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Les jardins d'Ykena

[Description] Les Jardins d'Ykena

Fierté de la Bulle Bleue
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Sujet lancé par Baër'lupis
Le 25-07-1508 à 19h46
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Posté par Baër'lupis,
Le 25-07-1508 à 19h46
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Baër'lupis

Le Vayang 25 Julantir 1508 à 19h46

 
De l'est de Farnya, l'on peut descendre en la vallée et joindre les autres villes fraternelles. L'on peut aussi, en lieu de descendre le Plateau, gravir une sente bordée de lys et d'acacias, taillée de grandes marches de pierre : ce sont les Escaliers, route qui mène au sommet d'Ykena, le volcan millénaire. A qui voyage sans se presser, le chemin prend une petite heure en montée, et une vingtaine de minutes en descente. De nombreux points de vue offrent une perspective de la ville en plongée -magnifique de nuit. Des contreforts militaires, vestige d'un passé de guerre, ponctuent le trajet. Les vents du Sud ont par toujours travaillé la terre, et on y trouve moult plantes de montagnes, dont la plus commune est la ronce rampante -nous y avons également trouvé églantiers et fleurs de blanc.

Une fois arrivé au sommet, le niveau du sol chute subitement, et l'on a sous les yeux le cratère de la Bulle Bleue. De ce point de vue, le travail fourni depuis des siècles sur les Jardins saute aux yeux : les couleurs en sont bien définies, l'on peut presque sentir que les essences sont regroupées entre elles. Le Lac baigne les Jardins en leur moyeu, et l'on peut voir que la richesse de la terre volcanique assure un épanouissement tout particulier des plantes. Autour du lac, s'étendent les Jardins et certains bâtiments détaillés plus loin. Tout autour, tout contre le rempart naturel fourni par le volcan, se trouvent habitations et bâtiments administratifs ou culturels. Si le voyageur regarde attentivement, il peut se rendre compte que la disposition des parcelles et des sentiers forme une spirale orientée à sénestre, gage de bonne augure et de prolifération.


Les Jardins d'Ykena sont disposés en six grandes aires :

- Un grand bâtiment surplombe la cuvette : c'est l'Auberge des Jardins. Tout autour, sur un large périmètre, sont disposés des arbres fruitiers et diverses plantations. Tout ce territoire est un peu surélevé, et tête abondamment les rayons de soleil qui viennent l'arroser. L'herbe y est taillée et soignée, pour laisser au potager toute la terre nécessaire à une production de qualité. Ses fruits servent aux cuisines de l'Auberge, mais aussi à une grande partie des cantines de la cuvette. Les plus beaux légumes sont cultivés à l'attention de Dame Thanakis. Grâce aux recherches botaniques, de succulents fruits de saison y poussent toute l'année : poires juteuses, pêches douces comme la soie, légumes verts au goût savoureux.

- En suivant la spirale, par le nord, l'on trouve les quartiers scientifiques. Les départements naturalistes de l'Université y sont établis : géologie, zoologie et botanique. Salles de cours, mais aussi laboratoires. On y trouve un partie du Parc Naturel qui sert aux étudiants : petites serres, cavités souterraines et animalerie ; on y trouve aussi de larges pelouses, qui servent de lieux de jeux, repos et (d)ébats aux jeunes étudiants.

- Contournant le lac, l'on trouve les plus anciens spécimens d'Ykena. En premier lieu, cet endroit ne fut pas touché par la désastreuse invention rouge - l'Oorthisanisphère pour ne pas la citer. L'on peut y voir surtout des arbres : des chênes centenaires -pour certains datés d'avant notre arrivée sur ce monde, des conifères géants où s'est développée une faune toute particulière. L'on y trouve aussi une série d'arbres étranges, biscornus, au tronc parfois coloré d'une bien curieuse façon. Là ont poussé les cousins de l'Arbre Rouge, fruits des expérimentations de notre prédécesseur. -Note : en cet endroit, les clématites poussent comme sur du miel : le goût de leur fumée est sucré comme celui du fruit, et léger comme un parfum.

- De l'autre côté du Lac, face à l'Agora, se trouvent les Serres d'Ykena. De larges structures de métal, hautes de vingt pieds et longues de cent pas. Sous la terre, un système de tuyaux métalliques emplis de vapeur, alimentés par des fours, permet de contrôler la chaleur et l'humidité. Les chercheurs et jardiniers ont eu tout le loisir d'y construire un véritable jungle, et d'y abriter des espèces végétales, mais aussi animales, qui n'auraient pas survécu en d'autres milieux. Nombre de ces serres sont malheureusement en reconstruction.

- Face à la Tour de Magie, se trouvent les appartements particuliers du Directeur des Parcs. Malgré notre récente nomination à un poste plus élevé, nous continuons de les occuper, faute de remplaçant (personne ne s'est manifesté pour prendre cette place -lorsque nous en avons demandé la raison autour de nous, nous nous sommes fait répondre que les prétendants avaient peur de nous. Peur de nous ? Quelle rigolade, nous qui n'avons jamais bu que du lait et qui ne ferions pas de mal à une tique). En cet endroit, se trouve un enclos de quelques hectares -le jardin secret du Directeur. Bien qu'aucune loi n'interdise d'y entrer, cet enclos est sous bonne garde, et seules l'Erudite, la Grande Naturaliste et la Directrice peuvent y accéder sans autorisation. Nous allons développer une description de cet enclos, car il n'existe pour nous de trésor plus cher en Farnya. La haie de l'enclos est formée de buis et de ronces entremêlées. Au départ, il ne s'agissait pas de le rendre hermétique à la vue, mais ces deux essences sont réputées pour bloquer les déportations de pollen. Car là était l'idée originale : en faire non pas un enclos naturel, mais un enclos de la Nature. Les quelques murets ou habitations à l'intérieur ont été montés en pierre granite récoltée sur le site. L'idée originale du Directeur Fagotte, pionnier et créateur des Jardins, était de construire un véritable temple en l'honneur de la Nature. Sur cette terre volcanique foisonnante, il a découvert un espace d'une richesse inouïe. Il se l'est aussitôt approprié, et a constitué un cahier des charges transmis à chaque Directeur dans un secret religieux. Dans cet endroit, la Nature est laissée à son libre cours. Les plantes y sont vivantes, et chuchotent à qui sait entendre des mots d'une poésie rare. Au centre de l'enclos, se dresse un arbre immense, à l'ombre si dense qu'on ne peut en distinguer l'essence au premier coup d'œil. De sa voute verte tombent toutes les joies de la Nature, des chants d'oiseaux aux gouttes de soleil, des lianes parfumées et des fruits exquis. Sa sève a une telle force qu'elle en sue par l'écorce. A ses pieds poussent d'odorants champignons multicolores et un tapis de fleurs si belles qu'on n'ose y marcher. Couleurs, parfums s'y mêlent avec une telle harmonie que le spectateur s'en trouve comme en rêve. Un petit cours d'eau prend source en l'enclos, et descend au Lac. Sur ses rives, croissent dans une buée aphrodisiaque des capucines au corps vert clair, offrant la sensualité de leur bouche carmine. Des glycines aux dentelles fragiles, des chèvrefeuilles souples esquissant leur corail pâle, des volubilis au cœur empli de clochettes, des pois de senteur étendant leurs pétales comme un vol de papillon. Sur tout le sol de l'enclos, ce sont des nappes d'œillets, des velours de myosotis, des résédas gigantesques et des violettes si douces qu'elles se fanent si on les contemple de trop. Tout respire le calme et la volupté, et, à laisser la Nature œuvrer ainsi à notre place, nous réalisons, nous, scientifiques tchaës; que nous sommes bien peu de choses tant la Nature construit mieux elle seule que ce que nous entreprenons d'arrache-pied.
Cet enclos a miraculeusement survécu à l'Oorthisanisphère. Raison probable pour laquelle les septante-sept jardiniers et la Directrice de l'époque -votre serviteur, n'ont pas disparu en un suicide collectif.

- Enfin, dans une combe, jouxtée aux potagers, se reconstruit ce qui faisait notre fierté, qui a disparu et qui est en train de renaître : un véritable herbier vivant. Toutes les espèces recensées de Syfaria, introduites sur le sol d'Ykena avec tout le soin et l'amour que l'on peut leur apporter. Nombre de ces spécimens ont disparu. Mais, entre ce que nous avions conservé en nos serres et ce que nous avons pu récolter grâce à la la bienfaisance de notre Erudite Thanakis, d'ici peu nous l'espérons, ombrelestes, chênes-soleil et héliocatées rejoindront bientôt les défunts sainfoins, flouves, crételles et autres lotus du Ssar'kh.


Baër'lupis, extrait de Flore de la Fraternité, Ed 1508.


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