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Le comptoir des Artisans

La Source Terenor

le lieu aux milles idées et aux myriades d'inventions
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Sujet lancé par Tchik
Le 09-05-1510 à 23h43
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Posté par Kal'Ash,
Le 03-07-1510 à 09h30
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Tchik

Le Dhiwara 9 Manhur 1510 à 23h43

 
N'être que la moitié de soi-même pose inexorablement des problèmes.
Où que l'on soit, rien ne nous parait parfait.
Quoique l'on fasse, il manquera toujours un détail.
Qui que l'on soit, un vide immense nous envahit.

Certes, l'on peut se mentir, se voiler la face. Estimer que la volonté de changer seule suffit. Y croire très fort. Mais quand on est aussi pragmatique que l'est Galchik Terenor, c'est un peu agir contre nature que d'accepter sciemment de se fourvoyer dans une 'équation tronquée'. Cela a ses limites. Et Tchik venait justement de les atteindre. L'arrivée imminente du Convoi d'Oriandre avait eu l'effet sur lui d'un compte à rebours, comme si avant tout était encore possible, alors qu'après plus rien ne le serait. C'était idiot puisqu'il s'était servi jusque là de faux prétextes pour ne pas franchir le pas. Ce qui en soi démontrait qu'il était bien un être vivant et non pas une de ses machines. Le tchaë avait ses propres paradoxes lui aussi.

A cette heure ci, il gambergeait. De nombreuses pensées l'occupaient. Des calculs, des méthodes. Des cas pratiques dont il avait déjà les solutions, d'autres qu'il ne tarderait pas à résoudre. Pour un scientifique, le monde était divisé assez simplement entre ce qui est évident, et ce qui l'est moins. Pourtant, il ruminait des mots, des discussions, des théories...un peu comme si il avait des paroles sur le bout de la langue qui refusaient de sortir. Son esprit ne parvenait pas à s'en emparer.

Quel était le problème déjà?
Il ne savait plus...

Devant ses yeux, une porte. Vieille, sale, mais toujours gondée. La façade était abimée. Les deux fenêtres condamnées. Étrange. Tchik s'était imaginé qu'elle fut racheté par la ville ou un Syndicat durant toutes ces années. Après tout, c'était un peu leur domaine ici. La rue était bondée de monde. Ça hurlait le Rouge partout. Il n'y avait vraiment que Terenor pour ne pas les entendre. Et il n'était pas sourd. Juste hermétique. Ses yeux fixaient la poignée en métal avec sévérité. Même si dans le fond, il ne ressentait aucune hésitation. Son retour ici était un peu comme une fatalité. Peu importait comment ou pourquoi il se trouvait ici. Il s'y trouvait. Point.

***

L'emprunte des Terenors, traversant les âges au cœur même de la Pourpre
***


Elle s'ouvrit, il entra. La Poussière retournait à la poussière. Derrière ses lunettes -aussi vieille que cette maison-, Tchik ne paraissait pas dépaysé. Tout était encore à la même place. Ce qui n'était pas forcément la probabilité la plus facile à réaliser. La proximité des Basses Fosses aurait très bien pu transformer ce taudis en squat. Cela aurait été moins surprenant.
Un nuage grisâtre se souleva du fauteuil où l'inventeur posa son sac, d'un geste assez machinal. Il effleura d'un doigt la table, pour évaluer l'ampleur du ménage qu'il faudrait faire pour tout remettre à neuf. C'est à ce moment là qu'il sentit une présence derrière lui. Des pas vifs et timides puis un toc toc léger contre la porte entre-ouverte.

Excusez moi...je...j'entre, fit le jeune tchaë.
Le Symbiosé se tourna à peine, visiblement pas intéressé.

Vous...habitez ici? demanda t-il en agitant une sorte de listing pour évacuer les nappes de poussière qui voulaient passer par ses narines, ...pourtant, il est écrit que l'endroit est abandonné...je...
Toujours pas de réaction de Tchik. Son interlocuteur ne savait plus trop si il devait continuer à lui parler. Pourtant, il était pris dans son élan:
...je suis un Syndiqué de la Servitude et je venais faire un état des lieux, pour une éventuelle rénovation. Vous savez? pour nos frères d'Oriandre...
L'Expérimentaliste n'avait ni un air méchant ni méprisant. Malgré cela, le regard analytique qu'il lança de haut en bas vers le jeune syndiqué ne nécessitait pas de mots pour être plus explicite. Un haussement d'épaules, la tête qui hochait négativement. L'autre n'insista pas et s'éloigna du palier.

Les temps changeaient et Tchik était arrivé juste à temps.
Pour renouer avec un passé bien lointain.
Ironie du sort ou destin, lui n'y croyait pas.
Le paradoxe était chiffrable.
Même le plus cynique qui soit...



Interrupteur Enclenché!

 
Tchik

Le Julung 20 Manhur 1510 à 13h09

 
***

***


Il ne comptait plus les fois où cette sensation venait le hanter.

Stressante, lancinante.
Comme un vertige.
Désorienté en plein vol.
Et se rappelant soudainement qu'il n'avait pas d'ailes...

Une petite flamme dansait sur une bougie, éclairant la table. Quelques rayons de lumières traversaient le bois des fenêtres et de la porte, dessinant des failles sur les murs. Le reste était grisonnant. Vieux. Fatigué. Le mobilier avait dormi là pendant tellement d'années. Un claquement de doigt ne suffirait pas à le faire sortir de sa torpeur. Il était bien. Là. Tranquille. Loin de la rue. Très loin...

Tchik se posa -littéralement- sur un siège. Ses pensées retrouvaient un certain calme. Une normalité. Tel une bobine emmêlé, dont le fil est doucement remit à sa place. En quelque sorte, son esprit faisait le vide. Chose rare. La moitié, qu'il était, tentait de retrouver son double. D'être entière. Et ses équations se voyaient troquées par des souvenirs. Des moments, des idées, des histoires, des images.

Son regard fut alors attiré par un mécanisme. Un petit objet dont la trappe était à 'coeur ouvert'. Tout de suite, il se rappela. Bol' lui avait demandé d'y jeter un œil. Ce jour-là...


***

Le Temps se fige et contemple la trainée qui défile derrière lui
***


Etait ce hier?

Les tripes et les dents serrées, Tchik s'empara du pendule. Il sortit une aiguille d'une des nombreuses coutures de son veston multi-poche et commença à tripatouiller les rouages. Du moins, pour le spectateur non averti, il s'agissait là d'une entreprise bien hasardeuse. Alors que pour Sieur Terenor, c'était un peu comme un exercice d'école. Son frère s'était passionné pour les pendules. Des heures entières pour réaliser l'assemblage de pièces de certains modèles. Lui -Tchik- s'était contenté de sortir quelques concepts originaux et de réparer ce qui ne marchait pas. Peut être était ce là que se trouvait leur paradoxe...

...après quelques minutes, malgré être parvenu à redresser un des ressorts, il se remémorait peu à peu le pourquoi de cet objet. Le dérèglement des roulements était loin d'être aussi aisé à réparer qu'il ne l'avait imaginé à l'époque. L'obstination de Bol' n'en avait point été une. Ce n'avait pas été non plus une tentative de diversion. Ce jour-là, il avait eu réellement besoin que son frère l'aide.
Mais Tchik ne l'avait pas écouté.

La sensation le reprit alors.
Accompagnée d'une colère silencieuse.
Tout était allé si vite.
Tout semblait être allé trop vite...



Interrupteur Enclenché!

 
Tchik

Le Vayang 21 Manhur 1510 à 11h48

 
Et il restait pourtant tellement de chose à faire.
L'aiguille piqua un rouage et un déclic se fit entendre.
Le balancier reprit son va et vient.
Les heures filèrent aussitôt.

Le Temps œuvra alors.
Les planches de bois disparurent du cadre des fenêtres. Des armoires s'ouvrirent puis se fermèrent. D'autres restèrent béantes. Des meubles furent déplacés pour ne plus gêner le passage. Quelques objets commencèrent à fleurir un peu partout. Des cartons sortaient des livres et des piles de parchemins, qui trônaient désormais là où ils pouvaient. Des nuages grisâtres se formaient puis changeaient de tas. Ils s'éloignaient, laissant des traces sombres derrière eux, signe d'aller et venu incessant. La table fut dépoussiérée par la force des choses.


***

***


Dans une des pièces, Tchik retrouva du matériel d'alchimie. Il avait longuement travaillé ici. A l'ombre des Bulles et de Farnya. Certaines idées étaient nées sur ces établis. Quelques unes y dormaient encore. Comme si cela avait été hier, l'Expérimentaliste s'approcha de l'un d'entre eux, se cala sur un des grands tabourets et commença à assembler quelques ingrédients. Les bocaux étaient toujours là, remplis de vide. Dans les flacons, les liquides avaient depuis longtemps tourné bien qu'on ne puisse affirmer avec certitude qu'il n'y ait là pas l'once d'une source vitale.

Nonchalant, le tchaë fit et refit les gestes qu'il avait maintes fois répétés dans ce laboratoire. Les conditions initiales étaient respectées. L'équation alchimique pouvait s'agencer. Mais il n'en fit rien, laissant le mélange dans sa phase inerte. La sensation de savoir faire, de pouvoir reproduire, avait suffi à le contenter. Tchik ne voyait toutefois pas l'intérêt d'aller plus loin. Ce serait comme un gâchis de mana. La potion de soin était prête, elle servirait bien un jour. Et puis, même si ce n'était pas le cas, il estimait avoir passé l'âge de jouer avec ces éléments 'élémentaires'.

C'est là que sa tête se tourna vers l'escalier.


***

***


Tchik récupéra son gros sac, réaménagea les comptoirs, les fioles, les ouvrages. Il installa quelques outils et autres appareils aux formes mécaniques. Puis il entreprit ce qu'il savait faire le mieux : travailler avec son esprit.


Interrupteur Enclenché!

 
Tchik

Le Vayang 28 Manhur 1510 à 16h48

 
Le problème de la boite provenait de l'inadéquation entre la volonté de départ et le résultat à l'arrivée. Un conduit, trois séparations, des joints métalliques glyphés à chaque tranche, une formule d'arkan transposée au travers d'un mécanisme simplissime. Et pourtant le flux ne détonait pas autant qu'il l'aurait fallu. La perturbation était légère, quoiqu'en dise le Callimancien. A peine quelques frissons et un apaisement certain. Toutes proportions gardées, bien entendu, puisque l'effet était si infime que d'autres éléments extérieurs auraient pu en être la cause.

Ce qu'il y avait d'étrange toutefois, c'était son allure. Si anodine, quelconque, insignifiante. Ni trop grande, ni trop belle. Juste une boite et un levier. L'ébéniste qui s'était chargé de l'assembler avait avant tout concentré ses efforts pour en faire un objet très solide. Et elle l'était effectivement. Non, le point sur lequel l'artisan s'était penché plus sérieusement, c'était l'intérieur de la boite. Vous êtes sérieux? avait il interpelé son client lorsqu'il lui avait tendu un schéma détaillé de la boite. Il était rare qu'une commande soit si complexe. Surtout pour ce qui semblait être un minuscule élément de mobilier, tout à fait sans intérêt. A la limite, si cela avait été un objet de décoration, il n'y aurait pas vu d'objection. Mais là, toutes les spécificités se trouvaient dans la boite. Etrange, non?


La Source Terenor a dit :

***
Le Plani-propulseur est une des nombreuses inventions des frères Terenor. Mené principalement par Bolchok en réponse aux remarques d'un sociétaire d'une Loge très connue pour ses travaux en matière d'engin volant, le Planpulseur, tel qu'ils l'appelaient communément, remplissait tous les critères d'un système de propulsion par intermittence. En effet, il n'y avait que deux sorties au moteur ultra léger : une le reliant à un réservoir de carburant -un mélange alchimique dont la recette n'a jamais été révélé- et l'autre à un conduit d'échappement, pour évacuer la pression et propulser l'appareillage.



Une toile de tissu aux formes chiroptèriennes, un assemblage de barre métallique -bien que du bois puisse faire l'affaire aussi-, et une sorte de 'proue' sculpté pour optimiser l'aérodynamisme en vol et faciliter le pilotage.
***



...qu'avait voulu dire le Nemen à ce moment là?

Oui, votre création tord, modestement, la trame. Très modestement. Mais c'est encore trop. Tchik avait admis que le Nemen considérait les outils de la Poussière d'une façon bien particulière. Aussi n'y avait il vu rien de plus que les mots d'un individu qui ne connaissait trop bien les limites de la Réalité. Pourtant, ces paroles continuaient de hanter le poussiéreux. Certaines choses qu'il avait perçu sans le formuler concrètement : la Réalité, le flux, les runes, la Trame, tous ne s'ordonnaient pas forcément de la façon dont les êtres de vents l'ordonnaient. Il y avait d'autres solutions. Une autre voie. Tordre la Trame n'était pas la seule et unique alternative pour survivre dans Syfaria.
Et cette boite, malgré sa faiblesse, participait à la pire des manières d'appréhender la Réalité. Cela ne perturbait pas l'Expérimentaliste. Mesurer les limites de ses propres outils faisait partie aussi du travail. D'autant plus lorsqu'il se plaçait du point de vue de la "potentialité", sa création offrait un vaste champ d'évolution sur ce plan là. Elle tordait déjà un peu la Matrice, provoquant d'infimes résonances. Engendrant un chaos médiocre, mais un chaos quand même.

Se pouvait il que l'écho de cette minuscule turbulence se propageait au travers des équations jusqu'à l'autre bout de Syfaria?

Vous êtes, à vous seul, un bon condensé de ce qu'est la poussière, frère Tchik : un talent fulgurant, une insouciance désarmante, un danger effroyable. Dévier les flux pour faire une boite à musique ! Que seriez-vous prêt à faire pour un grand oeuvre ? Je n'ose l'imaginer. Il devait avoir raison. Malgré cela, le Callimancien n'empêchait pas d'agir comme Tchik le faisait. Comme Tchik le ferait. Cette attitude paradoxale des Nemens cachait bien des perspectives. Sans doute était ce volontaire de leur part. Je me dis parfois que vous vous détruirez vous-même avant que le P'khen S'sarkh n'ait le temps de seulement l'envisager...Mais nous vous protègerons, bien sûr.
Ce qui voulait dire qu'il y avait bien pire que de perdre Oriandre.


La Source Terenor a dit :

***
L'ingéniosité des Terenor reposait principalement sur l'agencement de la structure métallique -l'ossature- qui avait fait l'objet de plusieurs modifications avant d'aboutir à un équilibre parfait des jointures. De sorte qu'en l'état, les barres se suffisaient à elles-même pour maintenir la toile droite sans jamais qu'elle ne se replie ou se torsade comme un vulgaire torchon. Et c'était justement là l'interêt de cette invention : une manette reliée à l'ossature permettait de gérer la pression des barres entre elles de sorte que l'on puisse choisir entre souplesse et rigidité en fonction de la situation, de la vitesse et de la puissance du frottement dans l'air. Ce qui en faisait un mécanisme prépondérant.
Le pilote pouvait ainsi par "intermittence" injecter du carburant dans le moteur, provoquant une propulsion suffisante pour permettre au Planpulseur de planer sur plusieurs mètres. La distance parcourue dépendant alors de la gestion de le levier de tension -c'était son nom-.

Il ne faut tout de même pas oublier une chose importante. La particularité de cette invention est de n'avoir jamais vu le jour. Des plans, des tests de chaque portions séparées de l'engin, des maquettes, et une tentative de conception, ont été réalisé. Mais bien que prometteur, jamais il n'a reçu l'approbation de l'Assemblée des Loges dont l'estime était acquise par d'autres Loges plus réputées dans ce domaine.
***



La boite.
Toujours la boite.
L'ingénieur la tournait et la retournait. Il devait trouver un moyen de l'améliorer. Alors il se leva, se dirigea vers un des établis et la plaça dans un étau. Un coup de manivelle très prudent, puis il récupéra un petit burin et un marteau. D'abord effacer certaines gravures, puis redresser une des corniches pour raccourcir le conduit, et enfin désolidariser les éléments pour faire une vérification. Il savait très bien qu'à ce stade de la conception, il valait mieux reprendre du début. Cependant, examiner l'état des pièces ne seraient pas superflu. Quelques tests non plus. Cela pouvait s'avérer même très utile.

Dans le pire des cas, la boite serait trop abimée et il faudrait en commander une autre chez un bon ébéniste.



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Sukra 29 Manhur 1510 à 11h21

 
Rue de l'améthyste

D'ordinaire elle n'était pas aussi fréquentée, dans son souvenir en tout cas. L'afflux massif des réfugiés d'Oriandre -dont elle faisait partie- avait rehaussé de plusieurs crans l'activité de la ville. L'addition d'individus en grand nombre, mais également les aménagements requis pour l'accueil de ceux-ci avaient transformé Farnya en une cité grouillante.

La rouquine se frayait un chemin dans sa cité natale qui semblait s'être agréablement passé de sa présence depuis son départ pour la capitale.
Au lourd sac arnaché dans son dos s'ajoutait une besace pesant visiblement sur son coté.

Son atelier était partit en fumée -elle l'espérait en tout cas- soufflé par les quantité déraisonnables de combustibles stockées à l'intérieur, elles mêmes mises à feu par un mécanisme à retardement enclenché alors que tout espoir était perdu pour la cité Royale. Depuis elle n'avait pas réellement prit le temps de trouver un nouveau logis, et le Prince Gorgo était d'humeur taquine en ce qui concernait d'accorder les droits nécessaires à l'acquisition de propriétés immobilières pour les membres de la bulle Bleue. Certainement avait-il oublié la double vocation de Kal'Ash. Elle irait se rappeler à son bon souvenir, plus-tard.

Elle se planta devant une bâtisse, vieille, sale, délabrée, et dont certaines fenêtres avait été murées mais pas par le plus offrant.


Monsieur Moustaches dit :
Maitre Terenor et toi avez au moins en commun cet amour prononcé pour la décoration conceptuelle, et l'entretien approximatif de vos locaux.
Note que par approximatif je sous-entend "absent" bien entendu. A la réflexion ça n'est pas une mauvaise chose que Maitre Gorgo prenne en main l'attribution des...


- Mous' ?

Monsieur Moustaches dit :
Plait-il ?


- La ferme.

Monsieur Moustaches dit :
...

***
Elle s'avance et frappe nonchalamment quelques coups à la porte jetant machinalement un œil par dessus son épaule.
***






 
Tchik

Le Dhiwara 30 Manhur 1510 à 14h09

 
Au moment où la main de Kal'Ash vint percuter le bois de la porte, cette dernière lui échappa. Elle s'était ouverte, le loquet n'ayant opposé aucune résistance. A l'intérieur, beaucoup de poussière. Une table, des fauteuils et des meubles couverts de drap, un couloir. Un peu comme toute maison qui se respecte, il s'agissait là du salon. A la seule différence que celui ci ne semblait avoir aucune utilité pour son propriété. Ni pour y vivre, encore moins pour accueillir.
Viens! Je suis dans le fond. A droite!, s'écria Tchik au bout du couloir, comme s'il était trop occupé pour venir jusqu'à l'entrée.

Ce dernier comportait plusieurs portes, plusieurs chambres donc. A moins que là aussi une autre utilité fut trouver pour ces pièces. En tout cas, à en juger -même de loin- la porte dégondée de la salle où se trouvait l'ingénieur, ce devait être là que se trouvait son atelier -ou l'un d'entre eux-. Il n'y avait donc que très peu mystère sur ce qu'il était en train d'y faire.



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Dhiwara 30 Manhur 1510 à 18h18

 
Monsieur Moustaches dit :
Tien, voila qui diffère quelque peu de nos habitudes. Chez nous les portes étaient toujours fermées à double tour.


Très rares étaient les personnes au fait des petites phobies de la jeune rouquine. Cette dernière faisait pourtant collection d'angoisses souvent aussi originales que ridicules. Les lieux exiguës, les grandes étendues d'eau, le fait de se retrouver seule avec un nouveau-né, les créatures possédant plus de deux paires de pattes, les porteurs de lunettes à double foyer, le beau temps après l'averse, les étrangers parlant dans leur langue natale en pleine cité Tchaë....
La liste était longue, et les portes qui cèdent d'elles-même lorsqu'on vient frapper en faisaient partie.

Mais bien entendu elle n'en laissa rien transparaitre. Quoique si Tchik s'était tenu dans son salon à ce moment là, il se serait certainement posé des questions au sujet de son air anxieux lorsqu'elle passa avec prudence le pas de porte, ou la raison pour laquelle sa main gauche serrait une crosse à l'intérieur de sa veste.

La voix familière de Tchik dissipa pourtant rapidement sa crainte irrationnelle. Elle souffla lentement -comme le préconisait l'apothicaire en telle situation- déposa se affaires près d'un vieux fauteuil et traversa la maison mal entretenue jusqu'à la pièce ou se trouvait l'ingénieur


Salut Tchik lança t-elle un s'intriguant une seconde sur les gonds sans porte de ce qui semblait être l'atelier du Tchaë. Au moins, pas de risque que celle-ci s'ouvre dans un couinement lugubre.

Sur quoi tu travailles ? s'enquit-elle en lieux et place de nouvelles sur sa santé tout en détaillant la pièce inconnue.




 
Tchik

Le Dhiwara 30 Manhur 1510 à 19h38

 
Trois établis, des armoires, des outils un peu partout, des fioles en tas dans tous les recoins, des livres, un peu moins de poussière qu'ailleurs et tout un tas d'objets divers dont certains étaient difficiles à définir. D'aucun n'aurait pu y voir là autre chose qu'un dépotoir. Mais un dépotoir qui s'ordonnait depuis peu. La présence du tchaë commençait à marquer les lieux, à tel point qu'on aurait pu suivre à la trace tout ce qu'il avait fait jusque là : feuilleter quelques pages de ce traité sur les enchantements organiques, rassembler des ingrédients, ouvrir un tiroir remplis de rapport divers, et se poster à l'établis. Depuis plusieurs minutes. Heures.

A sa droite, un tissu drapait une forme cubique, vraisemblablement la seule chose qui ressortait du décors. Et devant lui, une clé à la main, il farfouillait les entrailles mécaniques d'un très petit appareil aux contours bullesques. Des pièces de métal se trouvaient aussi un peu tout autour de son espace de travail. Des sortes des rails. Étant donné la minutie et l'attention qu'il y mettait, cela ressemblait à la construction d'une ébauche sous forme de maquette.

Entres, entres, répéta t-il à l'adresse de Kal'Ash sans se retourner. Histoire qu'elle ne s'embarrasse pas de politesse pour pénétrer la pièce.

J'assemble les pièces d'un projet qui me trottait depuis un moment. Rien de spécial, tu sais, même si en fait, ce devait être bel et bien spécial, ce que son attitude évasive -et concentrée à sa tache- ne fit que trahir, mais parles moi plutot de ta théorie. Celle dont tu parlais dans tes pensées.

Il n'arrêta pas ses manipulations, ni ne se retourna. Tchik comptait poursuivre l'entretien ainsi.


Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Merakih 2 Jayar 1510 à 19h32

 
Tchik...

Ce drôle d'énergumène rondouillard faisait naitre chez la jeune ingénieure un sentiment de sympathie des plus inhabituel. Peut être était-ce son age, son apparence, ou bien cette façon qu'il avait de tenir une discussion tout en bidouillant de délicats rouages. Le fait est que la rouquine ne pouvait refouler les souvenirs d'un autre Tchaë aux usages similaires, quelques années auparavant.

Elle s'approcha, laissant son bel œil vert balader un regard exercé sur l'atelier, mourant certainement d'envie d'interroger plus en avant son hôte sur ses projets.
Mais sa curiosité allait devoir attendre, il y avait en jeu des choses bien plus importantes et elle ne devait pas se laisser déconcentrer.



Comme je te le disais : l'ennemi a un point faible. commença t-elle sans plus de préambule.Les assauts directs foirent lamentablement, et ça même avec les meilleures armes. explique t-elle, un brin d'amertume dans la voix.

Mais il y a toujours un "hic" ! Son point faible c'est de pas pouvoir anticiper une attaque qui serait pas directement dirigée sur lui.
Donc l'idée c'est d'imaginer une machine... un engin explosif qu'on placerait à coté de lui. Et là Boum !
Tu vois l'genre ?
lance t-elle avec une mine réjouie

Le seul soucis, c'est qu'il faudra plus qu'un pétard à mèche pour se débarrasser de ce truc. Beaucoup plus...
J'l'ai vu à l'œuvre, j'ai vu sa taille et j'ai sentis toute sa puissance. Après quelques calculs rapides, il nous faut une force carrément dévastatrice...


*** Elle semble hésiter, se rapprochant et baissant machinalement la voix. ***


Il faut créer une explosion assez puissante pour raser une ville. lance-t-elle, terriblement sérieuse.




 
Tchik

Le Julung 3 Jayar 1510 à 00h00

 
Exposé.
Théorie.
Exemples.
Conditions initiales.

Bien que focalisé sur son bidouillage, Tchik enregistrait toutes les données que Kal'Ash lui livrait. Pendant une manipulation apparemment complexe de sa clé, il prit le ton que l'on prend pour parler "d'hypothèse". Neutre et analytique :


Donc...
...en partant du principe qu'il le faut, se pose alors des questions de logistique de premier ordre, avant même de s'interroger sur "comment fabriquer une telle arme".


Il retira l'outil, récupéra une aiguille et commença à piquer certaines pièces à l'intérieur de l'appareil, comme le ferait un horloger avec une de ses créations. Mais cela n'empêcha pas l'ingénieur de poursuivre.

A quel endroit placer l'arme étant donné son champ d'action?

Son ton suggérait clairement qu'il s'agissait pour lui d'un exercice mental. Un cas pratique qu'il fallait résoudre. La problématique de la conception de l'arme n'en était pas une pour lui. Tchik s'intéressait à tous les "Comment". Et quelques soient les réponses, cela ne serait qu'une variable de plus pour peaufiner l'étude de l'équation. D'ailleurs, il avait déjà entrevu nombres des alternatives possibles, Kal'Ash le sentait.

Certaines pensées disent de la créature qu'elle est "intelligente". Qu'elle anticipe. Le piège -si c'est bien un piège qu'il faudrait mettre en place- devra donc réussir à la surprendre.

Il y a un tas de réponses possibles, mais je suis très curieux d'entendre les tiennes.


Il n'avait pas prononcé le mot "sacrifice". Pourtant, dans ses derniers mots et au travers de sa neutralité scientifique, il tenait à élargir le discours le plus possible, y compris dans ses contours les plus sordides. Tout envisager. Et savoir comment la jeune Analyste se positionnerait devant certaines éventualités.


Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Vayang 4 Jayar 1510 à 14h38

 
Elle n'avait pas encore sérieusement dégagé les contours des préoccupations relatives à la méthode pratique. La mise en place du piège -avait-elle pensé- coulerait de source, ou du moins trouverait une issue logique lorsque le temps serait venu.

Ce n'était pas tant par négligence que par ordre de priorité qu'elle avait temporairement laissé cette question en suspend. Elle avait en effet imaginé que sa solution serait accueillie avec plus de réticence et s'était en conséquence plus préparée à défendre son idée auprès des tièdes qu'au problème de sa mise en place.

Tchik ne faisait à priori pas partit des tièdes, ou peut être son esprit habitué à percevoir le monde en équation avait délibérément indexé une valeur nulle aux composantes sentimentales.

Un peu prise au dépourvu, elle répondit à sa première question.


Hé beeen.... Si on part du principe qu'on pourra la fabriquer, je dirais que ça serait pas une mauvaise idée de l'utiliser assez loin des cités, du moins celles qui sont toujours habitées. C'qui implique d'attirer le truc dans une zone deserte.


une pause

L'autre possibilité serait d'attendre qu'une ville se soit vidée de ses habitants. Non parce que c'est vrai : C'est la marche à suivre qui est la plus logique à l'heure actuelle. Le Tark'nal se pointe devant les murs, on évacue la ville.
Ça donne l'avantage du terrain, on épargne le maximum de vies et on est sur de savoir ou l'ennemi apparaitra.... mais par contre la cité sera dévastée. Tu me dira, ça ou la corruption...


*** Sans même se rendre compte de son incorrection elle avait hissé son séant sur l'un des établis et réfléchissait à voix haute, ses jambes se balançant dans le vide. ***


... il faudrait déterminer un endroit précis sur les cités de poussières.... le lieu où il y ait le maximum de chances qu'il attaque... On planque la machine là, et quand il se pointe on tire sur la ficelle....

A l'expression de son visage, il semblait évident que l'Analyste n'accordait que peu de crédit à cette théorie. Elle avait bien entendu déjà envisagé l'autre alternative. Irrémédiable, tchaëtiquement délirante et franchement sinistre, mais la seule qui assurerait une exposition optimale de la cible à l'effet de l'arme.

Elle était jeune mais pas tombée de la dernière pluie. Tchik y avait pensé également, elle commençait à le connaitre, lui et son imagination, sa capacité à envisager plus haut et plus loin que la plupart des gens. Même sans cela ses paroles sous-entendaient cette option.


Y a un tas de réponse ouais... j'dirais qu'il faudrait envisager les meilleures, puis les moins bonnes. L'but c'est de rétablir la balance, quitte à supprimer un membre de l'équation...

Voila qu'elle se mettait à parler comme lui.





 
Tchik

Le Dhiwara 6 Jayar 1510 à 22h44

 
Bien...très bien...médita t-il, les yeux fixés sur son tripatouillage.

Le champ de la discussion avait vu son cadre ressortir. Il serait sans doute plus facile désormais de parler des limites. Et du potentiel. Derrière les verres de ses lunettes, Tchik continuait de réfléchir -sans lâcher son aiguille- tout en poursuivant le travail de pensée entreprit depuis quelques minutes.


...il y a d'autres conditions initiales. D'autres contraintes. Des équations majeures qui découlent de ce que tu dis. La zone d'action se situe à l'entrée des Cités. A partir de là, les alternatives se réduisent d'elles même. La ficelle par exemple. Le détonateur du moins. Il est lié à ce que j'appelle "la distance de Compromis" qui est en fait la matrice qui évalue l'équilibre entre quatre éléments : le facteur Surprise, le poids de l'Installation, la rapidité d'Exécution du dispositif, et le champ de Vision.

Et derrière ce système complexe se trame une question prioritaire : quel genre de piège a le plus de chance de fonctionner?

A défaut de trouver la solution, nous pouvons au moins définir les qualités que devra avoir ce piège.


Il reposa l'aiguille et se redressa légèrement. Puis il ferma la petite trappe, manipula l'appareil, le tournant et le retournant comme si il cherchait une faille à sa surface. Tchik continua l'exposé du problème.

Sachant que, le dispositif devra être transportable et devra surprendre autant la cible que ses alliés. D'ailleurs, il ne faut pas négliger ces derniers en ce qui concerne le déclenchement de l'hypothétique explosion.

De son doigt, il gratta un point précis de l'appareil et une autre trappe s'ouvrit. Avant de s'y replonger, il rajouta.

L'avantage étant que nous savons maintenant quelle sera la prochaine Cité à subir une attaque. Si il existe bel et bien un dispositif, il va nous falloir le trouver vite.


Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Merakih 9 Jayar 1510 à 20h52

 
réfléchissant tout haut...

Y a un gonze un jour qui a pondue une idée délirante,et il était même pas de ma famille....

C'était une sorte de machine capable de détecter et donc d'indiquer le sens des marées de mana. C'était un prototype mais il me semble que ça a fonctionné un moment.
Si le Tark' chose n'est fabriqué qu'de mana, on peut facilement déduire qu'il y a une quantité carrément démente d'énergie en lui.

Tu sais, quand t'approche un morceau d'ferraille d'une boussole ça lui fait perdre la boule hein ? Bon bah la réciproque est vraie aussi : si une boussole commence à bouillir du citron c'est bien qu'il y a un morceau de ferraille tout proche....


elle saute à bas de l'établis et s'approche de Tchik, curieuse de l'attention que son hôte porte à ce fin dispositif éventré.

Alors si on peut recréer un système capable de déceler les fluxs, il aura surement une réaction à l'approche de la montagne de mana. Il reste plus alors qu'a faire en sorte que le pétage de boulons du capteur déclenche l'opération "Grand Nettoyage".

Les autres questions restent en suspend. Bien moins habituée à la théorie que Tchik, Kal' n'évalue pas des données secondaires selon elle. Le poids de l'arme dépendra fortement de la technique utilisée pour la mise en œuvre d'une telle puissance de feu.

T'en pense quoi Frère ?
depuis qu'elle était entrée, Tchik n'avait fait que poser des questions, sans développer son point de vue. Elle conserva un moment le silence, l'observant dans son étrange manège, tentant de saisir la fonction de l'appareil qu'il bricolait.




 
Tchik

Le Julung 10 Jayar 1510 à 02h13

 
Pour une fois, Kal'Ash eut l'impression d'avoir interrompu Tchik dans son travail. Il s'était arrêté et avait pris quelques secondes avant de répondre, lui jetant quelques regards en coin. La jeune tchaë ne manquait pas de ressources, malgré sa méconnaissance de la méthode scientifique. Pourtant la discussion risquait de tourner court si il ne cessait pas son petit jeu des devinettes. Finalement, faisant tourner le dossier mobile de son tabouret de bois, l'Expérimentaliste fit face à l'Analyste.

J'en pense qu'une solution à un problème dépend des contraintes qui découlent du problème lui même, mais aussi de cette même solution.

Trop voyant et la cible s'en détournera.
Trop lourd et nous serons obligés d'y faire venir la cible. Et non l'inverse.
Trop complexe et nous perdrons en synchronisation.
Trop autonome et nous risquons l'accident ou la panne.

Hors nous n'avons pas droit à l'erreur, puisque la solution suggérée ici prend en compte le fait de laisser approcher le Tark'nal sans envoyer de troupes pour l'affronter et la destruction au moins partielle de la zone de contact. Si l'explosion rate, cela réduira à néant toute autre offensive.


A nouveau, il fit jouer le dossier, se retrouva devant l'établis pour y récupérer un crayon et une feuille de papier qui trainait là. Mais son propos n'étant point terminé, il le poursuivit tout en entreprenant ce qui ressemblait à un croquis.

Si je rajoute à cela la non moins importante contrainte de Temps et notre priorité de sauver Zarlif et d'y arrêter le Tark'nal à ses portes, il ne me vient qu'une seule méthode à l'esprit : le principe de simplicité. Ce qui exclue l'étude d'un détecteur de mana -dont nous ne sommes pas certain qu'il fonctionnera comme nous le voudrons-, ou l'emploi de toute autre technologie imaginaire.

Pouvons nous créer un système portatif?
Si non, alors autant employer du matériel rudimentaire que nous pouvons mettre en place immédiatement. Ce qui va de paire avec une installation lourde et l'obligation de "prédire" le passage de la cible.


Il dessinait avec énergie. Rajoutant au passage des mentions, des notes, des mesures. Par endroit, il effaçait des traits et les redressait comme il estimait qu'ils devaient être. Était ce un vent d'inspiration? de l'enthousiasme? de la folie? Difficile d'assimiler Tchik à ces mécanismes. Il semblait si naturellement...ainsi. Son état normal en quelque sorte et cette esquisse sortait sans aucun doute d'une de ses nombreuses réflexions. En somme, il n'inventait rien. Il ne faisait que transposer ses pensées sur le papier.

La théorie, vois tu Kal, les gens s'en font généralement une fausse idée. Ils pensent que c'est notre boulot. Que nous passons notre temps à penser pour penser. Mais ce n'est pas le cas. La théorie est un support, parfois un outil, voir une méthode de pensée. Quant à notre job, en tant que savant, c'est de fournir des travaux permettant de prédire. Et non pas de lister des hypothèses qui explique mais ne prédise rien.

Particulièrement quand le temps manque, il faut faire avec ce que l'on sait. Et surtout avec ce que l'on peut.

Tiens, regardes...


Corrigeant un dernier élément, il tendit la feuille à Kal'Ash, tandis qu'il se servait du crayon pour désigner chaque portion de ce 'piège'.

...un trou de 15 mètres de profondeur. Suffisamment large pour que le bestiau soit obligé d'y passer lorsqu'il arrivera devant les portes de la Cité. Au fond, une charge moyenne, largement suffisante pour faire sauter la surface factice. Ici, des chariots remplis de poudre, que l'on jètera dans le trou au dernier moment. Il ne manquera plus qu'à jeter une allumette et à s'éloigner le plus vite possible.

J'avoue que ce n'est pas très subtil mais l'heure n'est plus à la subtilité justement. Cette option a le mérite de cibler le Tark'nal uniquement sans détruire une ville entière. Et d'être installable dès maintenant. Quelques heures pour creuser le trou, une bonne journée pour transporter du matériel et des barils de poudre. En quelques jours, ce pourrait être accompli en tenant compte de l'obtention des pourparlers diplomatiques avec l'Equilibrium.

Tu voulais une belle explosion.
La voilà.


Ouch! Heureusement qu'il avait précisé qu'il existait des tas d'autres solutions. D'un autre coté, y avait il 36000 manières de faire usage d'un dispositif explosif de grande envergure? Ce n'était ni représentatif d'un style ou d'un goût. Tchik avait résolu l'équation avec les données qu'ils avaient obtenues.Ils, les symbiosés.
Le papier et son croquis restait là, à coté de Kal. L'ingénieur s'en était déjà retourné à son aiguille et à son appareil étrange. Comblant le silence, il dit :


Quoiqu'il arrive, il nous faudra sacrifier des éléments. Dans nos choix ou par nos choix. La perfection se perçoit dans le relatif. Non dans l'absolu.

La main levée pour accompagner sa conclusion :

A moins bien entendu que notre objectif premier ne soit pas de sauver Zarlif. Ce qui nous offre un délai et nous permet d'étudier les autres alternatives. Mais ce sera alors une autre équation, d'autres contraintes.

Le frère Attan Jilhio.
Le Maître Arthémus Maän.
Si ils avaient eu une idée intelligente et utile pour tous, c'était maintenant qu'il fallait la livrer.
A moins que Kal' ne sorte des atouts de sa manche. De toutes façons, la partie ne faisait que commencer.



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Sukra 12 Jayar 1510 à 18h29

 
A l'évidence les deux Tchaës avaient des considérations divergeantes. Alors que Kal'ash, jeune, fonceuse et un brin protectionniste souhaitait avant tout protéger la dernière ville Fraternelle, Tchik du haut de ses années montrait des intentions plus altruistes et moins égocentriques.

Le but premier poursuivit par Kal'Ash était de barrer le chemin à cette angoisse de voir les siens disparaitre. Au lendemain de la bataille d'Oriandre elle savait que cet objectif réclamait de lourds sacrifices, et bien qu'elle n'y consentait pas avec plaisir, Zarlif était un moindre mal en comparaison de la perte de Farnya.

Peut être était-elle trop impliquée, peut être que d'avoir vu l'Immonde de si près avait de plus lourdes conséquences sur son jugement que ce qu'elle pouvait penser.

Peut être Tchik n'avait pas mesuré la réelle dangerosité de l'ennemi. Peut être que lui, n'ayant pas fait l'expérience de sa destruction d'une ville, sous-estimait l'ampleur du problème.

Comment savoir....


Elle considérait le schéma sans enthousiasme, car elle savait c'est idée trop simple pour mener à un résultat concluant. Considérer que le Tark'nal tomberait dans la tombe creusée à son attention, et laisserait aux défenseurs le loisir de le transformer en feu de banquet était difficilement envisageable pour elle.



De toi à moi, "l'objectif premier" comme tu dis n'est pas de sauver Zarlif. Sauver Zarlif ça impliquerait trop de données supplémentaires sur une idée déjà très chargée.
Quand je dis que la bombe devra pouvoir raser une ville, c'est pas par lubie, mais pour une question d'échelle. La puissance du Tark peut pas être vaincue en retenant nos coups ou en se disant qu'il faudrait éviter d'abimer les peintures.
Faut frapper aussi fort que possible pour avoir une chance de gagner.


La méthode théorique et posée de Tchik avait l'avantage d'envisager d'autres solutions, d'autres voies à explorer. Difficile de ne pas céder au doute devant l'efficacité de ses exposés. Mais il y avait quelque-chose qu'il ignorait encore. Se frottant son œil valide elle exposa son idée dans ses traits techniques, autrement plus complexes qu'une simple mise à feu de barils de poudre.


Dans le métier on différencie les explosifs soufflants des explosifs brisants. commença t-elle, usant de sa grande expertise dans le domaine Les premiers servent surtout à propulser, comme pour une arquebuse par exemple. Lorsqu'on tire, l'explosif à base de poudre projette la balle le long du canon, parce que la poudre fait partie de la première catégorie.

Un explosif brisant n'aurait pas le même effet utile, il ruinerait complètement la culasse, et sur'ment la gueule du tireur en prime. Ce genre de dispositif est bien plus destructeur, seulement voila, il est pour l'instant resté à l'état expérimental, faute de pognon, d'intérêt, et de gens pour continuer les recherches des Frères Mäan et Jilhio.


Elle se tut un moment, laissant à Tchik le temps d'ingérer l'information.

Le composé alchimique de l'explosif de Jilhio est incomplet, et c'est carrément pas de la tarte à fabriquer . Mais sa puissance même à petite dose dépasse largement celle de la poudre, et a l'intérêt de s'attaquer matière à l'inverse d'une charge de cartouche qui souffle dans la direction de moindre résistance.

Ça va dans le sens de la miniaturisation du dispositif.... Peut être même qu'il pourrait tenir sur une personne, ou une monture lancé au triple galop...


En disant cela elle commençait à imaginer la chose de manière faisable.

Désespérée, mais faisable.





 
Tchik

Le Dhiwara 13 Jayar 1510 à 00h32

 
Suivit alors un silence. Il n'agita pas son aiguille et semblait regarder le vide.

...tiens...il n'a pas bougé selon certaines sources...ils disent que le Tark'nal n'a pas bougé. Il est apparu, a perverti, puis a disparu. Est ce vrai?
Si c'est le cas, alors c'est une donnée qui change tout.


Ni vraiment contrarié, ni totalement indifférent, Tchik replongea dans ses pensées pendant quelques instants. Marmonnant dans sa barbe:

...ce piège ne fonctionnerait donc pas...hum...il faudrait y ajouter un fluide...un mouvement...

Ceci ne dura pas. Reprenant le trifouillage de son appareil, il parlait à la jeune tchaë, dos tourné.

Prudence ouverte, Kal! Prudence ouverte. Détruire le Tark'nal à Zarlif, c'est sauver Farnya, sans lui faire courir le moindre risque. Nous ne retiendrions pas nos coups justement. Je préfère en tout cas tester toutes nos idées là bas, plutôt que de dévaster notre Cité-refuge et de nous retrouver sans domicile fixe. Il me semble que c'est une opportunité à saisir que le champ de bataille soit si loin de nos portes.

L'air presque interloqué de Tchik laissait un doute sur ses intentions. Voulait-il vraiment sauver Zarlif? ou venait il justement de trouver tout à fait logique de s'en servir de lieu d'expérience? La conception tout à fait particulière de la prudence ouverte du bleuzard portait à confusion. Défendre la Fraternité en s'ouvrant. Cela ne semblait pas aussi pacifiste et altruiste qu'il n'y paraissait.

Les yeux de l'ingénieur se mirent à briller lorsque Kal'Ash lui parla des types d'explosions. Il se tourna même vers elle pour l'écouta. Son visage exprimait la surprise et un grand intérêt.


Ainsi, donc...tu connais ces choses là?...magnifique!

Il esquissait désormais un sourire. La joie d'avoir trouvé quelqu'un d'intéressant à qui parler. Quelqu'un qui "comprenait" et faisait marcher sa tête.

Ne sous-estime pas la déflagration, Kal. Si nous déversions, comme je te le suggérais, des dizaines de barils de poudre sur la cible, puis que nous déclenchions une explosion, il y a de fortes chances pour que le sol tremble et s'effondre sur une très large surface. Un seul de ces barils peut mettre en miette un bâtiment entier.

D'autre part, nous pourrions tout à fait ajouter à la poudre des bouts de métaux coupants, qui sous l'effet du "soufflant" provoquerait de sacrés dégâts.

Et puis, il ne faut pas négliger la possibilité de rendre brisant un soufflant. Il suffit de comprimer l'explosion dans un objet hermétique et extrêmement résistant. Une sphère de métal lourd par exemple.


Tchik se leva de son siège et se dirigea vers un meuble sale qu'il ouvrit. Dedans, des tas d'ouvrages, plein de poussières. Des parchemins, des schémas. Un vrai désordre. Tandis qu'il cherchait, il poursuivit son propos.

Tu sais, je suis un passionné de tout ce qui touche à l'énergie et aux transferts de fluides. J'ai notamment pas mal étudié les explosions thermiques, et fut un temps, j'obtenais de bons résultats, même si j'ai échoué dans ma quête d'un carburant innovant. Et puis, j'avais d'autres projets, d'autres idées...les circonstances ont fait que je n'ai pas poursuivi ces questions là...

...tu dis donc que Jilhio aurait obtenu un brisant à partir d'un composé incomplet. De quoi s'agit il exactement?


Toujours en train de fouiller, il se retourna quelques secondes, comme si il avait senti qu'en demandant trop de détails, ils allaient peut être perdre le fil du sujet.

Du moins...tu as un prototype à nous mettre sous la dent? une recette?


Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Sukra 19 Jayar 1510 à 11h10

 
*** A la demande de Tchik elle se remémora l'action à Oriandre. Le Tark'Nal n'était en effet pas des plus mobile, ce qui n'avait en rien réduit son efficacité puisque tous les tirs étaient passé au travers.

Cela rendait l'idée du piège bien aléatoire, et plus le temps passait, plus la jeune ingénieure était convaincue du fait qu'il allait falloir transporter le dispositif au plus près de la chose. ***


Elle attrapa quelque-chose dans la poche arrière de son pantalon un morceau de parchemin froissé par le transport et auquel elle s'appliqua a redonner à peu près sa forme originelle avant d'approcher de Tchik de manière à ce qu'il puisse lire.

... en fait il avait repris la théorie de Mäan pour la mettre en pratique. D'après ce que j'en ai su, sa formule fonctionnait mais était carrément instable, genre une mauvaise manip' et BOUM tu vois ?

Enfin dans l'idée, ce qui est carrément délirant mais que j'adore, c'est que l'un des composant, bah c'est du savon.
lance t-elle, visiblement ravie de discuter avec quelqu'un intéressé par les mêmes domaines.

Du doigt elle pointe quelques gribouillis sur la feuille.



Là c'est du salpêtre, ici c'est un concentré liquide à base de souffre, mais genre vachement concentré tu vois ? Là tu vois c'est un ajout personnel, l'argile sa peu aider à stabiliser le tout, hé sinon le moindre choc et tu vas retrouver tes ancêtres.

Le composé alchimique était particulièrement complexe et dangereux, mais elle sentait qu'elle avait finit par trouver quelqu'un d'assez impliqué, passionné, et peut être assez fou pour tenter le coup.




 
Tchik

Le Dhiwara 20 Jayar 1510 à 15h20

 
Tchik bascule sensiblement en arrière de sorte à jeter un oeil au papier. Immédiatement son attention fut captée. Les composées, la formule, les combinaisons, les mélanges. Ce qui pouvait être du charabia scientifique pour certains n'était pour l'ingénieur qu'une description assez succincte d'une expérience. Tout lui parlait là dedans. Comme une équation dont il découvrait certes les variables, mais aux mécanismes familiers.

Au bout de quelques secondes toutefois, il eut un geste assez étrange. Celui de quelqu'un qui y voyait mal, sauf qu'au lieu d'essuyer ses lunettes...il les monta sur son front.


Tu es sûre pour le savon?

Puis il les replaça.
Quelque chose l'avait surpris. Pas le savon en tant que tel. Plutot son addition aux autres composants. Le résultat théorique qu'il avait dû se figurer ne fonctionnait peut être pas.


L'argile ne me semble pas être le meilleur choix, fit il remarquer en se redressant sur son siège pour reprendre sa posture d'origine.

D'après ce que tu dis, le résultat est terriblement instable. Le but serait donc à la fin du mélange de pouvoir fixer les éléments. Il faudrait quelque chose qui absorbe. Malheureusement, l'argile n'absorbe pas vraiment. D'autant plus lorsqu'on la rend humide, pour la rendre malléable, puisque l'eau contenue rend la stabilité...instable. Il faut absolument extirper de l'équation tous les éléments qui renforcent l'instabilité. En voilà un.

Peut être qu'une matière végétale ferait l'affaire. Une pâte à base de sciure de bois ou de coton par exemple...


Léger temps d'arrêt. Il s'interrompit lui même et fit tourner son siège pour faire à nouveau face à Kal'Ash.

...ils parlent de savon sur le parchemin, certes. Mais je ne crois pas que cela puisse transformer le soufflant en brisant. A la limite, cela le rendra moussant. Par contre, j'ai souvenir que pour fabriquer le savon, on extrait une substance visqueuse. Une sorte de solvant. Un alcool en fait. Je suis très curieux de savoir ce que cela donnerait. A priori, Jilhio a obtenu des résultats.

...on a plus de précision sur l'effet "destructeur" de ces résultats? Les frères n'en sont pas morts visiblement. Peut être devrions nous aller les voir ou retrouver leur loge. Il doit bien exister des rapports d'expériences, non?



Interrupteur Enclenché!

 
Kal'Ash

Le Sukra 26 Jayar 1510 à 09h24

 
J'suis d'accord avec toi, y a des choses à reprendre sérieusement. Comme je te l'ai dis, jusqu'ici c'est resté expérimental.
Après la mort du maitre le disciple a continué le boulot, mais ça fait longtemps et je sais même pas ce qu'il est devenu.


Un petit haussement d'épaules, elle ne souhaite visiblement pas trop s'avancer sur une théorie qu'elle n'a pas encore elle-même expérimenté.

Niveau puissance ça devrait dépasser largement la poudre à quantité équivalente. Par contre ça va nécessiter un sous-système supplémentaire. Si le mélange se stabilise on pourra pas espérer le mettre à feu avec un tir ou un torchon brulant. Plus qu'une amorce il va falloir un détonateur.


Tchik cachait bien son jeu, à moins que cela ne fut d'une manière inconsciente. Plus que simple théoricien il semblait en connaitre long sur l'alchimie et les mélanges explosifs. Ce qui n'était pas pour déplaire à la jeune rouquine.

Oh j'ai faillis oublier !


*** Elle fouille un moment dans l'une des nombreuses poches intérieures de sa veste, un coup à gauche, un coup dans le pan de droite pour finalement revenir à gauche en étouffant un juron. Elle en tire une petite fiole transparente qu'elle brandit sous le nez de Tchik.
Elle semble contenir une matière sombre et gélatineuse. ***


Un souvenir d'Oriandre. Ils avaient plus de poupées mécaniques à la boutique, par contre ça ils en manquent pas maintenant... ce détachement masquait sa tristesse, aussi bien qu'il le pouvait.

*** Elle ne savait ce qu'il comptait faire de cet échantillon, ni même s'il comptait seulement en faire quelque-chose. Elle l'avait "obtenu" lors d'un âpre combat contre les fantômes qui hantaient dorénavant l'ancienne capitale. ***






 
Tchik

Le Dhiwara 27 Jayar 1510 à 11h33

 
Alors qu'elle lui parlait du détonateur, l'ingénieur eut un regard sur le coté. Dans cette direction se trouvait une autre porte. Gondée cette fois. Puis il revint à son appareil.

...nous devrions aller faire quelques essais dans les labos des Jardins. Avant même de penser à une amorce, il nous faut fabriquer un peu de ce mélange explosif.

Pivotant soudainement sur son siège, Tchik fixa immédiatement le flacon obscur.

C'en est?

Oui, c'en était. Cette matière venait d'Oriandre. Et il fallait tout de suite l'étudier!
La main tendue comme pour demander à Kal'Ash d'attendre, Tchik sembla recenser certaines idées.


...hum...il faudrait...la tester. Oui...

Il se tourna vers un établi sur sa droite, puis récupéra une fiole contenant un liquide aux couleurs vivaces.

Ce sera parfait! C'est une potion d'alchimie. Nous pourrions déjà tenter de voir ce que cela donne d'y mettre un peu de...cette gélatine?

Et à n'en pas douter, d'autres tests se tramaient dans son esprit.


Interrupteur Enclenché!

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