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Le Sukra 26 Saptawarar 1509 à 13h09
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| PREMIER ACTE
Malgré ses expériences précédentes qui auraient pu ou du réfréner ses ardeurs et son incorrigible impatience, la jeune Nelda avait trouvé un peu par hasard un bras de mer, au sud d'Histyl. C'était assez étrange puisque lors de son dernier passage à cet endroit, l'hiver dernier, elle ne l'avait pas remarqué...
Elle s'était donc avancée prudemment sur ce long bras de mer et avait fini par arriver sur une sorte de presqu'île montagneuse. Des grottes s'ouvraient, béantes, attirantes...
Bien sur, son devoir lui imposait de communiquer sa découverte et malgré l'injonction d'attendre du renfort, la jeune femelle n'avait pu résister à sa curiosité maladive. Elle était donc entrée dans la grotte et avait découvert un endroit captivant : un très long pont, comme irréel s'offrait devant elle... L'appelait, la happait...
Elle s'avança prudemment sur le sol dur et accidenté...
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Le Dhiwara 4 Otalir 1509 à 19h52
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| Ysiageult progresse tant bien que mal, dans le temps et l'espace, jouant avec les obstacle du pont.
La roche chaotique de ce dernier ne facilite pas ses avancées, morceaux instables et grosses pierres.
Il lui faut quelquefois redoubler de vigilance et d'attention, quelquefois même éviter ou escalader.
Alors qu'elle se met à penser à la faune et la flore absente des lieux, un éclair frappe non loin.
A une centaine de mètres devant elle. Un instant aveuglée par l'éclat, l'Escarpe lève les yeux.
Dans le ciel argenté se dessine de puissants motifs de lumière.
Les traits ainsi formés dans le ciel dessinent des schémas mystiques.
Pendant un instant, elle a l'impression de voir les écailles d'un poisson géant briller dans la voute.
Puis elle se remet en marche. Elle distingue alors une silhouette assise au bord du pont.
Une petite ombre immobile. Alors qu'elle s'approche, la Nelda distingue mieux la chose.
C'est un gros chat au pelage rayé, qui tient une longue canne à pêche.
Image absurde qui ne la choque pourtant pas.
Le chat tourne son museau vers elle, un grand sourire aux babines.
Salutations.
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Le Luang 5 Otalir 1509 à 14h01
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| A peine surprise en voyant le chat avec sa longue canne dont le fil semblait se perdre dans le vide sous ses pieds, la nelda avait continué de s'approcher, toujours avec la même prudence. Non seulement le sol était difficile et sa progression lente, mais cette fois elle ne pouvait qu'en être convaincue, cet espace de rêverie était habité... Ce chat en était la preuve...
Au lieu d'être rassurée par la présence d'eau et de nourriture (qu'il lui faudrait néanmoins gagner), elle se mis à avoir des pensées plus sombres : Et si elle avait croisé un Npratragorth, un Arkrotykar démembreur ou tout autre créature malfaisante au milieu de sa route, sur ce pont à la fois haut et peu large ? Qu'y avait-il en bas ? De l'eau ? Rien que de l'eau ?
Un frisson la parcourra...
Lorsqu'elle fut assez proche du gros chat, ce dernier la salua. Pas plus surprise, mais tout de même méfiante, elle s'arrêta net, lacha le pommeau de son épée et elle esquissa un signe de salutation de la tête en l'inclinant vers le sol... Le chat semblait connaitre la langue des neldas...
Elle dégluti enfin et très calmement osa d'une voix claire et qui se voulait la plus détendue possible :
Hed'ja... Etes vous satisfait de votre pêche ? * puis en souriant * Hum.. a voir votre sourire, j'ai l'impression que oui...
Sur ce, Ysiageult se pencha très prudemment pour essayer de voir le bout de la ligne
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Le Luang 5 Otalir 1509 à 17h15
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| Le bout de la ligne se perdait quelque part dans le lointain, si loin qu'elle en devenait invisible.
Pourtant le chat agita un peu sa canne, comme si quelque chose agitait son hameçon.
Il fronça les sourcils, toujours son grand sourire fixé aux babines.
Mon sourire ? Oh, non, c'est naturel. Que je le veuille ou non, il est là.
Mais je m'en contente. Je suis du genre heureux. Pas vous ? La vie en rose, voilà le secret.
Ma pêche se porte, en tout cas, sans être satisfaisante ou fructueuse pour autant.
Les choses vont comme elles vont, c'est de ça qu'il faut se satisfaire.
Vous ne croyez pas ? En quoi croyez-vous, d'ailleurs ?
Le chat-qui-pêche haussa un sourcil interrogateur puis détourna son regard de la Nelda.
Ses grands yeux jaunes avaient l'air de se perdre dans l'horizon, là-bas, où sa mord.
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Le Matal 6 Otalir 1509 à 21h45
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| Le chat-qui-pèche, tout sourire (bien entendu) eut l'air intrigué quelques instants et se mit à rire aux éclats.
Il lui fallut bien une minute pour se reprendre et se calmer, séchant au passage ses petites larmes.
Où va ce pont ? Semble sans fin ? Si je suis seul? Par les mamelles de Cataline, quelles drôles d'idées vous trottent dans la tête. Ca doit être ces histoires de rêves ou je-ne-sais-quoi. Vous devez trop fumer de cette herbe, là...
Le machin qu'ils mettent dans leur pipe. Paraît que ça fait un effet boeuf.
J'aime pas trop les boeufs, personnellement. Enfin....
Il se gratta le derrière du bout de la griffe et se secoua le popotin pour mieux s'incruster sur son rebord.
Puis voyant la tête de Ysiageult, le chat parut brutalement réalisé que ces questions étaient très sérieuses.
Hum. Euh... Non, vraiment ? Z'êtes ? Bon...Hum. J'voulais pas vous vexer, hein.
C'est que les passages, dans le coin se font rares. Et en général, on revoit jamais les gens.
Soit ils continuent leur route, soit ils rebroussent chemin puis reviennent jamais.
On dirait bien que vous savez pas où vous êtes, hein, jeune fille ?
Moi non plus, remarque. Avec tout ce bordel.
Pour vous répondre, non, je suis pas seul ici. Y a pas foule non plus, remarquez.
Tout dépend si vous tombez dans un Fragment. Là, ça dépend du Fragment.
Y en a qui sont vide comme le cul d'une vieille. D'autres....C'est le souk.
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Le Julung 8 Otalir 1509 à 12h10
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| Vous en avez des questions, mademoiselle. Heureusement que chuis sympathique.
J'en connais d'autre qui vous auraient dit d'aller chercher vos réponses ailleurs, tiens.
Mais chuis de bonne humeur. C'est ma nature. Etre heureux, c'est important.
Pourquoi vous dites que vous rêvez le pont des brumes ? Vous vous croyez en transe, là ? J'peux vous dire que vous êtes bien là où vous êtes, et pas ailleurs. Quoiqu'il est vrai qu'entre nous, la notion d'ailleurs, ici, est un peu élastique. Rapport à la relativité des choses, voyez. Un concept qui fout les boules. On sait plus où on est.
Toujours sa canne à pèche bien en main, le chat rota bruyamment avant de balancer un glaviot dans le vide.
C'est ça le bordel auquel je fais référence. La relativité des choses.
Puis j'ai aussi quelques problèmes persos. Mais on est pas là pour en parler, j'imagine ?
Ouais, pour sûr que y a des types comme vous qui sont déjà venus.
Enfin ça fait un bail qu'on en a pas vu. C'est pas non plus la foire, hein. Tranquille, le patelin.
Y a eu aussi un espèce de nain bavard une fois. J'ai retrouvé sa carcasse un peu plus loin.
C'était coincé une de ses jambes potelées entre deux cailloux. Y a eu aussi une de ces grandes perches imberbes comme des nouveaux-nés. Je crois qu'elle a crevé aussi, pas prévu assez de nourriture et de boisson.
C'est fou ce que les gens peuvent être imprudents, hein ! Z'écoutent jamais leur mère.
Il soupire avant de se curer les dents à coups de griffes.
Les Fragments sont....bah....les Fragments. J'pourrais pas mieux les expliquer.
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Le Julung 8 Otalir 1509 à 17h13
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| La jeune nelda semblait quelque peu embarrassée. En effet, c'était beaucoup de questions mais il fallait tout de même comprendre que les lieux méritaient quelques explications. D'autant que le chat semblait bien "comme" chez lui
Ahem, oui, vous avez raison je suis bien trop curieuse mais je vous vois ici comme chez vous alors que je ne sais pas où je suis... Comprenez-moi... Quoiqu'il en soit, je ne vous importune pas d'avantage et vous remercie déjà d'avoir pris le temps de me répondre...
Elle repris alors tout doucement sa progression attentionnées, fit quelques pas et s'arrêta en se retournant. Elle se trouvait à quelques mètre de l'étrange chat :
J'oubliais... Bonne pêche...
Ysiageult avait l'habitude des longues marches, des terrains désertiques, accidentés et désolés. Le danger ne lui faisait pas peur non plus et elle était plutot prévoyante mais elle savait qu'elle devrait faire attention à sa nourriture et surtout à son eau. En se rationnant, elle pouvait encore tenir encore quelques jours avant de devoir faire demi-tour... La température peu élevée était un atout. Elle savait que le village d'Hystil était juste à la sortie de la grotte...
Elle s'éloigna donc doucement du chat étrange en s'attendant à tomber sur le corps d'un nain ou d'une "grande gigue". Après quelque mêtres, la nelda se retourna à nouveau et revint à quelques pas du chat :
Je... Enfin, si vous le souhaitez, je serais heureuse de vous aider à résoudre vos problèmes "perso"... Enfin, c'est vous qui voyez, je ne veux pas être indiscrète ni m'immiscer dans votre vie...
Elle attendit la réponse du chat :
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Le Vayang 9 Otalir 1509 à 09h49
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| Le chat fut un peu surpris du revirement de Ysiageult, mais joua l'indifférence.
Il haussa les épaules négligemment, tout en observant le vide en contre-bas.
Borf, pas sûr que vous puissiez m'aider à les résoudre, mais sait-on jamais.
Voyez, je vivais dans un Fragment autrefois, un chouette coin. Puis un jour j'ai décidé de faire un tour par ici, sur le pont.
Vous savez : "la curiosité tue le chat". Quand j'ai voulu regagné mon petit univers, le passage était fermé. Impossible de le retrouver. Du coup chuis coincé ici en attente qu'il se rouvre. Mais je pense que y a un poisson qui sait comment m'aider. Seulement, ils aiment pas trop les chats, les poissons. Rapport à qu'on les mange, voyez.
Y a un petit comité de poissons qui vit dans un des Fragments qui est accessible en ce moment. L'un d'eux doit savoir comment m'aider. Alors si vous tombez dans ce Fragment et que vous rencontrez ces poissons, essayez d'en savoir plus.
Ce serait drôlement chouette de votre part, ma p'tite dame. Ouaip, ouaip.
Il hocha de la tête tout seul, troquant son sourire contre une moue contemplative.
Puis il farfouilla dans son pelage avant d'en sortir une bourse.
Ah, tenez, ça devrait vous aider si vous veniez à crever la dalle.
Il tendit le petit paquet à l'Escarpe.
C'est rien que des grains, mais c'est très nourrissant.
Y a aussi quelques perles de pluie, si vous avez soif.
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Le Dhiwara 24 Jangur 1510 à 19h09
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| Ysiageult progressait. Elle en avait l'intime conviction. Mais progresser comment ?
Elle progressait, oui, comme on progresse sur un fil tendu au-dessus du vide. Avec appréhension.
Elle progressait seule, livrée à elle-même, dans une vastitude tourmentée et dangereuse.
Le ciel gris et ses nuages argentés tournoyaient toujours dans l'infini, déchargeant régulièrement des éclairs d'énergie dans cette voûte magnétique des plus intrigantes. L'Onÿr se sentait observée mais sans yeux pour la regarder.
Une pesanteur alourdissait ses pas, tandis que par endroit la roche du pont se montrait presque agressive.
Des stalagmites se formaient brutalement, des trous libéraient l'espace sous ses pieds, toujours au dernier moment.
Des obstacles de pierre apparaissaient, disparaissaient. La fatigue la gagnait.
Mais plus surprenant encore, alors qu'elle s'arrêtait un moment pour reprendre son souffle.
Le sol devant elle se modifia, s'altéra et dans la pierre apparut un visage.
Comme une sculpture animée. Le visage d'un Nelda. D'une pour être exact.
Ysiageult s'approcha de l'apparition, attirée, hypnotisée par le phénomène.
C'était son visage, sculptée dans la roche.
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