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Jardin de la Dame Grise

Méditations du retour

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Sujet lancé par Hirvane Tuek
Le 16-10-1510 à 21h02
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Posté par Eska'oach,
Le 18-11-1510 à 20h01
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Hirvane Tuek

Le Sukra 16 Otalir 1510 à 21h02

 
*** Second thème d'Hirvane : twilight in Equilibrium.

***


Du sable s'écoulait sans cesse de la manche fripée. Le temple était assez silencieux pour qu'on parvienne à distinguer sans peine le choc des grains qui se répandaient sur le sol glacial.

La fatigue tiraillait le serviteur de la Dame. Arameth et ses sables n'avaient pas été généreux avec lui. Le voyage de retour fut péniblement long, si bien que les doutes avaient investi ses pensées quand au final, personne ne savait si la menace ardemment combattue avait été définitivement écartée.

La forêt était encore là. Le temps qu'il parvienne à la Sainte, elle l'avait a guéri des maux infects qui lui avait pourri le coeur, le coeur lourd de combats vains et de pensées confuses, cassé par le doute.


***
Une image fugace de la forêt maudite de Lerth lui revint à l'esprit.



Il comprit pourquoi : pourvu que jamais l'Hatoshal, écrin parmi les écrins de ce monde, ne connaisse le même sort.
***


Il s'avança dans la pure lumière en tant qu'humble équilibrien, lassé par la tournure des évènements, dépassé par la complexité de l'histoire en marche. 

Il déposa négligemment son lourd bourdon de combat à l'entrée du temple, son casque de honte, ne gardant que le lannë et la cape de la grise. Avant de prendre un bain et de dormir...


...Il ressentit le besoin d'être seul dans la quiétude du temple. Il ressentit le besoin de méditer, d'atteindre la communion avec le silence lui-même, un don de la Dame toujours apprécié.

*** Ces méditations-là, il les garderait pour lui et la Dame. ***


***
Je doute.

Je doute de ce que j'ai vu à Arameth.

Je ne sais pas ce qui s'est réellement passé. J'ai cru que nous avions gagné, est-ce vraiment le cas ?

Servir une cause et ne pas connaître son issue, c'est un peu stupide non ?

Pourvu que je ne me sois pas trompé.

Et si je me suis trompé, pourrais-je être pardonné ?

Qu'avons-nous ouvert durant ces deux minutes où la fin du monde était proche?

On pourrait dire que rien n'a changé. Pourtant quelque chose a changé. Un bien ou un mal. Voire un nouvel équilibre, une nouvelle donne pour ce monde.

Les signes m'échappent...

***


*** Le tydale restait assis sur un banc, la tête dans les mains, se retournant la tignasse et se grattant la barbe des derniers jours. ***


*** J'ai survécu. ***


 
Eska'oach

Le Dhiwara 17 Otalir 1510 à 23h06

 
diamine dada dit :
Il ne faut pas faire de bruit !


Eska'oach s'arrête un instant devant le grand bâtiment fait de pierres grises et blanches. L'endroit semblait calme et accueillant et c'est pour cela que le tydale avait été intrigué. De plus, la structure s'imposait par sa taille, mais aussi par sa beauté. Cela faisait déjà plusieurs fois depuis qu'il était arrivé à Syrinth qu’il eût pu se repérer dans le dédale des ruelles seulement grâce à au sommet de l'édifice. Depuis quelque temps déjà, Eska'oach s'interrogeait sur la fonctionnalité de ce lieu. Tout ce qu'il savait, c'est que c'était un temple. Excepté le nom, il ne connaissait rien de cette notion, mais les gens semblaient avoir beaucoup de respect pour l'imposant édifice.


Pourquoi ça ? Et puis, je parle pas fort !
diamine dada dit :

Chut ! Dans un temple, on ne parle pas fort et on reste calme ! Tu n'as pas écouté les paroles de la tchaëe ?


Eska'oach se souvenait très bien de sa rencontre avec Laelieth, mais ses explications étaient restées floues.

Euh... oui. La dame tout ça, la destinée...

diamine dada dit :

Je vois. Tu peux entrer, mais tu la boucles !


Eska'oach fit la grimace, mais ne disait pas un mot. Il entra dans le bâtiment doucement, le dos courbé, la tête basse, tentant de se fondre dans le décor. Cependant, Eska'oach n'avait jamais fait de camouflage, cela se voyait : plus il voulait se faire discret et plus on ne voyait que lui.
Il passa le hall d'entrée sans s'arrêter. S'il avait connu les lieux, il se serait débarrassé de son matériel. Heureusement pour lui, il ne possédait rien de tout cela à ce moment-là.

Une fois entré dans l'imposante principale salle de l'édifice, Eska'oach fut émerveillé par la beauté des yeux. Il dut faire beaucoup d'effort pour ne pas crier de joie et de surprise. Gardant la bouche, ouverte, seuls ses yeux grands comme des soucoupes exprimaient sa fascination. Tournant sa tête dans tous les sens, il ne fit pas attention où il marchait et il percuta un pilier végétal de l'édifice. Grognant de douleur, il massa son nez endolori.


diamine dada dit :
Tu vas arrêter de faire le zouave ?! Assis toi là-bas et calme toi !


Le tydale eut la bonne idée de suivre les recommandations de son mou. Il s'approcha, le pas hésitant, près d'un des sombres bancs et il s'assit sur l'un d'eux, sans faire attention aux gens qui l'entouraient. Mettant ses coudes sur ses genoux, il prit son nez dans ses mains et murmura autant à la Dame que pour lui même, une demande beaucoup plus terre-à-terre que celle des autres équilibriens.


Pitié, faites que j'ai moins mal au nez.





 
Hirvane Tuek

Le Matal 19 Otalir 1510 à 21h28

 
Cependant qu'une faible agitation gagnait les rangs des priants, qu'un tydale se retournait le nez dans les mains, Hirvane restait prostré sur un des bancs encadrant le Saint autel. On le voyait éreinté par son retour en terre Sacrée. On le devinait murmurant de graves prières à l'adresse de la Dame miséricordieuse.

Klathu dit :
Même pas.


Oui, oui les signes m'échappent...

Je comprends rien dans cette affaire. J'étais aveugle là-bas.

Il s'est passé un truc.

... je me répète.

Je navigue à vue dans cette réalité, je comprends rien du tout.

La carte que j'ai tirée dans le désert... avant la bataille... c'était un signe non ?

La vérité.

Une réalité en vaut bien une autre.

Je veux m'imprégner des signes,
ô Dame,
ressentir l'extase de tes dons miséricordieux.

Je n'ai rien vu de particulier jusqu'ici.

C'est assez faux.


Klathu dit :
Ibérine Vulpinatère.


Il avala le champignon hallucinogène fraîchement arraché au terreau putride - ô combien fertile de l'Hatoshal. De ceux qui étaient présents dans les environs à cet instant, peu virent un tydale hirsute s'agenouiller aux pieds du Saint autel mais beaucoup l'entendirent prier à voix haute.

***

Je veux...

Me rapprocher de toi...

Dis-moi...



Mon corps foisonne de racines de-ci de-là,
Des racines réellement tourmentées de l'autre côté.
L'autre côté viendra demain ou dans pas longtemps,
Longtemps avant je le verrai.

Alors verrons-nous quelques signes aujourd'hui ?
Parce qu'aujourd'hui c'est encore un jour de lassitude.
Las est le mot.
Las qu'au bout de mes doigts jouent des fils d'acier,
Dont l'acier le plus affûté pourrait trancher le fil.

Qu'importe si tu écoutes ou non les mots qui me viennent,
Viens si tu veux mais laisse-moi poursuivre.

J'ai poursuivi la menace jusqu'aux sables brûlants,
Brûlant d'en finir avec la bête.
Arameth nous a fermé ses portes,
A nous qui portions un peu d'espoir.

L'espoir revient mais le mystère demeure,
L'ennemi se meurt avant de renaître.
Connaîtrais-je un jour la paix de l'âme,
Quand tous mes efforts tendent à survivre ?

Sur dix vies que je perdrais,
Je perdrai la onzième à mourir.
Mourir n'est pas mon souhait,
Je souhaite rencontrer la foi.


***


*** Priez avec moi mes kielnos. ***


*** Priez avec moi mes kielnas. ***


*** Rencontrons la foi. ***


*** à voix moyennement haute : ***


Que celui qui souhaite rencontrer la foi s'agenouille devant cet autel et communie.

 
Eska'oach

Le Sukra 23 Otalir 1510 à 15h06

 
La douleur finit par se dissiper et le tydale put cesser de tenir son nez dans le creux de ses mains. Quelques minutes s'étaient écoulées sans que l'on note une quelconque activité majeure dans le bâtiment. Fouillant l'endroit de son regard de naïf, Eska'oach ne put constater que la tristesse de l'ambiance. Il souffla assez bruyamment ; son regard vagabondait déjà vers la sortie. Malgré la beauté des yeux, Eska'oach s'ennuyait dans ce grand bâtiment austère. Il avait cru un moment que c'était le lieu de spectacles et de danses. La vérité était bien trop éloignée de ses rêves de fêtes.
Le libertaire était sur le point de partir quand le spectacle commença.

Un tydale costaud s'agenouilla devant une espèce de grosse de table qui semblait avoir de l'importance. L'incongru inconnu à la barbe se mit à parler avec ferveur. En une poignée de secondes, Eska'oach fut convaincu que le tydale était un comédien de théâtre et que celui-ci était en pleine représentation. Finalement, le tydale avait eu raison : c'était bien un endroit de spectacle et de divertissement.
Étant à moitié debout, il se rassit rapidement et écouta avec autant de ferveur que les mots qui étaient prononcés.

Eska'oach ne comprit pas tout, mais il en comprit l'essentiel. C'était vraiment étrange ! Il n'aurait jamais cru voir une représentation aussi bizarre. Le tydale déclamait si bien qu'on aurait cru qu'il était au naturel. Il regretta néanmoins le peu d'action. Quand ça parlait trop, il n'arrivait jamais à suivre ; c'était problématique lorsqu'on voulait suivre une histoire.

Le barbu se tut un instant et Eska se demanda si celui-ci en avait terminé. Bien qu'assez court, la représentation était de qualité. Ainsi, il aurait bien voulu applaudir énergiquement. Toutefois, le spectacle ne semblait pas fini. Il invitait des gens à venir !
Eska'oach regarda autour de lui ; personne ne semblait viser par ces derniers mots. Il devait s'adresser à lui. Le tydale s'approcha donc du comédien en gardant la tête basse et les mains devant lui, rajoutant une touche obscure au spectacle. Eska'oach pouvait faire le comédien lui aussi !

S'agenouillant à côté de l'inconnu, il prit la même pose que lui. Il sentait qu'il devait parler, mais il ne savait pas quoi dire. En fait, il s'interrogeait sur la foi. Qu'est ce que c'était ? Kiril n'en avait pas parlé. Ce ne devait pas être important. Par contre, Eska'oach voulait rencontrer des gens pour faire les nombreux jeux d'adultes décrit par son ami.
Maladroitement, il s'exprima avec le plus grand sérieux.


Moi ... je ne suis pas un tydale arbre. Je n’ai pas de racine. Et je n’ai pas d'acier non plus, je ne suis pas un guerrier... Il y a Silindë, qui m'a écouté, mais j'dois trouver d'autres gens pour cela. Ce n’est pas que je cherche la foi, mais je cherche des gens pour jouer à tout ses jeux compliqués. C'est mystérieux aussi ! J'ai de l'espoir pour tout ça, mais ça sera chaud... comme le sable. Par contre, j'ai qu'une vie, mais j'ne veux pas mourir aussi. Mourir, c'est moche.


Il ne s'était pas trop mal débrouillé en fait. Il regarda son voisin, sourit et lui dit :

Alors ? C'était bien ?!

diamine dada dit :
Oh le ... le bou ... let ...



 
Hirvane Tuek

Le Vayang 29 Otalir 1510 à 22h48

 
Le tydale à barbe ferma les yeux et marmonna deux mots. Il colla son front à la froide paroi de l'autel. Sa tête bouillonna, son corps trembla. Limite s'il n'était pas en train de craquer psychologiquement.

*** Il pencha légèrement la tête sur le côté, les yeux humides. ***


Non... Non... attends...

As-tu partagé avec nous la véritable passion ?

Celui qui s'agenouille ici ne doit pas avoir peur à mon avis. On peut se livrer à nu devant notre Dame de miséricorde ? Car tes prières seront écoutées. Tes feintes seront reniées.

Ton jeu doit être partagé pour être un jeu avec d'autres personnes.


Klathu dit :
... euh... ouais... vas-y... molo hein.


Même le vieux du deuxième banc à droite - qui fait semblant de pioncer, il nous écoute. Un peu de chaleur pour nous tous. Ne fais pas l'innocent papi.

Si tu n'as pas d'acier, tu es le forgeron d'un nouvel acier. Une âme d'acier qui saura trancher les ténèbres. Le guerrier ne connaît rien à l'acier.

Tu trouveras tes racines dans l'Hatoshal, l'honnêteté, le travail, le partage.



*** Les yeux humides. ***


 
Eska'oach

Le Sukra 30 Otalir 1510 à 17h20

 
Eska'oach pencha la tête sur le côté, imitant son étrange voisin. Les démonstrations de foi n'étaient pas faciles à comprendre et son mentor d'un jour était loin d'être très net. Comme à son habitude, le libertaire ne comprit pas tout. Il se retourna, l'espace d'un instant, pour observer le vieux tydale qui semblait dormir non loin. Ainsi, ce lieu était un endroit pour dormir ? À l'occasion, Eska'oach se promit d'y faire un somme. Pour l'instant, il n'avait pas sommeil.
Les mots tournaient dans sa tête, ça lui faisait presque mal. Il devait s'en décharger et il ne se fit pas prier.


La passion, c'est comment ? C'est être passionné par quelque chose ? Par quelqu'un ? Je sais pas si se mettre tout nu, c'est bien pour ceux avec qui on est passionné, c'est peut-être pas forcément très bien vu non ? Enfin, je sais pas moi.

Si vous voulez jouer avec moi, pourquoi pas. J'ai pas encore tout compris, mais j'apprends. Ça a l'air amusant. Maiiiiis.... je suis pas forgeron et puis, un forgeron, ça tranche pas les ténèbres. On peut pas trancher le noir. C'est comme trancher la lumière, on peut pas ? J'suis pas à l'aise avec des armes de toute façon, je préfère les trucs magiques.


Eska'oach se frotta les yeux, s'arrêta, se souvint de quelques choses, puis reprit d'un coup.

Mais... C'est quoi l'Hatoshal-truc ?


 
Hirvane Tuek

Le Sukra 30 Otalir 1510 à 19h19

 
Le priant se plaqua les bras contre le torse, gémissant et grimaçant de manière hideuse. Il tournait régulièrement sur ses genoux, tout ça pour se remettre perpendiculaire par rapport à la plaque tournante sur laquelle était fixée l'autel. Il prit chaque vitrail du Temple entre le pouce et l'index, tournant les pages du livre chatoyant, lisant le texte sacré à voix haute :

Tout est écrit ici. Livre-toi corps et âme à chaque chose délicate. Que tu sois nu ou non importe peu, car face à la Dame nous sommes tous égaux. La passion se donne à tous en égale mesure.

Ainsi tu mets enfin le doigt sur l'Hatoshal, toi qui découvres les merveilles de ce monde. L'Hatoshal touche à tout, à la vie, à la nature, à l'éveil des sens, au moindre rocher qui roule le long des pentes boisées.

Ce n'est pas un fantasme vain, c'est juste l'écrin qui cercle ce temple sacré dont nous ne sommes sûrement pas dignes. Que pouvons-nous face aux immenses forces naturelles, sinon nous agenouiller respectueusement, non, nous prosterner à quatre pattes en priant pour que notre salut arrive ?


Le barbu dément secouait la tête de droite à gauche, dans un mouvement elliptique qui témoignait d'une grande confusion. Il cherchait de toutes ses forces à sauver tout le monde, à stabiliser le Temple Sacré qui faisait maintenant des tonneaux en dévalant une falaise.

*** Tout était sans dessus-dessous ! ***


Aide-moi à retrouver la lumière ! Tu peux trancher les ténèbres en ouvrant ton coeur ! Trouve un point d'équilibre dans ce chaos. Tout arrêtera de bouger, tu trouveras la paix le temps de quelques secondes accordées par la Dame. Pour le moment aide-moi à stabiliser le temple, nom d'un chien, caresse les murs du regard, libère ta passion comme un torrent fougueux !

C'est l'instant de vérité !


*** Le Temple était fait de pierre. Rien ne bougeait autour d'eux - sauf le vieillard qui s'en allait. ***



 
Eska'oach

Le Dhiwara 31 Otalir 1510 à 16h37

 
Au secours ! Le tydale souffrait d'un mal inconnu. Le voir gémir ainsi était horrible. Sa souffrance semblait intolérable et son comportement était des plus étranges. Eska'oach regarda autour de lui un moyen de soigner son compatriote. Personne en vue, aucune médecin ne pouvait venir le soigner rapidement. Eska se souvenait des préceptes de son ancien mentor : lorsque l'on était victime d'un mal, les premières minutes étaient les plus cruciales. C'est ainsi que l'ancien avait appris des techniques de soin d'urgence à son élève. Pour une fois, il avait été satisfait de ce qu'il lui avait enseigné ; le disciple avait réussi à assimiler les connaissances sans trop de difficultés.
Toutefois, ce cours de soin était assez ancien et les connaissances du Tydale n'étaient plus aussi sûres qu'auparavant.
S'approchant doucement d'Hirvane, les mains levées, il rassura son patient.


Oui, oui ! Je vais t'aider ! Caaaaalme. Le gentil Eska est là. L'équilibre, c'est bien. Mais faut se coucher là. Ça bascule moins par terre. Lààààà. Voilààà. Comme ça. Soit en paix. C'est la Dame qui l'a dit. Et le Monsieur aussi.


Lorsqu'il fut assez proche, il attrapa Hirvane au col et le projeta à terre. Instantanément, il lui sauta dessus, plaçant ses jambes de part et d'autre de son bassin. Par quelques mouvements rapides, il déshabilla partiellement Hirvane afin de pouvoir mieux accéder à son torse. Faisant abstraction des paroles incohérentes de son patient, Eska'oach respira à fond, joignit les mains en poing au dessus de sa tête et s'arrêta de bouger une seconde.

Fixant Hirvane du regard, il murmura avec regret.


Désolé. C'est pour ton bien.


Le point s'abaissa brusquement vers le torse, le frappant brusquement ; heureusement qu'Eska'oach n'était pas très musclé. Il replaça ses mains en hauteur et il réitéra son geste en criant comme s'il voulait se justifier.

Massage cardiaque !

Eh oui ! Les notions s'étaient embrouillées ! Outre la manière originale de pratiquer son massage cardiaque, Eska'oach avait confondu l'évanouissement avec l'inconscience de type folie. Hirvane était loin d'être fou, mais pour ce brave tydale, la différence était souvent difficile à comprendre.


 
Hirvane Tuek

Le Dhiwara 31 Otalir 1510 à 17h49

 
Le tydale se laissa faire docilement lorsque Eska'oach le coucha sur le sol. Il ne gémit pas quand il se fit déshabiller. Il ne dit rien quand l'inconnu tendit ses deux poings au-dessus de son torse nu. Seulement, une timide lucidité parut émerger fugitivement de ses yeux troubles.

*** Hirvane avait atteint le point. ***

*** Le point où l'on se met à se rétracter dans un état second pour y réfléchir. ***


***


Syrinth.

Merde.

Je suis encore à Syrinth.

Chaque fois que je me réveille,
je crois que je suis de retour dans les sables.

Chaque fois que je lève les yeux,
les murs se sont encore rapprochés.

Pourtant je suis de retour dans les sables.
Et les murs ont disparu.

C'est la fin.

Je ne peux plus tenir ce poison.
Je ne peux pas m'échapper de toutes ces griffes,
de ces crocs,
de ces mandibules,
qui m'arrachent le crâne.

Qu'on en finisse.




Noooooooon !!!

NooooooooooooOOOoooon !!!

Arrêtez !!!

Lâchez-moi !!!
***


Faire un massage cardiaque avec ses poings, à genoux sur le torse dévêtu d'un vétéran d'Arameth - qui plus est complètement craqué aux champignons hallucinogènes, était sans conteste une action périlleuse.

Hirvane confondit son présumé sauveur avec une des morts fouisseuses de la bataille. Il prit le cou d'Eska'oach entre ses mains, puis commença à resserrer sa puissante étreinte, la bave aux lèvres et le visage crispé par la démence :


Tu ne m'auras pas.

Laisse Oda tranquille !

Tu ne m'auras pas. Je suis plus fort. J'ai survécu là-bas. C'était l'enfer. Je veux pas y retourner. Jamais. Je voulais juste distribuer du courrier comme chevaucheur mais non !

On reçoit jamais de lettres !

Elles sont où les lettres ?

Donne-moi une lettre que je dégage d'ici !


Il lâcha finalement son emprise, laissant le malheureux tydale reprendre sa respiration. Hirvane s'effondra en larmes sur les pavés glacials. Après avoir connu les affres de la mort et être revenu pleurer dans les robes de L'archonte, il avait connu l'horreur de la guerre et revenait pleurer devant un inconnu.

*** Hirvane était mal. ***


*** Il se recroquevilla sur le sol. ***


*** Fiévreux. ***


*** Puis il revint lentement en position assise. ***


*** Lentement. ***


Klathu dit :
...


Je ne suis pas digne d'être ici.

 
Eska'oach

Le Merakih 3 Nohanur 1510 à 18h23

 
Eska'oach suffoquait. La prise du chevelu était ferme et ne laissait aucune possibilité d'échappatoire au Tydale qui tentait vainement de desserrer l'étreinte avec ses propres mains. Surpris par la violence de la réaction, il n'avait pris conscience que trop tard de la situation dans laquelle il se trouvait ; on cherchait à le tuer ! On portait atteinte à sa vie ! On voulait le déposséder de ses années qu'il n'avait pas encore vécu ! Non, Eska'oach ne voulait pas mourir ainsi. Il avait tant de choses à vivre, à voir et à apprendre. Malgré sa volonté, il sentait ses chances de survie décroitre ; ses poumons étaient vides et son corps réclamait de l'air.
C'est alors qu'il vit défiler sa vie devant lui. : le Matriarcat et quelques souvenirs agréables avec Kiril, son arrivée dans sa nouvelle faction, les leçons avec son mentor, son arrivée à Syrinth, ses rencontres avec Nyrndî, Ariadne, Laelieth et surtout Silindë. Tous ces gens qu'il ne pourrait revoir, toutes ces leçons qui n'avaient servi à rien. Le tydale se sentait vide, prêt à accepter son destin.


diamine dada dit :

Hé ?! Hééééééé?!!! Fait pas le con ! Bouge-toi ! Ne crève pas comme ça ! Il faut vivre ! Bats-toi !


Non, c'était fini. Il ne pouvait plus rien faire. La mort l'attendait.
Oui ! Il devait se battre ! Il avait encore une solution : l'entropie !

Puisant dans ses ultimes ressources, Eska'oach concentra sa puissance dans ses deux mains qu'il tendit en direction d'Hirvane.

Il lui suffisait quelques secondes pour parvenir à ses fins et sa vie ne tenait qu'à un à fil. C'est alors que son agresseur le lâcha. Eska'oach respira à plein poumon une énorme bouffée d'air qui lui fit un bien fou. Sans qu'il s'en rende compte, sa magie décrut et la menace d'un sort entropique s'éloigna.

Il se laissa aller au sol, respirant tout son saoul. Le sort en avait décidé autrement et sa vie avait été épargnée. Il avait dû sans le savoir appeler à l'aide aux gens qu'il avait croisés et ces derniers avaient répondus avec force ! Oh oui, il leur devait la vie. Eska'oach se promit de leur faire un bisou de remerciement la prochaine fois qu’il les croisera.
Une minute s'écoula dans un silence seulement brisé par la bruyante respiration du Libertaire. Une fois que son souffle fut redevenu calme, Eska'oach se releva et s'approcha d'Hirvane. Ce dernier était dans un état lamentable. Il s'essaya à côté de lui, respectant une faible distance de sécurité. Il baissa la tête en le regardant et se souvenant de quelques bribes de son discours, il lui demanda.

C'est si terrible de distribuer des lettres ?


 
Hirvane Tuek

Le Julung 4 Nohanur 1510 à 00h36

 
Les larmes chaudes d'Hirvane Tuek perlaient sur un rideau de barbe et de cheveux gras. On ne distinguait plus clairement ses yeux. Il marmonna :

Surtout quand il n'y a rien à livrer.

*** Il eut un léger accès hystérique. ***


Merde, encore le vide. Je deviens fou. Je tourne encore en rond.


*** Sa voix... ***

Sa voix n'était plus qu'un filet indistinct dans le murmure ambiant, dans le bruit de fond, car imaginer l'extérieur redonnait aux oiseaux leur piaillement fugace. Ces murs n'étaient hermétiques ni aux prières, ni à la nature, ils concrétisaient la présence divine sans en souiller l'essence pure.

Vous auriez dû voir Arameth. Vous auriez compris pourquoi. Vous auriez réfléchi...

... et compris qu'un poussiéreux vous étouffe à l'évocation d'un démon qui l'possède.

Vous auriez vu le démon en lui. Et au bout du compte...

...

...


Vous n'auriez vu que lui.

 
Eska'oach

Le Vayang 5 Nohanur 1510 à 19h59

 
Tourner en rond sans bouger, c'est une étrange pratique. Eska'oach allait expliquer au tydale la manière de tourner en rond quand son mou le rappela à l'ordre brusquement.

diamine dada dit :
Arrête tes bêtises et occupe-toi de lui. Tu risques des problèmes.


Quels problèmes ? Le tydale ne savait pas de quoi il pouvait en retourner. Les problèmes étaient généralement ennuyeux et, quand c'est ennuyeux, c'est nul à vivre. Eska'oach reconsidéra ses explications ; elles n'étaient pas aussi vitales en ce moment.
Il devait donc aider son étrange voisin. Il fit un rapide récapitulatif ; le tydale semblait en proie à une crise étrange qui ne nécessitait pas de massage cardiaque. Il ne cessait de marmonner des choses incompréhensibles qui n'avaient véritablement aucun sens. Il devait surement divaguer. Avait-il de la fièvre ? Eska'oach en aurait juré que non.
Que devait-il faire pour arrêter cette folle maladie auto-destructrice ? Hirvane ne cessait de geindre et de pleurer. Il fallait le réveiller pour lui sortir ses idées tristes de la tête et Eska'oach n'avait qu'une seule bonne idée en tête.

Avec force, il gifla Hirvane.
Puis, il lui prit les épaules et le tourna vers lui afin qu'il puisse le regarder droit dans les yeux, déterminé à en faire peur.


Au diable les démons ! On s'en fiche d'Arameth ! On s'en fiche de ce qu'il s'est passé là-bas, car, maintenant, c'est fini ! Il faut arrêter de pleurer ! Sourire et rire, c'est beaucoup mieux ! Jouer, c'est plus agréable que se remémorer les choses tristes. Au lieu de conserver les souvenirs moches, fais-toi de beaux souvenirs pour les oublier. Tu pourras alors t'en rappeler avec le sourire et non avec les larmes !

Les démons, on s'en fiche ! On ne doit pas le regarder, il est moche, il a la tête à l'envers, c'est un idiot ! Le plus important, c'est toi, c'est moi, c'est soi-même. Quoi que fasse le méchant démon, il ne nous changera jamais. C'est juste un rêve pas vrai ! Un cauchemar alors qu'on ne dort pas !



 
Hirvane Tuek

Le Vayang 5 Nohanur 1510 à 22h48

 
La gifle ne fut accueillie que par un regard profondément indifférent à tout. A défaut de faire peur à un désaxé en puissance, la morale qui s'en suivit provoqua une moue réprobatrice. Tandis que l'ibérine vulpinatère finissait d'achever sa triste besogne...

Mais tu comprends rien de c'que j'te dis.

C'est comme si...


*** Il frappa plusieurs fois du poing sur le sol, se faisant mal au poignet au passage. ***


... comme si tu comprenais pas les images parce que là, bordel, là j'ai compris ça non ? Toi tu comprends pas ces choses. Tiens le démon. Le démon c'est toi, c'est moi si tu réfléchis. Le démon c'est l'horreur qui rampe, le truc qui dit que rien ne s'est achevé à Arameth.

Le démon me dit de trouver la vérité ailleurs qu'ici.

Pis qui a envie d'jouer maintenant ? Tu vas l'dire ça aux autres ? Tu comprends pas ça, le sable qui fouette le visage, qui colle à la sueur, la sueur qui tombe sur le nez, les veines taillées à coups de lames de rasoir au dessus des os éclatés.


Le récit du tydale était on ne peut plus vivant. Son état pitoyable accentuait l'expression dramatique. Son visage halluciné était parsemé de sable irritant, pour peu qu'on imaginait les dunes de la Perle écroulées sous le poids d'un titan.

J'suis pas digne d'être ici.

Tu comprends pas hein ? Que je suis plus normal. J'ai un démon de merde qui me colle. Il me rend fou, ou alors j'étais déjà fou. L'un des deux ça c'est sûr. Les deux en même temps si ça s'trouve.

Redevenir normal. Le pire c'est qu'une vie n'y suffira pas, qu'ça f'ra empirer les choses en plus.


*** Le tydale se releva sans prévenir, marchant d'un pas vif vers la sortie du Temple. ***


 
Eska'oach

Le Sukra 6 Nohanur 1510 à 22h14

 
Mais il ne comprenait vraiment rien, ce type ! C'était hallucinant ! Eska'oach commençait à se demander s'il préférait mieux l'euthanasier pour arrêter ses souffrances inutiles. Le tydale ne voulait pas revenir à la raison et il résistait à toutes les douces tentatives du libertaire qui manquait maintenant d'idée. Il ne savait pas ce qui s’était passé en cette ville d'Arameth, mais ça avait gravement atteint le cerveau du barbu. Tout cela pour distribuer du courrier, le prix de la course était cher payé. À sa place, Eska'oach aurait catégoriquement refusé d'amener du courrier dans ce patelin de dérangé. Et cette histoire de démon, c'était ridicule. Eska n'avait rien à avoir avec le démon ; il avait déjà du mal à savoir précisément de quoi l'on parlait.
En plus, si c'était horrible, c'était une raison de ne pas s'en préoccuper. Le tydale n'aimait pas trop les trucs horribles. Ça faisait peur, c'était moche et, parfois, il pleurait.
Il pouvait ne pas comprendre, tant que ça le protégeait des trucs pas bien, mais il n'aimait pas qu'on ne lui explique pas.


De quoi, je ne comprends rien ?! Arrête de dire des bêtises et de répéter et explique-toi ! Si tu es en sueur, va sous l'eau, ce n’est pas compliqué ! Le sable aussi, ça s'enlève. Faut pas être mage pour savoir ça. Après, si tu aimes marcher sur des ossements de souris, c'est ton problème. C'est lugubre ! Brrrrr, ça me fait froid dans le dos rien que d'y penser. Des os pas beau !

Eska tourna le dos à Hirvane en signe de mécontentement. À jouer au grand méchant, il avait fini par contrarier le libertaire pourtant assez difficile à contrarier.

Tu n'es pas digne d'être ici ?! Et bah, t'as raison ! T'es trop bizarre pour être amusant...

Soudain, Hirvane se leva et partit rapidement vers la sortie. Eska'oach ne le comprit pas instantanément et quand il se retourna, il vit qu'il était seul, la silhouette du chevelu s'éloignant au loin. Sans hésiter, Eska bondit dans sa direction, courant pour le rattraper.


Désolé ! Désolé ! Je voulais pas ! Je veux bien te décoller ton démon ! Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-le-moi ! Soit pas en colère hein ? Dit ? Dit ?




 
Hirvane Tuek

Le Sukra 6 Nohanur 1510 à 23h39

 
Il est des instants où l'on mesure tout ce long chemin, parcouru depuis l'arrivée subite de l'âge adulte ; des instants vertigineux où l'on imagine son reflet dans le miroir : un vieux monsieur mal rasé et bougon, moche.

On se dit qu'il est possible de rayer cette négligence d'un large coup de rasoir. Puis soudain, rasoir en main, on s'aperçoit que la négligence prend racine dans une mangrove inexpugnable.

Cette mesure du chemin parcouru nous rapproche clairement de l'angoisse du néant. Les religions n'expliquent pas physiologiquement le passage de la vie à la mort. L'espoir devient alors vain. La Dame offre la vie, d'une manière que l'on appréhende lucidement. La Dame donne la mort, d'une autre manière qui nous échappe.

Il s'agit alors de remiser toutes les angoisses au placard. Elles sont nombreuses celles-là, si on y prête un rien d'oreille curieuse. Un murmure se fait entendre, qui nous met en garde : gare au monstre du placard, qui dès lors qu'il s'évade se cache sous le lit ; gare à ces portes de bois défoncées par l'ire de la nuit, qui baise la chair de la chair.



*** Vous reprendrez bien un soupçon d'espoir ? ***

Le silence se fait dans nos coeurs : pour le paysan le repos ; pour le noble l'angoisse. Il n'y a pas plus noble qu'un symbiosé chéri par sa faction, prompt à briser toutes les règles en vigueur. Le noble s'adonne à l'avancée sur l'échiquier cosmique, sans bien savoir où chacun de ses coups le mènera véritablement.

La mort fait de l'ombre à ceux qui ne sont pas aux côtés de la Dame, les hérétiques, ceux qui ont délaissé leurs racines sacrées depuis trop longtemps.

Car sans rire, Hirvane était devant l'autel du Temple de Syrinth à dévider une poubelle moisie, cramé aux pires champignons hallucinogènes trouvables en Hastoshal, pécheur au delà des pécheurs, pas l'ombre d'une rédemption, à se morfondre sur des problèmes faux.



*** La mort donc, la mort hante celui qui s'est écarté de la Dame. ***

Pour la première fois, et depuis bien longtemps, Hirvane ferma sa grosse gueule durant trois secondes. Son éducation matriarcale le frappa au visage. Il songea à tous ses amis de Fergon et bien sûr aux autres, à savoir N'raa, Oda, Fenrir, le parangon, la liste était trop longue.

Hirvane se tendit et serra les poings, tant la déception qu'il pouvait inspirer aux autres était grande à ses yeux. Il venait également de s'énerver sur un parfait inconnu qui ne demandait qu'à comprendre voire partager sa douleur. Si ça ce n'était pas un coup de salaud, qu'était-ce en vérité ?

Ainsi se retourna-t-il vers le dandy, car ainsi cela devait être. Car c'était écrit sur les murs gris de ce Temple, en gros : des mots comme "compassion" ou "amour", des mots si simples qu'on les moquait.


J'ai perdu mon lien avec la Dame.

ça veut dire que j'arrive plus à faire preuve d'amour ou de compassion.

Je m'suis égaré. J'ai nagé trop loin. Et le courant m'emporte.

Je vais partir loin maintenant.

Retrouver celui que j'étais.

Tout ce que je peux te dire, c'est pardon. Pardonne-moi kielno. N'oublie jamais ce mot : kielno.

Il est sacré.

Et si le démon est encore là au retour, si j'ai échoué, tu pourras l'enlever à ta manière.


Sur ces paroles terriblement amères, le tydale salua Eska'oach puis franchit prestement les lourdes portes du Temple. La lumière du jour s'infiltra dans la nef avec une rare violence, avant d'agoniser quelques temps plus tard. Ombre et lumière étaient les seuls cycles de ce lieu sacré.

*** A moins que jamais, les adeptes n'en franchissent le seuil... ***


 
Heltaïr

Le Dhiwara 7 Nohanur 1510 à 00h20

 
Reviviscences.

Hirvane n'est pas le seul à avoir choisi le Temple comme refuge après son retour d'Arameth. La coïncidence est étrange mais néanmoins vous êtes tous les deux au même moment, dans le lieu de culte, recueillement et silence.

Silence? Quoique.
Tes pensées ont été dérangés et de l'agitation puis des cris t'ont tiré de ta torpeur méditative.
Sourcils froncés tu serais allé rappeler à l'ordre les opportuns si tu n'avais saisi que derrière l'agitation il y avait la douleur. Et derrière cette douleur et le désordre qui l'accompagnait, il y avait un kielno. Non pas 'bien connu' mais néanmoins quelque peu fréquenté à Arameth.

Repli.

Pourquoi alors? Ne devrais tu pas aider ce frère? Tenter de répondre à ses questions?
Non. Immobile, caché par les piliers, tu écoutes les paroles. Sans intervenir. Prenant conscience de la détresse qu'habite ce corps. Prenant conscience que quelque chose s'est effrité à l'intérieur.
Prenant conscience qu'à Arameth, alors que tu avais un moment cru bien faire en tentant de le réconforter par quelques paroles, tu n'avais peut être fait que refermer cette douleur en lui même. Telle un abcès, celle ci a gonflé et maintenant recrève à nouveau.

Les dernières paroles d'Hirvane sont ponctuées par le lourd grincement des vantaux de bois qui se referment lentement.

Tu n'as rien fait.
Ni bouger, ni parler.
Ne sachant ce qui pourrait soulager cet homme.

Pensif, vaguement soucieux, tu sors de ton alcove et regagne l'allée centrale.
Un mouvement attire ton attention.

Un autre tydale, resté immobile, qui te regarde à moins qu'il ne contemple encore les portes baillantes.
L'interlocuteur d'Hirvane sans aucun doute.

Vague familiarité que t'apporte la symbiose.
Oui ce nom te dit quelque chose.
Oui bien sûr.

Il avait cherché, tout juste symbiosé, des renseignement à propos de celui qui était connu en Equilibrium sous le nom de Silinde.
C'est donc lui.
Cet 'ami' de Sili. Vestige d'un passé lointain
.


"Eska'oach c'est bien cela?''

Tu te rapproches de lui, tes bottes claquant sous la voute immense de l'édifice.

''Silindë m'a parlé de vous.... Vous connaissez Hirvane?''

Petit mouvement de tête indicatif vers les portes dorénavant refermées.




 
Eska'oach

Le Dhiwara 7 Nohanur 1510 à 11h42

 
Après quelques instants à courir dans les dédales du temple, se rapprochant peu à peu du chevelu, Eska'oach put revenir à sa hauteur. Ils se trouvaient alors dans l'entrée du bâtiment et Hirvane semblait vouloir partir pour de bon. Maintenant qu'il était à ses côtés, il ne savait plus quoi dire. Les événements avaient trop étranges pour que le Tydale ait une idée précise de ce qu'il venait de ce passer. Les paroles incompréhensibles du barbu avaient causé suffisamment de chaos dans son esprit qu'il resta là, les bras ballants, regardant le tydale qui s'éloignait.
Comme si ses paroles maladroites avaient réussi à l'aider, Hirvane s'adressa à lui en des termes un peu plus compréhensibles. Eska'oach fut heureux de savoir qu'il n'y avait aucune tension, finalement, entre eux. Le tydale sortant de l'édifice, le libertaire lui adressa ces mots d'encouragements.


Bon courage ! Je sais pas trop bien nager, mais je peux faire le massage cardiaque s'il y a un problème. Retrouve-toi bien !

Kielno ? C'est quoi ...?


Il ne put en dire plus, Hirvane avait disparu dans la clarté lumineuse de la journée. Il resta encore ainsi, le regard dans le vide, comme s'il cherchait à voir à travers les portes du temple. Puis, doucement, il s'assit pour faire le point.

diamine dada dit :
Tu as vraiment fait que des bêtises...


Le tydale fut surpris ; Diamine Dada avait été assez discret tout le long de la rencontre, ce qui devait être le signe qu'Eska'oach se comportait assez bien. Ça ne semblait pas être le cas, toutefois.

diamine dada dit :
Tu aurais mieux fait de sortir et de ne pas discuter avec lui. Tout ce qu'il a dit, ça va te frire la cervelle tellement tu vas y repenser, ça ne sera pas beau à voir.


Hein ?! J'vais pas y penser ! Je me demande juste ce qu'il s'est passé !

diamine dada dit :

C'est pareil. Ne cherche pas. Oublie. Il y a quelqu'un qui te regarde


Rien de mieux qu'une nouvelle distraction pour que Eska pense à autre chose. Il lève les yeux et découvre un tydale tout aussi grand et fort que le précédent. Avec ses habits sombres et sa démarche assurée, il semblait être quelqu'un d'important. Il n'avait pas l'élégance de Silindê, mais il pouvait être du même niveau social. Eska'oach adopta une attitude discrète ; le regard contrit, il évita de croiser le regard du Tydale afin de ne pas le mettre en colère.

Oui oui, c'est moi.


Aïe ! Il le connaissait ! Était-il venu pour le punir d'un méfait qu'il n'avait pas commis ? La lèvre du libertaire se mit à trembler et il baissa le regard. Eska'oach ne voulait pas aller en prison. Il y fait froid et noir, c'est terrifiant !
Toutefois, quand il évoqua le nouveau nom de son ami Kiril, Eska'oach ne put s'empêcher de lever les yeux vers le tydale, le regardant droit dans les yeux.

Ah bon ?! C'est vrai ?! Vous êtes un ami à Kir... Silindë ?! Troooooooop bien ! Je suis trop content de vous rencontrer ! Mais... ce n’est pas moi ! J'ai rien fait ! Je voulais juste le réconforter, l'autre. Hirvane, qui s'appelait ? Je savais pas... Mais j'y suis pour rien !


 
Heltaïr

Le Dhiwara 7 Nohanur 1510 à 23h31

 
''De Silindë, oui. Je crois qu'il préfère ce nom maintenant.''

Tu observes le jeune énergumène. Les propos de Silindë le concernant semblaient orienter vers un profil particulier et ma foi... Tant du point de vue gestuel, tantôt tremblant tantôt sautillant de joie, que du parler... c'était assez particulier.
Et cela ne faisait même pas deux minutes que tu étais face à lui.

Singulier personnage.


''Du calme.. Je n'ai rien contre toi. Je m'inquiètes seulement pour Hirvane. Hummm...''

Nouveau regard vers les lourdes portes closes.
Peut être aurais tu dû finalement?

C'est manifestement trop tard. Tant pis.
Tu reviens à ton nouveau sujet d'interrogations. Après la détresse d'Hirvane c'est l'attitude de ce tydale qui t'interpelle.


''Je m'appelle Heltaïr.''

Autant l'annoncer, la symbiose n'est pas facile au début et il ne semble pas des plus rapides.

''Vous êtes en Equilibrium depuis longtemps Eska'oach?''




 
Eska'oach

Le Luang 8 Nohanur 1510 à 15h02

 
L'inconnu semblait amical et la peur d'Eska'oach disparut aussi vite qu'elle était apparue. Le tydale semblait bien plus occupé par le barbu que par le libertaire. Ce dernier se releva afin de se mettre à la hauteur du nouveau venu. Même debout, Eska avait l'impression d'être tout petit face à cet inconnu qui en imposait ; son regard acéré et ses vêtements sombres laissaient croire au jeune Equilibrien qu'il avait à faire à un grand seigneur de la faction. De plus, comme ce dernier était l'ami de Silindë, cela ne faisait que conforter la première impression.

En prenant conscience de la situation, il baissa la tête, regardant ses pieds, ne cherchant pas à offenser le puissant seigneur qui daignait lui adresser la parole.


diamine dada dit :
Aaaaaah, enfin, tu fais ce que je dis : tu te calmes et tu ne fais pas de bêtises.


Eska'oach priait pour que le seigneur Heltaïr ne le punisse pas.
Heltaïr ?! Il lui avait donné son nom. Que devait-il en déduire ? Le considérait-il comme son égal ? Eska'oach était aussi important que lui. Malgré son tempérament, le tydale fit preuve de patience ; une erreur et c'était la punition assurée.

Om'shir, monsieur Heltaïr...
Je suis Equilibrien depuis quelques années. Comme ça se voit sur mon front, je suis un ancien du matriarcat. J'ai rejoint cette faction et j'ai vécu dans un petit village ou quelqu'un m'a appris la vie en société dans cette faction.
C'est seulement depuis ma symbiose, c'est comme ça qu'on dit ? Enfin, depuis ma symbiose, je suis à Syrinth. J'avais envie de revoir mon très cher ami... Silindë. Je suis heureux de l'avoir revu !

Oups ! Je n’aurais pas dû dire ça !

Subitement, Eska'oach se mit les mains devant sa bouche. Il voulut alors se faire tout petit pour fuir le regard d'Heltaîr. ; il avait dévoilé un secret de son cher ami si facilement ! Eska'oach était très malheureux de sa gaffe qui ne serait surement pas sans conséquence.


 
Heltaïr

Le Luang 8 Nohanur 1510 à 23h01

 
Non décidément il y a un petit quelque chose qui cloche dans son attitude. Un truc sur lequel il est difficile de mettre le doigt. On dirait comme ces chiens maltraités qui voyant approcher quelqu'un se recroqueville aussitôt. Seulement associé à cela, il reste cette surprenante capacité à changer de caractère assez facilement.

Peut être une certaine simplicité dans ses paroles? Sa vision des choses?
Néanmoins le tydale n'est pas idiot. Son raisonnement face à Hirvane te l'a prouvé. Discours simplet, naif, mais construit. Ordonné.

Sacré drille que voila.
Nouvelle preuve de sa labilité émotionnelle, tu tiques lorsqu'il se tait effaré. Après avoir... dit.. quoi de particulier ?


''Quittez cet air effaré voyons. Il est de notoriété quasi publique que Silinde vient lui aussi du Matriarcat. Et si cela peut vous rassuré, nous sommes amis: il m'a donc parlé de son passé.
Vous avez été compagnons lors de votre enfance.. là bas. N'est ce pas?''


Evocation légère d'un sujet qui t'a touché tout autant à la même époque plus ou moins que les deux tydales.

De derrière un pilier émergent trois Grises avancant calmement en une sereine et digne procession. Sans doute vont elles prier ensemble dans une alcôve ou procéder à quelque rituel.


''Venez Eska'oach. Le Temple doit demeurer avant tout un lieu de prière, de recueillement et de silence.''

Le vouvoiement avait été de mise dès la seconde phrase. C'était ta barrière à toi. Étrange sans doute. Manie persistante néanmoins.
Tu te tournes à moitié vers la porte.





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