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Le Merakih 20 Fambir 1508 à 21h40
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Une journée de plus à dormir dehors. Trouver une nouvelle cachette devenait de plus en plus urgent, tout comme trouver de quoi manger, ce qui est difficile sans argent, du moins pas plus que d'habitude.
Réveillée à l'aube sous le chariot qui lui lui avait servi d'abrit pendant la nuit, Sheena s'éclipsa sans bruit, laissant son frère qui dormait encore. La filette venait d'avoir une nouvelle idée pour gagner quelques pièces, et était décidée à lui montrer qu'elle était vraiment grande et capable de réussir. Après tout, elle avait presque 10 ans à présent, si elle se souvenais bien.
Pieds nus comme toujours, elle quitta les bas-quartiers de la ville où elle avait grandi et toujours vécu pour le centre de la ville, à la recherche de tout ce qui pourrait lui être utile. Elle ramassa quelques morceaux de métal rouillés dans un tas de détruitus d'un armurier, des lambeaux de tissus et du charbon. Un arbre lui fournit quelques brindilles et une fine branche. Après plusieurs tentatives infructueuses, elle parvint à toucher un oiseau avec sa fronde dont elle récupéra les plumes, puis elle fila en direction des portes de la ville et attendit leur ouverture. Elle ne s'éloigna pas des rempart mais se contenta de fouiner au bord de la route en ramassant des cailloux de diverses tailles, formes et couleurs.
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Le Merakih 20 Fambir 1508 à 22h13
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Ayant enfin collecté ce dont elle avait besoin, Sheena rentra en sautillant dans la ville qui commençait à s'animer. Dans la ville basse, elle retrouva sans peine le chariot où elle avait passé la nuit, mais aucune trace de Jetro. Trop enthousiasmée par son projet, elle remit à plus tard le moment de se mettre à sa recherche.
Elle récupéra la pelotte de ficelle et les quelques morceaux de fils de fer qu'elle avait récupérés plusieurs jours auparavant et dissimulés près du chariot et s'installa dans un coin pour se mettre au travail. Elle commença par choisir un caillou large et plat, aux bords arrondis, autour duuel elle un morceau de ficelle, consolidé avec plusieurs noeuds. Puis elle glissa un autre fil sous un noeud et s'en servit pour attacher au caillou l'un des morceaux de métal. Elle glissa quelques plumes dans le autres noeuds, et enfin attacha un autre morceau de ficelle de manière à faire un bracelet d'où pendait son bricolage.
Elle s'occupa ainsi pendant plusieurs heures de la matinée à fabriquer des sortes de bracelets et colliers. Lorsqu'il ne lui resta plus suffisament de matériaux, elle s'occupa du le fragment de branche le plus grand qu'elle tailla avec son couteau pour en enlever l'écorce, et dans lequel elle fit quelques fentes où elle planta des plumes.
Avec le charbon, elle inscrivit quelques signes compliqués et dépourvus de toute signification sur les cailloux, et avec les feuilles et morceaux d'écorce qu'elle avait enlevés de la baguette de bois elle colora un peu ses créations de vert et marron.
Finalement, elle pris la baguette de bois décorée de plumes et de symboles, et d'un air extrèmement sérieux l'agita au dessus de chaque babiole en prononçant une formule magique improvisée.
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Le Merakih 20 Fambir 1508 à 22h35
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| Enfin, elle était prête !
Jetro n'ayant toujours pas reparu, elle fourra ses créations dans sa sacoche et décida de partir sans attendre dans les quartiers plus aisés d'Oriande la ville vendre ses amulettes contre les rejetons. Seulement, son apparence ne jouait pas en sa faveur dans ce genre d'endroit et crier comme un marchand de poisson serait certainement le meilleur moyen d'attirer les miliciens. Elle préféra donc accoster les acheteurs potentiels un à uns, ce qui d'ailleurs avait été plus efficace la fois où elle avait cherché à vendre des couronnes de fleurs ramassées dans les jardins de la ville.
Appercevant une femme qui avait l'air de faire un acheteur potentiel, elle l'accosta avec espoir.
« - M'dame ! Je vends d...
- File d'ici, souillon ! » l'imterrompit la femme avant qu'elle ait eu le temps d'en dire plus.
Secouant la tête, Sheena passa son chemin et continua sans se désespérer à chercher des acheteurs. Elle n'eut pas plus de succès avec le suivant, et son air déguenillée n'arrangeant rien elle fila rapidement à la menace d'appeler la milice -pour retenter la même chose quelques rues plus loin, de retour dans ville basse.
Un homme en armure passait non loin, qui avait l'air d'appartenir à la bulle noire. Dans un éclair de génie, Sheena comprit ses chances : la bulle noire devait combattre les démons, donc ils auraient certainement besoin de ses amulettes ! Aucun doute à avoir là-dessus.
« 'Jour m'sieu ! Je vends des amulettes contre les rejetons, les Jitian Déçus, très efficaces ! enchantées spécialement pour ça ! » | |
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Le Merakih 20 Fambir 1508 à 22h59
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| La ville basse. Un ramassis de bons à rien et de mendiants propres à une seule chose, celle de permettre aux voleurs et aux brigands de se fondre dans la masse. Un lieu dangereux que les gens évitaient autant que possible, car il n'était pas rare de s'y faire agresser, ou racketter.
L'étrange silhouette dans son inquiétante armure y venait souvent, et il était devenu familier pour les habitants de ces quartiers de croiser cet insolite hymne à la douleur et à la mort, tout hérissé de pics, mélange de cuir et de métal, sombre et souillé de sang séché. La stature de ce soldat le désignait comme un Tchaë, mais qui pouvait en être sûr, vu qu'il ne laissait voir d'autre parcelle de son corps que ses yeux noirs. On n'approchait pas le chevalier, mais on se faisait à sa présence, le fait qu'il porte les insignes de la Bulle Noire aidant sans doute à cela.
Des affaires sombres se déroulaient en permanence dans ce quartier, et peu nombreux étaient ceux qui osaient venir s'en mêler. Lui avait fini par considérer que la tâche lui revenait, et s'en accommodait. Il s'était fait fabriqué cette carapace pour intimider, pour que l'on ose s'attaquer à lui. Cela portait ses fruits, et il n'avait pas eut à se plaindre de l'idée.
A l'aube de ce jour il revenait d'une descente dans une taverne dans laquelle il était venu vérifier une rumeur qui courait, et qui comme c'était souvent le cas s'était révélée infructueuse. La population de la ville basse n'était guère encline à renseigner les autorités locales. Il s'accommodait de cela également. Il marchait d'un pas régulier au travers des ruelles, sans se mêler à la foule naissante du matin, se déplaçant au sein du petit îlot de vide qui se créait immanquablement autour de sa personne.
Il fut interpelé par une voix, et la venue d'une jeune fille plus près de lui que n'osaient s'approcher bien des adultes. Il posa ses yeux sur elle, observant son visage et écoutant ses paroles. Elle semblait vouloir lui vendre une babiole, comme beaucoup de démunis de ce quartier, mais son discours possédait un petit quelque chose qui le dérangeait : elle parlait de rejetons. Il avait reçu l'ordre du Général de faire en sorte que les non symbioses n'apprennent pas la présence de Jytryans dans la région, pour ne pas créer de panique. La petite, symbiosée, risquait de propager cette peur sans le vouloir.
Il se planta face à elle pour lui répondre, de sa voix rendue métallique par son casque.
« Bonjour petite... Des amulettes contre les rejetons, dis-tu ? Cela pourrait m'intéresser... Tout dépend de leur efficacité... Et de leur prix... Mais dis-moi, les rues ne sont pas sûres pour une demoiselle comme toi, tu es seule ? » | |
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Le Merakih 20 Fambir 1508 à 23h32
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| Heureuse d'avoir trouvé quelqu'un qui semblait intéressé, Sheena commença à sautillé autour de Trempe.
« Mais je suis grande, j'ai dix ans quand même. Et il y a mon frère, sauf que je ne sais pas où il est passé.
En tout cas, ces amulettes sont forcément efficaces, puisque c'est des amulettes magiques ! »
Elle brandi l'une des amulettes, un bracelet avec deux pierres accrochées à ce qui ressemblait à un bout de piston cassé entouré de plumes.
« Celle-ci, c'est pour détecter les rejetons : s'il y en a un qui approche, elle se met à clignotter. Pour une pièce, c'est vraimment donné ! »
Et deux pièces celle-là, continua-t-elle en en présentant une autre, un collier auquel pendait six petites pièces de métal noircies au charbon, et au centre une pierre oblongue avec un symbole illisible, elle sert à se rendre invisible aux yeux des rejetons : à la place ils voient un rat, et ils ne mangent pas les rats, juste les gens.
D'un air très fier :
« C'est utile, hein ? C'est moi qui ai eu l'idée ! Et puis je les ai enchantées moi-même ! J'ai appris en regardant faire un mage une fois : agiter un baton et une formule et tout ça ! Et quand je serai grande... je le suis déjà, mais quand je le serai encore plus, je serai une mage ! Ou alors coiffeuse ou archer. Ou peut-être alchimiste, je ne sais pas trop. » | |
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Le Merakih 20 Fambir 1508 à 23h52
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| Le chevalier ne put se retenir d'esquisser un sourire aux paroles de la jeune fille, sourire qui fort heureusement demeura invisible aux yeux de la vendeuse à la sauvette, car masqué par son casque.
Il regardait cette enfant lui déballer son baratin et ses babioles avec le bagout d'un marchand et une assurance peu commune pour son âge. Elle semblait débrouillarde, et cela lui donnait quelques idées. Il aurait mille et une tâches à faire effectuer à un jeune esprit débrouillard qui passerait inaperçu dans ces quartiers. Mais il y avait plus urgent.
Il mit un genou à terre face à l'enfant, pour se mettre plus à sa hauteur, et regarda d'un œil faussement intéresse les amulettes qu'elle voulait lui faire acheter. Il avait put croiser la route de plusieurs magiciens qui sans aucun doute devaient être supérieurs à cette enfant, si tant est qu'elle possédé le moindre pouvoir. Il se doutait qu'elle cherchait à le rouler. Pourtant elle pouvait s'avérer utile, et elle lui plaisait beaucoup.
« Grande je ne sais pas, mais tu es débrouillarde en tout cas... »
Il posa son regard noir dans le sien, prenant un ton sérieux. Il commençait à nourrir des projets pour cet enfant qui lui rappelait un peu sa propre jeunesse. Il avait souvent dû faire comme elle pour manger, même si les méthodes différaient. Certaines personnes lui avaient donné sa chance, pour lui permettre de s'en sortir, et en ce jour il se trouvait dans la situation inverse.
Il lui fallait tout d'abord intéresser l'enfant, pour l'amener à se confier à lui et lui dire ce qu'il voulait entendre. Pour cela, il décida de marcher à son jeu et de lui promettre de lui acheter ses babioles. Elle le méritait bien, et cela lui permettrait de la faire parler.
« Tu mériterais presque que je t'achète tes amulettes... Mais avant cela dis-moi, toi et ton frères vous avez de la famille, quelque part où aller ?... » | |
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Le Julung 21 Fambir 1508 à 00h27
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| Sheena s'apprêtait à répondre lorsque son frère surgit. De peur que Trermpe ne change d'avis et ne parte sans rien lui acheter, elle se précipita vers Jetro.
« Maiiis ! Il veut m'acheter des amulettes ! »
Se rappelant qu'il n'était pas au courant, elle s'expliqua, et se rappella par là qu'elle avait mit une des amulettes de côté.
« C'est contre les rejetons, je les ai fait ce matin ! D'ailleurs, tiens ! »
Elle fouilla dans son sac et en sortit une autre amulette, plus complexe et plus barbouillée de signes que les autres, et la fourra dans les mains de son frère.
« Tiens, je t'en ai fais une pour toi aussi ! »
Elle regarda d'un air inquiet Trempe, espérant qu'il jugerait qu'une amulette aussi utile vaille la peine d'attendre un peu. | |
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Le Julung 21 Fambir 1508 à 00h46
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| Le chevalier fut interrompu dans sa discussion par une voix jeune mais vraisemblablement masculine. N'ayant pas touché, et n'ayant pas un instant songé à toucher la jeune fille, il ne prit pas cette invective pour lui, mais la prudence élémentaire dans un tel quartier lui dicta de se remettre sur pieds, simplement au cas où un danger surviendrait. Bien des gens ici pourraient être tentés de profiter d'une bagarre pour mettre à mort un membre de la Bulle Noire, et protéger son trafic de ce fait.
Dans un geste purement instinctif il posa une main sur la garde de son épée, et tendit l'autre sur le côté, pour la placer entre l'origine de la voix et la petite fille, pour la protéger. Il se rendit compte qu'elle n'était plus là en la voyant se précipiter vers un garçonnet à peine plus âgé qu'elle.
Il fut rapidement clair qu'il s'agissait là du frère de la marchande, et de par là même il s'imposa à l'esprit du soldat que c'était à lui que le petit s'était adressé. Il le jaugea un instant, ne voyant aucune arme, et se mit à songer qu'il avait un cran certain. Il n'avait pas eut la chance d'avoir un frère ou une soeur dans son enfance, mais il avait dû lui aussi faire preuve de courage, ou du moins de bravache simulée. Il se détendit.
La petite fille, après avoir donné une amulette à son frère, se retourna vers lui, le regardant avec un air curieux. Il comprit au bout d'un instant qu'elle s'inquiétait pour son argent. Il s'approcha du couple fraternel pour s'adresser aux deux.
« Bonjour mon garçon. Tu es un bien vaillant Tchaë pour te porter ainsi au secours de ta soeur, mais rassures-toi elle ne craint rien de ma part. Dites-moi tous les deux, vous avez quelque part où aller, une famille ? » | |
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Le Julung 21 Fambir 1508 à 18h16
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| Le soldat ne put cette fois se retenir de partir d'un petit rire amusé sous son casque, en entendant les paroles de l'enfant. Il les regarda tous les deux durant un instant avant de répondre aux questions posées.
« Mon garçon, je pourrais te répondre que je te pose ces questions parce que je suis Lieutenant de la Bulle Noire et que cela fait partie de mes attributions que de faire régner l'ordre dans la cité, hors tu m'as menacé, et par là même tu as signifié ton intention de troubler l'ordre... »
Il marqua une petite pose pour se retenir de faire marcher un peu plus loin l'enfant et de le menacer de le faire mettre en cellule quelques temps pour qu'il puisse réfléchir à ce qu'il avait fait. Il n'était pas là pour ça.
« Mais nul besoin de te réprimander, je vais laisser ta sœur le faire... Sans ton intervention elle aurait pût vendre deux amulettes, mais à présent...
Enfin, ce n'est pas important... J'aurais peut-être pu avoir du travail pour vous, avec une paie à la clé, mais puisque cela n'a pas l'air de vous intéresser je ne vais pas vous importuner plus longtemps... »
Il jeta un oeil autour de lui, semblant hésiter sur quelle direction prendre à présent pour poursuivre sa marche. Il attendait de voir quelle serait la réaction des deux bambins. | |
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Le Julung 21 Fambir 1508 à 19h37
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| Sheena sembla extrèmement déçue lorsque Trempe déclara ne plus vouloir de ses amulettes. Après tout, s'il faisait partie de la bulle noire, en tant que soldat une arme nouvelle et efficace contre les affreux rejetons ne pouvait que lui être utile. Hm...
Alors, c'était qu'il devait être fort ! Très fort ! Et ce à tel point qu'il était capable de combattre et vaincre tout seul des rejetons, sans l'aide de quiconque, sans l'aide de quelqu'objet magique que ce soit ! Oui, c'était certainement, et la preuve était qu'il évoquait son titre, « Lieutenant de la Bulle Noire », comme s'il s'agissait de quelque chose d'important, et, même si Sheena ne savait pas exactement à quoi « Lieutenant » correspondait, elle imaginait que cela devait être bien mieux que simple soldat. Or, pour être chef, il fallait nécéssairement être très fort. C'était logique !
Cela décidé, et posé comme fait incontestable, elle flaira immédiatement l'occasion de faire de l'argent. En effet, s'il était chef ou quelque chose comme ça, et qu'il faisait partie de l'armée, il devait avoir de l'argent --au moins celui de l'armée-- à donner : d'après ce qu'elle imaginait, tous les soldats étaient nourris, logés, blanchis, et équipés par les chefs ou le roi, et en plus recevaient de l'argent. S'il avait donc pensé à les employer, ce serait donc financièrement une aubaine pour elle et son frère. Cela enflamma son immagination en cherchant de quel travail il pouvait s'agir au point qu'elle en oublia sa déception d'avoir vu ses « amulettes enchantées magiquement » dédaignées.
« Une paie ? Mais si, mais si cela m'intéresse ! Je suis très douée, vous savez ? Je sais faire tout plein de choses ! Pas seulement faire de la magie, mais aussi lire les lignes de la main, et tirer les cartes, et faire de la couture un peu, pour réparer les trous dans les vêtements en les rapiéçant, et fabriquer des couronnes de fleurs ! Enfin, du moment que mon frère est d'accord, 'videmment. »
Elle lança un regard plein d'espoir à celui-ci et lui chuchotta, en négligeant de baisser suffisament la voix pour que le Lieutenant ne puisse entendre :
« Tu es d'accord, hein ? »
Cependant, un souvenir fugace vint atténuer quelque peu son enthousiasme. Le mot « travail » évoquait des souvenirs peu agréables : la dernière fois qu'on leur en avait proposé, ou plutôt qu'un de leurs voisin les avait mis devant le fait accompli, son frère avait été envoyé elle ne savait où, loin d'elle, et ne rentrait que très tard le soir pour repartir très tôt; pendant qu'elle travaillait chez l'homme et ainsi ne pouvait voir Jetro qu'extrèmement peu. Hors de question qu'ils soient à nouveau séparés !
« Mais en tout cas, pas question qu'on soit séparés et qu'on ne puisse plus se voir, hein ? » ajouta-t-elle d'un air inquiet. | |
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Le Julung 21 Fambir 1508 à 20h19
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Pendant que Sheena etait en pleine réflexion Jetro lui s'inquiétait toujours. Un lieutenant? Et il pense qu'on va le croire sur parole? Attend voir le machin bizarre va peut être servir à quelque chose.
Trucmuche ! Viens par la. Comment ça marche déjà?...Ah oui...
Une petite seconde juste et il recommença à regarder le lieutenant d'un air suspicieux, un peu surpris mais essayant de ne pas le faire paraitre. Prenant son air le plus impressionnant, les deux poings sur les hanches, le torses bombé. Il allait répondre à l'homme décidément trop louche, mais sa sœur le devança.
Voyant le visage emplit d'espoir de Sheena, sa résolution de faire déguerpir le dangereux Tchaë disparut d'un seul coup. Il prit la main de sa sœur avant de lui répondre d'une voix douce.
Personne ne nous séparera, ne t'inquiète pas Sheena. Reste ici je vais parler avec le lieutenant d'homme a homme deux secondes.
Il lui sourit avant de se retourner et de faire signe au Lieutenant de le suivre. Et enfin lorsqu'il jugea la distance suffisante, il s'adressa a la grande personne d'un air embêtè.
Bon déjà tu a l'air d'être un Lieutenant donc pardon... Mais c'est louche tu avais pas besoin de me répondre dans ma tête.
Euh... Donc lieutenant... Je veux bien un travail, je dois protéger ma sœur, mais avant tout, elle reste avec moi et si tu es un père-verts c'est même pas la peine. Et je veux pas qu'elle soit embêtée. Et si tu est d'accord ca marche. Tu verra je travail bien, je suis prêt a tout faire...
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Le Julung 21 Fambir 1508 à 20h52
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| Le Lieutenant était des plus amusé par ces jeunes Tchaës qui lui rappelaient sa propre enfance. C'était chose étonnante pour lui de ressentir ainsi une forme d'empathie avec des inconnus. Sans doute le fait qu'il se revoyait un peu en eux était pour beaucoup dans cela.
La marchande semblait être intéressée par un travail, et semblait vouloir convaincre son frère. Cela lui confirmait le soupçon que les petits êtres devaient être sans foyer, et sans famille, et qu'ils devaient sans doute vivre de vagabondage. Le fait était qu'il pouvait sentir qu'ils étaient symbiosés, et que s'il ne pouvait aider tous les orphelins eux représentaient une possibilité pour la Fraternité, un matériau précieux.
La fille semblait vouloir qu'il la rassure sur le fait qu'il ne la séparerait pas de son frère, tandis que le frère semblait vouloir lui parler à part. Il les regarda tous les deux, cherchant à les comprendre. Son frère devait être la seule chose que la petite fille avait, et elle devait sans doute avoir peur d'être séparée de lui, pensant qu'il la protégeait de tout. Quant à lui, il semblait avoir dû grandir trop vite pour la protéger, et vouloir se comporter comme un adulte veillant sur son enfant. Un frère veillant sur sa sœur ? Il l'ignorait, il avait été fils unique et ne connaissait pas cet amour là.
Le garçon lança alors un appel télépathique à toute la fraternité pour le présenter lui comme un type louche, et demander de l'aide. Il ne semblait visiblement pas connaître les blasons et douter du fait qu'il pouvait être officier de la Bulle Noire. Se concentrant un instant, le chevalier lui répondit mentalement, rassurant tout le monde, et le rassurant lui il l'espérait.
Il acquiesça d'un signe de la tête à la demande du garçon. Avant de le suivre, il eut un mot pour sa petite sœur, pour la rassurer.
« Je ne vous séparerai pas, ton frère et toi, ma petite... »
Il alla à l'écart de quelques pas pour écouter l'argumentation du bambin, et ne put s'empêcher de sourire sous son casque. Il avait vraiment tout d'un protecteur, sauf la carrure. Il ne voulut pas le vexer en lui faisait part de ce détail qu'il n'aurait sans doute pas compris.
« Mon garçon, tu as ma parole que je veillerai personnellement à ce que l'on ne vous embêtes pas toi et ta sœur. Vous serez sous ma protection, le temps pour moi de t'apprendre à te battre pour la protéger, si tu veux bien...
J'ai besoin de gens motivés pour mes troupes, les troupes du Génie. Rassures-toi, il ne s'agira pas de vous envoyer vous battre toi et ta sœur, ce n'est pas là mon rôle et ne sera pas le votre. Il y mille et une choses à faire et j'ai besoin de bras courageux.
Tu crois que ta petite sœur et toi pourriez apprendre à devenir soldats ? » | |
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Le Julung 21 Fambir 1508 à 21h40
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| Le Chevalier put voir la mine ravie du jeune Tchaë à l'annonce de sa proposition. Il tenait peut-être là un futur grand soldat, après tout, lui aussi avait commencé à cet âge là, au sein de la troupe, à accomplir les tâches ingrates et peu reluisantes. Aujourd'hui il était Lieutenant, qui savait si un jour il ne verrait pas ce petit le rejoindre à ce poste ?
Il l'écouta avec attention et amusement, ses questions coulant sous le sens à ses yeux adultes mais devant être très sérieuses pour le petit le faisait sourire. Posant négligemment la main sur le pommeau de son épée il lui répondit calmement, faisant grand soin de ne rien oublier.
« Je te promets de veiller sur ta sœur comme si elle était ma propre fille, mon garçon, et de la protéger du danger du mieux que je le peux... »
Il jeta un regard vers la petite fille, qui attendait un peu plus loin. sa fille, quelle étrange idée était-ce là pour lui, éternel célibataire. Ils devaient être peu dans l'armée à pouvoir être certains de pas être pères. Lui l'était, et avait entendu le rester. Mais ce cas si n'était pas vraiment pareil.
« et oui vous aurez des vêtements chauds, je n'ai pas envie de voir mes troupes mourir de faim, tu sais. Je veillerais à cela moi-même. »
Il resta un instant songeur quant à la dernière question. La fillette pourrait-elle suivre le même rythme ne n'étant pas soldat ? Sans doute pas, elle n'aurait pas accès aux baraquements, aux vivres, et lui n'avait pas les moyens d'entretenir une habitation.
« Je pense mon garçon que si elle ne veut pas devenir soldat, tu ne le devrais pas non plus, pour rester avec elle. Un soldat est amené à aller à des endroits où eux seuls peuvent aller, et je ne pourrais tenir ma promesse de ne pas vous séparer tous les deux si vous n'êtes pas tous les deux soldats. Du moins pas si vous restez avec moi... » | |
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Le Julung 21 Fambir 1508 à 22h32
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| Restée à part pendant la discussion entre son frère et Trempe pour ne pas les interrompre, Sheena était demeurée silencieuse en attendant. Elle s'occupait à dessiner dans la couche de saletés mêlées de boue tassée qui servait de rue à cet endroit là à l'aide de sa nouvelle baguette magique lorsque son frère revint.
Elle se releva, et, partagée entre l'envie de faire un travail amusant ailleur que dans ce quartier, pour changer, en gagnant même de l'argent, et celle de ne pas être séparée de son frère, elle écouta avec apréhension les rapides explications de celui-ci tout en essuyant machinalement le bout encrassé de sa baguette sur sa manche. Apprendre qu'ils seraient ensemble la rassura immédiatement. Sa principale crainte écartée, elle repensa au reste des explications que Jetro avait données et ses grands yeux fixèrent Trempe d'un air plus qu'interloqué.
« Les troupes du Génie ?... »
Pensive, ses sourcils se froncèrent sous l'effort d'une très intense réflexion, à la suite de laquelle son visage s'éclaira soudainement. Ses yeux revinrent vers son frère.
« Ah ! Il est bien chef alors ? Et si c'est ses troupes à lui et que c'est les troupes du Génie, alors c'est lui qui est le Génie ? »
Sous le coup de l'enthousiasme, ne pouvant rester en place elle se remit à sautiller en fixant tout à tour son frère et Trempe.
« Et c'est une troupe pour les futurs Génies, alors ?! Je veux venir ! » | |
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