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Le Sukra 19 Astawir 1508 à 14h33
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| Cela faisait quelques jours que Baër'lupis campait devant l'entrée de l'arène d'Oriandre. Elle tenait à s'assurer en personne que nul n'entrerait pour compromettre l'étude qu'elle s'appretait à diriger.
Elle avait gardé un air sérieux, mais elle jubilait intérieurement : c'était la première observation scientifique qu'elle conduisait entre symbiosés. Certes, ses apprentis ne s'étaient ouverts à la science que depuis peu de temps, comparé à sa propre expérience, mais elle avait du mal à contenir son excitation. Allaient-ils pouvoir se livrer leurs observations, déductions, les uns aux autres grâce à la symbiose ? Allaient-ils progresser aussi vite qu'un seul tchaë maitrisant toutes leurs connaissances, ou bien cette télépathie les freinerait-ils ?
Les géologues reviendraient sous peu, avec de la chance ils auraient trouvé un musicien capable. Elle avait une petite idée derrière la tête. Dans les quelques livres qu'elle avait consulté à la bibliothèque du Palais, était mentionné le goût des loupiottes pour les mélodies ; sans doute que le terroriste s'en était servi, puisqu'il était ménestrel. Mais il ne pouvait y avoir que cela.
Elle aperçut Hesmérine, qui passait la porte nord avec sa carriole. Elle correspondait parfaitement à la description du Doyen.
Bien, ils pouvaient commencer.
La naturaliste rangea ses affaires étalées sur le sol. Elle n'avait pas pris grand-chose, mais Hesmérine semblait chargée. Ce qui manquerait, elle le requerrerait auprès du Roi.
D'un coup sec de l'épaule, elle poussa la lourde porte de l'arène. Elle s'ouvrit en grinçant. Au fond, une petite lumière oscillait.
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Le Sukra 19 Astawir 1508 à 20h29
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| La jeune Naturaliste et le Commandant qui l’escortait étaient arrivés dans la Citadelle Noire depuis peu de temps, et après une nuit dans une auberge, un vrai lit, deux chambres confortables, la Tchaë lui demanda de l’accompagner jusqu’à l’arène, simple précaution pour s’assurer qu’elle n’y risquerait rien. Peut-être aussi parce qu’elle appréciait la compagnie du soldat, et qu’elle voulait lui changer les idées.
Cette fois, la jument était restée dans l’écurie, et il n’y eut que la mule, menée par la bride, qui fut trainée dans le quartier nord, au-delà de la muraille, pour rejoindre l’arène. Une rumeur sur des dangers et des étrangers, était-ce la même chose, s’était rependue dans la cité, et la présence de son garde du corps la rassurait. Elle lui adressa plusieurs regards et sourires amicaux au cours de leur marche.
Devant l’arène, une vieille Tchaë attendait, comme montant la garde. Elle les regarda fixement, surtout le matériel de la jeune Naturaliste, aussi celle-ci se dirigea vers elle. Après une courte discussion, il fut établi qu’elle était sa supérieure, et qu’elle l’attendait elle, et les deux autres symbiosés Géologues partis à la recherche d’un ménestrel, pour commencer l’étude sur les Loupiottes. Elle leur ouvrit les portes.
La Loupiotte se trouvait au centre, dans le sable de l’arène, aussi, par prudence, la jeune scientifique se dirigea dans les gradins, pour y installer ses affaires là où elles ne risqueraient rien. Il serait bien temps de descendre auprès du sujet d’étude une fois tous réunis. Elle se mit à défaire les bagages et installer tous ses instruments de mesure, ses livres, son matériel de note, ses flacons, ses herbes…
Et bien Frère Stennar, nous n’allons pas manquer de place pour opérer… Vous êtes en forme pour vous lancer dans les premières observations ?
En temps que soldat vous avez peut-être déjà eu à combattre de telles créatures, vous savez quelque chose sur elles ?
Elle hésita un instant, se demandant si elle devait dire quelque chose ou non. Ne sachant se décider, elle le garda pour elle pour l'heure, faisant une petite moue avant de la masquer d'un sourire.
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Le Sukra 19 Astawir 1508 à 23h50
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| La jeune Tchaë hésita un instant, se figeant à trier quelques livres pour les organiser de manière pratique en vue de les consulter pour les observations à venir. Elle releva le visage un instant, vers le soldat, le regardant avec de grands yeux. Elle était surprise d’avoir été si expressive, et qu’il ait pu si facilement lire dans son attitude qu’elle voulait ajouter une parole de plus, et qu’elle l’avait tue.
« Et bien… Peut-être, oui… »
Elle posa le livre à terre pour se tourner et regarder la Loupiotte qui s’agitait dans l’arène. Devait-elle le dire ou bien cela pourrait-il être mal interprété ? Elle était sa cadette, et pourtant elle se sentait une sorte d’intuition maternelle envers lui. Elle le savait perturbé par un élément de son passé, et voulait l’aider à s’en défaire, à guérir de cette blessure. Mais pouvait-elle l’aider à ça ? Et cette Loupiotte…
« Il est vrai qu’elle est très vive, cela ne va pas être facile de l’approcher pour l’étudier de près… Je me demande s’il s’agit d’elle ou d’il, d’ailleurs… Enfin… »
Elle se retourna vers le soldat, lui adressant un petit sourire. Pourquoi pas le lui dire, tout simplement ?
« Je voulais vous dire... Merci d’être venu... Votre présence me rassure… »
Elle cligna de l’œil, malicieuse, avant de se retourner vers le sable central et de s’asseoir sur le gradin, prenant un calepin en main, une mine de carbone et commençant à prendre des notes sur ce qu’elle voyait de la créature prisonnière et de son attitude. Elle n’insista pas, ne voulant pas le mettre mal à l’aise.
« Les deux géologues ne devraient pas tarder à revenir, nous pourrons alors commencer sérieusement… » | |
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Le Dhiwara 20 Astawir 1508 à 15h29
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| La jeune Tchaë avait reporté son attention sur la Loupiotte et avait commencé une première esquisse de ce sujet d’étude, plutôt grossière mais elle avait besoin de s’entrainer à reproduire sur le papier ce qu’elle voyait, c’était l’une de ses faiblesses que ses professeurs lui avaient faite remarquer au cours de son apprentissage, et il lui avait été conseillé de s’exercer à cela autant que possible.
Elle releva le visage à deux reprises, la première pour regarder la Grande Naturaliste de plus près, lorsqu’elle s’approcha pour installer ses affaires à côté des siennes, et la seconde pour regarder le soldat rougissant qui venait de lui murmurer quelques paroles à l’oreille. La première fut brève et respectueuse, la seconde plus longue et plus tendre. Il ne devait pas avoir l’habitude que l’on soit gentil avec lui, songea-t-elle. Et sa supérieure, avait-elle l’habitude d’être ainsi admirée ? Respectée ?
Elle s’était reportée, pour ne pas gêner plus encore le soldat, sur son dessin, lui laissant un peu de tranquillité pour retrouver un teint moins ému. Lorsqu’il la questionna sur la Tchaë qui accompagnait les deux géologues, elle jeta un œil et un grand sourire se dessina sur son visage. Elle hocha la tête.
« Oui, il s’agit de Dame Solereï, une musicienne de talent à ce que l’on raconte. Mais je n’ai pas eu l’occasion d’apprécier son talent dans le domaine. Elle a été ma professeur de langue à Farnya, avant que je ne me mette en route pour Oriandre avec vous. »
Elle prit son calepin et sa mine dans la même main pour lever l’autre à l’intention de la ménestrel, la saluant d’un geste amical et lui adressant un sourire. Elle était surprise de la retrouver ici alors qu’elle l’avait quitté à son départ. Quel dommage qu’elles n’aient pas su qu’elles voyageraient dans la même direction, elles auraient pu faire route ensembles. Elle lui adressa quelques paroles, se levant.
« Bonjour Professeur Solereï ! Quelle surprise de vous retrouver ici ! »
Elle regarda tout le petit monde rassemblé. Six personnes pour étudier la Loupiotte, elle avait de quoi être effrayée. Pauvre créature, elle devait se sentir bien seule au milieu de cette arène qui n’était pas son monde. Savait-elle seulement comment elle était arrivée ici ou bien s’y était-elle éveillée, perdue ? Elle se tourna vers la Grande Naturaliste pour l'interroger du regard, et par la parole.
« Par quoi commençons-nous madame ? » | |
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Le Dhiwara 20 Astawir 1508 à 16h29
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| La botaniste était assise sur un banc, se grattant la tête en posant quelques notes sur un parchemin.
Alors, que va-t-il nous manquer ?
Note destinée au secrétaire palatial a dit :Voici la liste des affaires que je souhaiterais nous voir utiliser, à amener à l'arène dans les plus brefs délais.
- Un haut grillage en métal ou en bois, qui nous permettrait d'observer l'animal sans avoir à l'entraver.
- Des entraves, au cas où le grillage ne suffirait pas.
- De quoi manger : pain, saucisses, haricots et vin suffiront.
- Un planton, à poster devant l'entrée. Nous ne devons être dérangées sous aucun prétexte, sauf sur notre appel.
- Des vélins, plumes, ainsi que les ouvrages suivants de la bibliothèque du Palais : Nature et Syfaria, Ces Créatures des Sous-Bois qu'on Aurait Bien Aimé Rencontrer, Cent Recettes de Plats en Sauce, Méthodologie de l'Observation Scientifique.
- Quatre pupitres.
- Si vous le possédez, l'instrument de musique qu'utilisait le ménestrel Tirak.
Mmmh, voilà qui devrait suffire.
Elle leva la tête vers Hesmérine.
Eh bien, ma chère, nous allons attendre patiemment que le Roi nous fasse apporter toutes ces choses. Pour l'instant, la créature est affiblie et apeurée, elle ne nous blessera pas pour le moment. Je vois que vous avez commencé à esquisser. C'est très bien ! Je n'en prends pas assez le temps moi-même.
Elle tourna la tête vers le Commandant.
Frère Noir, je suppose que nous pourrions nous passer de votre présence, nous sommes assez nombreux pour maitriser l'animal.
Une lueur de malice passa dans son regard.
Ceci dit, si, en accord avec votre hiérarchie, il vous plairait d'assister à rien de moins que la première observation naturaliste entre chercheurs symbiosés conduite par la Fraternité, vous êtes le bienvenu.
Elle haussa les épaules.
En plus, il nous faudra quelqu'un pour porter les pupitres. C'est bien lourd pour de simples savants.
La vieille claqua des mains.
En attendant les fournitures, faisons plus ample connaissance. J'en sais un peu sur votre compte, grâce au Doyen. Je suis très heureuse, ma jeune sœur, que vous ayez choisi la voie de la Nature, et celle des plantes en particulier. Je pourrai, dès cette observation conduite à son terme, vous instruire sur les recherches en cours. Nous avons quelques dossiers ... tout à fait exaltants.
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Le Luang 21 Astawir 1508 à 11h06
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| Marcolien prit place dans les gradins, aux cotés d'Aerodiüs. Il était d'humeur morose.
Non pas qu'il trouva la présence de son confrère déprimante, mais il avait du s'éloigner de la belle conteuse.
En désespoir de cause, il porta son regard vers la loupiotte, et l'observa attentivement.
C'était donc cette boule de poils qui allait requérir toute son attention.
Il se demanda quels pouvaient être les effets du son sur cette créature.
Les poils avaient-ils une influence ?
Où était donc la tête ?
Avait-elle des oreilles ?
Peut-être qu'un frère médecin aurait pu disséquer une des loupiottes décédées pour en apprendre plus sur ces bestioles.
dit :Oui, ça pourrait être une idée. Pour une fois...
Oh ça va... Dites, je me suis dit que la présence d'un frère médecin pourrait nous en apprendre plus sur le système nerveux des loupiottes. Je veux dire, en faisant une dissection... | |
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Le Luang 21 Astawir 1508 à 22h04
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| La jeune naturaliste griffonnait sur son carnet, esquissant des représentations de la Loupiotte, tout en écoutant sa supérieure, puis lui répondant distraitement, jetant de temps à autre un regard au soldat qui regardait par-dessus son épaule. Ce n’était pas très agréable de se sentir ainsi observée pendant qu’elle travaillait, mais elle décida de le supporter, si cela occupait cet esprit tourmenté, cela en valait la peine.
« Et bien, je ne sais que vous dire, madame, sinon que je suis impatiente d’apprendre quelles sont ces recherches dont vous me parlez. J’ai toujours aimé la botanique, et la nature, de manière générale, et ce sera pour moi un plaisir, et un honneur, que de travailler avec vous.
J’ai toujours été admirative de ce que vous aviez créé dans les jardins, et dans cette loge, madame. Je ne connais lieu plus paisible et merveilleux qu’Ykénia, grâce à votre travail. Du moins je n’en connaissais aucun avant qu’ils ne soient ravagés… Mais leur splendeur renaitra, je vous y aiderai ! »
Elle se mit à tirer légèrement la langue, s’appliquant sur une partie délicate de son dessin.
« J’ai pu assister à quelques unes de vos interventions auprès des élèves, au cours de ma fraîche jeunesse, je dois dire que je suis particulièrement heureuse de pouvoir apprendre, et découvrir, auprès de quelqu’un comme vous. Les discussions ne seront au moins pas ennuyeuses, madame ! »
Tout en conversant elle finit par terminer ses esquisses, plutôt satisfaite d’elle. Elle referma son carnet et écouta un instant les paroles des autres membres du groupe.
« Mais chaque chose en son temps, les jardins attendront notre retour pour que nous les aimions et les choyions. Pour l’heure, c’est cette petite créature qui importe… Et il pourrait en effet être bon de garder des spécimens pour les dissections… J’espérais pouvoir en rapporter plusieurs pour nous exercer tous ! »
Elle se tourna vers le soldat et le regarda avec de grands yeux. Il pensait immédiatement à la solution la moins douce pour la nature. Comme il devait être triste, et tourmenté, pour être si froid. Elle sourit.
« Frère Stennar, il serait préférable de chercher à conserver les corps que nous avons plutôt que d’aller traquer des créatures qui ne nous menacent pas et les mettre à mort pour nos études. Eviter de prendre des vies inutilement est une solution que je préfèrerais… »
Elle marqua une petite pause avant de continuer, plus gaiement.
« Je vais faire du thé, quelqu’un en veut ? » | |
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