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Le comptoir des Artisans

Réunion syndicale

Etincelle: Un tchäe parcourant la ville à la recherche de ses syndiqués
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Sujet lancé par Fonkin Sheppen
Le 06-05-1510 à 02h15
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Posté par Narrateur,
Le 25-05-1510 à 19h29
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Fonkin Sheppen

Le Julung 6 Manhur 1510 à 02h15

 
Le Régisseur masqué marchait d’un pas pressé, sa cape carmin ondulant pratiquement à l’horizontale derrière lui.
La rue était calme, bruyante pour un étranger, à la limite de l’insupportable pour les plus sensibles, mais calme pour le Régisseur, car bien moins animée qu’à l’accoutumée. Douce ironie qu'en ces jours de travail acharné, le centre ville soit si silencieuse.
Il pressa encore plus le pas en voyant l’immense silhouette rouge et blanche émerger des brumes matinales, symbole du rayonnement de Farnya dans la Fraternité, et de la Fraternité dans Syfaria. Un petit pincement étreignit le jeune tchäe en pensant que tout ceci cesserait peut-être dans quelques mois. Peut-être même avant.
De nombreuses silhouettes se trouvaient à proximité de la chambre syndicale et Fonkin dut les scruter attentivement avant de repérer le groupe qui l’intéressait et de reprendre sa marche, plus tranquille et assurée, vers lui.
Un peu trop d’ailleurs, puisque dans la demi-douzaine de larons occupés à discuter, un seul remarqua son approche. C’est donc au son d’un claquement de bottes contre le pavé que les ragots s’interrompirent et les visages, donc la moitié de merlan fris, se tournèrent vers lui.


Encore six coursiers de réserve, la matinée est calme on dirait… Oh non, sept, je ne t’avais pas vu Masira !

La petite coursière avait toujours amusé le syndicat. Atteignant difficilement les un mètre dix, cette tchäe avait un visage et un corps d’enfant pour ne rien arranger. Et contre toute attente, son rêve fut toujours de devenir coursier et de se faufiler dans toutes les ruelles, à travers toute la population, à toute heure. Elle enviait le Régisseur pour sa symbiose, et il en était conscient. Courir à travers les étendues de Syfaria, autrefois entre les villes rouges et noires, était un objectif hors de portée pour elle… Pourtant le syndicat manquait cruellement de symbiosés…
Le Régisseur sortit de ses pensées en remarquant que la troupe le fixait toujours.
Son masque lui permettait de penser librement, tout en paraissant énigmatique.


Masira, Siprocle, j’ai besoin de vous pour une mission de première importance. Suivez-moi.

*S’adressant aux autres*
La journée risque d’être agitée, donc profitez bien du moindre repos !


S’éloignant en compagnie des deux coursiers, le trio ne fit qu’une vingtaine de mètres avant de s’arrêter.

J’ai besoin de réunir le Maître accompli Barroun et les deux compagnons en charge des plus gros chantiers : Oscar et Kamya. Vous irez chercher ces deux derniers, Masira, tu t’occuperas de Kamya et toi, Siprocle, d’Oscar. Vous leur direz de se rendre à l’atelier provisoire du nord-ouest.

Cet atelier servait de base d’opération au Maître accompli. Mais Fonkin doutait de pouvoir l’en éloigner. Barroun était une vraie tête de cochon, qui savait tout mieux que tout le monde et avait besoin d’être avec ces gars à chaque instant. A l’opposé de Masira, Fonkin souhaitait ardemment que le maître accompli ne connaisse jamais la symbiose. Il était déjà assez difficile à gérer comme cela. Même si son caractère était légendaire, il était très appréciait de son syndicat, de ses compagnons affranchis aux manouvriers de ses équipes qui ne rechignaient pas au travail difficile quand il le leur demandait. Et l’une des conséquences était que les résultats étaient au rendez-vous.
Ce sera donc dans ses baraquements de chantiers que le Régisseur fera part des nouvelles tâches attribuées au syndicat libertaire.

J'oubliais: Je les veux tous les deux à l'atelier provisoire dans une heure. Qu'ils ne nous fassent pas attendre. C'est une mission de première importance, au risque de me répéter.

Labeur et Profits.

F. Sheppen, Héros.

 
Fonkin Sheppen

Le Sukra 8 Manhur 1510 à 05h07

 
Sitôt les coursiers partis, le Régisseur alla s'assoir, en marge de la foule entourant la Chambre Syndicale, dos au muret d'une villa décorée de faux lierres. Il sortit une planche en bois, un parchemin, et un nécessaire d'écriture: une plume, un flacon d'encre, un tampon et de la cire. Il écrivit avec application durant une bonne dizaine de minutes avant de signer, de plier la lettre et de lui apposer son cachet.

Il y expliquait les grandes lignes de la mission que lui avait confié le Maire, et surtout de son implication pour la corporation de la Fourniture. Il y avait donc une longue liste de matériels divers et variés, allant de l'unité à la quantité industrielle. Il fit également mention de l'importance du Syndicat de l'architecture dans l'aménagement de la nouvelle demeure royale, sans toutefois préciser les effectifs requis.
Il fit également mention qu'il se trouverait aux baraquements de chantier du nord-ouest, mais qu'il n'y resterait que le strict nécessaire avant de passer par les entrepôts de la Fourniture.
Rejoignant rapidement la demi-dizaine de coursiers inoccupés, il remit la lettre portant le sceau de la Servitude au premier ayant remarqué son approche et lui donna pour toute consigne:

Ceci doit impérativement arriver au Régisseur Laneyr dans les plus brefs délais et en parfait état.

Le jeune Régisseur insista sur le caractère urgent de la mission en faisant immédiatement demi-tour après avoir salué le coursier, traversant la ruelle d'un pas pressé, se frayant un chemin à travers la foule avec énergie.
Il se dirigeait vers le Nord-Ouest.


Labeur et Profits.

F. Sheppen, Héros.

 
Fonkin Sheppen

Le Dhiwara 9 Manhur 1510 à 23h50

 
L'atelier n'en était pas un vu de l'extérieur.
La façade du grand entrepôt avait été décorée de manière disparate, sûrement par de multiples initiatives individuelles, et portait au dessus de l'entrée principale le sigle du syndicat Libertaire.
Cela ressemblait plus à une ambassade syndicale, si l'on pusse imaginer qu'un syndicat eut un jour besoin d'une ambassade, qu'à un baraquement de chantier ou à un entrepôt.
Du Barroun tout craché.
Le Régisseur savait déjà que le syndicat ne passerait pas en priorité le chantier de réfection de ce bâtiment.

Après un bref soupir amusé, Fonkin Sheppen passa par l'entrée principale.
Il avait pris son temps pour venir, allant même livrer la Grande Naturaliste dans le centre, et il ne fut pas surpris de voir les trois hauts gradés du syndicat déjà réunis.

Oscar et Kamya accueillirent le Régisseur avec le soulagement de savoir enfin de quoi il en retournait.
Barroun quant à lui, restait parfaitement impassible, un regard mi-fatigué, mi-méfiant, fixé sur le tchäe masqué.

Fonkin s'arrêta à 3 pas du trio.


Bien.
Je ne vais pas tourner autour du pot. Le temps est trop précieux, le votre comme le mien.

Je sors d’un entretien avec notre Précepteur et des directives m’ont été confiées : L’établissement d’entrepôts pour nos frères de la Bulle bleue et l’aménagement du logement de notre Roi. Deux chantiers que je suivrais en personne.

Faut-il préciser qu’ils ont une priorité haute pour le premier et absolue pour le second ?
Je ne pense pas.



Je sais que nous avons déjà largement de quoi occuper chaque ouvrier, mais c’est comme ça. Il va falloir faire des choix et des longues journées.
Comme vous vous en doutez, je ne vous ai pas réunis en urgence pour une simple information. Bien que mon talent soit grand, je ne ferais pas ces chantiers seul.
Il faut que vous me dépêchiez vingt cinq des manouvriers les plus solides pour l’établissement des entrepôts. Une longue marche avec une longue charge les attend avant qu’ils puissent se mettre à la construction, qui sera une réelle partie de plaisir à côté.
Vos chantiers étant tous importants, il va falloir piocher dans les effectifs de chaque équipe.
Vos gars se retrouveront moins nombreux, et même si les journées seront plus longues, il faudra laisser les tâches les moins prioritaires de côté. J’ai confiance en votre jugement, tant des travaux à laisser de côté, que de la solidité des gaillards que vous m’enverrez.


L’aménagement du logement du Roi Elchior va nécessiter des gars plus fins par contre. Qui ont des muscles, mais savent également faire dans la finesse. Des peintres en bâtiments, des décorateurs, mais pas seulement. Si le logement est déjà salubre, il se peut tout de même que nous ayons à créer des cloisons, ou à en abattre, à refaire l’isolation, ou à sécuriser les accès. Il nous faut des touche-à-tout du bâtiment.
Nos trois meilleurs ouvriers bohèmes seront nécessaires. Cette fois, la baisse de mains d’œuvre sera bien moins importante et devra être pris intelligemment en considération.

Comme vous l'aurez compris, encore plus que pour les autres chantiers en cours, le temps presse. Aussi, je vous demande d'envoyer tous ces hommes aux quartiers est, à l'entrepôt principal de la Fourniture. Disons pour dans une à deux heures maximum. Avec les outils classiques nécessaires. Pour les outils plus spécifiques à ces chantiers, le Régisseur Laneyr doit déjà être en train de les rassembler.


Fonkin prit une inspiration et observa les réactions de ses chefs de chantier.
Oscar se conentait d'acquiescer à répétition, Kamya semblait contrarié et Barroun avait troqué son air sévère pour un air plus pensif. Fonkin eut même l'impression d'y voir brièvement de la surprise.


Le Précepteur a choisi la Servitude, non seulement pour gérer l'arrivée du convoi, mais également pour tout ce qui est aménagement de la ville. Et maintenant, l'aménagement de la Loge Royale.
Le Syndicat libertaire en particulier se retrouve mis en lumière. Ne ratons pas cette occasion de briller, et retroussons nous les manches.


Sans un mot de plus, le Régisseur fit demi-tour et quitta l'entrepôt. Une fois au milieu de la rue, il agita rapidement les doigts de sa main gauche, éloignant et rapprochant à tour de rôle cette dernière de son bâton, et semblant en tirer des fils, qu'il tissait puis jetait sur sa jambe gauche, puis droite.
Le tchäe s'était mis à marmonner et le bâton à bourdonner. Quand il eut fini, sans prêter attention aux badauds qui le fixaient, le régisseur masqué se mit à courir à une vitesse impressionnante.
Vers l'est.



Labeur et Profits.

F. Sheppen, Héros.

 
Fonkin Sheppen

Le Luang 10 Manhur 1510 à 07h22

 
Place ! Place ! Faites de la place !

Le Régisseur se frayait un chemin à travers la foule compact avec une énergie débordante. Si le trajet fut très rapide, cette idée de raccourci fut au moins autant mauvaise. La rue qu’il avait prise était parsemée de « barrages tchäes » rassemblés autour d’étals exotiques. Depuis l’attaque d’Oriandre, les marchands et voyageurs de la Fraternité étaient revenues en une seule vague à la ville Rouge. Rares étaient ceux qui étaient restés impassibles à la perte de la ville fortifiée.
Et avec eux, ces arpenteurs de Syfaria ramenaient des produits curieux et insolites, rameutant un peu plus de badauds chaque jour.

Fonkin mit près d’un quart d’heure pour franchir la rue, une perte de temps pour un soit disant raccourci. Mais sitôt à sa sortie, il arrêta de ruminer pour lever la tête et fut soulager d’apercevoir l’enseigne de la Fourniture sur un bâtiment non loin. Le logo et la décoration étaient moins pimpant que ceux de l’atelier nord-ouest, plus à l’image de leur régisseur, un peu trop austère et sérieux au goût de Fonkin.
Il pénétra d’un pas décidé dans l’entrepôt et balaya l’intérieur du regard avant de reprendre sa marche vers le fond. Les palettes s’empilaient en tour gigantesque, supportant divers produits de construction, des pierres, du bois, mais aussi des denrées alimentaires, du moins c’est ce que croyait lire Fonkin sur les caisses empilées non loin. Il repéra même sa commande, mêlant planches, clous et outils, le tout en très grandes proportions.
Il n’eut pas le temps d’arriver à la porte vers laquelle il se dirigeait que Laneyr en sortit. La quarantaine, l’air perpétuellement inquiet, ce régisseur lui rappelait Jeaneudon, la sympathie en moins. Malgré son masque, Fonkin ne permit aucune manifestation extérieure à l’ennui que lui inspirait le personnage. Si Laneyr avait la confiance du Précepteur, il y avait sûrement une bonne raison. Au moins. Et même dans le cas contraire, il fallait faire avec.

Bonjour Frère Régisseur, je vois que tu as déjà rassemblé tout le matériel nécessaire !
Félicitations, les ouvriers ne sont même pas encore arrivés !
D’ailleurs, il faut qu’on parle des ouvriers.

- Mais… Mais Régisseur Sheppen… Justement, dans votre missive, vous ne précisiez pas vos besoins de main d’œuvre. Il vous faut juste des gars syndiqués de l’Archi, c’est ça ?

Oui, c’est ça…


Evidemment qu’il ne lui avait pas précisé les effectifs, il ne les avait pas encore défini à l’époque. Il sortait d’un échange avec le Maire et avait besoin de se faire une idée par lui-même.

… Juste de l’archi. Il me faut tes douze meilleurs travailleurs : Deux architectes, quatre décorateurs, deux géomètres, un tailleur de pierre et trois charpentiers. Et ils ne doivent pas être malade : Pas de retard sur ce chantier qui est déjà en retard !

- Mais… Mais comment voulez-vous que nous fassions si nous devons vous attribuer de tels effectifs ? Nous avons déjà trop de travail, en particulier au Syndicat de l’Architecture.


Cette persévérance au vouvoiement naturel amusait d’autant plus Fonkin qu’en réponse il redoublait de familiarité.

Tu vas te débrouiller, j’en suis sûr ! T’es un grand garçon !
Et puis, c’est sur ordre de son altesse princière, précepteur et maire Ethan Gorgo que tout ceci doit être fait. Il est parfaitement conscient que ce que les travailleurs feront là bas, ils ne le feront pas ailleurs.
Pense un peu aux retombées sur le syndicat de l’archi… Voir de la Corporation !
Enfin, moi je t’ai donné les minimas nécessaires, si tu n’as pas assez de gars compétents et en bonne santé, je me débrouillerai, mais le…

- J’ai les gars qu’il vous faut. Ils seront à votre entière disposition dans une heure, ici même.
J’aurais pu les mobiliser avant si vous m’aviez tenu informé des effectifs nécessaires plus tôt.


Le Régisseur Laneyr avait subitement trouvé un aplomb insoupçonné. Son regard était plein de détermination et de défi. Fonkin ne releva pas la pique et se contenta d’observer son frère soudainement métamorphosé. Il le soupçonnait de jouer la comédie la plupart du temps afin de tromper la méfiance de ses interlocuteurs. Encore un dont il ne regretterait pas la non symbiose.

Parfait mon frère. Alors tout est réglé, il n’y a plus qu’à attendre !


Labeur et Profits.

F. Sheppen, Héros.

 
Narrateur

Le Matal 25 Manhur 1510 à 19h29

 
***
Un coursier se dirigea vers le Régisseur de la Servitude lorsque celui ci sortit des bureaux de la Fourniture. Dès qu'il fut devant lui, il lui tendit un rouleau de bois et attendit comme le voulait la coutume -pour accuser la réception du message-. Il n'y avait pas tellement de mystère sur la provenance de ce parchemin de bonne qualité, aux allures de documents officiels. Cela annonçait que son entrée en scène. Fonkin le Rouge allait de nouveau fouler de ses pieds les pelouses des Jardins Bleus.

Normalement...
***


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