| Son interlocuteur - un jeune tchae au visage avenant et à l'air coquin - relève le nez de son ouvrage, une sorte de catalogue dont l'usage échappe à Hesmérine, puis répond :
Un ouvrage recensant les poisons connus existe bien, mais pour d'évidentes questions de sécurité, il n'est pas en libre consultation. Pouvez-vous me produire un document signé de la Grande Naturaliste - ou pourquoi pas de l'Erudite, voire du roi - justifiant de vos travaux ? Vous comprenez bien qu'on ne puisse laisser tout un chacun - toute une chacune - prendre connaissance de produits potentiellement mortels, ainsi que le moyen de se les procurer...
Pour ce qui est des antidotes, j'ai peur que vous soyez déçue, jeune dame : la plupart des poisons recensés dans l'ouvrage de référence n'en ont pas, pour une raison simple à comprendre... les cas d'empoisonnement sont assez rares, et il existe un moyen universel de s'en guérir : la sorcellerie. Dès lors, lorsque quelqu'un subit une attaque de ce type, on l'oriente au plus vite vers un mage expérimenté qui peut le soigner intégralement en un sort. C'est bien plus sûr et plus efficace que de rechercher la substance incriminée, d'en estimer la quantité absorbée, d'élaborer un antidote qui a une chance non négligeable de tuer son récipiendaire aussi sûrement que le poison lui-même.
Tout ça pour vous dire qu'on n'utilise pas - et donc qu'on ne référence pas - d'antidotes, à ma connaissance : c'est trop aléatoire, et trop dangereux.
Affectant de regarder la clepsydre décorant le grand hall de la bibliothèque comme s'il pensait déjà à conclure sa journée, il enchaine aussitôt :
Alors comme ça, vous visitez Oriandre ? Et, euh... ça vous dirait d'aller boire un verre en ville, ce soir ? Je connais une taverne assez... sympa, quand on aime s'amuser.
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