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Le Luang 15 Saptawarar 1508 à 18h33
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| *** Calmement, une silhouette dépasse une à une les ruelles qui sillonnent la ville, ne détournant son regard que pour s'assurer d'être seule. Parcourant plusieurs routes d'une course pleine de grâce, elle se remémore à présent l'adresse indiquée au préalable, ne pensant à autre chose qu'à ce but final. Ayant pris la précaution de partir seule, elle ne réfute pas l'idée de laisser planer une pointe de mystère et désire partir à l'aventure, sans poids dispensable et masculins.
A présent engagée dans les langueurs du marché, la femelle ne prête aucune attention aux marchands divers, s'époumonant d'une force qui leur est propre et représentant parfaitement l'ultime arme de la Rouge : une grande gueule pour pas grand chose. Ses yeux ayant vite fait de parcourir les étalages aux ustensiles aussi nombreux qu'inutiles, elle emprunte à nouveau un virage, et disparaît déjà aux tréfonds de ce bordel. Sa destination, elle la connait personnellement comme tout citoyen né de Farnya qui se respecte. Une des exploitations locales qui prêtent à sourire mais qui n'en perdent pas moins leur valeur, et qu'importe la marchandise fournie.
La tchaë ne tarde d'ailleurs pas à révéler un blanc sourire, lorsqu'une heure plus tard elle débouche enfin sur une avenue, dont les toits témoignent d'agitation toute particulière. Plumes au vent, elle s'engouffre à présent dans un dernier couloir, martelant les pavés de ses chaussures de cuir, et redressant fièrement la tête vers son objectif. Cette volière, très largement identifiable par ses nombreuses fientes aux couleurs éparses et ses battements d'ailes aléatoires, ne désespère pas Soleyä qui finalement pénètre dans l'enceinte de la boutique, s'annonçant d'une voix clairement audible. ***
La tenancière ! Où est la tenancière ? Je veux voir la tenancière ! | |
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Le Julung 18 Saptawarar 1508 à 18h55
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| *** Un arrêt. Elle détourne les yeux. A-t-elle de la merde dans les yeux, ou cette vieille femme est-elle vraiment horrible ? Tandis que la tchaë se charge de l'une des deux parts de vérité, elle finit enfin par faire face à mamita, à laquelle elle adresse un sourire béat. Refrénant ses pulsions de pincer les grosses couches ridées des joues de l'ancêtre, elle finit par se rapprocher d'elle en précaution de son ouïe sans doute bien enraillée. ***
Oui mamie. Excusez-moi de vous déranger dans vos occupations Ô combien passionnantes, mais je souhaiterai juste vous confier ce petit courrier que vos pigeons pourrons aisément distribuer.
*** Elle grimace. ***
Ouais donc voilà, c'est pour Ariste Phane.
C'est pour A-r-i-s-t-e P-h-a-n-e.
Ariste Phane.
*** Mieux vaut répéter, sait-on jamais.
Scellée, la lettre ne comporte que quelques mots. ***
" La commande de poiscaille doit-elle livrée.
Merci de convenir du lieu de notre rencontre, afin de régler tous les détails nécessaires. Je vous la livrerai en mains propres.
Mistrigri. "
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Le Julung 18 Saptawarar 1508 à 20h41
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| *** La garce ! N'essaierai-t-elle pas de la gruger sur la large gamme de pigeons ? ***
Euh, jsais pas moi ! Un pigeon c'est un pigeon ! Ca chie blanc et ça piaffe comme n'importe quelle autre volaille ....
*** Elle baisse les yeux. ***
Ben, j'ai pas d'affinités particulières avec le destinataire, c'est un simple client ...
Mais maintenant que vous le dîtes, jpenses que les affaires n'en seraient que meilleures si jme la pétais avec votre pigeon crieur ... ou hurleur, m'enfin c'est pareil. La classe, hein mamita ?
*** Elle dépose cinq girasols dans les mains de la vieille, lui adressant un sourire radieux. C'est vraiment parce que c'est lui ... *** | |
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Le Julung 18 Saptawarar 1508 à 21h47
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| " Tsss, tsss "....semble penser la vieille.
Les traits laborieux de son visage se modifient progressivement pour aboutir à une mine emprunte de gravité. Elle paraît presque attristée, désolée et résignée. Sa voix est lourde et son ton est presque inquisiteur.
Ça ne chie pas blanc, jeune fille. C'est un savant mélange de vert, de jaune et translucide. Et la volaille est une catégorie d'oiseaux de basse-cour auquel n'appartient pas le pigeon. Qui plus est, ils ne "piaffent" pas de la même manière.
Un long silence s'ensuit et la petite dame abandonne finalement son expression solennelle. Les 5 girasols ont déjà disparus dans sa poche.
Un philatéliste hurleur...c'est un très bon choix. Mais encore une fois, permettez moi de mettre les choses au clair. Le philatéliste hurleur n'est pas un pigeon. C'est une espèce prodigieuse de grand volatile coloré. Rapide, meurtrier, vigoureux.
Son efficacité n'a d'égale que son amour pour les timbres.
Un autre silence, bref celui-ci. Un sourire radieux et édenté orne subitement le faciès ingrat de la tenancière.
Vous ne serez pas déçue, je vous le promets.
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Le Julung 18 Saptawarar 1508 à 22h06
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| *** C'est pas possible. Elle irait jusqu'à lui expliquer l'origine de la merde cette fin de série ? Elle ne peut lui en vouloir. Après tout, chacun ses aspirations. Elle-même n'eut jamais pensé une seconde à s'enterrer dans la fiente de piaff mais peut-être en est-il autrement de la vieille. ***
Ah ouais énorme ... Jpense que je vais me coucher moins conne ce soir. Sisi.
*** Elle replonge sa main dans sa bourse. ***
Bon mère-grand, pas que j'ai du boulot mais si, quand même.
Alors tiens, vlà 5 autres girasols pour être sûr que le pigeon soit en forme et que tu puisses le gaver comme tu veux. Bref, t'en fais ce que t'en veux, tant qu'mon courrier arrive.
*** Elle lui offre les derniers girasols. ***
C'pas impossible que jrepasse si l'service marche bien.
*** Il ne lui reste plus qu'à attendre la réponse. Le minou trouvera bien un moyen de lui faire savoir par un subterfuge quelconque. *** | |
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