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Jardin de la Dame Grise

Une promenade décontractée

pour une visite-guidée de Syrinth
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Sujet lancé par Corléan
Le 18-03-1511 à 14h44
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Posté par Temia Kalavador,
Le 12-05-1511 à 23h04
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Corléan

Le Vayang 18 Marigar 1511 à 14h44

 
Le jeune tchaë observait les tics faciaux de son mou avec fascination. Étonnant comment cette petite boule d'il-ne-savait-quoi pouvait exprimer des sentiments proches des siens. Colère, frustration, tristesse... Mais aussi la jubilation ou l'hébétude. C'était comme voir une représentation théâtrale de ses émotions des derniers jours.

Le mou suspendu en apesanteur à hauteur de tchaë, regardait son symbiosé avec un air condescendant. Il n'avait vraiment aucune prestance, intelligence ou même présence...Si le monde était une peinture, Corléan serait une silhouette aux contours estompés. Il ne serait pas un être mystérieux que le peintre avait placé là pour attirer le regard... Il ne serait que le détail dont il n'avait pas envie de se soucier. Et Apfel trouvait sa compagnie des plus horripilantes.

Tu crois qu'elle va être en retard ?

Le mou haussa un sourcil interrogateur :
dit :

Qu'est ce que c'est que cette question ? Je suis censé répondre quoi ? Tu me prends pour une voyante ?


Je m'étais dit... tu sais, on dit des femmes qu'elles aiment se faire attendre. Que c'est l'un de leur défaut...

dit :
On dit aussi que t'es futé... ça a jamais été vérifié...


Corléan essayait simplement de meubler le silence, briser cette atmosphère froide et tendue qui avait été instauré lors de la symbiose. Apfel ne l'ignorait pas... Mais c'était viscéral : sa tête d'ahuri finissait de lui dresser les poils sur... le corps. Quand à ces réflexions...

Je me dis bien que c'est âneries... On peut pas juger d'une personne sur son simple sexe ou son métier... Mais bon, vu que c'est ce qu'on dit... Peut-être qu'il y a du vrai... Je m'étais dit...

dit :
Tais-toi et attends !


Vraiment, ces réflexions... Elles étaient poussées, savamment pensées (quoique dans ce cas-là...). On se questionnait juste sur leur pertinence...

 
Temia Kalavador

Le Sukra 19 Marigar 1511 à 11h07

 
Kiavè dit :
Qui es tu donc?


Le petit Mou regardait la Tchaë refaire sa coiffure devant un miroir. Une queue de cheval avait pris la place du chignon qu'elle portait habituellement et elle avait mis un gilet rouge sur ses épaules. Tout cela ne ressemblait ni à Temia ni à Raltemiane. La Tchaë baissa les yeux vers Kiavè. Celui ci la dévisageait toujours avec plus d'intérêt : si l'autre n'avait pas ébranlé son âme, il n'aurait peut-être jamais vu cette facette de Temia :

Qui je suis. Que me demandes tu là?

Le sourire de Temia était bienveillant et ses yeux semblaient calmes. Contrairement à l'ordinaire. Kiavè ne comprenait pas ce qui avait mis KO, la Temia qu'il connaissait, la pragmatique, pourquoi, Ratémiane n'avait pas pris le dessus, en bref, quelle était cette nouvelle personnalité de la Tchaë :

Mon nom est Raltémiane. Je suis celle qui était au début. Je suis Moi, je suis mon âme... je ne sais comment te le dire, mon petit Kiavè.

Le Mou avait l'air perplexe à mesure que Raltémiane s'habillait : elle semblait agir différemment, mais sa gestuelle restait la même; cependant sa confiance en elle était décuplée. Elle avait perdu cet air ténébreux, elle semblait, posée, sage et réfléchissait un peu à la manière dont elle allait rencontrer Corléan. Le seul symbiosé à peu près "normal" qu'elle avait côtoyé depuis son arrivée dans la Sainte... Le seul avec qui elle avait réellement sympathisé. Temia était méconnaissable : Plus de traces d'un quelconque maquillage, un petit parfum à l'odeur légère et discrète de rose, une queue de cheval à a place du chignon, une veste rouge. Kiavè demanda :
Kiavè dit :
Tu te souviens du bilan de l'archiviste? Les terriers se sont reformés à Syrinth. Te connaissait-on ainsi vêtue et parée?


Le premier jour... Le tout premier jour, murmura-t-elle en se regardant tristement dans le miroir de sa chambre au joyeux piliers.

Que n'avait-elle pas accompli de terrible depuis ce jour fatidique... Que d'horreurs que de monstruosités qui auraient fait honte à Ashtar et à Manie. Bref... Elle ne devait pas y repenser. Elle était sereine, pour la première fois depuis des années. Ne gachons pas ce moment, et allons le passer avec l'ami dont la présence était si réconfortante.

Mais tu peux toujours m'appeler Temia, murmura-t-elle au Mou, C'est aussi ce que je suis...

Elle sortit, et se dirigea vers les jardins de la dame grise.. Un air de déjà vu. Elle ré-imaginait sa rencontre avec l'Ombre Jade qui d'ailleurs devait être affairée au temple en ce moment. Mais son état d'esprit était différent aujourd'hui. Parce que son interlocuteur était un Tchaë décontracté? Parce qu'elle même avait retrouvé une once de sérénité? Oh, elle se doutait que cela ne durerait pas. Autant en faire profiter les autres. Mais pour le moment, mieux valait éviter de montrer cet facette de son âme aux Ombres... Temia était parfaite pour ce rôle.
Ah, tiens ! Il est là bas, assis sur une marche en taillée dans le bois d'un arbre millénaire. Il a l'air blasé. Et ce regard de mépris que lui lançait son Mou... Elle s'approcha du duo. Les cloches sonnèrent. Raltemiane n'était pas en retard, elle était ponctuelle. Toujours. Pas une erreur. Jamais.
Kiavè dit :
Je crois qu'il ne t'a pas reconnu... Faut dire... y a une ptite différence au niveau accoutrement par rapport à la semaine dernière, à la taverne.


Le Mou sauta de l'épaule de Temia, et prit les devants avec un grand sourire :

Kiavè dit :
Om'shir Corléan, Om'shir p'tite pomme !


Om'shir Corléan

Temia souriait, un beau sourire. Le sourire de quelqu'un qui va pouvoir profiter d'un peu de paix.

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Corléan

Le Sukra 19 Marigar 1511 à 14h32

 
Le salut de la tchaë prit Corléan au dépourvu. Elle le regarda, il la regarda. Il la dévisagea, elle le dévisagea. Mais qui était donc cette inconnue qui le saluait si familièrement ? Il mit un temps fou - ou ce qui parut à ses yeux un temps fou - à réaliser à qui il avait affaire. Temia n'avait guère changé depuis la dernière fois, sinon de tenue... et pourtant, elle était transfigurée. Ça n'avait sans doute rien à voir avec sa coiffure... ou ses vêtements... Non. C'était dans l'attitude. Plus calme, posée. La paranoïa qu'elle avait pu manifester semblait avoir totalement disparu.

Même si elle était accompagnée de son mou, son esprit avait refusé le fait que cette inconnue, ne pouvait être que Temia. Il fallait pourtant se rendre à l'évidence.

Temia... Quel changement ! Je suis bien content de te voir, cela dit !

dit :

Et comme tu vois, elle est pas en retard... Encore un de ces moments où ta prétendue intelligence s'éclipse devant ton imbécilité...


Hum... tu as raison.

Corléan ne prêta même pas attention à l'insulte d'Apfel. Quelque chose clochait... ou manquait. C'était comme si, la Temia qui se trouvait face à lui... avait oublié, ou n'avait jamais vécu... ce qu'elle avait vécu. C'était comme s'il rencontrait la Temia qu'il aurait pu rencontrer si elle avait eu une vie, hum... normale. Eh bien ! Voilà qui était intéressant.

Le tchaë se leva avec lenteur, salua sa consœur dans une parodie grotesque de révérence pour finalement adopter une posture qui se voulait fière.

dit :
Mais arrêtes tes simagrées ! Raaaaaah ! Tu m'exaspères !


J'avais compris ça... Mais vu qu'on est coincé ensemble, va falloir apprendre à faire avec. Personnellement j'ai rien contre toi...

Il reporta son attention sur Temia et demanda :

Il y a quelque chose en particulier que tu veux voir en ville ?

 
Temia Kalavador

Le Dhiwara 20 Marigar 1511 à 01h03

 
Kiavè avait éclaté de rire en se roulant sur le sol en voyant l'air complètement désabusé de Corléan et le regard blasé du Mou qui fixait son symbiosé avec tout le mépris contenu en lui. Raltemiane, quant à elle était à deux doigts d'éclater de rire quand le pauvre Tchaë se leva et s'inclina aussi maladroitement que... que... en fait, il n'y avait pas de comparaison possible...

Elle répondit à Corléan d'une voix douce et posée :

A vrai dire je connais déjà ce coin là... d'ailleurs je ne souhaite pas particulièrement y rester... Allons plutôt du côté de la place principale. Puis, tu décideras de l'endroit où tu veux me mener, sachant que de Syrinth, je ne connais que ces deux lieux.

Elle disait ça posément et calmement, puis, son visage redevint quelque peu sérieux, alors qu'elle passait à côté de lui pour marcher à ses côtés dans les rues enneigées de la Capitale.

Kiavè sauta sur l'épaule de Corléan et tenta de capter le regard d'Apfel :

Kiavè dit :
Hohé ! Ptite pomme ! Comment ça va? Dis tu n'as pas l'air dans ton assiette aujourd'hui ! Ça va?


Raltemiane faillit écraser le Mou à l'humour désastreux sur l'épaule de Corléan, mais, finalement s'abstint par égard pour sa tunique...

****télépathiquement***
Patate

Kiavè dit :
J'en ai la couleur, haha !



%*¨%%M*%*+%+


***********

Il y avait des moments dans la journée où le Mou était intenable. Raltemiane jeta un coup d'oeil à Corléan alors qu'ils pénétraient sur la place principal et chuchotta :

Plus sérieusement, Corléan. Je voulais te parler de cette discussion que nous avons eu au joyeux pilier. Beaucoup d'évènements se produisent en ce moment. Que penses tu de ce qui se passe sur les fils de pensée du consensus? Le Rapport sur l'intégration des Apôtres de Zarlif dans Syrinth. Je crois que c'est l'Archiviste qui l'a effectué avec un disciple du Sourd...

Elle guettait la réponse de Corléan. Celui ci, à écouter le ton posé de son interlocutrice en était à présent certain : vu la réaction excessive qu'elle avait eu à la taverne... Quelque chose n'était pas normal...

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Corléan

Le Dhiwara 20 Marigar 1511 à 02h04

 
Reprenant un semblant d'assurance, Corléan repoussa une mèche de cheveux vers l'arrière d'un souffle, d'une manière très théâtrale... presque trop. La première impression était très importante quand on rencontrait quelqu'un, et même s'il avait déjà rencontrait Temia, il avait la sensation que cette rencontre marquerait sa deuxième première impression. Autant qu'elle soit mémorable.

En cette situation où Corléan ne savait pas où se mettre, on pouvait assez bien définir le personnage. En vérité c'était l'histoire de sa vie : ne jamais savoir où se mettre. Alors il jouait les comédiens de secondes zones, les faux nobles ou vrais bouffons, amusant la galerie sans chercher à le faire... et toujours, en se ridiculisant de la manière la plus magistrale qui puisse exister. Certains qualifierait cela de "don"...

Les terriers... Voyons voir...

Il avait emboité les pas de la symbiosé au lieu de les lui emboiter. Les rôles inversés, avaient tout de même l'air assez approprié. C'était peut-être dû au fait que Corléan était aussi bon guide que pouvait l'être un aveugle ou un muet...

Hum... Je ne saurais qu'en penser... M'est avis qu'en plus de créer des lieux de vies insalubres et... tout simplement impropre à l'habitation, ces terriers seront des refuges parfaits... Pourquoi, je ne saurais dire. Mais, il me semble que tu avais déjà évoqué un sujet de ce genre avec moi auparavant...

Le rythme rapide de la marche imposée par la tchaë semblait trahir une certaine préoccupation. Sans doute n'était-ce qu'une idée de Corléan, toujours est-il qu'il ralentit le pas pour retenir son attention. Pendant près de 20 mètres, elle ne remarqua même pas qu'il n'était plus à ses côtés...

dit :
C'est à cause de ton caractère effacé, ça... A force d'être aussi banal, on finit par se fondre au paysage....


En définitive, Corléan rattrapa Temia à marche rapide sans qu'elle ait même remarqué sa... "disparition". Chacune des piques de son mou lui revinrent en mémoire à ce moment... ou juste certaines d'entre elles. Les plus blessantes. Et il réalisa que, d'un regard extérieur, il était une farce. Rien de plus, rien de moins. Et même pas une bonne farce, en plus. Pas le genre de farce qu'on mange durant les fêtes. Celle que l'on écoute ou constate d'un air chagriné, comme la mauvaise blague faite par un ami qui se sentait drôle. C'était d'autant plus tragique de commencer la conversation ainsi :

hum... Je dois te faire une confidence. Je n'ai pas vraiment de connaissance géographique, historique ou anecdotique de Syrinth... Je t'ai proposé de te faire une visite, mais... c'est à peu près aussi organisé que l'attaque d'un rejeton.

 
Temia Kalavador

Le Matal 22 Marigar 1511 à 00h32

 
Pauvre Corléan. Il semblait bien perturbé. Il essayait de jouer les classieux alors qu'en réalité, il apparaissait comme le dernier des ridicules. Raltemiane, plongée dans ses pensées essayait de réfléchir à la tournure que prenaient les choses après ces nouvelles pas si surprenantes que ça tout compte fait… mais gênant tout de même.
Refuges parfaits? Comment ça refuge parfait? Refuges parfaits? Refuges parfaits? Pour qui? Raltemiane dévisagea Corléan avec une grimace :

Des refuges parfaits? Pour qui?

Non. Elle ne pouvait qu'espérer que Syrinth n'était pas faite pour qu'une telle faction s'y installe. Cela ne pouvait ni ne devait être. Raltemiane déglutit.

***
Si un jour, tu t'enfuis, où que tu ailles, nous te retrouverions… Nous sommes partout, et là où nous sommes refoulés, nous repousserons toujours ailleurs.
***

Elle grogna et détourna le regard en accélérant la cadence de sa marche.

Hein? Comment ça, il n'a pas vraiment de connaissance de Syrinth? Raltemiane se retourna et pouffa de bon coeur :

Peu importe. Dans ce cas, allons nous asseoir du côté de la fontaine ; nous y serons plus à l'aise pour parler


Elle se fraya, avec son compagnon, un chemin avec le Tchaë dans la foule pour sortir de l'artère principale :

Kiavè dit :
Il y a du peuple aujourd'hui.


Le cauchemar est issu de la réalité. Il nous tombe dessus sans que nous nous y attendions. Raltemiane fut bousculée un peu trop violemment et tomba à la renverse au sol. Surprise, ses mains rencontrèrent une plaque de verglas et son menton s'écrasa sur le pavé.

Sonnée, elle releva la tête, deux fines tâches de sang sortant de la main qui tenait son menton, ayant oublié jusqu'à la présence de Corléan à côté d'elle et de son Mou qui avait sauté de l'épaule de l'autre pour la rejoindre.

***

La bas, à une dizaine de pas, un homme venait de pénétrer par une ruelle sombre dans la grande avenue. Un Tydale massif à la barbe rousse et à l'aspect crasseux, chauve avec une marque rouge sur le front et une balafre lui traversant le nez horizontalement. Il remarqua la scène. Une petite à genoux qui se tenait le menton. Peuh... sans intérêt. Tiens?! Ce regard?!
***
Les yeux de l'inconnu et de Raltemiane se croisèrent : Elle eut un mouvement de recul alors que ses yeux s'agrandirent de terreur :

S'sarkh !!! Pensa-t-elle de toutes ses forces, Or'dovan...

L'inconnu s'avança vers le groupe avec l'ombre d'un sourire sinistre apparaissant sur ses lèvres.
Cette journée avait si bien commencé...

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Corléan

Le Matal 22 Marigar 1511 à 19h17

 
Corléan observa la scène avec le regard du spectateur de théâtre, balloté par les émotions des acteurs. Un frisson lui parcourut même l'échine quand la tension de la pièce atteint son paroxysme. Puis, il réalisa qu'il était lui-même acteur, et vu le regard effrayé de sa camarade, il doutait que le grand barbu était là pour apporter les bonnes nouvelles...

Heureusement, même si Corléan excellait dans l'art de mal faire les chose, il y en avait quelques-unes pour lesquelles il n'était pas trop mauvais. L'une d'elle était la fuite. Avisant la foule, son mou et celui de Temia, il réfléchit à grande vitesse. Il avait besoin d'une diversion... Et vite.

Le côté pratique de la symbiose, c'était qu'il n'avait pas besoin d'exposer oralement ses pensées à Apfel dans les moments critiques. Il lui accorda juste un regard, déclara " Apfel, je compte sur toi !" avant de saisir Temia par le poignet et de fendre la foule en sens inverse.

Le mou disparut de son champ de vision, mais regardant par-dessus son épaule, il put voir la scène. Apparaissant juste en face des deux yeux du chauve, Apfel surprit le bonhomme. Pour la suite, Corléan devina plus qu'il n'entendit ce que déclara le mou.
dit :

Eh bien, mon grand ! Faut pas faire la tête comme ça, voyons ! Ah ? C'est naturel ? Aïe aïe aïe... La Dame a pas vraiment été sympa avec toi, pas vrai ? M'enfin... faut dire que tu pourrais sans doute améliorer l'image que tu donnes de toi en prenant un bain... ou deux...


Il entraîna Temia dans son sillage jusqu'au retour de son mou, puis il s'arrêta :

Hum... Je m'excuse de t'avoir traîné ainsi... Disons que tu avais une expression assez effrayante, là-bas... Comme si ton monde s'était écroulé autour de toi. Tiens ! Tu ferais mieux d'essuyer ça.

De la poche intérieure de sa veste, il sortit un morceau de tissu aux couleurs indéfinissable et lui tendit. Sa main gauche, elle, était toujours crispé sur le manche de son coutelas. Bien qu'il n'eut aucune idée de ce qu'il aurait pu faire s'il avait fallu se battre, il se sentait victorieux... quelque part. Quoique, considérant le sprint qu'il avait piqué pour échapper au grand barbu, sa fierté nouvelle s'évapora.

Au fait, c'était quoi ça ? T'as eu l'air de le reconnaître... et lui aussi d'ailleurs.

Puis voulant se changer les idées, ou essayant de tromper le sentiment de peur qui faisait flageoler ses jambes, il dit :

Oh ! Et quand je disais "refuge parfait", je parlais pour des criminels, des pourris, des corrompus... mais bon, ça peut aussi en être un pour d'autres... J'imagine.

 
Temia Kalavador

Le Julung 24 Marigar 1511 à 20h01

 
***

Le Tydale musclé s'apprêtait à poursuivre les deux fuyards quand une le Mou sauta devant ses yeux. Il sursauta mais ce reprit à la provocation du Mou, et telle un fruit lancé un plein air l'attrapa vigoureusement. Il s'écarta de l'allée principale et atteint une ruelle proche planta son regard torve dans les yeux d'Apfel :

T'es qui toi?

Il empestait le vin. Du haut d'un toit où il s'était téléporté, Kiavè regardait la scène avec inquiétude, se demandant comment le Mou Vert allait se tirer de ce mauvais pas. Plop, il se téléporta.
***

Sur le coup, elle ne comprit... pas. Les mains au sol, sans pouvoir bouger devant cette vision. Zarlif... La Glorieuse, présente à Syrinth, plus encore depuis qu'elle était symbiosée... La même position, le même regard. Tout comme la première fois. Une différence tout de même, une grosse différence. La main de Corléan qui se tend pour la récupérer, la faire se relever et partir dans le sens inverse. Lentement, la silhouette disparait ; lentement, les pas foulent le sol de la Sainte ; lentement, Corléan leur fraye un chemin parmi les passants qui s'écartent en protestant. Elle se retourne une dernière fois. Apfel masque son visage, puis... Le mur d'une rue perpendiculaire ; le temps se remet à courir normalement, et, voilà qu'au bras du Tchaë, elle à l'impression d'avoir couru pendant des siècles.

Il entendit le plop caractéristique d'un Mou qui se téléporte et s'arrêta :

Hum... Je m'excuse de t'avoir traîné ainsi... Disons que tu avais une expression assez effrayante, là-bas... Comme si ton monde s'était écroulé autour de toi. Tiens ! Tu ferais mieux d'essuyer ça.

Raltemiane prit le mouchoir en fronçant les sourcils... Seul Kiavè était là... Corléan devait penser que c'était Apfel qui était dans son dos car il semblait agir à peu près normalement.

Elle ne fit pas attention à la dernière remarque de Corléan et se contenta de répondre évasivement à la question :

Le genre de personne que tu n'as pas envie de croiser... Corléan, où est ton Mou?

Kiavè dit :
Toujours là bas... et là, je le sens pas...


Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Corléan

Le Luang 28 Marigar 1511 à 21h03

 
Réalisant finalement l'absence d'Apfel, Corléan jura. Un mot qu'il conviendrait de ne pas retranscrire ici, un mot dont il aurait eu honte, s'il avait un tant soit peu de décence. Il se retourna, sonda l'univers à la recherche de son mou... ou du moins, l'appela mentalement. Celui-ci ne répondit pas, comme à son habitude. Mais, il put le sentir, effrayé, voulant prendre ses jambes à son cou. Enfin... s'il avait eu des jambes.

Le tchaë réfléchit un moment. Il peut se téléporter, non ? Alors, pourquoi il est encore là-bas ? Et puis, merde... il avait l'air musclé le gars... Et pas content. Devait-il vraiment risquer sa vie pour une boule verte qui ne lui témoignait que dédain ?

Finalement, il prit son courage à deux mains, l'agrippa fermement pour se laisser ensuite faucher les deux jambes dans l'élan par sa témérité et se retrouver le cul planté sur sa mort prochaine. C'était le film qu'il s'était fait en deux secondes... Mais bon, une décision est une décision et revenir dessus... Et bien, il l'avait déjà trop souvent fait. Les deux secondes qui suivirent servirent à établir un plan.

Très bien... Toi, restes-là, je vais le chercher. Je doute qu'il m'ait aperçu... Il semblerait qu'il n'avait d'yeux que pour toi... Un ex, sans doute, hein ?


Il sourit, tentant de leurrer aussi bien Temia que lui-même. Probablement plus lui-même... et sa peur. Il se baissa pour ramasser une pleine poignée de poussière. C'était le plan B. Le plan A... Une discussion civilisée... Ça marcherait probablement. Il s'éloigna de la tchaë pour plonger dans la foule, en direction de son mou en détresse.

L'homme était encore plus gros que tout à l'heure. Il semblait gonflé d'importance... A moins que ce ne fut un tour de son esprit ? Un moyen de le taquiner... de lui dire : "tu t'en mords les doigts, pas vrai ?" Et bien, dommage pour son esprit, mais lui avait déjà ronger ses ongles jusqu'à son coude à ce moment précis. Arborant pourtant un masque d'assurance et avançant d'un pas qu'il voulait nonchalant, il déclara au Tydale :

Hé, l'ami ! Hum... Vous avez rencontré Apfel ? Désopilant, n'est-ce pas ? Ne le prenez pas au sérieux ! Il aime se donner une importance qu'il n'a pas... Après tout, ce n'est rien de plus qu'une boule de chair pensante, pas vrai ?

On ne pouvait vraiment pas dire que Corléan était à la limite de souiller son pantalon... A moins que l'on ait prêtait attention aux jointures blanchies de sa main gauche étroitement serré sur son coutelas... Ou qu'on ait eu un aperçu de l'intérieur de sa main droite, où les ongles avaient commencé à entaillé sévèrement la peau. Une pensée saugrenue s'immisça alors dans son esprit : "Merde! Et si ça s'infectait ? J'ai de la terre dans cette main... S'ça se trouve, je vais attrapé un truc incurable..."
dit :

T'en fais pas... Je pense pas que tu vives assez longtemps pour ça...


Se raclant la gorge, il poursuivit :

Aussi ennuyeux qu'il soit et bien que je comprenne que le serrer ainsi entre vos phalanges vous fasse oublier vos ennuis quotidiens, pourriez-vous le laisser partir ? Après tout, nous ne sommes que des touristes venu visiter les merveilles de Syrinth... et nous apprécierions de rentrer dans notre village perdu en un seul morceau... de préférence sans ecchymoses...


Il s'arrêta, réalisant à qui il avait affaire. Le sentant également... Et se dit qu'il avait probablement parlé dans le vent depuis un moment... Il guetta tout de même une réaction, tous les muscles de son corps tendus vers la fuite. Il desserra légèrement sa main droite, devenue légèrement moite à force d'être trop serré et décolla les grains de sable incrustés dans les pores de sa peau.

 
Temia Kalavador

Le Matal 29 Marigar 1511 à 12h52

 
****
Le Tydale pressait le Mou fort dans sa main, l'empêchant presque de respirer. Se demandant si celui-ci ne le prenait pas pour un abruti, il lui décoha une baffe qui le mit KO pendant une minute. Puis, une voix, une petite voix :

Hé, l'ami ! Hum... Vous avez rencontré Apfel ? Désopilant, n'est-ce pas ? Ne le prenez pas au sérieux ! Il aime se donner une importance qu'il n'a pas... Après tout, ce n'est rien de plus qu'une boule de chair pensante, pas vrai ?

Non... il n'était quand même pas mauvais à ce point là... Mais si, mais si, c'était bien lui qui avait aidé la fugitive. La brute lâcha Apfel et s'avança du haut de ses deux mètres vers le pauvre Tchaë :
Oué?! Et m'est avis qu'ton truc là, l'est pas poli...

Un sourire édenté était apparu sur son horrible visage alors qu'il avançait à grands pas vers le Tchaë ; celui-ci se racla la gorge et relança le Tydale. Cette fois-ci, celui-ci le regarda d'un regard incrédule :

Des touristes?

Il éclata de rire, d'un rire caverneux et guttural et lâcha Apfel :

Elle? Cette catin, une touriste? Mouararf... Gamin ! Tu ne sais pas à qui tu as affaire...

Il en pleurait presque de rire.

Soudain, il s'arrêta, aussi brutalement qu'il avait commencé. Corléan était dos au mur dans la ruelle. Il jeta un regard tout autour de lui. Personne? D'un geste foudroyant, il fit apparaitre une arbalète de son dos et la pointa droit sur la poitrine du Tchaë :

Pour les bobos, j'promets rien. Mais on va attendre bien sagement qu'ta copine arrive. Désolé, petit, mais quelqu'un est prêt à payer très cher pour la récupérer.

****

Un ex, sans doute... Raltemiane ne put s'empêcher un sourire gêné à cette mention, et une goutte de sueur perla à son front. Cette journée avait si bien commencé, et là, ça tournait mal, très très mal. De quoi?

Très bien... Toi, restes-là, je vais le chercher. Je doute qu'il m'ait aperçu... Il semblerait qu'il n'avait d'yeux que pour toi... Un ex, sans doute, hein ?

Elle voulut le retenir mais il était déjà parti. Elle se rongea les pouces, en tournant comme ça pendant trois minutes. Personne ne faisait attention à elle. Kiavè ferma les yeux :
Kiavè dit :
Et maintenant?


On attend...

Elle réfléchit deux minutes encore, puis :

Et puis, S'sarkh, je ne peux pas le mêler à mes problèmes. Tu te souviens, de l'endroit où tu as laissé Apfel?

Le Mou acquiesça en silence, puis se posa sur l'épaule de Raltemiane qui partit en courant vers la ruelle désignée par Kiavè. Elle jeta un coup d'oeil au nom de la ruelle : "Le placide chatié"... Drôle de nom... Bon sang, que ça sentait mauvais. Deux rats se partageaient la carcasse d'un animal informe et le sol était humide couvert d'une boue informe. Dur de croire qu'il s'agissait toujours de Syrinth. Deux formes sombres plus loin. Corléan... Bon sang... Or'dovan avait sorti une arbalète et la tenait d'une main pointée sur la poitrine du Tchaë. Raltemiane se cacha dans l'embrasure d'une porte en bois humide de la ruelle et se prépara à agir en se maudissant, en maudissant le jour où elle était allée vers le Tchaë.

Kiavè dit :
Non!!! Tu l'as juré ! Lâche ce couteau ! Les Ombres te l'ont fait jurer ! Tu ne tues pas sans autorisation.


Raltemiane regarda le mou, incrédule. Oui. Elle l'avait juré. Et puis... Un sourire vint illuminer ses lèvres. Un sourire mauvais. Pour qui se prenait Or'dovan? On était à Syrinth, pas à Zarlif... Les Terriers... Ils ne bénéficient probablement pas de la protection que dans la Glorieuse. Elle se recroquevilla dans l'Ombre et envoya un message télépathique à Corléan, simple, silencieux et doux, pour ne pas le troubler et lui donner un air suspect aux yeux du Tydale patibulaire face à lui.

C'est moi. Je suis proche. Je vais sur le consensus réclamer de l'aide. Le rameau de brume. Survis...s'il te plait...

Un souffle de vent dans la rue qui fit voler les cheveux de la Tchaë au vent...

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Corléan

Le Matal 29 Marigar 1511 à 14h13

 
Payer cher ? Zut de zut... Voilà bien sa chance. Il n'ignorait pas que Temia avait trainé dans des trucs pas très net et s'en moquait, mais il ignorait que les conséquences de sa fréquentation allait lui tomber si vite sur le coin de la gueule. Au moins, il avait récupéré son mou... Et se retrouvait menacé d'une arbalète. Dos au mur et à bonne distance du tydale, il ne pouvait ni utiliser son coutelas, ni son plan B... Quand bien même il aurait pu, vu comme il était dégourdi avec les lames, il n'aurait probablement que mis en colère le bonhomme. Quant au sable... eh bien, il avait quand même un carreau pointé droit sur son cœur. Le genre de truc qui empêchait les mauvais tours.

Une amie ? Voyons ! Si vous parlez de la demoiselle à qui j'ai apporté une main secourable, je tiens à vous le dire tout de suite : c'est une parfaite inconnue. Je n'ai fait que lui venir en aide parce qu'elle était par terre et blessée, et si je l'ai emmené, c'est parce que... je suis du genre phobique. Le sang, les germes... J'ai pensé qu'il valait mieux qu'elle aille voir un docteur.


Apfel était à présent de retour sur son épaule, reprenant ces esprits de l'aventure qu'il venait de traverser. Corléan eut une pensée compatissante avant d'en avoir une pour lui-même. Il était pas sorti de l'auberge... Justement. L'auberge, il aurait pas du en sortir ce matin...

Je vous ai donc exposé la situation... Je doute vraiment que cette jeune femme ne vienne à ma rescousse... Si tant est qu'elle fut celle que vous pensez qu'elle était... Après tout, y avait du monde dans cette rue... Peut-être pensez-vous avoir vu quelqu'un qui n'y était pas ? Ou pas, hein ? Ne tirez pas, surtout !

Ultime coup de bluff de la part de Corléan, il allait jouer son va-tout. Heureusement, il n'avait pas à feindre la peur. Si avant de venir, il était à deux doigts de se faire dessus, il se demandait à présent par quelle miracle, son pantalon était toujours intact. Sa chemise en revanche... était couverte de sueur froide.

Vraiment, je vous dis la vérité... La plupart des gens disent la vérité quand ils sont menacés par une arme, non ? En tout cas, c'est mon cas... Je n'ai aucune raison de protéger quelqu'un que je ne connais... Si vous voulez la trouver, vous devriez aller voir du côté du dispensaire... Elle y est peut-être encore...

 
Temia Kalavador

Le Matal 29 Marigar 1511 à 15h25

 
Bien, Corléan. Un joli réflexe, songea Raltemiane
***
Le regard incompréhensif du Tydale se plongea dans les yeux du Tchaë.

Phobique? Germes? De quoi tu causes, toi?! Un docteur?

Il jeta un regard mauvais à Apfel. Il n'aimait pas ce petit truc vert. Ça bougeait, c'était lourd et c'était rond... Il n'était pas très brillant, mais doué d'une intuition puissante. Aussi, il leva son arbalète entre les deux yeux de Corléan : il était en train de lui raconter un beau gros bobard.... compliqué, mais ses multiples hésitations, la sueur qui coulait à flot, cette panique monstre... du côté du dispensaire, hein?.. Il ne causerai pas... non, il ne causerai pas... et si il le laissait en vie, seul, libre, il pourrait filer à la Confrère, et ça, non... Il leva la tête vers Apfel et avec un sourire mauvais, murmura :

Toi, l'truc vert, tu m'as l'air d'pas être une bille. Tu vas aller m'chercher cette sale trainée... là tout d'suite.

Il planta son regard devant les yeux de Corléan et lui hurla au visage :

Et si il revient pas avec elle, je te jure, qu'ta tête sera la première qui saut'ra de ma main à Syrinth!!!
***

Raltemiane déglutit. Non. Cela ne devait pas être. Elle prit son arc et encocha une flèche. Des images lui revenaient en tête. La sérénité s'en allait.

Kiavè dit :
Temia...


Jamais... je ne me rendrai coupable de ça. Je préfère encore le tuer.

Elle s'accroupit et tira la corde de son arc. Le craquement progressif du bois qui se courbait et de la corde qui se tendait... Ce bruit n'était pas si discret. Or'dovan tourna la tête lentement vers elle.

Une larme coula de son oeil :

Plus jamais...

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Egone

Le Merakih 30 Marigar 1511 à 10h30

 
Un son. Tagada!
Un instant très lointain.
L'instant d'après, juste au coin de la rue.
Deux chevaux au gallop sur la chaussée.
La foule qui s'écarte, les regards qui se tournent.
Un binôme de Milicien débarque Rue du Placide Chatié.
Ils ne vont vers personne en particulier.
Et sont habitués à ce que leur seule présence suffise à calmer les ardeurs.
Du moins, si il y a quelques ardeurs à calmer.

Y en a-il vraiment?
Ce tydale, à la stature solide, avait eu l'air sérieux lorsqu'il les avait informé.
Un peu vieux pour être Bailli. Symbiosé qui plus est.
Mais le Chef avait l'air de le connaître. Un ancien de Syrinth.
Alors les deux miliciens s'étaient élancés sans trop hésiter vers leur travail.
Ils devaient y trouver deux tchaë, menacés par un Tydale.
Si peu d'information. Si peu d'importance.
En effet, dès leur arrivée, la scène du drame se détache du décors.
Ils sont là. Deux se tiennent en joug. Le troisième est au milieu.
Qui va tirer sur qui?
Qui veut tuer qui?
Qui veut mourir?

Les miliciens -un jeune tydale et un nelda au pelage grisonnant- ne se posent pas la question.
Normalement, leur simple charge à cheval ferait effet sur les protagonistes.
Normalement...


 
Shaggar'n Schär

Le Merakih 30 Marigar 1511 à 10h58

 
Sorti de la pénombre, une ombre se détacha et lécha les pierres de ce sol dallé, précédant un homme au regard vif et à l'allure quelque peu désabusé. Le suivant alors, plusieurs tydales et un tchaë portant des uniformes de la garde l'accompagnaient. Ils étaient en tout au nombre de quatre.

Jaugeant du regard les divers protagonistes qui semblaient se menacer avec moultes politesses, il se mit alors à parler d'un ton calme et détaché, qui était cependant chargé de sens.


- Bien ... Comme je n'ai aucun moyen de savoir qui a commencé, je suis tenu de vous arrêter. En premier lieu pour vous dissuader de faire des moulinets rocambolesques avec vos cures dents et en deuxième lieu pour démêler ce sac de noeud. Et pour ceux qui auraient l'idée de ne pas coopérer, sachez que rien que mon déplacement équivaut à des sacrées emmerdes pour tous ceux qui ne jetteraient pas leurs armes scéance tenante.




Je suis Shaggar'n Zhand'r Schär et l'Equilibre est ma Nation.
La Voie est la Déesse et et la Nation est mon Coeur.

 
Temia Kalavador

Le Merakih 30 Marigar 1511 à 17h14

 
Raltemiane souffla. Ouf, ils étaient arrivés. Ils étaient sauvés. Elle reconnut à la voix le hobereau qui l'avait accueilli lors de son arrivée sur le Consensus. Les mains tremblantes, elle lâcha son arc et sa flèche et cette fois ci se laissa aller aux larmes pour de bon. Puis, avec un sourire plein de soulagement, elle murmura :

Heureux de vous voir, monseigneur Shär. Vous arrivez à point nommé...

***

Plusieurs miliciens, deux à cheval, la partie s'annonçait très difficile. Encerclé, il était encerclé. Il avait Corléan au bout de son arbalète. Raltémiane était à genoux, dans la rue sans défense... Il se mordit le bout des lèvres. Comment étaient-ils arrivés si vite. Comment? Et cet homme au regard d'acier qui portait cette... toge? Or'dovan savait une chose. Si il était attrapé, il ne ferait pas long feu aux mains de la justice de l'Equilibre à cause de son lourd passé. Il devait fuir. Par où? Comment?...
Ne cédons pas à la panique, il devait prévenir son maître. Subrepticement, il laissa tomber quelque chose de sa poche et l'écarta d'un geste nonchalant du pied. Bien maintenant fuir. Mais avant. Il redirigea son arbalète d'un geste foudroyant vers Raltemiane et appuya sur la détente, comme ça sans sommation, sans un mot ;

***

L'impact projeta la Tchaë à deux mètres. Ses côtes le carreau traversa les côtes sans aucune difficulté et Raltemiane atterrit face contre terre dans la boue

***

Douleur, souffrance, douleur, mal, douleur... mal, faible... Kiavè... Kia...vè...

Kiavè dit :
Temia?.. Tem?.. Reviens.... Rev...


Le trou noir... La respi...ra..tion lui man... quait.

***

Sans prendre la peine de regarder, Ordovan bondit derrière Corléan, et brandit un gros couteau au dessus de sa gorge :

Ecartez-vous. Où alors, ce s'ra son sang qui pleuvra sur l'pavé c'te fois.

Il suait à grosses gouttes, mais ne pouvait pas cacher son sourire... Le sourire de celui, qui venait d'accomplir un rêve. Bien. Ne restait plus que la fuite. Il ne se doutait pas que cela serait à ce point compliqué. Il lança un regard de défi au hobereau... Mais avait oublié que deux cavaliers étaient en train de le charger...

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Corléan

Le Merakih 30 Marigar 1511 à 20h52

 
Tous les évènements s'étaient enchaînés très vite. La menace du tydale, l'intervention de Temia, l'arrivée des forces de l'ordre, et finalement... Sa prise d'otage. Temia gisait à quelques pas de là, le carreau fermement ancré entre ses côtes, du sang suintant de la plaie, se mêlant à la boue. Il espérait qu'elle n'avait pas un poumon perforé... Sinon, ça lui ferait un mal de chien. En pensée, il avait ordonné à son mou de se téléporter à ses côtés. Même s'il n'était pas doué pour le réconfort, une présence amicale lui serait bénéfique.

La lame s'enfonça légèrement dans la chair de sa gorge, le ramenant à une réalité très inconfortable pour lui aussi. Il se maudissait de n'avoir pas saisi sa chance de prendre ses jambes à son cou un instant auparavant. Il avait vu une ouverture, lorsque détournant la tête vers Temia, le tydale s'était légèrement détourné de lui et que le carreau était alors pointé vers le mur derrière lui. Il aurait alors pu sortir son coutelas, l'estropier et lui souffler la poussière dans les yeux. Mais il avait hésité, et avait éprouvé du soulagement en voyant arrivant les renforts...

Est-ce que c'est, hum, vraiment nécessaire ? J'imagine que oui... Sinon on en serait pas là, hein ? M'enfin bon, maintenant qu'on est là, autant que je te le dise... Tu pues vraiment mon gars. Apfel avait tout à fait raison... Non mais sérieusement ? T'as jamais entendu parler d'un truc sympa qu'on appelle le savon ?

Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait dit ça... Sans doute, un désir subconscient que le preneur d'otage perde la vie après avoir pris la sienne. Et puis, il mit le doigt dessus. Il était pratiquement certain de s'en sortir. Même si il mourrait, mais il avait quand même envie que l'autre périsse. Réfléchissant un peu plus, il réalisa autre chose. Le type cherchait Temia mais avait préféré lui tirait dessus, quitte à la tuer que de la laisser s'échapper... Et il semblait ignorer tout des mous. Ce qui voulait dire que, s'il la croyait morte, son maître aussi... Pour le coup, il ne savait pas s'il devait continuer sa bravade, où espérer que Temia rende son dernier souffle sous les yeux du bonhomme... Et qu'ensuite il puisse s'enfuir.

Son regard fut attiré par le hobereau qui avait pris la parole : un symbiosé à en juger par le mou. Puis, entendant le son particulier d'un cheval battant le pavé, il en aperçut un second. Avec fatalisme et ironie, le tchaë pensa pour lui-même "c'est à vous de jouer, les gars !"

 
Temia Kalavador

Le Julung 7 Astawir 1511 à 17h22

 
Kiavè dit :
RALTEMIANE !!!

Elle pense, son esprit n'est pas encore éteint, pas encore... éteint...

*****
Hmm, petite boule? Veux... tu? Qui?..

Une silhouette dans son esprit, sombre avec des yeux fous. C'était-elle... Aux portes de la mort, elle la voyait... Pour la première fois.


Hahaha !!! Ne t'avais-je pas dit, petite, que c'était moi qui prenait les choses en main, non? Quand il y avait ce problème là, hihihihi!!!

Tu es bien sage pour changer... J'estime que je suis en droit de reprendre possession de ce qui est mien.

Or'dovan... Héhéhé !!! Voilà qui est intéressant... Laisse moi prendre les rennes... et je vais lui régler son compte, une bonne fois pour toute

(Une pause)

Non. Ecarte-toi. Temia... est faite pour ça.

Temia n'est rien de plus que mon pantin !!!

La voix était connotée de rage et de folie. Avant de s'estomper, Raltémiane murmura :

Tous les deux... vous êtes... mes ...pantins
*****

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Egone

Le Julung 7 Astawir 1511 à 17h53

 
Tout le monde attendait la charge.
Excepté qu'une charge sur un seul homme peut le tuer.
Lui et l'otage qu'il tient en joug avec un couteau.
Surtout que les deux miliciens étaient armés de lance.
Difficile de maîtriser l'impact surtout avec l'élan qu'ils avaient pris.
Malheureusement ils devaient tenter quelque chose.
Que l'agresseur offre lui même son dos était une opportunité.

Le nelda, plus expérimenté, fit un signe à son coéquipier.
L'autre changea sa course, tandis que lui fonça.
Il s'assurait ainsi d'avoir un soutien. Une deuxième chance.
Idée primaire, mais la seule qu'il eut dans le quart de seconde qui lui était imparti.
Et plutot que de mettre la pointe de sa lance devant, il la plaça à sa gauche.
Comme on prend un baton pour taper avec force.
Un bon coup sur la tête en chargeant juste à la droite de la cible.
Et si cela ne marchait pas, la deuxième charge viserait pour tuer.
Toujours à la tête. Car on était sûr que celle du tchaë ne s'y trouverait pas derrière.

L'exécution de la manoeuvre ne dura que quelques infimes secondes.
Où chacun avait l'impression de respirer son dernier souffle.
D'ailleurs, pour certains, c'était peut être le cas.
Le nelda arriva à la hauteur. Avec la vitesse, il n'aurait pas besoin d'appuyer son geste.
PAM! Le bois touche le crâne du vil tydale.
Et ce qu'il advint ensuite, l'histoire le révélerait très vite...


 
Temia Kalavador

Le Sukra 9 Astawir 1511 à 09h39

 
Le Tydale voulut réagir, mais n'en eut guère le temps. Le manche de la lance du Nelda lancé au galop lui heurta le crâne avec une telle violence qu'il fut projeté en arrière. Corléan sentit la lame s'enfoncer légèrement lui infligeant une blessure très superficielle avant que celle ci ne vole devant lui, lâchée par la main du malfrat assommé.
Le Tydale tomba à la renverse et s'écrasa tel un roc dans les eaux souillées de la ruelle. Il tenta de déployer ses forces pour se relever mais son regard était trouble, et l'obscurité le gagnait ; il se contenta de regarder Corléan avec un sourire signifiant que cette histoire était loin d'être terminée. Et pourtant, pour ce qui était de lui, elle l'était belle et bien. Il perdit connaissance sans même avoir eut le temps de dire un mot, de cracher sa haine.

***

Temia leva les yeux... Elle tourna avec douleur sa petite tête pour voir le Or'dovan au sol. Ses craintes refirent surface et si elle avait pu, elle se serait roulée en boule. Une vague de douleur la traversa et un filet de sang sortit de ses lèvres. Tout était plus calme. L'on entendait que les claquements des sabots des chevaux qui retentissaient dans l'air vicié de la ruelle malodorante. Elle se surprit à rire : non. Tout n'était pas saint à Syrinth. Avant de perdre connaissance elle se souvint que... et avec la force du désespoir, elle projeta une pensée vers Corléan, en Tchaë plus instinctivement que pour autre chose :

C...Cor!.. Toujours viv... bien... Khaira'ni... médecin.. place du marché...

Elle perdit de nouveau connaissance

Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Corléan

Le Luang 11 Astawir 1511 à 14h23

 
Corléan se retrouva entraîné dans la chute du tydale et alors qu'il reprenait ses repères dans l'espace, il se rendit compte de l'entaille à son cou. Superficielle, elle ne laissait couler qu'un léger filet de sang écarlate. Il se releva, fut tenté de donner des coups de pieds au tydale, histoire de voir s'il était bien K.O, mais se ravisa. En revanche, il devina plus qu'il n'entendit les mots que Temia prononça avant de perdre connaissance. Un médecin... C'était évident.

Il s'apprêtait à s'élancer quand il aperçu le cavalier qui l'avait sauvé du coin de l'oeil... S'il se rappelait bien, on leur avait demander de ne pas bouger. Son regard se porta sur les deux miliciens, notamment celui qui lui était venu en aide. Un nelda dans la force de l'âge... Et vu comme il avait géré l'affaire, il n'avait aucun doute qu'il était expérimenté. Sa reconnaissance envers lui aurait pu se manifester par de la jubilation enfantine. Mais il ne parvint qu'à un léger hochement de tête et un rictus qui aurait pu passer pour un sourire. Levant un main hésitante en direction de la place du marché, Corléan jeta un regard à mi-chemin entre la supplique du chien battu et la surprise du léger crétin.

Je... peux aller chercher un docteur ?


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