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Le quartier des Faiseurs d'Ombre

Payer les conséquences...

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Sujet lancé par Temia Kalavador
Le 02-06-1511 à 22h34
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Posté par Ner'hion,
Le 08-08-1511 à 22h46
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Temia Kalavador

Le Julung 2 Jayar 1511 à 22h34

 
Temia avait été remise aux bons soins des dames du temple peu après l'accrochage qu'il y avait eu dans les rues de Syrinth avec le Tydale. Ce Tydale... Il avait réveillé en elle bien des mauvais souvenirs qu'elle aurait souhaité ne jamais voir ressurgir. Annbella avait veillé sur elle pendant une semaine durant laquelle elle avait été trop faible pour bouger, et très fiévreuse. Fort heureusement le carreau, bien qu'ayant créé une vilaine plaie béante, avait évité les organes vitaux et à la Tchaë un allé simple au pilier. La cicatrice qu'il avait créé restera en revanche indélébile.

Au bout de cette semaine, Temia sortit de cette espèce de transe dans laquelle elle avait été plongée ; elle avait trouvé à son réveil un mou soulagé et une grise rassurée. Beaucoup de questions lui trottaient dans la tête. Comment était-elle arrivée ici? Qu'était-il arrivé à Corléan, qu'elle avait entrainé malgré elle dans cette aventure? Et surtout, où se trouvait Or'dovan maintenant... futile... tout cela était futile. Elle replongea dans sa rêverie.

***
Temia ! Oy ! T'as fini, t'es réveillée?
Plus de calme, assassin, plus de calme, laisse là reprendre se esprits
Hum?! Vous enfin? Cela faisait un moment que je souhaitais savoir ce qui se passait ici. Donc, le Mou disait vrai.
Oui.
Oh ! Pour sur, qu'il disait vrai l'ami !
Tu ne ris pas assassin ! Qu'y a-t-il?
Je ne sais pas, Raltemiane. Toute cette histoire est à prendre au sérieux ! La présence de cet enfant du s'sarkh dans les rues de la Sainte nous confirment une chose. Outre les Terriers, ce qui pourrissait à l'intérieur a infesté Syrinth
Tu es sérieux, cela change...
...
Oui?!!
Je crois que je comprends mieux. Ecoutez... pour le moment, je ne sais pas qui contrôle quoi, mais jusqu'à nouvel ordre, c'est moi qui m'en chargerai. On voit où vos actes ont mené... Jusqu'à nouvel ordre, pour cotre sécurité, car ce n'est qu'ainsi que ça marchera, Raltemiane doit se tapir derrière Temia, oui. Vous deux, parfaitement. Je garde le contrôle et vous n'avez pas votre mot à dire dans cette histoire.
C'est raisonnable, je suis d'accord...
Pourquoi? Que sais tu de ce qui s'est passé à Zarliff?
C'est ainsi que je suis née... De ta rancoeur, Raltemiane. Aujourd'hui, nous sommes dans cette situation qui risque de nous retourner droit à la figure si nous ne faisons rien. Dois je vous rappeler que c'est pour trouver avant tout cet équilibre que j'ai rejoint les Ombres? Je dois retrouver une cohérence et recoordonner mon esprit
Tu es mon pantin ! Tu n'as rien à coordonner!!! C'est moi qui gère cette affaire.
Arrière !
Taisez vous.
...
...
Temia. Tu t'en charges. L'assassin et moi-même garderons nos distances et tacherons de te laisser possession de tes moyens

***

Temia, avec l'aide de la grise du temple, attentionnée, récupéra peu à peu de sa blessure et put de nouveau marcher au courant de la semaine qui suivit. Faisant, dans sa cellule du temple, quelques exercices de souplesse pour ne pas trop perdre sa condition physique, elle essayait en même temps de se remémorer quelques détails importants des récents évènements. Cela était difficile très difficile, et lorsqu'elle sentait la douleur la reprendre, Kiavè et Annbella se chargeaient de la réprimander pour la remettre à sa place. Sous peu, elle pourrait sortir du Temple et aller respirer le parfum de l'Hatoshal et y méditer en paix.

Au milieu de cette semaine, pourtant, Annbella entra, troublée, dans la cellule, alors que la Tchaë faisait quelques tractions entre une poutre et son lit.

Elle sourit en la voyant entrer :

Qu'y a-t-il Assia? Pourquoi cette mine déconfite?

Kiavè sauta de son perchoir sur l'épaule de la Grise, pour essayer d'y voir plus clair.


Kiavè dit :
Un problème?



Annbella grimaça :

Une missive cacheté pour vous, Assia. A vous remettre en personne...

Temia haussa les sourcils, surprise, saisit le rouleau et jeta un coup d'oeil au sceau : le sceau de la justice. Elle frissonna et jeta un regard interrogatif à la grise qui d'un signe de tête, l'invita à le lire. Temia brisa le sceau d'un geste sec et commença sa lecture ;

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Ner'hion

Le Vayang 3 Jayar 1511 à 14h30

 
*** Sur le pas de la porte, une seconde grise avait fait son apparition, elle baissa sa capuche dévoilant les traits familiers de Jade. Elle s'avanca silencieusement pour mettre une main délicate sur l'épaule de consoeur. ***

Derynn Annbella, vous pouvez partir maintenant.

*** L'Ombre attendi que la grise soit partie pour se saisir d'une chaise et de se s'assoire au côté de la couche de la tchaë, elle lorgna un instant l'apprenti d'une manière critique avant de prendre la parole. ***

Qu'est-il arrivé?

Ma vie pour l'équilibre, Mon âme pour la Déesse.

 
Temia Kalavador

Le Vayang 3 Jayar 1511 à 14h53

 
Oh, oh. Problème en vue...

Le coeur de Temia se glaça, sans qu'elle eut le temps de commencer sa lecture. Elle se mordit les lèvres à la vue de l'Ombre, puis, elle s'assit sur le bord du lit, son visage faisant face à celle de Jade. quelques gouttes de sueur avaient pris place sur son front. La peur, l'effort physique? Elle même se demandait. Ravalant sa fierté et autres bricoles qui lui auraient été inutiles dans ce cas là, elle répondit à l'ombre :

Une mauvaise histoire, Nerhe... Qui ne va guère vous plaire.

Sa voix était calme, moins tendue que lors de son premier entrainement avec Jade, plus relachée. Différente, et l'éclat de ses yeux avait terni. Comme si elle avait trouvé une forme de calme à l'intérieur d'elle-même. La fatigue? Ou autre chose?

Une promenade dans les rues de Syrinth m'a amenée à faire une rencontre déplaisante... Fort déplaisante, même. Celle-ci a failli très mal se termine

Elle releva son chemisier pour que l'Assia puisse constater la vilaine plaie cicatrisant laissée sur son flanc par le carreau d'arbalète.

Je suis désolée... J'aurais pu échapper à ça, ne pas me faire remarquer, mais ma conscience ne se serait pas remise si j'avais laissé quelqu'un que j'avais entrainé avec moi dans cette histoire, entre ses mains.

Elle s'assit en tailleur sur le lit et s'inclina devant Jade :

Ne vous en faites pas. Rien des secrets de l'Ombre n'a été dévoilé ce jour là...

Elle déglutit. Et attendait la suite qui risquait d'être fort déplaisante. Le parchemin avait trouvé place sur le lit, entrouvert, à l'abandon.

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Ner'hion

Le Vayang 3 Jayar 1511 à 15h36

 
*** Sans gêne, la tydale posa ses mains autour de la plaie de la tchaë, appliquant une pression délicate à quelques endroits... ***

Tu as eu de la chance, quelques centimètres plus haut et tu aurait eu droit à ton premier voyage vers l'autre monde. Une expérience fort peu plaisante d'aprés ce qu'on m'a dis.

*** Puis un sourrire malicieux. ***

Et si le savoir des Ombres avait été dévoilé, nous ne serions pas en train d'avoir cette conversation.

*** Le sourrire se disipa lentement alors que Jade aborda le sujet suivant... ***

Tu ne me dis pas tout cependant... Qui était ce colosse chauve qui a bien failli te prendre la vie? Un laquais de ce mystèrieux Corbeau j'imagine?

*** Comment Jade était-elle au courant de tels détails a propos de l'affrontement qui avait lieux? La voie des Ombres est empli de mystères... ***


Ma vie pour l'équilibre, Mon âme pour la Déesse.

 
Temia Kalavador

Le Vayang 3 Jayar 1511 à 16h04

 
Temia renifla et tenta de détourner les yeux. La pression des doigts de Jade picotait et enflammaient la plaie malgré tout les soins qu'elle apportait à ces pressions. Et puis... la honte. La honte prit place dans son esprit lorsqu'elle se remémora quelques... scènes dont elle avait été le principal sujet à Zarliff.

Or'dovan. Murmura-t-elle, tel est le nom de ce Tydale. Un homme de main, comme vous le dites. Il avait sa confiance, disons, plus pour faire régner la loi de la manière directe pendant que d'autres le faisaient de manière plus subtile...
Ils me croyaient morte... à Zarliff... quand la situation a perdu tout contrôle. Quand, ces... choses ont commencé à apparaitre et à tout détruire sur leur passage...

Il me l'avait dit... quand je suis arrivé quatorze ans auparavant. "Celui qui se livre à moi est mien pour la vie... Il fera selon mon bon vouloir ou selon ceux des vers grouillant au sol.". Telle était sa loi. Plus subtile et terrible qu'il n'y parait. Il nous en a montré l'application. Tel est le sceau auquel nous nous sommes soumis.
, dit Temia en dévoilant son épaule droite sur lequel la tête de corbeau hurlant marquée au fer rouge était gravée.

A présent qu'Or'dovan m'a retrouvée, il n'y a plus qu'à espérer que son arrestation par la justice équilibrienne ait empêché et empêche à l'avenir l'information de ma survie de passer. Sans quoi...

Temia déglutit et fixa Jade avec un regard désolé :

Comprenez vous? Celui qui échappe à la structure la met en péril... et certains servent à éliminer ce péril...


Elle releva les yeux et les pencha sur la feuille décachetée et tendit le doigt vers celle-ci :

Puis-je?..


Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Ner'hion

Le Julung 16 Jayar 1511 à 11h57

 
*** L'Ombre paru troublé un instant, son visage été grave... ***

Or'dovan... comme tu l'appelle, à laissé tombé un message, du moins c'est ce que je suppose, avant de se retrouver entre les mains de la garde. J'ignore ce qu'il y était écris puisqu'il a été ramassé rapidement par un autre poussièreux. C'est du moins ce qu'on m'a rapporté.

*** Un bref instant, Jade observe le parchemin son regard s'attarde brièvement sur le sceau brisé. ***

Tu devrais savoir, que je répond de toi. Tout ce qui te concerne, me concerne...

*** Un petit rire alors qu'un sourrire revient se poser sur le visage de la tydale. ***

Il faut croire que Ner'hion m'a fait un bien étrange "cadeau". Lis le, il est toujours mieux de savoir ce qui t'attend... Ce qui nous attend.

Ma vie pour l'équilibre, Mon âme pour la Déesse.

 
Temia Kalavador

Le Vayang 17 Jayar 1511 à 14h25

 
Temia baissa les yeux en souriant. C'était vrai. La loi des Ombres l'indiquait clairement : le Nerhe et l'apprenti étaient liés. Si l'un commettait un acte condamnable, les deux passaient à la casserole.

Mais là, Temia fronçait les sourcils et retenait son souffle le parchemin figé dans ses mains :

Il a transmis une information, souffla-t-elle.

Elle se leva et pensive, alla s'accouder aux battants de l'embrasure qui tenait lieu de fenêtre. Une journée ensoleillée. Elle grimaça : son ventre l'élançait furieusement. Elle siffla en s'affaissant et une grimace sur le coin de sa figure, elle se traina jusqu'à son lit et s'assit.
Elle fixa Jade, fataliste.

Contre cela, je ne sais ce que je puis faire pour le moment. Dans mon état physique... et sans savoir ce que l'avenir me réservera...

Puis amusée, elle se mit à rire :

Quant à Ner'hion, il savait, à mon avis, ce qu'il faisait en me confiant à vos soins, pour moi tout comme pour vous. Allez savoir, les voies de l'Aveugle sont impénétrables.

Petite provocation faite, elle prit lentement le papier et commença à lire ; le destin de sa Nerhe était le sien. Peu importes ce qui serait écrit. Elle avait droit à ce savoir tout autant qu'elle.

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Egone

Le Vayang 17 Jayar 1511 à 15h53

 
A peine avait elle retrouvé ses forces, déjà l'affaire la rattrapait.
Comme si la Justice avait veillé dans l'ombre.
Attendant le bon moment pour surgir.
Victime ou coupable, on se sentait traqué.
Cerné.


Extrait du Parchemin a dit :

...êtes attendue à la Chambre Disfria, scéance tenante.


C. Ulsian
Hobereau



Si ces mots se détachaient, le reste était tout aussi péremptoire.
Aucune alternative ne serait tolérée. Ni absence, ni excuse.
Et puis, il y avait cet adage qui ornait le bas de la feuille :
« Devant le Sourd, le Pieux se distingue. Le Juste s'incline. »
Derrière le paradoxe se cachait un sens.
Cependant, il faisait naître un étrange sentiment.
Celui d'être face à une entité qui jouait avec les nuances.
Où la victime pouvait être coupable.
Et inversement.

Témia irait donc à la Chambre Disfria.
Il s'agissait d'une des trois annexes proches du Tribunal.
Chacune au nom d'une des rivières qui bordaient l'Hatoshal.
Trois batiments, constitués de bureaux aux murs épais.
Les Hobereaux y traitaient les affaires courantes. Loin des regards.
Afin d'y assurer une Justice du quotidien.
Qui ne faisait pas de bruit.



*** Pendant ce temps, dans un bureau de la Chambre Disfria... ***


Je veux que tu t'en occupes.
Les affaires des Elus restent entre les Elus.
C'est ce que j'ai pu voir. C'est ce qui se dit.
Le fruit des circonstances, seulement, pas une volonté du Gardien.
Mais beaucoup pense que c'est mieux ainsi.

De toutes façons, ce n'est pas comme si tu étais étranger à cette affaire.
Et puis, tu me dois bien ça!
Tu ne peux pas tout me refuser.


Le ton sérieux d'Ulsian n'était pas feint.
Pourtant, cette scène sentait la comédie.
Le sourire complice des deux anciens collègues la trahissait.
Ils se connaissaient bien et Ulsian avait cette habitude d'enchainer les arguments.
Même si cela n'était plus nécessaire. C'était sa manière de fermer toutes les portes.
Et cela amusait Egone. Autant qu'Ulsian d'ailleurs.
Car il était entendu qu'ils se faisaient confiance.
Cet échange presque formel leur remémorait de bons souvenirs.

Ulsian, tchaë d'un certain âge, remarqua les miliciens au fond du grand bureau.
Ils venaient d'arriver, escortant un individu lavé et mis en toge pour l'occasion.
Une toge grise de citoyen. Mais des chaînes aux poignets de prisonnier.
Le petit signe que fit l'Hobereau indiquait la pièce d'à coté.
Les deux miliciens y emmenèrent l'homme enchainé.
L'heure était passée et subsistait encore un doute.
Qu'Egone leva en quelques mots, simples.


Comment refuser, c'est demandé si gentiment...

 
Ner'hion

Le Vayang 17 Jayar 1511 à 19h34

 
*** Une convocation, voilà qui n'était guère étonnant. La tchaë s'était impliqué dans une affaire qui avait fait couler du sang dans les rues de Syrinth, et même si celui ci était le sang de la dite tchaë cela ne la blanchissait pas pour autant... La présomption de culpabilité est le pilier de la justice équilibrienne. L'Ombre acquiesca lentement et garda le silence un long moment avant de prendre la parole. ***

Pour ce qui est du possible, tout est envisageable. Il existe de nombreuse chose qui peuvent être faites. Mais en ce qui concerne ce qui doit être fait: absolument rien. Tu dois apprendre à rester silencieuse, immobile, dans l'ombre. Le corbeau viendra à toi, sans doute... Mais dans l'ombre tu n'es plus seule, et il ne pourra pas t'atteindre ainsi qu'il le souhaiterais.

*** Puis un petit soupire. ***

Pour ce qui est de cette convocation, je t'accompagnerais, mais je n'ai pas le pouvoir d'influencer la justice. J'y suis soumise tout comme toi. Mon soutien sera donc bien relatif...

*** Le visage de Jade était redevenu paisible, un sourrire léger l'illuminait. Si son avenir l'inquiètait, cela n'était pas visible. ***

Dés que tu seras prête, nous irons rejoindre le quartier des faiseurs d'Ombres.

Ma vie pour l'équilibre, Mon âme pour la Déesse.

 
Temia Kalavador

Le Dhiwara 19 Jayar 1511 à 12h57

 
Temia sourit sincèrement et se leva, avant de se diriger vers la petite pile d'habits entreposée dans un coin de la pièce. Elle revêtit quelque chose de décent et se retourna vers Jade :

Bien, allons-y. Je tâcherai de respecter votre enseignement. Toutefois, je continuerai à m'informer et à garder un oeil vigilant dans les ténèbres.

Temia regarda Jade d'un oeil ferme :

Je ne vous demande pas d'intervenir. Vous êtes mon Nerhe, mais cette affaire n'est qu'une résurgence de mon passé. Je ne vous en voudrai donc pas de rester à l'écart. Toutefois j'accepte votre aide dans cette sinistre affaire.

Puis, d'un pas peu assuré - sa blessure la faisait encore souffrir - et le Mou sur l'épaule, elle marcha vers la porte, qu'elle ouvrit en grand et sans se retourner, elle dit :

Je suis prête, partons.

Quelle ironie. La Tchaê qui avait échappé pendant 14 années, s'y retrouvait confrontée aujourd'hui alors qu'Elle avait été victime de la situation.
C'est donc d'un pas un peu chancelant mais ferme, le Mou sur l'épaule, qu'accompagné de l'Ombre, elle prit le chemin du quartier des faiseurs d'Ombre.

***

« Devant le Sourd, le Pieux se distingue. Le Juste s'incline. ». Cette phrase devait rester gravée dans son esprit pendant toute la durée du procès, ce serait ainsi qu'elle devrait mener son témoignage, ou sa défense, au choix. C'était un avantage considérable que de savoir cela avant de s'y rendre.

Kiavè dit :
N'oublie pas, Temia : aux yeux de la Justice : il n'est qu'une chose primordiale : l'Equilibre.



***

La chambre Disfiria. Un petit bâtiment élégant dans l'Ombre du tribunal majestueux. Ici devrait se régler cette affaire. Ici, commencerait réellement la lutte de Temia contre le corbeau. A la Glorieuse succédait la Sainte. Ici, serait réglé le premier acte de cette sombre pièce. Et Temia déglutit en songeant que ce pourrait être le dernier. Toutefois, la présence de Jade à ses côtés la rassura un peu.

Temia s'approcha de l'édifice et prit le marteau avant de frapper trois coups. Soudain, elle frissonna et avec de grands yeux, elle se retourna avec Jade les lèvres tremblantes en chuchotant de manière à ce que personne n'entende :

Nerhe? Aux yeux du Gardien, qu'est ce qui prédomine? La loi du murmure, ou la loi de l'apprentissage?

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Ner'hion

Le Dhiwara 19 Jayar 1511 à 14h05

 
*** Jade avait replacé sa capuche et puis avait suivi lentement son apprenti, vigilente au moindre faux pas de la tchaë, il s'agissait tout de même de ne pas la laisser se blessé d'avantage en tombant. ***


Aujourd'hui la loi de l'apprentissage est mon affaire, la loi du murmure la tienne. Ne t'en préocupe pas trop tout de même, malgrés la présomption de culpabilité tu est la victime de cette affaire dans ce cas précis. Soit honnete autant que possible, j'interviendrais si c'est nécessaire...

Ma vie pour l'équilibre, Mon âme pour la Déesse.

 
Egone

Le Matal 21 Jayar 1511 à 12h07

 
Conseil pertinent de l'Ombre Jade.
Si la présomption de culpabilité était un pilier, l'honnêteté en était un autre.
Excepté que contrairement au premier, certain pensait pouvoir s'en défaire.
D'autres s'imaginaient avoir des passe-droits.
Et d'autres encore avait trop confiance en leurs "bonnes raisons".
L'erreur était de croire plus en sa propre légitimité qu'en la Dame.
Comme si le Moi prenait le dessus sur l'Equilibre.
En un sens, Or'dovan rassemblait tous ces défauts à la fois.
En apparence du moins.
Et la Jïrhe Kalavador?

A la capuche de l'Ombre fit face une capuche Grise.
Duquel dépassait un museau fin et délicat.


Veuillez me suivre, je vous prie.

Les mots étaient aussi gracieux que son allure.
Elle les guida jusqu'à un couloir.
Mur capitonné, parterre de tapis. Comme dans le Hall d'un théâtre.
Le public pouvait arriver sans entendre ce qu'il se passait derrière les portes.
Sans non plus déranger le spectacle qui s'y déroulait.
Quelques bougies par ci par là renforçaient cette ambiance.

L'Assia s'arrêta devant une porte qu'elle ouvrit.
Invitant ainsi les deux Ombres à s'y engouffrer.
Dedans, un bureau classieux.
Derrière lequel se trouvait un vieux tchaë.
A coté du quel se tenait debout un vieux tydale.
Le premier en tunique élégante. Le second en toge grise.
Aucun avait l'air grabataire ou sénile.
Au contraire.

Le plus grand prit la parole quand la porte se ferma.
Il passa devant le bureau, tout en fixant la tchaë.


C'est donc vous, Témia.
Om'shir, je suis le Bailli Egone.
Et voici l'Hobereau Ulsian. Il supervisera cet entretien.


C'était à peine si il fit un léger signe de la tête en direction de Jade.
Non pas par indifférence ou par mépris. Mais par respect.
L'Ombre ne serait ainsi pas mise à la Lumière.
Un usage ancien entre ceux de l'Aveugle et ceux du Sourd.
Qui ne se croisaient pas si souvent dans une anti-chambre du Tribunal.
Chacun évitant surtout de s'y retrouver.


Vous savez pourquoi vous êtes là.
Je vais donc nous épargner quelques formalités.
Et vous dire ce que j'ai et ce que j'attends de vous.


Ce n'était pas vraiment une question ou un choix à faire.
D'un autre coté, les instructions étaient simples.
Espérons que la suite le soit tout autant.


Donc...
...ici, le témoignage de plusieurs passants.
J'ai aussi le rapport des miliciens.
Et là la version du kielno Or'dovan.


Il montra à chaque fois, des dossiers.
Puis se tourna vers l'Apprenti.


Il me manque la vôtre et celle de l'Elu Corléan.
Ce dernier a "disparu" après l'incident.
Il faut croire que la Symbiose est capable de nous rendre plus invisible qu'une Ombre.
Enfin, soit...

...racontez nous votre affaire.
Je ne vous interromprais pas.


Un signe de la main pour donner la parole.
L'attitude tranquille d'Egone pouvait surprendre.
Serait-ce même de la clémence dont il faisait preuve?
Après tout, en montrant ces dossiers, il aidait Témia à se positionner.
Une information non négligeable en réalité.
A moins que ce ne soit qu'une impression.
Elle le découvrirait vite.
C'était à elle de parler.


 
Temia Kalavador

Le Merakih 22 Jayar 1511 à 20h18

 
Trop parfait, trop propre, était-ce là l'image de la Justice? Etait-ce là l'Equilibre? Temia, intriguée avait observé silencieusement l'architecture du bâtiment avec un malaise croissant.

Et enfin, elle se trouva devant le bailli Egone et le hobereau Ulsian. Elle ne se sentait pas si bien que ça. Elle avait le sentiment d'avoir pénétré dans la cage dorée qu'elle avait choisi d'esquiver des années durant. Elle essaya de ne rien en laisser paraitre, bien qu'un reflet d'argent était apparu à la surface de son front.

Elle observa les dossiers. Qu'avait dit Or'dovan, qu'avaient dit les miliciens?

Doux et, visiblement plein de bonnes intentions, tout en restant aussi inébranlable qu'un roc, le bailli lui intima de parler de sa version des faits. Bien. Temia s'avança et croisa les yeux du bailli :

Sukra 19 Marigar 1511. Nous avions convenu, le kielno Corléan et moi d'aller nous promener en ville. Tout se passait au mieux quand nous avons aperçu le riemto Or'dovan au devant de nous. Il régnait un petit différent entre ce Riemto et moi-même. Aussi, il a surement pensé que les rues de la Sainte était propice pour régler nos comptes. Ne voulant certainement pas régler cette affaire en de tels lieux, et même tout court, le kielno Corléan et moi-même nous enfuîmes à travers la Sainte. Puis, il advint une chose fort étrange. Le Mou de Corléan fut attrapé par notre homme. Et il ne put s'enfuir... Ou ne chercha pas à le faire. Je ne sais pas. Le lien entre ce symbiosé et son Mou était plutôt... déséquilibré, disons. Toujours est il que le kielno se décida à retourner chercher son Mou, m'intimant de rester en arrière. Ne voulant pas le laisser seul à lui même pour une affaire me concernant, je partis sur ses talons. Et c'est là que ça devient confus. Or'dovan voulait récupérer un... objet de valeur en ma possession, aussi, il estima que le meilleur des moyens pour l'obtenir fut de pointer une arbalète sur nos personnes, tenant d'abord mon compagnon en otage. Refusant de permettre à cet être abject de créer un chaos incommensurable dans les rues de Syrinth et de tuer Corléan, je sortais mon arc et menaçais de rendre la pareille au moindre geste de folie. Puis j'en appelais au rameau de brume sur le consensus pour que cette situation soit au plus vite maitrisée. La suite, vous devez la connaitre de vous même. Les gardes accourent promptement, puis, on nous intime de baisser nos armes, ce que je fais. Mon arc trouve le pavé, le trait d'Ordovan mon flanc. Puis le noir. Et ainsi, je me réveille au temple de la Dame Grise quelques jours plus tard en compagnie de la belle compagnie de ses ferventes.

Elle avait essayé de parler d'un ton neutre, mais de temps à autre, sa cicatrice la faisait serrer des dents l'interrompant en pleine phrase. Aussi, elle avait fait attention aux détails qu'elle donnait, ouvrant la porte à des questions auxquelles, elle serait capable de répondre. Du moins l'espérait-elle. Pour le moment, elle osait espérer que sa version corrélait avec celle d'Or'dovan un maximum. Ce serait ça de gagné, déjà...

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Egone

Le Julung 23 Jayar 1511 à 16h08

 
Un simple point de vue fournit tant d'information sur celui qui le donne.
En l'occurence : Témia Kalavador, apprenti Ombre.
La tchaë avait parlé avec honnêteté et retenue.
Et une tendance inconsciente à enrober certains détails.
Justement ceux qui intéressaient le Bailli.

Lui avait repris ses marques.
Les attitudes, la procédure, les petites astuces.
Il n'avait pas perdu le métier, tout revenait naturellement.
Un peu comme de monter à cheval.
Quand t'as appris une fois...


Eh bien ! Nul besoin de Grises dans cette affaire.
Nous allons pouvoir régler cela ici. Et ce qui sera dit, restera ici.


Egone savait en fait déjà où tout cela devait mener.
Les éléments défilaient d'eux même.
Il suffisait d'en apprécier le mouvement.
Et pourtant, tout n'était et ne serait pas dit.
Certaines choses resteraient voilées. Le Bailli le savait.
C'était une des premières règles qu'on lui avait enseigné, étant jeune.
Un Dormant ne viendrait pas glisser une lettre sous la porte chaque fois qu'il y a un mensonge.
Au contraire, cela n'arrivait en fait jamais. Il fallait savoir faire sans.
Paradoxalement c'était là la force des Hobereaux.
Entendre les nuances tout en sachant y être sourd.
Puis porter son jugement vis à vis de l'Equilibre.
Finalement la seule notion qu'il fallait maîtriser parfaitement.

Des révélations toutefois, il devrait y en avoir.
De part la nature des faits.
Rien n'obligeait en fait Egone à faire preuve d'intimidation.
Il ressentait d'ailleurs que l'Ombre coopérerait d'elle-même.
C'était en fait, la seule chose dont il avait besoin.


Nous allons faire préparer un parchemin.
Il vous faudra signer ce témoignage.


Au moment où il dit cela, Egone se tourna vers son collègue Hobereau.
Ulsian terminait d'écrire quelques notes, puis se leva et sortit du bureau.
Une Grise allait finalement être mise à contribution, ou un apprenti.
La signature engagerait ainsi la parole de Témia.
La procédure pouvait sembler anodine.


Ne vous inquiétez pas, nous ferons cela vers la fin.
Je dois d'abord vous exposer les trois chefs d'accusations.
Un seul vous concerne réellement et nous devrons nous en entretenir.

Mais avant cela, j'aurais une question sur votre version des faits.
Ou plutot un éclaircissement.


Ulsian revenait déjà.
Un signe de la tête avec Egone.
Les instructions étaient passées.
La décontraction des deux bonhommes étaient trop flagrantes.
Pourtant loin d'être feinte. Ils avaient déjà vu ce genre de cas.
Et ils n'emploieraient pas les grands moyens pour le résoudre.
Une bonne ou une mauvaise nouvelle pour Témia?
Là encore, difficile de se prononcer
.

Vous avez parlé d'un "objet de valeur".
Quel est-il?


Une alternative se refermait.
C'est le Bailli lui même qui pourtant allait en ouvrir une autre.


A moins que ce détail ne soit négligeable.
Par rapport au véritable mobil de cet... Or'dovan.

L'est-il ou pas?


Négligeable?
Effectivement, il n'y avait qu'une seule question à laquelle Témia répondrait.
Mais c'était bien deux qui lui étaient posé. Comme un choix à faire.


 
Ner'hion

Le Julung 23 Jayar 1511 à 19h10

 
*** Jade était resté en retrait, prés de la porte dans l'ombre relative du bureau éclairé à la bougie. Elle écoutait patiement l'échange, prête à intervenir si cela pouvait lui paraître nécessaire. Un sourcil se leva, invisible sous la capuche, lorsque Temia évoqua un objet de valeur, et l'hobereau ne manqua pas d'attribuer à ce détail toute l'importance qui lui était dû.

L'apprentie faisait face à un choix, elle gardait son savoir enfoui dans son être, ou elle l'exposait à la lumière de la justice. Ce choix était lourd de conséquences... Mais quel choix ne l'est pas? ***


Ma vie pour l'équilibre, Mon âme pour la Déesse.

 
Temia Kalavador

Le Julung 23 Jayar 1511 à 20h26

 
Temia regarda tour à tour le petit hobereau et le grand bailli avec un sourire sarcastique :

Ce détail a son importance si vous voulez vous immiscer dans l'origine de ce compte qu'Or'dovan croyait me devoir à moi, Temia Kalavador. Aux yeux de cet affaire, il n'a pas d'intérêt. Pourquoi? Parce que si l'on se fixe aux limites du procès, il n'existe aucune justification qui permette à un Riemto de tuer ses kielnos. Aucune qui lui permette de menacer de mort un autre symbiosé, or, Nerhe juges, ce sont bien là les faits. Et les différents témoignages en attesteront le kielno Or'dovan tenait nos vies au bout de son arbalète et n'a pas hésité à le prouver sur ma personne !

Temia froide jusqu'à maintenant sentit ses joues s'empourprer légèrement à mesure que son sourcil se fronçait.

Nul besoin d'une anthologie entière sur l'histoire d'une tchaë quand les faits parlent d'eux même. Hobereau, bailli, vous êtes les juges, vous décidez.


La Tchaë avait son oeil ferme rivé sur le bailli. Quel était ce chef d'accusation dont il avait été question?

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Egone

Le Julung 23 Jayar 1511 à 22h14

 
Egone souleva les sourcils.
Toujours décontracté, presque amusé.
La manoeuvre de la tchaë était pour le moins maladroite.
Demander à un Juge de s'en tenir à son travail de Juge!
Plus que de trahir des craintes, cela n'aiderait pas son cas.
Du moins, si il y avait un cas à faire.
Peut être n'était-ce rien.
Mais ce rien avait fait réagir l'Apprenti.

Le vieux Tydale répondit calmement.


Justement, kielna, laissez nous juger.
L'Equilibre ne concerne pas que votre seule vie.


Ulsian avait le visage contrarié par des rides.
L'intervention de Témia l'avait réveillé.
Et il semblait plus rugueux que le Bailli.


Kielna Kalavador,

Des questions que l'on pose,
De celles que l'on ne pose pas,
De la procédure et de notre travail,
Des fautes et des accusations,
Ou encore des justifications à donner,

Ce n'est pas à vous d'en décider!
J'espère être très clair.
Et...


La main d'Egone voulut arrêter le flot.
Il connaissait son ami Hobereau. Une fois parti, il ne s'arrêtait plus.
Et il ne faisait aucun doute qu'Ulsian en avait encore sous le pied.
Cela marchait avec la plupart des citoyens qui venaient dans ce bureau.
Seulement le Bailli avait une autre vision de ce cas en particulier.
Le vieil Egone préférait donc enchainer plutot que s'enliser
.

Témia, vous avez évoqué des limites et des faits.
Et votre version inclue un "objet de valeur".
Il nous faut savoir lequel.

Ce n'est pas un moyen pour en savoir plus sur votre contentieux avec Or'dovan.
Soyez sûre que lorsque nous en aurons besoin, nous vous le dirons explicitement.
Pour le moment, répondez strictement à ces questions.

Cherchait-il à vous prendre cet objet, oui ou non?
Si oui, quel objet?


Votre version. Pour le moment.
Qu'est ce que mijotait le Bailli?
Etant donné son ton calme et son attitude, rien de grave.
Témia ne pouvait rien faire contre les zones de doutes.
L'appareil judiciaire continuerait d'avancer.
Même si elle refusait de coopérer.
La tension était d'ailleurs montée d'un cran.
Mais la tranquillité d'Egone offrait un second souffle.
Une opportunité à saisir.


 
Temia Kalavador

Le Luang 27 Jayar 1511 à 20h32

 
Kiavè dit :
Sois sourde à ta conscience et tout ira bien.


Sourde à sa conscience. Voilà qui devenait amusant... Voyons Temia était, c'était indéniable.
Mais elle n'était ni l'assassin ni Raltemiane.

Aussi sourde, elle prit la parole et cette fois ci d'une voix totalement monocorde dénuée de toute passion, dénuée de tout sentiment.
Un automate de glace et de fer, telle était-elle à cet instant. Ses yeux plongèrent dans les yeux du bailli à la douce voix :

Avez-vous entendu parler d'un assassin qui sévissait à Zarliff, bien avant la chute de la ville? Cet assassin était un Tchaë... Personne ne le connaissait. Toujours masqué, jamais reconnu... Peut-être pas. Ce genre d'affaire était banale dans les terriers de la Glorieuse.

Nous partagions le même toit et le même nom pendant mes 15 premières années. Puis nous fûmes séparés. La conscience suivit l'une, la folie l'autre. Raltemiane Kalavador était son nom. Or'dovan et elle partageaient le même employeur... Et lors de la fuite de Zarliff, vous connaissez les circonstances Nerhe, il faut croire qu'elle ait décidé de faire cavalier seul... Dans quel but? Je n'en sais rien.


De marbre, la Tchaë continua :

Si vous connaissez ce milieu, Nerhe, vous devriez savoir que l'on n'échappe pas aussi facilement que l'on aimerait à ses employeurs. Ceux ci veulent vous récupérer pour, soit, vous "ré-engager", soit pour vous faire disparaitre... Comprenez-vous?

La Tchaë regarda le bailli :

Voilà l'objet qu'Or'dovan voulait récupérer à tout prix. Une brebis égarée, un couteau pouvant se retourner vers son propriétaire.

Puis son regard vert et impénétrable croisa celui du hobereau :

Donc à votre réponse, bailli Egone. Ma soeur ne m'appartient pas, mais c'était bien ce qu'il cherchait à me prendre.

C'était là la vérité...
Mais...

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Egone

Le Matal 28 Jayar 1511 à 20h18

 
....et c'était bien plus qu'il n'avait demandé.
La tchaë avait un poids sur le coeur.
Qu'elle s'efforçait de retenir. Tant bien que mal.
La pression des circonstances l'accablait.
Le Passé surgissait de lui-même.
Et ce calme qu'elle affichait, ressemblait à une abdication.

Pourtant, ce changement d'attitude, Egone le nota.
Dans sa carrière, il en avait vu de toutes les sortes.
Et il savait qu'une déviance psychologique ne faciliterait pas son travail.
Ces presques-révélations faîtes non plus.
L'Ancien resta cependant détendu.
Elle le fixait.
Il la fixa.


Un couteau, donc.

Levant les sourcils, comme s'il suggérait ce résumé à Témia.
Difficile de dire si il affirmait cela au premier degrés.
Ou si il était indifférent à tout ce qu'avait révélé la tchaë.
Assassinat, employeur, personnalité ambigüe.
Et pourtant, il ne retenait que ce couteau métaphorique.
Le Bailli n'entendait-il que ce qu'il voulait?
A moins qu'il ne soit sourd?

Derrière, Ulsian avait été très réceptif à ce qui venait d'être dit.
Un groupe de criminel de Zarlif qui se trouverait maintenant à Syrinth.
L'Hobereau pensait aux vies oubliées qui hantaient les dossiers de la Glorieuse.
Cela lui donnait la nausée et son regard vers l'Apprenti en disait long.
Egone lui fit un signe de la tête et Ulsian rajouta une note sur une feuille.

Le Bailli reprit.


A présent, j'aimerais avoir toute votre attention.

Le Dogme a beau prêcher la culpabilité, elle est difficile à accepter.
Seulement, je ne suis ni un Initié, ni un Pédagogue.
Je parle au nom du Sourd.
Et à ce titre, je n'attends pas d'excuses.

D'incartade ou d'agression simple, il n'est pas question ici.
Mais plutot d'un réglement de compte.
Au coeur même de la Sainte. Devant une foule de citoyens.

Il est des actes indéniablement coupables.
De ceux-là, je ne vous accablerais pas.
Votre tort à nos yeux, Kielna Kalavador, est d'avoir fait un mauvais choix.
Celui du silence.


Drôle d'accusation.
Lourde de sens.

Egone.
Toujours tranquille, comme si il énonçait des banalités.
Pourtant, ça n'en était pas. Témia devait être très attentive.
L'Ancien n'était pas là pour interprêter, imaginer ou sermoner.
Mais bel et bien pour être entendu.
Sans doute s'apprêtait-il à un discours plus long que de coûtume.
Ni Initié, ni Pédagogue, il faudrait bien des mots pour expliquer.
Et rétablir l'équilibre.


Je parle de votre vie, Témia.
Quelque soit le fardeau qu'elle constitue, il vous appartient.
C'est aussi cela de veiller à l'équilibre : veiller sur sa propre vie.
La Dame vous l'a offerte mais vous n'en avez pas mesuré la responsabilité.
Peut être avez vous pensé que vous n'aviez pas le choix.
Peut être n'aviez vous vraiment pas ce choix parfois.
Mais nous ne sommes pas là pour en débattre.
Vous seule connaissiez votre passé.
Et ce fut une terrible erreur que de l'avoir occulté.
Un silence irresponsable.
Qui a failli couter la vie du Kielno Corléan. La vôtre. Ou celle d'un malchanceux.

Ce qu'il aurait fallu faire? je ne suis pas là pour vous le dire.
Mon rôle est de vous alerter. De vous pointer du doigt un déséquilibre.
Et de sanctionner, le cas échéant.


Silence fautif.
Paradoxal pour une future Ombre.
La Loi du Silence ne valait que pour la Justice.
En dehors, il valait mieux bien mesurer ses actes.
Et dans le cas de Témia, sa vie semblait un véritable chantier.


Il existe plusieurs textes qui justifieraient une sanction.
Mais je n'en ferais pas l'usage ici.
Ce chef d'accusation restera officieux.
Cette histoire doit vous servir d'avertissement.

Cependant j'aimerais que nous passions un accord.
Il existe sans doute d'autres individus du gabarit d'Or'dovan.
Je veux que vous vous engagiez à coopérer pour les démasquer.
Là encore, il va nous falloir votre signature.

Est ce que vous avez un commentaire à faire, Kielna Kalavador?


Officieux.
On était loin des exécutions publiques et des toges de pénitents.
Et les autres chefs d'accusations? et Or'dovan?
Il n'était question que de Témia ici.
Etrange procés. Ca n'en était pas vraiment un.
Et ce n'était pas vraiment un tribunal.
Le discours laissait peu de place à une argumentation.

Derrière les mots et la clémence se cachait donc un véritable verdict.
Obligeant Témia à affronter ce qu'elle avait tenté de fuir.
A faire d'autres choix, pour rétablir elle-même l'Equilibre.
Comme une mise à l'épreuve.


 
Temia Kalavador

Le Matal 28 Jayar 1511 à 22h16

 
Temia jeta un regard froid à Egone. Elle avait eu raison, elle le savait, mais qu'avait compris le bailli?

Temia avait parlé, mais guère trop, du moins, l'espérait-elle. Elle venait juste de vendre une partie de son secret à un autre poussiéreux.
Il fallait tourner une page et elle avait là ce qu'elle cherchait depuis longtemps pour arriver à ses fins : un appui.

Mais... Son regard se tourna vers l'Ombre Jade ; ce qu'elle avait pensé de cet entretien, elle le lui dirait elle-même en temps et en heure. Pour le moment Temia n'avait fait que respecter le code de l'Ombre : aux yeux de la Justice, elle était citoyenne équilibrienne lambda. Une autre démonstration de la Surdité.

Et en ayant cette réponse, Temia comprit soudain le sens du triarchat. Elle sourit au bailli et murmura :


Le silence, Nerhe bailli?

Elle souriait ;

La Justice de la Dame parle de par votre bouche ;
Apprenez toutefois que lorsque ceux qui paraissent ses plus fervents serviteurs l'abjurent,
Alors plus aucun espoir ne subsiste.
Juste... la peur... la solitude... et pour finir...
La foi s'éteint comme une bougie que l'on souffle.
Ne reste plus que le noir, les ténèbres...
Jusqu'au jour où l'on vous en tire.


Un Nelda au pelage sombre était présent dans l'esprit de Temia

Elle ne finit pas, rêveuse... Mais, elle se tourna vers l'Ombre :

Je ne puis vous offrir ma coopération. Nerhe, seul vous pouvez le faire pour moi.


Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

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