*** La porte s’ouvrit sans un bruit malgré son énorme masse.

Derrière tout n’était que noirceur mais un chemin se laissait deviner.

Une formule chuchotée et une boule de lumière flottait au-dessus de sa paume.

Il n’hésita même plus : ils avaient été reconnus, peut-être même étaient-ils attendus depuis longtemps. Il s’engagea sur le petit sentier aux dalles brillantes, un petit sentier dont les bords se dérobaient à la lumière.
Les ténèbres et le silence les observaient. Pas un souffle, juste celui d’Hirvane derrière. N’raa n’était jamais mort mais il s’imaginait qu’elle pourrait bien ressembler à ça.

Il marcha un temps indéfini, il pensa que c’était une initiation.

Devant une forme se dessina. Il se raidit et s’immobilisa, sentant Hirvane l’éviter de justesse s’écartant dangereusement vers le bord du sentier et son vide supposé.

Une statue blanche, aussi grande que lui, aux traits androgyne qui semblait les regarder fixement.
Hirvane lut l’inscription juste en dessous du buste.

Il voulut pousser le sort qui ne répondit pas, il essaya à nouveau et alors qu’il pensait avoir réussi il se rendit compte que le surplus de lumière qui prenait rapidement de l’ampleur ne provenait pas de lui mais prenait sa source un peu plus loin sur le sentier. ***

*** puis la lumière l’enveloppa et l’emporta. Il entendit les cris des loups, sa meute, vit Laelieth qui arborait un grand sourire « Laelieth… » il tendit un bras de lumière vers elle, puis se vit enfant dans la chaleur de son berceau, ses parents aimants et bienveillants penchés au-dessus ; il se vit à la pêche avec son oncle racontant ses folles explorations ; à nouveau enfant avec d’autres personnes dont beaucoup de sa race, dans des lieux étranges. Il n’était pas censé les connaitre mais leurs visages étaient familier et leur amour aussi. Il vit des malheurs et des guerres également, il vit tout cela.

Il tourbillonne dans la lumière, il sait maintenant, il sait tout et il s’apaise.

Il est mort maintenant. Le noir est revenu. Il n’a plus besoin de rien.

Puis il est aspiré par une nouvelle spirale de lumière. Pourquoi n’ai-je pas de nom ? Des couleurs et du vent…qu’est-ce qu’il sent bon ce jaune…y aller...il faut…

Tout s’éteint.
*** …

Sur la place publique du marché, sous l’ombre de l’arbre millénaire de la Sainte, N’raa est allongé. Son corps n’a pas bougé et ne bouge plus. Autour les Effluves émergent de terre et entament leur ascension. A l’extérieur la bataille fait rage.

Maintenant, N’raa sourit et soudain ses yeux s’ouvrent en grand. ***