, mais de pourquoi le faire ou pas ?
Vous êtes une Propage.
Cela ne fait aucun doute pour moi.
Mais, excusez moi, Nelle'Dymer, vous n'êtes pas une tchaë du Désordre.
Vous ne l'êtes plus.
Et cela est bien. Car ainsi vous apportez autre chose en tout lieu où vous passez.
Vous êtes libre.
Politiquement, vous affilier à notre faction autrement que par les liens du coeur et de l'amitié serait une grave erreur de jugement.
Car le regard porté sur vous changerait. En tant que propage, des portes s'ouvrent à vous qui se fermeront en tant que membre de notre faction...
Je refuse de commettre une telle erreur.
Vous resterez Propage.
Pour ce qui des raisons qui vous ont amené à me faire cette demande, je ne les ignore pas.
J'observe, vous ai-je dit...
Je comprends vos préoccupations. Je comprends la gêne potentielle occasionnée.
Et croyez que je serai attentif aux conséquences de mon refus.
Officialisez certaines choses par vous même.
Ce qui est caché ne demande qu'à être découvert et alors le soupçon règne.
La vérité seule est source d'apaisement. Les premiers moments sont toujours difficiles, mais cela me semble la seule solution.
Parlez en à Thanakis.
Elle connait le poids du secret, et ses funèbres conséquences.
Elle saura sans doute vous conseiller mieux que moi...
Maintenant, si vous le voulez bien, j'aimerai retourner à mes cartes.
Cette discussion fut un honneur, Nelle' Dymer, et un réel plaisir.... | |
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