Bienvenue dans le forum de Oriandre
La place du marché

Et dans le quartier des Halles...

... On se prépare aussi à défendre !
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Sujet lancé par Aedrenith
Le 12-04-1510 à 15h20
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Posté par Solereï,
Le 17-04-1510 à 17h37
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Aedrenith

Le Luang 12 Astawir 1510 à 15h20

 
Au milieu des préparatifs de tout un chacun pour préparer on ne savait trop quoi, peu de gens avaient fait attention à la dizaine de Frères Noirs conduisant un chariot bâché à travers les ruelles. Les consignes du Roi de préparer l'évacuation des civils étaient à peine tombées, les ordres du Général pour la préparation de la défense également, et les premiers noyaux de réaction ordonnés se formaient autour des symbiosés. Il en serait encore ainsi le temps que la nouvelle se répande, sauf pour les mesures ayant anticipées ces nouvelles.

La petite troupe se rendait aux Halles des Corporations, dans un coin peu fréquenté, où attendaient un Sergent de la Bulle, avec quelques volontaires ayant répondus à l'appel placardé un peu plus tôt dans la journée sous les ordres du Commandant du Corps de Médecine. Pas grand monde, bien moins que l'officier ne l'aurait espéré. Mais elle s'était tout de même déplacée en personne, à la réception du rapport de son subalterne.

Ce dernier avait discuté un instant avec les soldats, qui s'avéraient être son escouade, et s'entretenait à présent à voix basse et à l'écart avec son supérieur. Les Rouges d'un côté et les Noirs de l'autre n'entendaient pas les paroles échangées mais ils se doutaient de quoi il devait être question. Même si leurs doutes étaient bien différents l'un de l'autre. Et si, en vérité, les deux pensées étaient justes. Les Noirs ne cherchaient pas trop à anticiper, leur chef était réputé pour être volontiers secrète, mais tout aussi soucieuse de l'avenir de ses troupes, ils avaient appris à lui faire confiance même sans savoir ce qu'elle préparait. Côté Rouge, le doute était plus présent, mais par bonheur les insignes de tous les soldats étaient ceux du Corps de Médecine, qui jouissait d'une réputation favorable de par son activité quotidienne auprès de la population. Et le Sergent lui-même, et bien il demandait ses nouvelles consignes, conscient que la présence de ses hommes en était l'annonce.

Toi et tes gars vous allez vous installer par là, lui expliqua-t-elle en désignant d'un geste discret un bâtisse à une cinquantaine de mètres, c'est la baraque d'un de nos Frères du Corps, il a accepté qu'elle serve aux opérations. Vous y entrerez discrètement, et par derrière. Pas avant la nuit tombée, que ça se vide un peu par ici...

Le sous officier fronça des sourcils broussailleux. Ils ont décidé de faire comme tu préconisais, alors ?

Elle hocha la tête, pour ponctuer sa réponse. En partie. On va combattre dans les rues, si la muraille tombe. Avait-elle vraiment dit "si" ? Elle eut un doute, après coup. Dans sa tête, l'enchainement logique se faisait avec un "quand", et elle avait du mal à cacher cette certitude. C'est pour ça que je veux que vous installez un dispensaire là dedans, mais discrètement. Aucun civil, ni même aucun Frère Noir doit savoir que vous êtes dans ce bâtiment là... Cette nuit vous vous y retranchez et vous restez discrets jusqu'à recevoir mes ordres... Vous aurez à sortir, vous me faites ça de façon à ce que ça passe inaperçu.. Le matériel dans le chariot est en bonne partie pour vous. Il alla pour la questionner, mais elle l'interrompit d'un geste. J'ai mes raisons, pas le temps de s'expliquer. Je te confie aussi les Rouges, ils vont bosser dans les locaux de la forge, pas moyen de les cacher, eux, alors tu me les gardes sous les yeux, laisse deux ou trois gars avec eux, et si on leur cherche des noises, vous vous en occupez... On n'a pas le temps de faire dans la dentelle... Allez, bonne chance !


Elle lui donna une petite tape amicale sur l'épaule, il lui répondit par un demi sourire. L'instant d'après, il reprenait la tête de ses hommes, et elle s'adressait aux Rouges.

Je suis le Commandant Aedrenith, Corps de Médecine. Merci d'avoir répondu à l'appel. Avant que je commence, qui ici a une femme ou des mouflets ?

Quatre mains se levèrent. Quatre voix se succédèrent. Le premier avait une femme, qui comptait double parce qu'elle portait leur gosse. Les deux suivants, une femme aussi, et des mômes encore jeunes. Le dernier, veuf, mais avec trois gosses. Tous adultes, ceux là, tous forgerons, et tous dans les volontaires. Ah ben ça ! Ça faisait une bonne nouvelle au milieu de trois mauvaises.

Vous trois, désigna-t-elle ceux qui devaient ou devraient assurer leur rôle d'époux et de père, retournez auprès des vôtres. La population civile va être évacuée, ordre du Roi, vos femmes et vos mômes vont avoir besoin de vous... Les autres, voilà comment on va s'organiser ! Elle prit un instant pour réfléchir, elle improvisait sur le tas. Elle commençait à en avoir l'habitude. Elle désigna le vieux aux trois fils volontaires. Toi, tu va être le chef de ce groupe. Sa petite famille constituerait un noyau dur autour duquel souder les autres. Dans ce chariot, là, y'a une dizaine de MageLames. Tout ce qu'on a pu réquisitionner. C'était faux, elle en avait plus, mais voulait garder de la réserve, au cas où. Vous allez en arracher des échardes et en faire des pointes de flèches, le plus possible... Le Sergent va rester dans le coin avec ses hommes, pour veiller que personne vienne vous en empêcher ! Et pour commencer, vous allez me donner vos noms !

Les questions de procédure réglées, le groupe de forgerons prit possession des épées et de la forge, et ses mirent à la tâche. Rapidement. La doctoresse se tint à l'écart, ce n'était pas son domaine. Rien dans ce projet n'était son domaine, mais comme personne ne le faisait, il fallait bien que quelqu'un se dévoue... Elle s'efforçait de déléguer au mieux pour tout ce qui était technique, et qui la dépassait, se contentant des autorisations à fournir et de la légitimité des actes.

La production en marche, le Frère Rouge revint la trouver.

Dans combien de temps vous serez prêts ? lui demanda-t-elle de but en blanc.

Il caressa sa barbe, réfléchissant, avant d'annoncer son estimation. Une dizaine d'heures, je dirais. A l'aube au pire des cas... Ça fera pas un grand stock, par contre, trop petites quantités. Mais on fera notre boulot, parole de Drigue ! Drigue, elle l'avait appris en relevant les identités des volontaires, c'était son nom de famille. Ses trois fils avaient le même, et tout le monde les appelait comme ça. Pas de prénom. Superbement pratique, comme façon de fonctionner...

La tchaë promit de repasser plus tard, et s'assura en sortant que les Brancardiers et l'Infirmier ne rencontraient pas de difficultés. Puis elle se mit en route vers le prochain point à organiser. Cela faisait un mois qu'aucune de ses nuits n'avait dépassée les trois heures, mais cette fois, elle s'estimerait heureuse si elle arrivait à faire la sieste vingt minutes, avant que l'aube ne se lève.

En chemin, elle piocha quelques feuilles dans sa besace, et entreprit consciencieusement de les mâcher, pour calmer la douleur. Elle avait besoin de réfléchir et la douleur l'en empêchait...


 
Aedrenith

Le Matal 13 Astawir 1510 à 18h44

 
Quelques heures s'écoulèrent, le temps de tout régler et de commencer réellement la transformation des lames en pointes, et après quelques tentatives pour s'assurer de leur observation, les forgerons de la Rouge comprirent que ce changement jouait d'une façon ou d'autre sur l'enchantement, l'annulant tout simplement.

Le Frère Drigue père en toucha alors deux mots aux deux Noirs en faction, qui rapportèrent la chose à leur Sergent, qui à son tour fit envoyer un message au Commandant. L'information ayant eu grandement le temps de s'altérer dans cette chaîne, elle fut passablement déformée en arrivant à sa destinataire, un bon moment après car il fallu que le soldat passe par différents lieux où son supérieur était susceptible de se trouver avant de la localiser effectivement. Elle comprit simplement que quelque chose clochait. Alors, elle se mit en route.

Ce ne fut qu'une bonne heure après le constat qu'elle revint sur les lieux de la production, dans le quartier des Halles, pour s'entretenir avec les forgerons volontaires, plus particulièrement celui qu'elle avait désigné comme chef.

Me voici Frère, que se passe-t-il ? Lui demanda-t-elle de but en blanc, inquiète de la possibilité qu'il lui serve un laïus technique dont elle ne piperait mot.

Ça marche pas, lui répondit-il, l'air un peu déçu.

Qu'est-ce qui ne marche pas ? Elle avait sous les lieux des pointes de flèches, et moins de magelames qu'au départ, de fait pour une inculte comme elle en matière d'enchantement, l'échec n'était pas perceptible.

Casser les lames, ça rompt l'enchantement... Les flèches, là, elles sont tout ce qu'il y a de plus banales...

La doctoresse afficha un air abattu, à son tour. Même si depuis le début il était peu probable que la chose fonctionne, elle avait tout de même conçu un petit espoir qu'il en aille autrement. Dans la forge, les volontaires avaient cessé le travail, attendant des instructions. Pour eux qui avaient travaillé sur la chose, l'échec devait être aussi douloureux. Elle soupira, ne sachant trop que dire. Sa seule réponse lui fut soufflée par son instinct, banalement.

Merci d'avoir essayé, Frères... Si ça ne veut pas, ça ne veut pas... Rentrez chez-vous, préparez vous à l'évacuation, il n'y a plus de raison de vous faire prendre des risques ici, à présent...

Leur donner leur chance, c'était tout ce qu'elle pouvait faire. Ils l'avaient bien mérité. Même si à l'heure actuelle, d'après ce qu'on lui en avait dit à l'état major, le gouvernement n'avait pas la plus idée d'où envoyer les réfugiés. La question était discutée, semblait-il, c'était déjà un premier pas... Elle ne pouvait qu'espérer que d'ici au départ, une solution serait dégagée des débats entre les têtes pensantes du Désordre.

La doctoresse fit ses adieux aux Frères Rouges, les remerciant encore. Ils avaient fait de leur mieux, avaient été volontaires, et méritaient tout le respect qu'elle leur vouait. Mais ils n'étaient tout simplement pas en mesure de réaliser ce qu'elle leur avait demandé. Il aurait fallu du temps et des gens compétents en matière d'enchantement, pour cela. Les deux manquaient, pour l'heure. Il n'y aura pas moyen de tenter autre chose dans ce domaine. Pas cette nuit.

Et malgré ses tentatives, il semblait bien que parmi les symbiosés, personne ne voulait ou ne pouvait se pencher sur la question. Les non symbiosés, le problème lui était évité. Oriandre allait être évacuée, et elle ne pouvait pas communiquer avec eux à distance.

Il n'y avait plus qu'à espérer que les canons marcheraient et seraient en mesure de repousser le Tark'nal, elle n'avait aucune nouvelle de ce côté là. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ?

Rapidement, elle se remit en route vers d'autres préparatifs, il y avait encore tant à faire...


 
Solereï

Le Sukra 17 Astawir 1510 à 17h37

 
Loin des jardins à présent, loin des déserts. Loin des routes, même.
La Noire, majestueuse, dressait sa citadelle sur le fourmillement des âmes perdues.

Zoom plongeant au nord-ouest. Parmi elle, une silhouette encapuchonnée vient de passer les portes. Bref arrêt. La capuche tombe
Dans l'éclat d'un soleil matinal, ses cheveux d'or s'agitent dans le vent et les reflets de rosée.

Serait-ce... ?

Ses yeux se baissent. Ténébreuse. Mélancolique.
Elle reprend sa course.
Salue les régisseurs, les bleus.

Baër Lupis ? Vous m'avez devancée ?
Mais me voilà. Oriandre est sauvée. Je pars.


Ses petits pas soulèvent quelques rares gouttes, grises sur les pavés et qui se teintent de rose et de turquoise lorsqu'elles volent.
Au loin, les Noirauds se tiennent prêt.
Stop.
Un sourire mystérieux.
Un sac au sol.
Elle tire l'épaisse vieille de bois précieux, sortie première des ateliers "Sheppen, lutherie et compagnie". Le meilleur de l'île. Pièce antique. Depuis des années "Ambelium I" attise les joies et les espoirs. A Farnya, seuls les nouveaux nés et les plus vieux ne sont hantés par ses mélodies. Elle luit à Oriandre.

Elle chante, elle crie. Elle pleure, gémit. Ode son espoir.

Au loin, sans doute, sous-terre, derrière ? Les bêtes arrivent. Elles l'entendront, elles aussi.
Adieu, ténèbres. Affronte mes mots. Supporte nos chants. Entends.
Adieu.

Dans le céleste comme aux abysses va la bastringue.
Et jusqu'aux lobes de nos frères.
Va, la fanfare.


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