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Le Dhiwara 28 Agur 1511 à 21h21
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 | *** La vie dans la forêt et dans l'enceinte de la ville étaient vraiment deux choses distinctes, bien que liées.
Si la forêt semblait vivante, ce n'était rien comparé à la ville.
Je m'étais mise sous un arbre à regarder les gens passer, un sourire au coin des lèvres.
Je portais une robe verte, comme souvent en ces lieux.
Tous mes sens étaient aux aguets, comme... pour un jeu.
J'avais ma journée à moi, et j'avais envie de jouer.
Les minutes passent, des images rentrant dans ma tête les unes après les autres. Agréable vision qu'une ville qui s'active sous la protection des arbres.
Une chose attire mon regard.
Une Nelda passe non loin, et je vois qu'elle est symbiosée.
Penthésilée.
Ce nom me rappelle quelque chose, bien que la silhouette ne me soit pas familière.
Rencontrée à Jypska, Lerth ou Kryg ?
Je ne pense pas...
Je me lève, et me place sur sa route, peu avant qu'elle passe à côté de moi, et lui dis d'une voix aimable :
***
Bonjour !
Une symbiosée que je n'ai pas la chance de connaître, et qui fait apparemment partie des rares étrangers à avoir l'accès à Syrinth ? Ravie de vous rencontrer Penthésilée.
J'espère que votre séjour vous apporte ce que vous êtes venue chercher... et que la ville vous plaît ?
*** Étrangère je le devine facilement : pas de trace d'elle sur le consensus. Acceptée en ville, eh bien... les gardes réagiraient autrement en la voyant, si elle n'avait pas l'autorisation.
Sûrement quelqu'un d'assez important ou influent.
Ou avec de bons amis...
Elle me rappelle Neira, tiens...
***
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Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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Le Dhiwara 28 Agur 1511 à 22h19
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| Penthésilée ralentit. Sa queue s'élève et s'arque en grand point d'interrogation, signe caractéristique de curiosité qu'elle ne saurait cacher. La Favorite de Toh ne s'attendait pas à être ainsi abordée en pleine rue, tant les habitants de la Sainte semblaient jusqu'alors sur leur garde, réservés. Il est vrai que la symbiose change la donne, même si la réputation des équilibriens demeure froide. Voilà une jeune dame, tydale de son état, qui tranche avec la sobriété silencieuse de ses pairs...
Hejia, Rhona Mirwen, répond-elle en s'arrêtant, fouillant vainement sa mémoire pour chercher des traces d'une rencontre passée.
Rien ne lui vient. Pourtant, elle croit détecter une pointe d'accent matriarcal dans le phrasé de son hôtesse. L'aurait-elle vue à Kryg ? L'archère a longuement visité le Matriarcat et, à une époque où ses furies n'étaient pas très sociables, s'y est forgée de solides amitiés. De celles qui se nouent dans la chasse, le combat, la contubernalité ! Après tout, les veilleuses de l'Ordre et les lames du Déclin ont beaucoup à partager.
Pour l'heure, ce sont des spéculations : la rhona est apparemment équilibrienne, vêtue à la mode locale, si tant est que la nelda puisse en juger. En tout cas, sa pratique de sa langue ne souffre d'aucune critique.
Sashi... de votre accueil aimable. Mon séjour débute, je serais bien en peine de vous dire ce que j'en retirerai. En tout cas, je suis sensible à l'honneur qui m'est fait. Je sais la rareté des visites extérieures, nombre de poussiéreux rêvent de venir arpenter vos rues. La ville est stupéfiante, avec une architecture qui n'a vraiment rien à voir avec l'Etoile...
L'Etoile. En parler est une mauvaise idée. Une boule noueuse bloque la gorge de la Vigie, sa patte se crispe sur son arc, son appendice caudal se hérisse brièvement. Elle enchaine aussitôt et retrouve sa sérénité :
J'ai du mal à croire ce que je vois. Vous avez transformé votre cadre de vie à un point qu'aucune autre cité ne peut revendiquer. Je suis sensible à la beauté des choses, malgré mon éducation ; toute la question est d'en comprendre la signification, les tenants et les aboutissants...
Je suis ici pour ça. L'époque permet des rapprochements qu'il était impossible d'envisager il y a quelques années seulement.
Puis-je vous demander ce que vous faites ?
J'entends, quel est votre... métier ?
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Luang 29 Agur 1511 à 00h21
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Je souris en repensant à la forteresse de Kryg, dont la beauté glaciale n'égale pas celle de Syrinth.
C'est vrai que la cité est fantastique... unique.
Un "vous" me fait imperceptiblement contracter certains muscles du visage.
***
Hum... tout d'abord, je tiens à préciser que je n'ai rejoint cette faction que depuis peu...
J'ai connu de longues semaines d'attente dans l'Hatoshal. Je n'ai pas eu la chance, le privilège qui vous a été accordé.
Mais je n'ai aucun regret, la forêt est tout aussi incroyable que la cité.
Il faut savoir l'appréhender, voilà tout...
Ce que je fais ? Eh bien... étant donné ma récente intégration, je n'ai pas à proprement parler de métier. Mais je suis en voie de devenir... danseuse dans la troupe... d'artistes de Syrinth. Plusieurs symbiosés en font partie.
C'est d'ailleurs parce que l'un d'entre eux était un ami d'enfance que j'ai si rapidement eu cette opportunité.
Et... quant à vous ? Oh, je suppose que vous êtes... une des guerrières qui défendent les Rêvants ?
Mais peut-être que je me trompe...
*** Elle n'est pas Témoin, ni plus Matriarcat ou à la Fraternité du Désordre, bien sûr, donc reste les Confrères... mais peu probable, vu leur réputation, que l'un d'entre eux soit accepté dans la ville...
Toutefois, ne pas juger trop hâtivement.
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Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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Le Luang 29 Agur 1511 à 08h10
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| Un instant, Penthésilée se méprend sur ce que dit Mirwen. Danseuse dans la troupe ? Ces mots ont une signification bien précise, au Matriarcat ! Nemès et Anandra sont des exemples précis de "danseuses", membres de la "troupe" du Déclin ! Lorsque la tydale ajoute "d'artistes de Syrinth", la Haut-Rêvante comprend son erreur et s'amuse de la confusion, affichant un sourire léger :
Oh ! Vous parlez de cette danse-là ?
Je suis surprise, j'ai toujours eu en tête que le Déclin et l'Equilibre étaient en froid ; cela n'a pas dû être simple de vous faire accepter. Je veux dire, en tant que rhona. Pour ce que j'en sais, ce sont plutôt les mâles qui prennent cette voie... qui font ce voyage, de Kryg à Syrinth. En marchant dans les rues, j'ai croisé nombre d'entre eux, reconnaissables entre mille à leur marque frontale.
Pour ma part, je suis bien ce que vous pressentez : une veilleuse, c'est-à-dire que je me consacre à la protection des arpenteurs du Songe. Je suis la Favorite de Toh, c'est-à-dire que je représente le principe de l'ordre, rigoureux et créateur, au sens temporel et mystique du terme. Une sorte de... chef militaire et spirituel.
Depuis les bouleversements de l'année passée et la perte de plusieurs cités poussiéreuses, rien n'est venu perturber ni contrarier notre Quête, aussi puis-je consacrer du temps au voyage, aux rencontres, à la découverte. Cela fait longtemps que je souhaite venir ici, m'entretenir avec la Shaïm : son aura dépasse les frontières de l'Hatoshal, elle est... une nelda, comme moi, très respectée par la Lumière du Rêve Firydor. Je suis certaine qu'elle peut m'apprendre beaucoup sur ce monde, même s'il demeure - à mes yeux de Vigie - le royaume du mensonge et de l'illusion. J'ai besoin... de voir au-delà de cette analyse laconique. Je dirais qu'elle est nécessaire, mais non suffisante.
Seule Sardoryanne peut m'y aider.
Elle a certainement perçu mon questionnement, puisqu'elle a accepté de me recevoir.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Luang 29 Agur 1511 à 12h15
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| *** Je ris de bon cœur en comprenant la confusion de la Nelda, visiblement habituée aux parlers du Matriarcat...
Mais je ne donnais pas du tout l'image d'une fille du Déclin : profitant de la vie, visiblement désarmée, chaleureuse... ***
Je parle de danse tout à fait... classique, pas de celles qui permettent de tuer à distance avec une épée ou je ne sais quoi d'autre qui brutaliserait la trame...
Dites-vous que pour ce qui est de me faire accepter... c'est encore plus compliqué que ça.
Je n'ai pas fait le trajet de Kryg à Syrinth comme vous semblez le penser.
J'ai d'abord été parmi les Témoins du Ssarkh pendant... plusieurs mois. Après être restée un peu trop longtemps sans faction... Ça a d'ailleurs laissé des séquelles ineffaçables.
Bref.
En étant Témoin, je suis allée à Jypska, que j'ai beaucoup aimée. Je pense que je préfère la sagesse et la patience des Neldas à la plupart des autres poussiéreux. Enfin je préfère ne pas faire de généralités, bien sûr. Il y a de tout parmi les nôtres...
Mais ensuite j'ai été à Syrinth où j'ai perçu la Dame... j'ai appris à la connaître, pour finalement embrasser sa voie.
Et... j'ai beaucoup, beaucoup appris de ces changements. Je doute que nombre de poussiéreux aient connu trois factions différentes.
Connu de l'intérieur je veux dire.
Si je devais résumer ça, je dirais que... le Matriarcat est indispensable, mais son fonctionnement basé sur la discipline ne me convenait pas. D'une manière sociale, les Témoins sont la faction qui me semble la plus appropriée en ces temps difficiles pour nous : ouverts aux autres, et d'esprit, mais leur croyance ne facilite pas les choses...
Enfin, l'Equilibrium, que je ne connais depuis pas assez longtemps pour pouvoir réellement me faire un avis, si ce n'est que la croyance est... fondamentale. Je ne m'en rendais pas compte avant. Mais... je ne sais pas vraiment comment l'expliquer, si ce n'est que l'Equilibre est quelque chose de nécessaire... et qui n'est possible que grâce aux croyants...
Seulement, socialement parlant, l'Equilibrium est le rassemblement de gens qui ne sont unis que par une seule chose... Ce qui entraine inévitablement des tensions. Et ces tensions me perturbent... trop...
Il me faudra du temps pour me détacher de ce genre de choses... Ce jour-là, je pense que je serai enfin épanouie...
En tout cas je vous souhaite d'obtenir de la Shaïm ce que vous souhaitez. Des réponses.
Qui n'a pas de questions ?
C'est aux vôtres qu'elle choisit de répondre, tant mieux pour vous...
Je ne doute pas, Favorite de Toh, que vous saurez faire bon usage de ces réponses.
Ce que vous appelez Mensonge n'est pour moi qu'une autre réalité que celle a laquelle ceux de votre faction ont accès...
Si seulement le Rêve m'était accessible...
*** Oui, j'aimerais beaucoup connaître cette autre voie... ***
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Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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Le Luang 29 Agur 1511 à 20h17
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| Nous sommes inégaux, racialement parlant, devant le Rêve. J'ignore fondamentalement pourquoi, mais je pressens - et cela alimentera l'entretien que la Shaïm va m'accorder - que c'est un fait d'importance. Un fait qui peut constituer un pont, un passage... entre nos deux façons de voir. Qu'Arc'Rhona Sardoryanne soit une nelda participe grandement, c'est même une condition sine qua none, à mon désir de rencontre.
Le deuxième monde n'est pas réel, au sens matérialiste du terme. Il est vrai. Il est aussi spirituel et n'accepte que nos esprits, laissant nos corps imparfaits, pétris d'ordinaire et grêlés de cristaux corrupteurs, en arrière. Pourtant, sous certaines conditions, un aéropage d'arpenteurs ou des êtres surpuissants peuvent matérialiser leurs idéaux oniriques : j'ai ainsi vu des tchaes percer le voile et découvrir le Rêve... corps et âmes. Mais les conditions étaient anormales, brutales ; elles n'enrichissaient d'ailleurs aucunement la Quête. Ils n'étaient coupables de rien et voulaient simplement nous aider, mais leur présence, quelque part, s'apparentait à un...
Penthésilée pense "viol", mais le mot hideux ne franchit pas ses lèvres. Elle marque une pause, puis reprend :
Vous avez donc parcouru et embrassé trois factions différentes ? C'est effectivement peu banal ! Ici, en Equilibrium, la foi est au coeur de la société, je le ressens... à tel point que je me demande si elle ne vaut pas davantage pour la démarche d'abandon qu'elle représente, plus que pour ce qu'elle honore. Certaines choses sont évidemment floues, pour une Haut-Rêvante : la dame, la Shaïm, la nature, la corruption... dansent un étrange ballet que je comprends mal. Avant de prendre du temps à Sardoryanne, je dois parfaire - c'est un euphémisme - ma connaissance de votre théologie.
Connaissez-vous une religieuse qui pourrait m'éclairer ?
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Luang 29 Agur 1511 à 20h52
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| *** Le racisme de mon interlocutrice me secoue un peu, mais je comprends malgré tout que ce n'est pas du mépris, mais juste l'exposition d'une vérité... ***
Mais quelle est la cause de cette inégalité ?
Peut-être est-ce seulement un problème de compréhension, auquel cas il devrait être possible d'y faire quelque chose... Mais s'il s'agit réellement de quelque chose qui est... que vous avez dans le sang, en quelque sorte - c'est bien sûr une façon de parler, car il est évident que c'est dans l'esprit que se trouve la clef - alors il n'y a pas grand chose à faire pour les malchanceux que nous sommes...
Effectivement, le fait que Sardoryanne soit Nelda n'est pas anodin...
*** Puis, riant soudainement : ***
Vous parlez d'êtres surpuissants... et de Tchaës ? C'est ainsi que vous considérez certains d'entre eux ?
***
Puis retrouvant mon sérieux, devinant le mot manquant, un mot face auquel les femelles Tydales doivent être peut-être plus sensible encore que les autres...
Je serre les poings et déglutis.
Quelle chose terrible ça avait du être...
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L'intention était bonne, quel dommage que le résultat ait été si... désastreux pour les vôtres.
*** De nouveau un petit rire, puis d'une voix tout sauf sérieuse je dis : ***
C'est peu banal, mais qu'est-ce qui vous fait penser que je suis banale ?
*** Un clin d’œil complice avant de répondre à sa question : ***
Peut-être que je peux moi-même déjà en partie vous éclairer, sinon je peux vous conseiller de converser avec... un symbiosé qui travaille dans la justice et qui n'a rien d'une religieuse, encore moins d'une Nelda, malheureusement pour vous.
Mais j'aime beaucoup sa façon d'expliquer les choses, et à mes yeux il est l'un de ceux qui saisissent réellement le sens des dogmes que, comme il me l'a fait remarqué, beaucoup ont appris par cœur sans pour autant les comprendre.
Sinon je ne connais personnellement aucune Grise.
Est-ce que vous avez des questions précises sur des choses que vous voudriez éclairer, ou bien devrais-je plutôt vous parler de la faction de manière générale ?
Étant donné que j'ai eu droit à ce genre de discours il y a peu de temps, je pense que je peux vous rendre assez fidèlement ce qu'on m'a dit...
*** À votre service, très chère... ***
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Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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Le Merakih 31 Agur 1511 à 19h23
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| A la remarque sur les tchaes, Penthésilée hausse les épaules :
Nos trois races sont diversement dotées, c'est ainsi. Seuls les neldas Rêvent, quand les tydales se battent mieux que quiconque et les tchaes... font des magiciens sans pareils. Quoi de plus étonnant, de plus banal ? Les oiseaux volent, les poissons nagent. La variété des formes explique la variété des faits et des... capacités. Et c'est heureux, car ainsi, la poussière élargit la palette de ses possibilités ; si tout dépendait d'une seule espèce, nous serions fort démunis face aux aléas de Syfaria.
A qui pensez-vous, lorsque vous parlez d'un... justicier ? Je connais le Preux Heltaïr, est-ce lui ?
Pour ce qui est de mes questions, ma foi, elles sont nombreuses ! Je vais déjà vous poser l'une des plus importante :
Qui est la Dame, exactement ?
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Matal 6 Saptawarar 1511 à 12h22
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Syin avait su que Penthésilée était en ville. Il n'avait usée d'aucun stratagème sombre ou secret pour cela, c'était la Nelda qui l'avait contacté peu avant son arrivé en ville. Les deux étaient de vieilles connaissances et avaient partagé plus que beaucoup d'amis.
Le Tydale avait parcouru donc la ville de long en large pour retrouver la Nelda, demandant à droite et à gauche pour retrouver sa trace. La cité était un environnement comme un autre pour traquer une "proie". Bien sûr il aurait pu la contacter et demander un rendez-vous mais il voulait que leur rencontre soit au moment et à l'endroit où la Dame l'aurait décidé.
Sur la piste, en tournant au coin d’une ruelle, il reconnut la queue au si grand panache.
Immobile et observant la Nelda, humant les souvenirs qui rejaillissaient, Syin ne mit qu'un instant à comprendre que Penthésilée était en pleine discussion avec une Tydale symbiosée. Mirwen, il ne l'avait jamais rencontré.
Ne voulant interrompre de manière brutale et impolie la conversation qu'elles partageaient, il fit quelques pas dans leur direction et s'arrêta devant un jeune garçon qui traversait la rue encombré d'un lourd panier de petites pommes. Quelques paroles échangées et le petit accepta de lui vendre trois de sa récolte saisonnière.
A une dizaine de mètres des deux dames, sans nullement se cacher, Syin croqua dans une pomme aigrelette, adossé à un mur de liane tressée. Il le savait, Penthésilée, vigie hors pair, ne mettrait que peu de temps à le repérer.
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Le Matal 6 Saptawarar 1511 à 14h14
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| Le régime usuel du nelda est plutôt carnivore, même s'il ne dédaigne pas à l'occasion de manger quelques bulbes et racines typiques des plantes capables de stocker l'eau du désert. Rares sont les Hauts-Rêvants qui se nourissent de fruits, la plupart de ces derniers étant importés et mal connus des habitants de l'Opale. C'est encore plus vrai des ex-habitants de l'Etoile, fleur du désert dépourvue de terre à verger... et ce, d'autant plus que l'on parle des femelles : à l'instar des sociétés léonines, ce sont elles qui traquent et chassent.
Penthésilée, prédatrice d'instinct, de corps et d'âme, goûta son premier - et son dernier - fruit lors de son voyage à la Perle, en 1508. Elle manqua défaillir tant l'orange lui sembla amère et astringente. Il faut dire que personne ne lui expliqua qu'il aurait préalablement fallut, entre autres précautions, retirer la peau...
Echaudée par l'expérience, elle ne réitéra jamais l'essai et se garde bien, depuis, d'approcher des étals primeurs des marchés. De son point de vue, un fruit, c'est comme une fleur : c'est joli, ça sert à décorer les arbres et ça nourrit... les oiseaux !
Le raisin mérite une mention spéciale, puisqu'il développe d'extraordinaires propriétés lorsqu'on le laisse pourrir dans son jus pressé en se changeant en un nectar suprême dont la Vigie raffole : la vinasse !!
La fragrance acide de la pomme croquée l'alerte, tandis qu'elle relève la tête et découvre l'identité du tydale. Levant la queue et la main en un même geste symétrique, elle fait signe à Syin de la rejoindre, ponctuant sa gestuelle d'un très protocolaire "youhouuu" parfaitement adapté à la situation.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Merakih 7 Saptawarar 1511 à 20h05
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C'est d'un oeil amusé que Syin vit la Nelda lui faire signe du bras et de la queue, toujours aussi expressive et pleine de vie, pensa-t-il. Traversant la distance d'un pas décidé, son visage dévoila l'expression agréable que cette rencontre lui procurait.
S'arrêtant à un pas devant la dame, il resta immobile un instant les yeux pleinement fixés sur Penthésilée. Puis décidé, il fourra sa pomme dans sa poche et dans un mouvement plein de vivacité écarta les bras et enserra la Nelda.
Il s'en souvenait, elle s'était sentie gêné la seule et unique fois qu'il avait fait cela avec elle mais aujourd'hui c'était de bon coeur qu'il voulait provoquer cette confusion amicale et timoré.
Puis relâchant doucement la pression et s'écartant pour tenir la Nelda à bout de bras, il laissa filer son regard de haut en bas.
" Les années ne font qu'épanouir votre beauté. "
Puis sans qu'elle puit répondre, il la libéra et se tourna vers la Tydale.
" Permettez moi de vous adressez un salut plus protocolaire, riemta. "
Inclinant légèrement la tête, il lui adressa un "Om'shir".
"Om'shir à vous Syin Lothar." puis Mirwen s'adressant autant à Penthésilée qu'à lui.
" Veuillez m'excuser je dois prendre congé, une affaire urgente vient de m'appeler. "
S'écartant en saluant, la Tydale ne mit que peu de temps pour s'immerger dans le flot incessant des badauds du quartier.
Syin se retourna alors vers Penthésilée :
" Ne soyez pas si estomaqué, ma dame, c'est un si grand plaisir pour moi d'ici vous rencontrer. "
Le sourire qu'il arborait était si radieux qu'il ne pouvait être que sincérité.
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Le Julung 8 Saptawarar 1511 à 00h54
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| Une demi-seconde, Penthésilée se revoit moush'tin, jeune impétrante veilleuse entrainée avec ses paires dans le grand pavillon de chasse, temple de Toh niché au coeur de l'Etoile.
Elle et ses soeurs avaient pris l'habitude de se tendre des embuscades : au sortir des longues veillées, à l'entrée des dortoirs, dans le couloir menant du bain à la salle d'entrainement, au réfectoire et jusque dans la salle de réunion... elles se sautaient dessus, sans prévenir, et se lançaient dans des luttes acharnées et bruyantes qui se terminaient souvent en savons mémorables ! Les ainées appréciaient moyennement l'exercice, qu'elles trouvaient formateur mais quelque peu ludique et désordonné, non-conforme à l'image rigoureuse et tempérée de l'Ordre. Les plus jeunes, de leur coté, s'en amusaient beaucoup ! Et la future Vigie peut-être plus que d'autres encore, d'autant qu'elle n'était pas mauvaise à ce... jeu-là !
Le sourire joyeux, l'hésitation avant l'assaut, les bras qui l'enserrent à mi-corps : tout concorde, c'est un grand classique, une attaque frontale dans les règles de l'art ! C'est d'autant plus crédible qu'elle connait bien l'assaillant, Syin Lothar, un guerrier certainement familier de ce genre d'exercice. Il la teste, il a raison, elle ne doit pas baisser la garde !
L'essentiel est de réagir vite, dans l'élan, avant que l'adversaire ne verrouille sa prise :
Le mental de la nelda bascule instantanément en mode "bagarre" : tandis que les bras de Syin se referment autour d'elle, les siens se glissent à l'intérieur et prennent le mâle au niveau de la taille. La queue panachée se noue autour des deux poussiéreux et l'archère, dans un grand mouvement de bassin, se plie en arrière tout en poussant sur ses jambes ! Dans un grand cri joyeux et rageur, elle soulève le tydale et s'apprête à réaliser un magnifique mouvement de lutte nommé, sans que l'on sache pourquoi, le german suplex !
Mais quelque chose, dans l'attitude de Syin, perturbe la Rêvante : sa tenue est trop faible, sa prise trop lâche. Penthésilée n'a eut aucun mal à lui prendre la taille, les deux pattes verrouillées dans son dos. Tandis qu'elle bande ses muscles, il est détendu, serein, zen.
Une ruse ? Mais non ! Il n'oppose pas la moindre résistance ! La Favorite de Toh desserre son étreinte et se redresse, rit de sa bêtise et laisse Syin s'exprimer en priant les Quatre qu'il n'ait rien remarqué... peine perdue : l'excitation du combat, même imaginaire, l'a complètement hérissée ! Lorsqu'il conclut, elle répond aussitôt :
Un... plaisir partagé, Arc'Rhon ! Vous m'avez surprise avec votre, euh, accolade, c'est vrai ! Je n'ai plus l'habitude... mes veilleuses n'osent pas agir ainsi, les sottes. Il n'y a guère que mes proches qui m'accueillent de cette façon. Pour un peu, ça me rendrait nostalgique. Vous avez bien fait...
Un silence s'installe, que la Vigie exploite pour observer l'équilibrien plus attentivement. L'examen doit la satisfaire puisqu'elle dit finalement :
Vous avez l'air en pleine forme. Plus serein qu'à notre rencontre précédente ; plus posé, plus...
Vous avez l'air en paix.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Julung 8 Saptawarar 1511 à 17h52
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" Mes veilleuses ", cela rappela brutalement que Syin ne savait rien de la fonction et de l'autorité de la Nelda. Bien sûr il la savait sage et compétente mais que savait-il en fait du statut de Vigie du Rêve ? Bien ignorant de la hiérarchie des hauts-Rêvant, il n'avait gardé d'elle que l'image de l'éclaireuse partie à la grotte de Kysall. Repoussant cette question dans un coin de son esprit, il préféra jouir de la personne, ici et maintenant.
" En paix ? Oui peut-être... surtout avec moi même.
Vous savez malgré les événements... "
Puis s’interrompant, il tendit son bras à la dame. C'est comme ça qu'il fallait faire, pensa-t-il.
" Une petite balade au lieu de rester planté là comme des piquets ? "
Puis enchainant comme s'il ne s'était interrompu.
" Je disais, il semble en effet que les événements des dernières années m'aient volé les années nécessaires à arriver pleinement à maturité. C'est étonnant d'ailleurs car pour certains cela permet de murir plus rapidement mais dans mon cas cela m'a laissé dans la fin de l’adolescence avec toutes l'impulsivité et la vigueur de l'enfance. "
Après un court silence.
" Oui, depuis je pense avoir réussi à m'accorder avec moi-même. "
Puis levant les yeux pour trouver ceux de la Nelda et dévoilant un sourire encore plus rayonnant :
" Je suis étonné que cela ce voit autant.
Mais parlez moi plutôt de vous, vous sentez-vous vous aussi changé ?
Les dernières paroles que nous avions échangées m'avaient inquiété. Je me souviens un coté... que je ne connaissais pas chez vous. "
C'était peut-être un sujet sensible et Syin songea qu'il 'aurait peut-être pas dû aborder aussi légèrement le coté bestiale qu'avait laissé s'exprimer la Nelda, il y a maintenant plusieurs mois.
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Le Julung 8 Saptawarar 1511 à 18h39
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| Ravie par la tournure des évènements, Penthésilée accepte le bras de Syin et se laisse conduire dans les rues verdoyantes de Syrinth. Elle prend son temps avant de répondre à la question du tydale, car il a mis le doigt sur quelque chose de très important, en rapport avec sa présence, ici et maintenant :
Ne soyez pas inquiet.
J'ai pris la mesure de ma part animale et pour l'exprimer de façon... abrupte, je l'accepte désormais. Mieux, je la reconnais comme une composante irréductible de ma personne, une facette essentielle de ma sensibilité. Après bien des déboires et des épisodes douloureux, j'en suis progressivement venue à... aimer mon coté... farouche. J'ai pris conscience de son importance. Lorsque j'ai compris que je ne le tuerais pas sans me mutiler, sans m'amputer, lorsque j'ai su que je ne gagnerais pas cette guerre, j'ai cessé de me débattre et j'ai cherché à me comprendre. Et depuis que j'ai fait la paix avec la bête, elle ne me tourmente plus. Je me sens, comment dire... cohérente. Complète.
Tandis que sa queue reprend un volume acceptable et que sa robe se lisse, la Vigie du Rêve poursuit :
Je ne sais si j'ai touché juste en vous parlant de paix, mais vous avez fait de même : ma présence en vos terres n'est pas étrangère à cette nouvelle existence qui me voit, rêvante, accepter la louve qui dort en mon sein. Hier, j'étais déchirée. L'esprit refusait le corps ; mon âme n'était qu'un champs de bataille, dominé par l'un ou par l'autre. Aujourd'hui, l'opposition s'est muée en alliance. Je suis unie, je suis une. Et c'est ainsi que je puis maintenant me présenter à la Sainte et mander audience auprès de la Shaïm... il n'était pas question de la déranger en refusant, en niant ma nature véritable.
Oui, je suis changée. Vous me trouverez peut-être plus primesautière, par moments. Plus fantasque, peut-être ; c'est que je ne bride plus mes pulsions... tant qu'elles demeurent raisonnables, je vous rassure !
C'est devenu plus facile, il est vrai, puisque je suis apaisée.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Vayang 9 Saptawarar 1511 à 08h58
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| Ah ah ah !
Plus joyeux que moqueur, le rire clair de la nelda fuse en réponse à la question de Syin :
Les rangs de la Dame ? Fichtre, lèverait-elle une armée ? Devrais-je donc quitter les forces vives de l'Ordre pour ne rejoindre, in fine, qu'une autre troupe belligérante ? Et quid de mon statut, de ma retraite promise de Vigie ? Sans parler de Toh, qui me botterait les fesses... même allégoriquement, il doit chausser large : je vais le sentir passer !
L'amusement fait place à plus de sérieux :
Ce que vous suggérez n'est pas sot. Mais dans ce monde, tel qu'il est fait, embrasser la culture et la foi d'une faction signifie renier les siennes, au préalable. Si j'en crois ce que je vois, ce qu'on me dit, l'acceptation des unes passe par la négation des autres. Et je porte les Quatre en mon coeur.
Voir en ce monde l'expression de la vérité de la Dame, ou le voir comme l'expression du mensonge emprisonnant nos âmes... l'incompatibilité semble totale ! Vous vivez votre foi ici et maintenant, tandis que nous l'exprimons ailleurs, en d'autres temps, dans la transe et le voyage onirique : comment associer ces deux visions ?
Le sourire revient. Penthésilée lève un doigt, sa queue se déroule et commence à tracer des arabesques nerveuses, signe d'intense réflexion :
Ce problème me rappelle celui que j'ai vécu, sur le plan personnel : comme bien des miens, j'ai longtemps cru que le corps et l'esprit étaient opposés, incompatibles et de ce fait, en guerre. C'est tout-à-fait vrai, je l'ai vécu et j'en ai souffert. Simplement, je ne pouvais imaginer que ce conflit ravageur était l'expression d'un choix ! Que sa vérité était l'expression d'un point de vue particulier ! En changeant de perspective, j'ai transformé cette vérité... en une autre : l'animal et l'âme sont complémentaires et même, ils sont nécessaires à l'identité. Dès lors, s'ils peuvent se déchirer, ils peuvent s'allier.
Cette vérité nouvelle ne nie pas la précédente, elle la complète : il m'apparait, désormais, qu'une vérité que l'on croit absolue peut devenir relative, si l'on fait l'effort de l'observer sous tous les angles.
Je ne suis pas théologienne, mais je suis sincère. Ma démarche pourrait intéresser la Shaïm Sardoryane. Mais je ne ferai rien qui puisse heurter ou décevoir la Lumière Firydor. Je ne cherche pas le conflit, mais l'alliance.
Cela a tout d'un rêve inaccessible, n'est-ce pas ?
Le sourire devient complice :
Ca tombe bien. Je suis Haut-Rêvante...
J'ai donc l'habitude de rêver tout haut !
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Sukra 10 Saptawarar 1511 à 13h12
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| Plus la Nelda s'exprimait, plus le Tydale s’apercevait de son ignorance sur la culture, le culte et la mentalité des Hauts Rêvants. Les Quatres ? Toh ? La lumière Firydor ? Et même ce soupçon de mépris pour l'existence terrestre ? Il lui faudrait un jour apprendre de cette faction. L'ignorance était bien plus qu'une lacune, c'était une faute.
Alors il écoutait et tentait de comprendre dans quel monde Penthésilée vivait.
S'approchant de l'entrée du Jardin de la Dame, Syin sentit le ravissement l'envahir. Cela faisant très longtemps, des années peut-être, qu'il n'avait pas mis les pieds ici. Passant dans une partie ombragée, il laissa passer le silence après les derniers mots de la Nelda.
Retrouvant le visage de Penthésilée, il murmura :
" Nul rêve n'est inaccessible, sinon à quoi bon lutter... "
Puis reprenant la marche après qu'il ai imposé une courte pause à l'entrée du Jardin.
" Le rapprochement entre personnes de différentes faction a toujours été, à mon sens, une bonne chose et je crois me souvenir que nous partageons ce point de vue. Mais le rapprochement des croyances est une chose beaucoup plus complexe.
Je suis malheureusement bien ignorant de votre peuple et de ses croyances mais pour avoir essayé de concilier ma propre Foi avec celle d'une faction au delà, je n'ai réussi qu'à m'éloigner de la mienne. Il faut beaucoup de sagesse pour ne pas se perdre dans ce genre de dédale. Et pourtant j'ai toujours espoir...
Mais je suis plus prudent maintenant, il est des voies qu'il faut savoir ne pas emprunter tant qu'on est pas sûr de soi. L'accomplissement de sa propre Foi est déjà un acte qui demanderait de vivre bien plus qu'une fois. "
Sortant un peu de sa rêverie, il se retourne de nouveau vers la Nelda. De nouveau un grand sourire illumine ses lèvres, un sourire au soupçon bienveillant.
" Mais je ne vous encourage pas à ne pas rencontrer la Shaïm.
Chaque existence est bien différente et si moi j'ai échoué en cela peut-être réussirez-vous, vous. Et chaque rêve peut trouver sa place dans le monde de la Dame. " | |
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Le Dhiwara 11 Saptawarar 1511 à 10h36
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| Lorsqu'il évoque son échec, Penthésilée colle une bourrade amicale dans les côtes de Syin, comme elle le ferait avec une veilleuse complice. Puis elle le tance :
Allons ! Pourquoi parlez-vous ainsi ? Vous m'apparaissez terriblement fataliste, Syin ! Si vous gardez espoir, ne le cachez pas, affichez-le... Je suis sûre que les vôtres vous méconnaissent, qu'ils sont quelque peu intimidés ou refroidis par votre naturel réservé et secret. Cela met en exergue votre coté sombre, lorsque vous rayonnez dès lors qu'on vous invite à vous exprimer ! Je suis toujours enthousiasmée par vos analyses et votre perception du monde ; pourquoi serais-je seule à en profiter ?
Affichant une mine résolue :
Je réussirai. Je trouverai les mots qui sauront toucher la Shaïm. Les guides historiques de nos factions, sous leurs dehors d'icônes éternelles, sont plus proches de leurs ouailles qu'ils ne veulent bien le laisser paraître. Personne, à ce jour, n'a pu vraiment créer de trait d'union entre deux factions. Seul le sieur Flymeur l'a fait, mais de façon brutale. Son intrusion dans les consensus n'avait rien d'un acte d'amour et tout d'un viol. Son exemple, en fait, est un contre-exemple.
Je réussirai, parce que nous avons besoin d'avancer.
Il faut créer un précédent. Ensuite, ce sera plus facile... parce que nous saurons que c'est possible.
L'enjeu n'est pas de dissoudre nos croyances dans une espèce de syncrétisme global, consensuel et vide de sens. L'enjeu est de piocher les vérités que chacune recèle, et de poser les bases d'une entente spirituelle commune.
Nous pataugeons depuis six siècles. Six siècles de défiance et d'actions disparates, pour ne pas dire concurrentes...
La symbiose a bouleversé la donne. Mais la symbiose n'est pas de notre fait. Nous la subissons, passivement.
Prenons-nous en main, Syin. Activement...
Soyons les acteurs de notre évolution.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Luang 12 Saptawarar 1511 à 20h32
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Sur un ton très enjoué :
" Hé bien vous ! Vous ne faites pas semblant d'espérer ! "
Puis reprenant un air plus calme mais toujours de bonne humeur.
" Je pense comprendre ce que vous dites mais je me demande aussi si cela est possible. Non pas que je sois vraiment fataliste, quoi qu'on pourrait en débattre, mais simplement que pour moi le monde est un équilibre. Et cela en en toute chose, les factions y compris.
Bien sûr, les rapprochements de groupement scientifique, magique ou artistique sont à mon sens une bonne chose et le passé prouve que je l'ai encouragé et y ai même participé mais il est des sujets bien plus compliqués.
Les consensus que Flymeur a fait éclater était, de mon point de vue, chose dangereuse et inconsidéré. Nous, simples symbiosés, ne connaissons vraiment les tenants et aboutissants de ces ensembles et si nos dirigeants non pas tenté, ou peut-être maintenu, des jonctions entre ces éléments, peut-être y a-t-il une bonne raison à cela ?
Je n'ai ni la sagesse, ni les connaissances pour pouvoir le juger.
Quant au rapprochement de croyance, comme je vous l’ai dit je n'ai encore jamais trouvé de grande discordance ou plutôt jamais je n'ai encore trouvé de grande d'incompatibilité. Il n'empêche que je maintienne que de tenter vraiment d'appréhender une autre "divinité" éloigne inconditionnellement de sa propre croyance. Il n'est, à mon sens, plus belle Foi que celle qui est épuré. "
Lançant alors un clin d'œil à la Nelda :
" Je dois vous paraitre fanatique ou un peu dérangé...
Ma foi, c'est ainsi que va ma Foi mais n'étant pas non plus un illuminé, à mon grand regret, j'oserais donc vous demandez si vous pouviez m'expliquer en quelque mots, je ne veux non plus trop vous importunez, sur quoi repose votre propre croyance. "
L'air de Syin gagna réellement en sérieux. La question n'était pas anodine et il avait toujours été avide d'élargir le cercle de ses connaissances et possibilités.
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Le Luang 12 Saptawarar 1511 à 21h37
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| En quelques mots ?
C'est un exercice intéressant... et difficile. Il est toujours plus facile de s'étendre que d'être concise.
Je vais faire de mon mieux.
La philosophie de l'Ordre repose sur deux grands credos :
- Le premier se nomme la Quête. Il énonce que le monde réel, Syfaria, n'est pas le monde vrai. Ce dernier s'atteint par la transe onirique et réside au-delà du Rêve. On l'appelle le Haut-Dôme. Il est, en quelque sorte, notre terre promise spirituelle. Notre Eden.
- Le second se décline en quatre piliers nommés Fürm, Grior, Ahsha et Toh. Ce sont des principes divinisés, c'est-à-dire élevés au rang d'absolus : respectivement, la Conscience, la Durée, l'Apprentissage et l'Ordre. Ils définissent le chemin et concrétisent les étapes qui mènent de la bestialité grossière à la parfaite spiritualité, ou qui mènent le moush'tin à l'état de haut-Rêvant : la conscience nait, s'ordonne, s'édifie et se réalise dans la durée.
Le sourire de la Vigie s'affine, ses yeux se plissent :
Je crois, bien sûr, en la pertinence de cette vision. Mais je ne suis pas dupe de son caractère historique : il s'agit d'un héritage, qui tient à deux faits essentiels, survenus à l'aube de la création de la faction :
- Les neldas, au sortir du premier pilier, étaient plus proches des loups que des poussiéreux. Ils se comportaient comme des bêtes perturbées, désorientées et féroces. Ils n'avaient rien de civilisés. De cette époque douloureuse, nous conservons des stigmates : notre part animale nous terrorise et nous la rejetons violemment.
- La carnine nous a permis de canaliser nos esprits. Les cauchemars sont devenus des Rêves, de plus en plus puissants, de plus en plus signifiants... jusqu'à ce qu'un autre lieu, un deuxième monde, se révèle aux plus sages d'entre nous. Dès lors, tout prenait sens : le conflit entre nos corps et nos âmes est soudain devenu l'écho d'une opposition bien plus vaste... celle qui sépare le matériel, Syfaria, du spirituel, le Haut-Dôme.
Si je vous parle du contexte historique, c'est parce que bien des miens en négligent l'importance. Sans doute le minimisent-ils, par crainte qu'il ne relativise l'universalité supposée de notre credo...
A mon avis, ils ont tort :
D'abord, se voiler la face n'est pas très mature.
Ensuite, ce ne sont pas les conditions de naissance d'une idée qui président à sa pertinence : ce qui importe, ce n'est pas d'où elle vient, c'est où elle va. Et l'Ordre, par l'exploration du deuxième monde, donne à penser à toute la poussière...
Un ange passe.
En savez-vous plus sur le Haut-Rêve, Syin ?
Penthésilée
Vigie du Rêve
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