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Le Merakih 19 Jangur 1511 à 20h03
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| Le jour faiblissait tandis que le troisième se couchait.
L'obscurité s'étoffait sous les arbres du jardin.
On discernait toutefois toujours les dalles étranges de la Terrasse.
Il n'y avait ni structure, ni maison. Simplement un dénivelé. Une position légèrement sur-exposé.
La vue d'ici s'ouvrait sur la verdure régnant autour du Temple.
Quelque tables, des bancs. Du bois blanc. De confection modeste mais soignée.
Un lieu privilégié des priants, durant la journée.
Désertée après les Prières de Silith.
L'espace dallé n'était pas très grand.
Quand il eut dépassé le grand chêne, Egone remarqua celle qui l'attendait.
Il s'avança d'un pas léger, tranquille. Dans une toge grise.
Les mains jointes, cachées par de très larges manches.
La symbiosée n'avait aucune idée de la raison de ce rendez vous.
Pourtant, elle avait immédiatement accepté.
Le caractère péremptoire de l'invitation n'avait laissé que peu d'option.
Sans doute avait elle réfléchi aux intentions du vétéran.
En fait, sur la Terrasse, elle n'avait eu plus que cela à faire.
Imaginer. Anticiper.
Même le pire?
Le tydale arriva à quelques mètres puis s'arrêta.
Il la scruta, pas vraiment pressé de dire ce qu'il avait à lui dire.
Une jeune équilibrienne que cette Lyséa. Déjà un pied dans la Justice.
Elle n'en est pas moins démuni d'un certain charme.
Outre la fraîcheur de sa jeunesse.
De plus, elle avait soigné son allure. Peut être pour faire bon effet.
Pour adoucir l'Egone. Ses pensées couvaient une certaine rage.
Trompeuse, peut être.
Certainement d'ailleurs, à en juger le visage serein qu'il affichait.
Les paroles des initiés l'avaient probablement apaisé.
A moins que...
Tu es venue.
C'est une bonne chose, nous avons à parler.
Sais-tu à quel sujet?
Tu dois bien avoir une idée...
Son regard ne lâchait pas Lyséa. Ni désagréable, ni malsain.
Au contraire. Il n'avait pas l'air d'avoir de mauvaises intentions.
Et savait où il voulait en venir. Entendre ce que la jeune fille avait imaginé.
Etrange question, en fin de compte.
Tandis qu'elle l'observait, les manches de sa toge remuèrent.
En dessous, Egone déplaçaient ses mains.
Et on aurait juré qu'il tenait un objet dans l'une d'entre elle.
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Le Merakih 19 Jangur 1511 à 22h39
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| Le temps s'écoula lentement et Lyséa, attendant son homologue, se mis à réfléchir sur le but précis qu'Egone à fomenter.
Pourquoi une telle demande de sa part,
Veut il clarifier son retour mais pourquoi avec moi une simple bailli,
Une oreille attentive?
Demander de l'aide, en quoi pourrais je lui être utile, accéder rapidement a son ancien grade avec mon aide?
Des excuses sur notre antépénultième discussion mentale?
Les charmes d'une jeune tydale?
Perdue dans ses pensées, ses rêves inaccessibles, Lyséa sursauta quand le son de la voix d'un tydale l'interpella d'une étrange façon.
Ni un salut, pas un compliment, juste des mots enchaîner ici et là jeté sans une once de plaisir.
Malgré la pénombre naissante de ce début de soirée, Elle leva vers lui ses yeux carmins et pu enfin scruter le visage buriné de l'ancien « Egone »,
C'est un plaisir de vous voir en vrai et non pas par l'intermédiaire de missive ou de pensé
*** Puis voulant répondre a l'injonction du bailli, elle renchérie. ***
Pourquoi un tel rendez vous, ma foi j'avoue que je n'y ai pas vraiment réfléchie mais vous allez certainement me l'expliquer.
La justice est l'amour guidée par la Dame. | |
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Le Julung 20 Jangur 1511 à 09h27
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| *** Le scintillement de la lune sur la dague,eut pour effet de crisper la tydale.
D'un geste vif, elle fit un pas en arrière pour se permettre de courir si le besoin s'en faisait sentir.
Lyséa fixa le regard indéchiffrable de l'ancien sans une once de peur, un regard glacial calculateur qu'il lui avait maintes fois permis de rester entière dans les bas fond de la Sainte. ***
En un instant elle calcula ses différentes options pour sa sauvegarde
Course, pujilat, appel à l'aide...
De nombreuse porte de sortie lui était offerte.
Au vu des scénarii possibles, elle se détendit légèrement.
Il fallait reprendre l'avantage passé le moment de la surprise, il avait réussi son entrée, à la jeune fille celle de la sortie.
Nerhe, soupira t'elle
Enterrer un différent avec une dague cher Confrère, j'avoue ne pas comprendre l'utilité d'un tel objet ici.
Charmez moi, d'un ton de prédatrice, je suis toute ouïe....
La justice est l'amour guidée par la Dame. | |
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Le Julung 20 Jangur 1511 à 12h51
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| Ces yeux.
D'une beauté hostile.
Prête à jaillir et à déchirer. Détruire.
Ce léger pas en arrière, ces mots comme un bouclier.
Il avait suffit d'une dague à Egone pour dénicher sa proie : la méfiance.
Elle se nourrissait de l'ignorance, de l'anonymat.
En un instant, l'ancien Hobereau s'était changé en assassin.
Mais était-ce là la vérité?
Une dague ne fait pas mal. Elle tue.
Hors, tuer, pour quel motif?
Le visage du tydale se radoucit un peu plus encore.
Lyséa ne sut d'ailleurs pas exactement à quoi il répondit ensuite.
Au sujet de l'arme ou du charme...
Chaque chose en son temps.
N'aies crainte.
Et il posa la dague à coté du parchemin, d'un geste simple.
Comme si ce n'était finalement que son intention d'origine.
Se redressant, il afficha un air paisible.
Puis sourit, légèrement.
Tu es si méfiante.
Ce peut être une qualité. Ici c'est un défaut.
Ceux qui t'ont formé ont oublié d'affûter ton bon sens.
A moins que tu ne l'ais volontairement enfoui.
Quelque part...
A nouveau, son regard fouilla la silhouette de Lyséa.
Comme si sa personnalité s'y lisait.
Cette fois, ce fut Egone qui soupira.
Son ton était calme, doux.
Je n'ai aucune intention de te mener la vie dure.
Les principes de la Dame nous lie bien plus que cette...chose.
Cesse de me traiter en étranger. Ainsi, je te traiterai en égale.
L'entrée en scène avait amorçé une tendance.
Celle ci s'inversait. Au fil des secondes.
La Chose dont il parlait : la télépathie.
Ils allaient devoir travailler ensemble.
Il ne l'avait pas dit, pourtant Egone avait clairement songé au "lien".
La jeune Grise faisait preuve de coldochure. A tort ou à raison.
L'Ancien cherchait simplement à l'apaiser.
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Le Julung 20 Jangur 1511 à 18h03
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| Egone sourit au lapsus volontaire de la jeune fille.
A moins que le Perdu ne se soit Pendu, durant son absence.
Tout était possible, l'ancien Hobereau découvrait les Changements peu à peu.
Dans ses souvenirs, cette Terrasse, sans être galante, était tout ce qu'il y avait de plus agréable.
Son nom lui venait d'un priant qui passait ses heures à contempler le Jardin.
Il y voyait la Dame, disait-il.
Un matin, il avait disparu.
On installa des dalles, quelques bancs.
Et vinrent se recueillir ceux qui voulaient aussi "voir".
En une époque encore plus ancienne que ce vieil Egone.
Je te crois.
Puis il prit place sur le siège que lui désignait Lyséa.
La conversation commençait seulement maintenant.
Il est des choses que je discerne assez mal.
Cette nouvelle ère, ces Changements.
Si j'en fus les racines, tu en es le fruit.
Et lui s'intéressait visiblement à la sève.
Malgré l'obscurité, ce rendez vous se déroulait sous de meilleurs augures.
Le calme alentour, le bruissement des feuilles, le ton conciliant d'Egone.
Ils étaient là pour échanger. Peut être seulement des mots.
Peut être plus.
Mais jusque là, que t'a t-on appris, jeune fille?
Les mots de l'ancien était lourdement pesé.
D'une certaine manière, il parlait de tout et de rien.
De la vie de Lyséa. De ce qu'elle avait appris partout et nulle part.
De par sa famille.
Ou l'administration du Sourd.
Et surtout à travers la Déesse.
Du moins, l'interrogation pouvait être perçue sous ces différentes facettes.
Sans précision, l'interprétation était permise.
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Le Vayang 21 Jangur 1511 à 09h51
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| Pourquoi tant de question,
Que voulait dire cette mise en scène,
L'ancien se voulait souffleur de sa propre pièce, métronome de la rencontre, chef d'orchestre,
ou tout simplement hobereau,
Il traitait Lyséa d'adolescente alors que sa vie devait être aussi rempli
Mais soit, elle devait jouer le rôle qu'il lui avait orchestré.
Des traités naturaliste et sur la botanique, c'est une excellente idée à laquelle je n'avais pas songé, Derrhyn de vôtre précieux conseil.
*** Elle regarda Egone, s'élever, majestueux,sur de tenir là une jeune proie dans ses serres. ***
Puis d'un silence presque religieux,
La Dame nous donne tout et nous reprend tout,
La Dame fait et défait à son aise,
Elle est l'équilibre qui nous régie, nous réconforte et nous guide,
Elle nous permet de nous sustenter physiquement et spirituellement,
Elle nous mène sur le chemin de la rédemption,
Nous qui avons fauté,
Nous qui devons nous améliorer,
Nous qui devons progresser,
Ses bienfaits sont présents autour de nous et dans nous,
Et beaucoup d'entre nous ne s'en rende pas compte en dénaturant ses présents.
Un signe, un rêve c'est de là que m'a vocation est née cela peut vous sembler puéril de le dire mais je voue ma vie à la Dame, à la sauvegarde des faibles contre les forts.
Je veux être la voix qui défendra le juste
celle qui punira le monstre,
celle qui défera l'injustice,
*** Lyséa avait dit cela sans prendre une respiration prise par la passion de son monologue. ***
Désolé, je me suis quelque peut emporter. tirant rapidement sa langue sur le haut de ses lèvres
La justice est l'amour guidée par la Dame. | |
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Le Vayang 21 Jangur 1511 à 20h10
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| *** Pensive, ***
De la peur j'en avais avant,
Frileuse d'une vie dure et non désirée.
Puis un cadeau, une renaissance,
Entendre d'autre voix tantôt chaleureuses, tantôt haineuses, sages ou sacrées,
Comme un secours, un réconfort quand les châtiments se faisant plus pressant,
De la peur, dis tu?,
Moi je ne ressent que compassion et amour.
Oui, la bête immonde a frappé
Oui, la glorieuse a chu
Oui, l'immondice a été réduit à néant, et les étoiles s'en sont inclinées
Oui , la souffrance est présente maintenant
De cela je ne vois que l'espoir, ne ressant que l'espoir, et n'entend que l'espoir.
*** Lyséa se leva lentement de sa chaise et vint se placer au coté du tydale
Les yeux embuées, elle renchérie ***
Mais nerhe, pourquoi voir la peur dans leurs pensées,
La peur c'est le passé
Le présent notre indéfectible foi,
Et l'espoir c'est l'avenir
Cependant je vous concède un point, la peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur.
Egone parle moi de tes craintes?
La justice est l'amour guidée par la Dame. | |
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Le Sukra 22 Jangur 1511 à 01h03
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| « Il n'y avait pas de peur. Seulement l'espoir. » Que de pureté dans ces mots.
Malheureusement la jeune fille avait très vite oublié.
Sa propre méfiance à l'égard d'Egone.
Celle que son Hobereau lui avait transmise.
Et que lui même tenait du Sourd.
Ou de la Symbiose.
Car les autres télépathes n'étaient pas en reste.
Avant de venir ici, le vétéran avait longuement sondé les esprits.
Les pensées qui s'envolent.
Et aussi celles qui se gravent.
Les chevaucheurs se mélangeaient aux Initiés.
Baillis, Mornes et Ombres se retrouvaient cloîtrés. Tous devenaient Muets.
Les surveilleurs traversaient les flux comme ils franchissaient le Mont des Deux. Sans retenue.
Elle existait cette peur, de se livrer à tous ces symbiosés. A tous ces inconnus.
Pourtant, c'était quelque chose de bien pire qui planait .
Un espoir derrière lequel se cachait le fatalisme.
L'ignorance donnait l'illusion d'un sursis.
Un destin difficile à comprendre, à appréhender, à lire.
Impossible à controler. Il en devenait contraignant.
Ce monde dans lequel vivait les Symbiosés étaient trop grands pour eux.
Comment y concilier l'Equilibre?
De là naissaient les solutions des extrêmes...
...alors que la jeune fille pensait bien faire en s'approchant, le visage du mâle se ferma.
Et lui offrait un peu de philosophie et une écoute.
Mais Egone cherchait à savoir, à ressentir.
Il menait une enquête et cette piste échouait.
Toutefois, il ne tenait pas à faire une remarque à Lyséa.
Au contraire, elle avait amorçé un mouvement, sans l'encourager, il le ponctua.
Ma seule crainte est de ne plus être moi même, jeune fille.
Car cela signifierait qu'il ne pourrait se défendre.
Et honorer l'offrande de la Déesse.
Les Changements étaient si profonds.
Ils pouvaient l'affecter.
Egone expira bruyamment cette idée.
Puis, ce vieil animal se leva.
Il la regarda, lui adressa un sourire.
Viens, nous allons vérifier quelque chose.
Aussitôt, il s'élança hors de la Terrasse.
Dans l'herbe du Jardin, mais surtout la pénombre.
Ce chemin là au moins, il le connaissait.
Avant de partir, il avait ramassé la dague et le parchemin.
Sur lesquels la jeune Baillie n'avait plus porté d'attention.
Pourtant, ils étaient peut être le fil qui allait guidé cette nuit. | |
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