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Le Julung 4 Agur 1511 à 05h34
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| Ce nelda semblait connaître les arts du langage, et si le verbe n'était point apte à la charmer, il était apte à faire vibrer quelques unes de ses cordes. Elle regrettait toutefois de ne posséder une maîtrise exceptionnelle de la langue nelda, nécessaire aux extravagances artistiques. Néanmoins, elle s'essaya à quelques tournures qu'elle espérait intéressantes.
Les faubourgs conservent les signes de la corruption
Mais en dehors de ces murs, en dehors de ce qui était un endroit pour vivre
Il y a une chose : le désert.
Une terre immense, de sable et de beautés.
Je ne peux vous recommander un doux oreiller ou un lit confortable.
Je ne peux vous offrir une chambre, ni même un simple toit.
Mais je peux vous montrer la magnificence du désert.
Une beauté qui ne peut être décrite.
Quelque chose que vous devez voir, vivre, pour comprendre.
C'est mon offre et l'unique recommandation que je puis vous faire.
Son regard se perdait dans l'infini de l'horizon alors que sa main désigner les splendeurs d'une nature sauvage. Elle avait le verbe du poète, l'âme du tragédien et la flamme du passionné.
Son discours était certainement exagéré, mais comme cela lui était agréable d'ainsi discourir!
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Le Luang 15 Agur 1511 à 01h55
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| Elle hocha la tête, avec l'air presqu'aussi enchanté qu'une enfant à qui l'on viendrai de promettre une pâtisserie.
S'éloignant d'un pas léger, qu'elle s'efforçait de ralentir, car son rythme habituel aurait été, certainement, difficile à suivre, elle se dirigea vers les portes du désert. Elle s'accorda une courte pause avant de poser son pied sur le sable. Le vent sec soulevait le sable des dunes au loin. Le soleil harassant laissait déjà couler quelques gouttes de sueur sur ses tempes. Mais dans son regard, dans son visage, apparaissait une sorte de félicité mêlée d'une profonde dévotion. Comme si en ce lieu, le désert était dieu et maître. Son regard errait sur l'horizon. Sans s'en détourner, elle fit un premier pas. Son pied calant dans le sable, elle sentait sa chaleur qui se glissait dans ses sandales de cuir. Elle ferma les yeux quelques secondes.
Elle avait grandi dans le désert. Le désert était en elle et elle était dans le désert. Sécheresse et chaleur était ses éléments, pourtant contraires.
Rouvrant les yeux, elle se retourna brusquement vers le nelda et dit d'un ton presque mystérieux.
Venez.
Et elle s'engouffra dans les immenses étendues de sable, sans plus un regard en arrière.
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Le Matal 16 Agur 1511 à 21h26
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| Elle le précédait et lui la suivait.
C'était dans l'ordre des choses...
San trop se demander comment il s'était retrouvé à ressortir de la ville pour une balade (il était après tout en balade depuis des mois. Par chance, il avait pu prendre un bain à Eleudice.), il suivait la tydale. Elle pourrait le mener n'importe où. Dans une embuscade, vers un piège, ... Il était assez las pour n'en avoir cure. Et la situation assez inusitée pour qu'il la laisse se dénouer jusqu'au bout.
Ils marchèrent en silence un bon moment, ce qui n'est habituellement pas pour déplaire au sombre nelda. Mais cette fois-ci il se permit une fantaisie. Il brisa lui-même, et de son plein gré, le silence ambiant.
Si je dois être votre captif, parlez-moi donc un peu de vous, Marei. Je devine du Luth sous cette tignasse... Je me trompe ?
Sourire en coin, il se passa le revers de la main sur le front. Son pelage était déjà moite de sueur. Cette armure n'était assurément pas la tenue idéale pour arpenter l'Amody. En même temps, ce n'était pas la première fois...
Seule la Foi donne un sens à l'acte.
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Le Luang 22 Agur 1511 à 23h36
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| Pour la tydale non plus, ce silence n'était pas désagréable. Si elle avait pu se montrer expansive lors de leur rencontre, elle était plus souvent introspective, à la recherche de quelque muse, quelque beauté ou quelque laideur, quelque situation... érigeant les mots dans son esprits pour en faire prose et poésie, modulant les notes pour les échafauder en mélodies, et bien d'autres fantaisies qui ne sauraient toujours être spontanées et ne sont que l'oeuvre d'un travail constant et acharné.
Aussi, sous ses airs rêveurs et absents, la tydale en fait prenait plutôt le temps de s'imprégner de l'ambiance de ce lieu (qu'elle connaissait pourtant si bien) pour arriver à la retranscrire en mots, en chants, en mélodies, en danses... même en regards, en marmots, en pensées fugaces qui, pourtant, prenaient toute leur importance pour un symbiosé.
Les paroles rompant ce silence la surprirent d'abord. Mais c'est d'un rire franc qu'elle éclata.
Je veux bien vous garder captif de mes charmes, mais cela ne saurait être de mon ressort.
Je crois plutôt que vous êtes le renard qui a bien voulu tenter d'être apprivoisé.
Car vous êtes aussi captif que les grains de sable de ce désert.
Son regard se porta sur l'horizon, là où le vent soufflait les hautes dunes.
Je vois que vous-même êtes suffisamment familier avec la confrérie pour connaître son Horloge.
Il serait vain de vous mentir. Ma généalogie semblait me prédestiner aux fonctions qui me chaussent.
Je recherche en toute chose la perfection. Là est, pour moi, l'essence de l'art. Tant est que la perfection est chose subjective et tributaire de l'inspiration. C'est pourquoi je recherche à être comme le vent. Libre, mouvante.
C'est pourquoi je suis au Luth aussi certainement que je suis tydale.
Mais puisque vous lancez vous-même ce sujet, permettez-moi de vous connaître et de m'inspirer de votre histoire.
Qu'il était intéressant qu'il eût fait les premiers pas. Ainsi pourrait-elle peut-être en apprendre grandement sans que cela ne paraisse étrange ou déplacé ou insistant.
Sans cesser sa marche, mais toutefois en ralentissant le pas, elle le regardait, un léger sourire sur les lèvres, le regard invitant la conversation à se poursuivre.
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Le Dhiwara 28 Agur 1511 à 19h13
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| La tydale écoutait, subjuguée, le récit du nelda. Elle ne connaissait rien des moeurs des autres peuplades de poussières. Et elle trouvait se récit digne d'une oeuvre, voire même de plusieurs.
Finalement, elle s'arrêta. Ils étaient demeurés non loin de la cité, dont les murs étaient visibles sur l'horizon. Mais en tournant son regard de l'autre côté, c'était l'immensité du désert qui leur faisait face. La tydale demeura muette un instant, contemplant se spectacle. Puis, sans se retourner, elle dit sur le ton de la confidence.
Ne voyez-vous pas comme ces étendues infinies sont magnifiques.
Magnifiques et cruelles.
Car le désert ne laisse aucun répit.
Il faut apprivoiser sa nature sauvage.
Apprendre à le connaître.
Sans jamais oublier qu'il reste notre Maître.
En son sein, nous sommes à sa merci.
Mais n'est-ce pas cela même qui sublime toute sa beauté?
Le dernier soleil déclinait sur l'horizon. Le sable semblait s'enflammer. L'Aramethienne était charmée, envoûtée par cette beauté qu'elle décrivait. Sans nul doute était-elle intimement convaincue de ce qu'elle disait.
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Le Luang 29 Agur 1511 à 19h17
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| Le contemplateur s'arrête.
Il laisse le vent chaud chargé de sable se frayer un chemin à travers son pelage.
Les rayons solaires lui réchuffer sa couenne d'ébène.
Plissant les yeux, il scrute cette mer de sable qui s'étend jusqu'à l'horizon.
Derrière lui s'étend Arameth, la cité des perles sombres.
Mais son attention est ailleurs.
Vers le désert.
Vers le vide.
Certains décrivent le vertige non comme une peur des hauteurs, mais comme une attirance vers le vide. Si tel est le cas, alors Orol'Nar est pris d'un vertige. Il ne peut détourner le regard de ce vide. Les voix qui lui soufflent habituellement à l'oreille pour lui rappeler ses devoirs se sont tues. Seul subsiste le nelda. La symbiose, la faction, le Socle, tout cela est oublié pour un instant.
C'est dans tels moments que l'on se retrouve, n'est-ce pas ?
Un ange passe.
Nos responsabilités, le regard de nos pairs, leurs pensées consensuelles... tout cela s'estompe.
Ici seul reste le Poussiéreux.
Poussière et sable...
Seule la Foi donne un sens à l'acte.
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