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Bas fonds d'Arameth

Rendez-vous, miné, miteux.

On choisit pas ses parents...
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Sujet lancé par S'hilaan Tos'hur
Le 09-04-1510 à 14h05
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Posté par S'hilaan Tos'hur,
Le 16-04-1510 à 23h39
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S'hilaan Tos'hur

Le Vayang 9 Astawir 1510 à 14h05

 
*** Il pénétra dans le dédale des sombres ruelles araméthéenne avec un renâclement. Une expression de dépit, de lassitude ou une mise en garde immédiate contre les âmes noires ou égarées peuplant les intestins de la Cité Marchande. ***


*** En ces lieux, plus qu'en tout autre les codes étaient de mise. Celui qui n'en avait pas connaissance risquait de perdre au jeu des ombres et vices suintant des ruelles. Et les non-initiés étaient repérés immédiatement. Quelques pas et ils étaient suivis. Un embranchement et ils étaient saisis. Un coin sombre et c'en était fini.

Les Bas-Fonds d'Arameth était de ces chaos absolus qu'ils restent immuables quelque soit les crises traversées à l'extérieur. Syfaria pouvait connaître l'apocalypse, tant que celle-ci ne venait frapper les murailles véreuses et gangrénés des tavernes sans avenir et des esprits sans rêves, rien ne changerait. Ici et là quelques rumeurs, peut-être, pour alimenter les prêches des fous, l'acidité des choppes de bière bon marché et les arguments de vente des prostituées sans lendemain. ***


*** S'hilaan Tos'hur possédait quelques avantages en cet endroit sans fond. Il était massif, ce qui constituait un premier signal à l'oeil des observateurs sans foi ni loi. Il était peu avenant, ce qui renforçait la méfiance du premier désespéré ou sadique venu à l'affût d'une proie. Il connaissait les lieux et les mouvements infimes, sonnant l'alarme dans l'esprit des habitués. Une fois, un nigaud, en manque, en veine ou en désespoir, avait voulu briller en public en s'en prenant au forgeron, dans le tumulte d'une ruelle fréquentée. Un acte stupide que les dépositaires des rituels malfamés auraient réprouvés au nom de l'esprit pratique. Personne n'avait pris le soin de ramasser le corps affalé contre un mur, pantin désarticulé, après la tentative. Si S'hilaan ne l'avait pas tué, un charognard détrousseur s'en était chargé, ne serait-ce que par désœuvrement. Le meurtre, la vie, la mort, la chance ne suivait pas les mêmes cours qu'en des lieux plus ordinaires. ***


*** Le Nelda marchait, la tête légèrement courbée vers le sol, fixant un point devant lui. Il prenait garde aux mouvements périphériques, révélateurs d'une activité menaçante sur le côté. Nul besoin de regarder devant soi, on le laisserait passer. Certains étaient à éviter, il le savait aussi. Ce Tchaë a l'air malingre et au tatouage tentaculaire sur le visage : même le massif marchand se serait écarté pour lui faire passage. Dans le quartier du Tonneau, il fallait baisser les yeux lorsque Kn'orsi Viellangue passait à proximité. Personne ne savait plus vraiment pourquoi, mais c'était ainsi. Et la connaissance de ces menus détails étaient un autre atout, permettant d'arriver à bon port et d'esquiver les récifs de perdition sur les flots de solitude des Bas-Fonds.

Ecartant un drap souillé et miteux, pendant en travers de la rue, sans raison apparente, S'hilaan secoua la tête d'un geste sec pour faire fuir le nuage vrombissant d'insecte qui l'escortait depuis son entrée dans le quartier des délaissés. Encore quelques pas, un mendiant de dix ans à ignorer, un saut d'excréments jetés d'une mansarde à éviter et il pu contempler le bout de planche tordu marquant l'entrée du lieu qu'il voulait atteindre. Il s'arrêta.

Presque sans y penser, il secoua lourdement la tête et soupira. Puis il fit jouer les muscles de ses épaules, comme l'ultime échauffement d'un lutteur clandestin avant d'entrer dans l'arène et il poussa d'une patte le semblant de porte.

S'hilaan Tos'hur entrait chez N'aandarg Tos'hur, paternel en perdition. ***


 
S'hilaan Tos'hur

Le Vayang 16 Astawir 1510 à 23h39

 
*** Passé le piteux panneau de bois, l'intérieur de la masure ne présentait aucune surprise quand à ce qu'on pouvait y espérer. Les rares meubles bancals restaient misérablement utilitaires. Les coulures de suif refroidi de bougies que l'on pouvait supposer malodorantes et fumeuses formaient des amas aux longs doigts sournois. Une tenture rapiécée laissait deviner l'emplacement d'une paillasse, dans un renfoncement de la seule pièce constituant le soi-disant logement. L'odeur était repoussante. Le vrombissement des insectes aurait pu suggérer à tout membre zélé du Poinçon qu'un cadavre en décomposition pouvait être enfermé dans le buffet fendu. ***


*** En fait de cadavre, la masse hirsute affalée sur la table, au centre de la pièce semblait bien vivante bien que peu engageante. S'hilaan fit quelques pas vers son père. Il n'avait aucun réel souvenir lié son existence passée en cet endroit. Son instinct primant sur son intellect lui permettait de laisser loin certaines pensées. Sous clefs, hurlant sauvagement si l'esprit tentait de s'en approcher trop. De fait, le marchand se souvenait davantage de ses errances dans les rues d'Arameth, des remparts au soleil couchant, dans la poussière des caravanes et des heures passées à observer les transactions au Souk. Il savait bien qu'il avait vécu là. Qu'il s'était ramassé un nombre de mandales incalculable. Que sa mère en était probablement morte. Et que l'odeur d'alcool avait imprégné jusqu'au torchis des murs. Mais il n'y pensait pas réellement. C'était. Mais il était là, debout. Alors que le maître des lieux geignait vaguement dans un demi-sommeil éthylique, la fourrure rappée et pleine de vermine. ***


*** N'aandarg Tosh'ur n'avait jamais gagné le respect et l'amour de son fils. Juste retour des choses aurait-on pu émettre, dans un esprit d'égalité n'ayant pas cours dans les bas-fonds. Le seul échange et héritage était probablement certaines manières, certains traits de caractère profonds et une forme d'opiniâtreté. Car le vieux N'aandarg, bien qu'épave était toujours vivant et trouvait encore le moyen de se procurer son tord-boyaux chaque jour, malgré les labyrinthiques procédés du Souk et de son esprit déformé par l'addiction et la colère.

L'alcool et la colère devait conserver, chacune à part égale, la carcasse massive et branlante de son père pense S'hilaan. Chacun son truc... Il préférait le boulot et fumer la pipe pour sa part. Et distribuer un ou deux gnons si besoin, ça pouvait aider à ne pas perdre trop vite la santé. ***


*** L'endroit ne lui plaisait pas. Le vieux non plus. Autant en finir le plus vite possible. Avec cette sensation bizarre.

Le faciès fermé il saisit un coin de la table et la souleva légèrement provoquant une secousse, faisant tressauter le corps vautré dessus dans un claquement de bois bon marché, accompagné du tintement fracassé d'une bouteille chutant au sol. ***


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