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Ruelles du désordre

Tous les matins du monde sont sans retour

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Sujet lancé par Thosen Noril
Le 01-04-1510 à 06h24
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Posté par Aedrenith,
Le 15-04-1510 à 20h20
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Thosen Noril

Le Julung 1 Astawir 1510 à 06h24

 
D'autres inventaires. Toujours plus d'inventaires.

La nuit a été courte mais les rapports de ces derniers jours sur les réserves de nourritures, de médicaments, d'eau et d'armes semble enfin s'accorder et lui fournissent le recul qu'il espérait.

Un léger bâillement. La nuit a décidément été bien courte et Thosen se ressert une tasse de cet excellent thé des montagnes de Lerth lorsque un garde entre dans son bureau.

Un homme alarmé, effrayé peut être.
Et les mots qu'il prononce font couler un filet de sueur glaciale entre les omoplates du diplomate.

L'armée qu'il redoutait vient de sortir de l'ombre pour frapper Oriandre.

Assiéger la cité noire... il n'ose pas le croire. Enfin... c'est Oriandre. Oriandre. Pourquoi attaquer des murs inexpugnables ? Comment ? Pour servir quelle cause ?
Non. Il ne le croit pas.
C'est une farce ridicule montée par ses hommes. Ils se moquent de ses projets défensifs approuvés du bout des lèvres par le Général, jugés irrationnels par le gouvernement. Ils se moquent de cette lubie qui lui a pris.



Les jambes flageolantes, Thosen ouvre grand la fenêtre.
L'atmosphère de la cité a changé.
L'animation chaotique de la rue a laissé place à une nervosité palpable.
Les harangues des commerçants ont changé de nature et le maire ressent presque dans sa chair la rumeur, la peur, qui se propage parmi les siens.

Doucement, avec une précaution extrême, il reprend la tasse fumante laissée sur le meuble et fermant les yeux finit le breuvage.
Le monde vient aujourd'hui de changer. Non. il s'aperçoit aujourd'hui de ce changement.
Déposant avec la même délicatesse le récipient, le jeune diplomate se dirige vers un coffre adossé au mur d'où il sort plusieurs objets. Il s'harnache rapidement, récupère une paire de pistolets de duel, referme son fidèle troisième œil autours de sa gorge et s'arrête un instant sur l'étoffe qui repose encore au fond de la malle.
Une cape ébène aux liserés d'argent. Expirant lentement, Thosen pose le manteau sur ses épaules.


Allons-y.

 
Thosen Noril

Le Julung 1 Astawir 1510 à 06h33

 
Contemplant l’armée qui s’étale devant ses yeux, les deux mains posée sur un créneau, Thosen hoche lentement la tête et reste ainsi, immobile pendant presque deux minutes pour les sentinelles qui commencent à s’amasser.

Ses messages envoyés, le consensus prévenu, Thosen n’attend pas les ordres du Général ou du Roi pour distribuer des instructions aux hommes qui l’entourent. Les fixant chacun quelques secondes, il parle enfin.


Frère Sigo. Allez prévenir Nemiès Thorn de la situation.
Frère Rogrin. Ramenez un lieutenant de chacun des corps ici. Et assurez vous que le mage psychopompe et le commandant des sapeurs soient prévenus de ce qui nous arrive.


Hormis Stennar, aucun des commandants symbiosés de la noire n’étaient présents dans la cité...

Frère sergent Vesil. Allez prévenir les Frères Noir Knïg et Abel, si ils sont dans la cité.
Frère… euh… Huran . Allez trouver un Docteur des armées dans l’hôpital et dites lui de commencer à déplacer malades et remèdes à l’intérieur des murs… Dans le dispensaire aménagé à cet effet.
Frères Hoifur, Abesh, Launn allez jusqu’au temple noir et prenez avec vous tout les bras capables. Tout les tchaës vont être probablement enrôlés pour défendre la ville, autant que ce soit fait le plus tôt possible.
Frère Teron, prévenez nos frères de l’intendance qu’ils nous amènent eau et munitions. Davantage d’armes aussi.
Vous trois. Apportez l’ordre que les portes là bas doivent être prêtes à être fermée à n’importe quel instant.
Frère Zyreg, allez prévenir les Confrères du Fundeq. Dites leurs qu’ils peuvent trouver abris dans la cité s’ils le désirent. Qu’ils emportent alors armes et vivres. Prévenez aussi nos Frères de la porte ouest qu’ils doivent se préparer à la refermer eux aussi.

Frère sergent Ediar, allez à la mairie et prévenez la Sœur administratrice Caysa qu’il faut qu’elle songe avec vous aux moyens de rassembler la population civile dans des endroits sûrs, et qu’elle propose cela aux militaires.
Vous empêcherez aussi notre Frère secrétaire Kuli de prendre l’uniforme, sa patte n’est plus ce qu’elle était, demandez lui plutôt de… de discuter avec nos artisans au sujet des fournitures en armes et munitions.

Frère Glysin. Allez prévenir les communautés agricoles de ce qui s’approche. Elles seront probablement plus en sureté à Oriandre, donnez leurs le choix en l’absence de décision du Gouvernement. Ceux qui rejoindront Oriandre devront emporter des vivres principalement.


Thosen se tait alors, regarde les longilignes créatures blanches entourant ce qu’il croit être Armaryen et une tydale qui lui semble d'ici minuscule. Ils n'ont pas choisi la cité la plus facile à prendre d'assaut.

Cela fait plusieurs minutes qu’ils sont là n’est ce pas ? Ils veulent parlementer probablement.

 
Kal'Ash

Le Julung 1 Astawir 1510 à 19h53

 
*** D'un pas pressé par l'anxiété le tchaë fonce dans les ruelles.
Le chemin il le connait parfaitement, et pourtant aujourd'hui tout lui parait différent. C'est un peu comme revenir dans sa ville natale après des années d'exil. Tout est là, et pourtant tout a changé.

Bousculant quelques badauds sans même s'excuser, il aperçoit bientôt l'enseigne de la manufacture.

Il frappe à la porte, trois coups rapides puis deux lents. Cette dernière s'ouvre sur le visage d'un autre Frère, l'archiviste Ponthiniel le presse à l'intérieur où se trouve déjà plusieurs autres Tchaës en grave discussion autour de la propriétaire des lieux.

Avisés de sa présence, le cercle s'ouvre et les regards se portent sur lui, silencieux ils attendent visiblement qu'il se mette à parler.
D'un signe de tête la rouquine l'incite à s'avancer et à livrer son rapport.

Ce qu'il fait.
***


Ils... ils sont là...


*** Les regards se croisent.
***

Combien ? demande la petite rouquine, nonchalamment assise à même un établit.


Exactement ?... oh ça j'en sais rien... Beaucoup c'est sur.... Et surement... plus que prévu...
***
Une nouvelle fois des regards s'échangent, des mimiques préoccupées. Kal'ash elle n'a aucune réaction, la petite créature étrange et rondouillarde est à ses cotés. Son unique œil fixe le vide, une attitude que tous savent à présent conséquence de la symbiose.
Elle cherche, communique en silence avec les autres symbiosés, ou observe juste mentalement les réactions, comment le savoir ? ***


*** Deux des tchaës présents commencent à parler de changement d'approche, un autre les contre-dit, le quatrième propose même un départ vers Farnya. Le tout dans une grande cacophonie. Au bout d'un moment la rouquine s'anime, d'un bond elle saute de son rebord de table et retombe pieds joints sur le plancher, assez fort pour faire taire tous ceux présents dans la pièce.
***


On change pas le plan annonce t-elle avec fermeté.

Si la baston se confirme, on évite autant que possible les affrontements directs et on se concentre sur le sabotage. Souvenez-vous, tout ce qui peut freiner les pouilleux d'en face, foutre en l'air leur matos ou les désorienter . Laissez les combats en ligne aux militaires, ils sont préparés pour ce genre d'occasion.

Pour les franc-tireurs, on se concentre sur les meneurs. Visez en priorité tout ce qui ressemble à des chefs, sans eux, la troupe sera désemparée.

***
Elle continue ainsi pendant plusieurs minutes, ponctuant ses ordres en frappant poing fermé dans la paume de sa main. S'approchant d'un râtelier bien garnit, elle empoigne les armes l'une après l'autre et en lance une gaillardement à chacun de ses lieutenants.
A la fin elle insère un flingue dans l'étui ballant sous son aisselle, fixe un fusil court dans les sangles au dos de sa veste et attrape un Brasero.

Ainsi équipés, ils avaient l'air d'une bande de dégénérés prêt à commettre un massacre en ville basse, heureusement comme l'heure était à l'enrôlement général, ils passeraient inaperçus. ***


Personne ne bouge avant moi, et même si je devrais pas avoir à le dire, on laisse les rancœurs avec les noirauds au placard. Si par miracle la ville est encore debout demain, ce seront eux les héros, quoi qu'il puisse se produire.

*** Une fois dehors, les armes sont dissimulées et le groupe se disperse, se fondant dans la masse.


Kal'Ash marche seule vers l'attroupement militaire, en temps que symbiosée et combattante de fortune elle vient prendre la température, et assurer les autorités de son aide.

Le Maire est là, parlant à ses hommes et distribuant les ordres de circonstance.
Aucune lueur taquine pas de sourire narquois les différents s'effacent pour ne laisser la place qu'a un sentiment tout Fraternel. Sans un regard elle se place à quelques pas, pose les mains sur la pierre froide et contemple au delà des murailles les bataillons.
***


Probablement...
*** reprend-elle a la suite de Thosen. ***


Monsieur Moustaches dit :
Devant un tel déploiement de force... On peut raisonnablement craindre que leurs requêtes éventuelles soient... totalement déraisonnables et peu équitables.


*** Il n'avait pas tord, mais refuser l'éventualité de se rendre en pourparlers n'était pas envisageable. Si une seule chance de sauver des centaines, peut être des milliers de vies, existait alors il fallait la tenter.

Mais la décision revenait au Maire. ***





 
Aedrenith

Le Sukra 3 Astawir 1510 à 20h31

 
Le nuage de poussière s'approchait de la porte Ouest de la capitale, à vive allure. Un moment de doute pour les sentinelles en faction sur les murs. Une tentative d'attaque ? Non, des uniformes noirs se dessinent dans ce chaos. Une troupe de la Bulle. La troupe partie quelques semaines plus tôt pour sécuriser les routes. Et bientôt, ils passent les murailles.

Pas le temps de se reposer. Tous sortent de quinze jours de combat, précédés d'une semaine de marche, suivis de trois jours pour rejoindre la cité, trois jours de marche forcée. Tous sont épuisés. Le rang est en désordre, les uniformes sales, les visages hagards. Pourtant, une lueur brille encore dans les regards. Ils ne sont pas totalement abattus. Pour défendre leur ville, leurs familles qui y vivent, tous seraient près à ajouter une couche de fatigue à la crasse qui les recouvre. Pas un rechignerait à verser son sang, du moins, pas véritablement...

La troupe ne fait que passer, dans les rues calmes. La population a peur, et reste cloitrée chez elle. Oriandre vit au ralentit, et pourtant, plus que jamais. Les Noirs sont actifs, et ne ménagent pas leurs efforts. On ne croise qu'eux ou presque dans les rues. La discipline est stricte. Un bon point. Rien ne doit gêner les manœuvres de la défense.

Ils entrent dans l'enceinte intérieure, et la grande cour qu'encadrent les baraquements des Corps et le palais royal. Sans même descendre de selle, le Commandant donne aboie ses ordres, d'une voix forte et claire.

Allez tout le monde ! Pied à terre ! Confiez vos montures à l'écurie ! Tout le monde passe à l'armurerie faire changer ses armes, et son armure ! Après ça, mangez et dormez. Quatre heures de repos ! Vos officiers de Corps vous donneront des instructions après ça !

Quelques grognements. Pas beaucoup. Et pour la forme. Tous savaient à quoi s'en tenir et étaient volontaires, les plus fatigués, qui ne se sentaient pas d'aider rapidement à la défense, sont restés en arrière, avec les blessés. Ils avancent à leur rythme, quelque part entre Jgallyl et Oriandre. Eux auraient été incapables d'être utiles, une fois sur place.

Le Commandant, quant à elle, appliqua pour son propre compte ses premières consignes. Elle s'assura que sa monture était bien installée avant d'aller au réfectoire de la caserne, manger un peu. Pas de passage à l'armurerie, elle n'avait pas d'armure ou d'arme à changer. Pas de sommeil, non plus, son grade lui imposait d'oublier l'idée de se reposer. Une fois sustentée, elle se mit en quête de son Lieutenant local, qu'elle finit par dénicher dans un dispensaire improvisé dans une bâtisse, près de la porte Ouest, qu'on lui indiqua comme ayant déjà servi à cet effet lors d'un précédent siège, quelques années avant.

Un rapide entretient lui apprit qu'il avait installé le matériel qu'il pouvait ici, et organisé les membres du Corps au mieux, sur ordre du Maire. Un bon point, les choses n'avaient pas trainées. Mais le Commandant avait d'autres idées... Elle donna rapidement ses consignes. Quelques dizaines de minutes plus tard, la boiteuse était en présence de deux Sergents et du Lieutenant, trois hommes qu'elle connaissait bien, à force de partager leur quotidien. A voir leurs têtes, la sienne devait valoir le détour. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pu dormir, ni soigner sa hanche ?...

Elle commença à donner ses consignes, rédigeant deux notes sur des feuilles ramassées sur la table où s'organisait le Corps, dans la situation présente. Rien que de se pencher pour écrire la faisait grimacer de douleur. Il fallait qu'elle trouve de quoi calmer la douleur, elle avait épuisé ses réserves...

Sergents, vous allez faire vos bagages, et prendre deux montures rapides à l'écurie... Ces notes sont mon autorisation à cela...

Saël, tu va te rendre à Motabe, tu va prévenir les gars du Corps là bas de se préparer à bouger... Les Commandants restent sourds à mes appels concernant les villages, si Oriandre tombe, ils seront isolés là bas... Tu attendra dix jours, si d'ici là je ne vous ai pas fait parvenir d'autre messager, renseignez-vous comme vous pouvez pour savoir comment ça a évolué... Et si Oriandre est tombé, pliez bagage... Les survivants s'il y en a se replieront sur Farnya...

Marej, tu va filer à Jgallyl... Fais gaffe, les abords du village sont dangereux ces temps-ci... Tu va aussi préparer nos gars sur place à plier bagage en toute hâte, si on doit se replier, vous prendrez la route à notre passage..

Dites rien, je sais bien que pour la population c'est dégueulasse, les ordres que je vous donne... Je fais ce que je peux, c'est pas moi qui dirige les opérations, je m'assure de sauver tout ce que je peux sauver, je peux rien faire de mieux... et ça me fait le même effet qu'à vous... Allez, maintenant... Vite ! Et soyez prudents...


Ils ont discuté, pinaillé. Un moment seulement. Plus qu'elle ne l'aurait voulu. Ils ne comprenaient pas tout ce qui se passait. A vrai dire, elle non plus... Mais ils finirent par obéir aux ordres. Une fois seule, elle s'entretint avec le Lieutenant.

Il faut préparer les chariots... Si jamais ça tourne mal ici, faudra emporter le plus de matériel et de blessés possibles... Tu peux t'en occuper Joric ? Juste les amener près de la porte, près d'ici, en fait... On charge pas, pour le moment, on se prépare à soigner... On chargera qu'au dernier moment, sio on doit en arriver là... Moi il faut que je remplisse ma trousse de campagne, et que je trouve de quoi me concentrer...

Le regard qu'il lui lança laissait à penser que le dernier point était un vieux sujet de discorde entre eux. C'était vrai. Il était un des très rares à savoir ce qu'elle avait à la hanche, et n'approuvait pas sa façon de "faire avec". Elle lui donnait raison, sans pouvoir se résoudre à faire ce que cela impliquait. Il ne discuta pas la question des chariots.

La tchaë boiteuse alla, trainant la patte, préparer son matériel pour la bataille qui se profilait. Et chercher de l'herbe à pipe...


 
Stennar

Le Dhiwara 4 Astawir 1510 à 13h27

 
Des milliers.

C'est ce que Thosen avait dit. Stennar avait eut du mal à le croire mais il fallait qu'il le voie de ses propres yeux. Alors il sortit des sous sols des entrepôts du Génie. Il marcha avec hâte, son éternelle étincelle de folie sur son visage avait laissé place à une profonde inquiétude. C'était rare. Très rare.
La porte Nord était en face de lui, ouverte. Sur les murailles, plusieurs garde qui fixaient l'horizon, agrippant le manche de leurs lances.

Stennar monta à leur cotés, l'estomac noué. Ils ne faisaient même pas attention au fait qu'un Commandant marchait à leurs cotés. Ils n'étaient plus subordonnés, ils ne craignaient plus les représailles d'un supérieur. Ils étaient tous redevenus, l'espace d'un regard vers cette armée, de simples Frères et Sœurs. Tous égaux, devant cette peur.

Et cette peur fut presque visible sur le visage de Stennar. Il n'aurait jamais voulut voir ceci de toute sa vie. De quoi écraser toute une cité normale. Mais Oriandre, par Shamgre, n'était pas une cité normale. Cette pensée redonna tous ces moyens à Stennar qui ne perdit pas de temps pour le montrer.


Aller ! Tout le monde retourne à son poste !

Les soldats sortirent de leur rêveries et l'entrainement repris le dessus. Ils retournèrent faire ce pourquoi on les avait entrainés.

Stennar quand à lui fit demi-tour vers le Palais Royal et les entrepôts du Génie. Il fallait donner à nos invités une raison de ne pas regretter le voyage...




 
Thosen Noril

Le Dhiwara 4 Astawir 1510 à 21h08

 
Plusieurs pensées parviennent à l'aide intendant d'Oriandre, le Frère symbiosé Brilid.
Thosen a reçu les instructions détaillées du Roi et celles ci lui demandent de négocier avec Armaryen, de préparer la ville au combat et à l'exode.

Et comme il ne peut pas faire exactement les trois choses en même temps, ni être partout et que le temps presse, le jeune maire dicte succinctement plusieurs phrase à son subordonné symbiosé en charge jusqu'alors de lui transmettre les faits divers dans la cité lorsque lui même en était éloigné.

Avoir Armaryen capable de percevoir les émotions en face n'aide pas à envoyer le message, mais l'effort de neutralité est justifié.
Et aux mots de Thosen c'est l'administration de la cité qui se met en branle.

Des annonceurs publics sont répartis de par la cité, des grandes affiches sont imprimées et placardées partout dans la ville en une paire d'heures et des gardes urbains entrent déjà chez les éleveurs de la cité, chez les marchands aux bestiaux, maréchal-ferrants, atteleurs, carrossiers...

Elchior a parlé et ses ordres sont clairs.
Pour les faire appliquer, Thosen a donc réfléchis en parallèle à sa discussion avec Armaryen au mots à utiliser sur les affiches, aux instructions données à ses gardes, aux crieurs.


"Frères et Soeurs d'Oriandre,

Une armée ennemie se masse devant nos murs et il nous faut faire face aujourd'hui à l'un des plus grand rassemblement de créatures depuis de nombreuses années.
L'organisation de la cité en vue de cet affrontement nécessite de prendre des mesures efficaces pour assurer la sécurité de chacun et de tous.

Aussi par ordre de Sa Majesté Elchior:

Tout les foyers et membres de la Fraternités doivent être capable de quitter leurs habitations en moins de trois heures.
Ceci étant justifié par:
- La réquisition possible de tout bâtiment quelque soit sa nature en vue de sa transformation en dispensaire ou entrepôt pendant les affrontements.
- La possibilité d'un incendie dans la cité causé par l'ennemi qui pourrait amener à la destruction de plusieurs maisons.
- D'éventuels affrontements urbains qui nécessiteraient alors que la population limitrophe soit déplacée vers des endroits sécurisés.

Afin de préparer ce départ possible, nous vous demandons de garder en tête plusieurs règles simples:
- Ne vous encombrez pas. Certains objets de valeurs de petites tailles ou auxquels vous êtes attachés peuvent être emmenés avec vous, mais ceux plus volumineux doivent être laissés sur place. Un sac de toile, ou un baluchon par personne est indiqué et sera probablement suffisant.
- Emportez quelques provisions de vos celliers. Un jambon entier n'est pas nécessaire, mais suffisamment pour manger deux ou trois jours pour vous et ceux qui dépendent de vous.
- Des vêtements chauds doivent être privilégiés et emportés.
- Réunissez chez vous dans une ou deux malles par personne certains de vos effets plus encombrants et qui pourront être éventuellement déplacés si le temps le permet. Songez à assigner une priorité quant au transport d'une malle plutôt qu'une autre.


Tout les moyens de transports et animaux de bât sont réquisitionnés pour la durée du conflit:
Carrioles, charrettes, fiacres, chariots, bœufs, ânes, chevaux, Tawhaks, Yloatakus... la liste n'est pas exhaustive.
Ces biens que nous vous demandons de mettre à la dispositions des gardes municipaux seront comptabilisés et amenés à divers endroits stratégiques dégagés et faciles d'accès dans la cité.
Cela permettra à nos troupes de déplacer rapidement munitions, blessés, vivres, armes dans toute la cité pendant les affrontements.

Je vous remercie sincèrement d'avance pour votre compréhension et votre assistance dans les jours qui vont suivre.

Thosen Noril, maire d'Oriandre"


 
Krondor

Le Luang 5 Astawir 1510 à 17h54

 
Les décrets extraordinaires étaient tombés.

Le Général, posté en haut d'une tour de garde, regardait le fourmillement en contrebas. Les ordres de préparation à l'évacuation étaient donnés, et il avait donné les siens propres.

Une mobilisation volontaire. Réquisition de tous les stocks d'armes. Voilà qui n'avait pas trop plu au capitaine des mousquetaires. Il esquissa un sourire.

Son regard se perdit dans les chaines montagneuses, au nord. Il connaissait les gestes, un par un. Avec quelques mouvement fluides, il monta le canon à son support, puis l'amorce. Il déposa le boulet, visa... Puis démonta le matériel en quelques instants.

En contrebas, il aperçut certains de ses Commandants. Il leur avait donné rendez-vous, mais cela pouvait attendre... Ils avaient tant à faire. Il observa la position des soleils.

Oh, j'ai de la chance, je pense que je peux m'en faire une de dix ou vingt minutes...

Avec un vague ricanement, il s'assoupit.


 
Abel

Le Luang 5 Astawir 1510 à 21h44

 
*** C'est courant et vociférant que le sergent Vesil rejoignit Abel qu'il avait aperçu aux portes de la cité :
Comm... frère Abel, frère Abel, c'est l'alerte décrétée... mobilisation générale... trreuh... il faut se tenir prêt... notre maire déclare comme qui dirait une sorte... d'état d'urgence... j'crois bien !

Abel ne dit mot. Il venait de rendre ses galons de commandant de l'avant-garde au pire moment. Si l'Histoire venait à bafouiller sa chronologie, son nom resterait peut-être comme celui d'un lâche qui abandonne ses troupes alors que la cité connait une des pires menaces jamais envisagées.
Ce n'est pas tant pour l'avant-garde qu'il craignait, après tout, Bagnus avait les épaules suffisamment larges. Mais plutôt pour l'image qu'il laisserait, au crépuscule de sa carrière.

Il tapota silencieusement l'épaule du sergent. Puis finit par dire : Dis à Thosen que je suis prêt, je me poste dans cette tour de garde, là, pour l'instant... je dois... réflé... veiller... ***


 
Bagnus

Le Matal 6 Astawir 1510 à 02h17

 
Citation :
Garde a vous!


**Comme un seul homme, les hommes des deux premières compagnies de l'Avant Garde se figèrent, Ils allaient partir dans l'heure en direction de Verkit et Jgalyl conformément aux ordres du Général. Le Commandant Bagnus passait les troupes en revue, d'un pas sur, il arpentait les rangs des soldats de la Fraternité, distribuant ses ordres.**

Lieutenants, vos hommes devrons préparer les villages a une possible évacuation. Une fois sur place, n'agissez que sur mes ordres.

**Tous étaient crispés, une telle menace planait sur la capitale...**

Frères noirs, Sentinelles, Sergents coureurs...Des nombreuses vies de nos Frères reposent sur vous!

**A la fin de la phrase, tous firent un pas en avant, comme pour montrer leur détermination et leur dévouement.**

Citation :
En avant, MARCHE!


**Sansun mot, les soldats avancèrent au pas de marche vers le pillier. Au bas mot trois jours de marche, puis l'attente interminable d'un messager de la Noire...Une évacuation signifiait la chute du bastion le plus imprenable de toute l'ile, et par la méme occasion la mort assurée de nombreux Frères.

Une fois les hommes partis, Bagnus allat retrouver le reste de l'Etat major au pied des murailles. Parmi les hommes, la tention était palpable, une agitation certaine régnait dans la ville.**


Beurk dit :
Ca va cogner?


Oui...comme jamais...



 
Thosen Noril

Le Matal 6 Astawir 1510 à 05h24

 
Revenu de sa discussion avec Armaryen, Thosen passa les murs de la cité.

Fermez les portes...

Elles seraient probablement réouvertes avant demain matin. D'autres symbiosés allaient arriver dans Oriandre aujourd'hui et il leur restait vingt heure avant l'expiration de l'ultimatum du vortex.
Vingt heure pour prendre une décision cruciale pour l'avenir de Syfaria et préparer un peuple à la guerre.

Appelant l'un des gardes de la cité, le jeune maire lui demanda d'apporter à Krondor les inventaires qu'il avait préparé ces dernières semaines. Réserves d'armes, de munitions, de vivres, de sel...

Stennar devait se débrouiller avec ses gros canons... ça faisait une douzaine de jours qu'il était là dedans maintenant et ce matin il mettait les bouchées doubles... espérons que cela suffirait pour pouvoir déchainer les enfers.
Il savait que le Tark'nal était invulnérable à la plupart des dégâts physiques... mais la créature était solide et massive... Un tir de canon en pleine poire changerait peut être un peu sa manière de concevoir son invicibilité... ou tout du moins enverrait un choc violent dans sa structure... peut être suffisant pour la faire tomber ou déséquilibrer les flux de mana qui la composait.

Le gouvernement se réunissait en ce moment et les positions s'affirmaient déjà de manière très nette. De manière presque prévisible pour l'instant d'ailleurs.

La préparation à l'évacuation et à l'affrontement se réalisaient simultanément et l'une ne gênait pas l'autre heureusement. Cela pouvait changer dans les heures qui suivraient, mais de ce qu'il apercevait de la ville et de ses habitants, les citoyens réagissaient correctement.
Rehaussant le col de sa cape, Thosen traversa la cité de part en part pour entrer dans l'une des boutiques de la place du marché et discuter rapidement avec le tenancier.
Il n'avait pas le temps pour autre chose malheureusement, et il s'était entretenu déjà avec Stennar au sujet du Tark'Nal et des moyens pour l'abattre, il était au courant pour Adrenith et sa réquisition des artisans rouges. Mais si l'on s'en gardait au fondamentaux... à ce qu'ils savaient de cette créature, ils allaient avoir peut être aussi besoin d'un joli petit bijou de la Fraternité.

Ca ne serait que pour dépanner. Donner un peu de temps, mais il avait appris que les décharges d'énergie de la créature étaient légèrement amoindries par les protections. Alors il comptait passer sa prochaine demi-heure à réquisitionner tout les boucliers réflecteurs de la cité. On leur trouvera bien une utilisation qui déplaiera au Tark'Nal.

Cela fait, il allait devoir réfléchir à comment transporter les réserves de pierres présentes dans la banque d'Oriandre...


 
Istreen

Le Matal 6 Astawir 1510 à 11h28

 
Elle n’avait rien vu arriver, tout avait été si précipité.

Alors qu’elle sortait du pilier de poussière elle se voyait encore à marcher au bord du Grand Lac en direction d’Oriandre, tout se passait pour le mieux. Qu’avait-il pu lui arriver ? Elle n’arrivait pas à s’en souvenir, tout était si … étrange … distant.

Kahtla dit :

T’es encore sous le choc ma belle, c’est normal si tu te sens … bizarre. Tu veux que j’te raconte ce qui s’est passé ? Ca a été très rapide ! Encore plus que Jeaneudon quand … quand …quand il est en toi ... bref.
Tu te souviens de quoi ?


Du lac … Je marchais paisiblement, tout se passait plus ou moins bien … Je crois que j’arrivais à la mine de diamant, je me trompe ?


Kahtla dit :

Tu ne te rappelles pas du loup ? Un signe de tête de la tchaë lui fit comprendre que non. En fait, t’allais t’endormir en début de soirée quant un gros loup t’as sauté dessus, cloué au sol et … hum … à dégusté un bon steak tchaë vivant ! Ca avait l’air très appétissant, t’aurais du le voir se lécher les babines et il faut croire qu’il n’y a pas que les mâles tchaës qui raffolent de ton corps !



Bon … On va s’installer dans Oriandre ?


La tchaë semblait pensive, elle s’arrêta devant les portes fermées de la ville et s’écria aux soldats de la Bulle Noire, postés en haut des murailles :

Bonjour, vous pouvez m’ouvrir ? J’suis Istreen, diplomate de la Bulle Bleue, je viens vous filer un petit coup de main ; pas grand-chose mais juste un peu de soin et d’affection.


La porte s’ouvrit et la tchaë pénétra dans la ville en criant un « Merci » aux soldats. Elle s’enfonça dans la ville en direction du mur nord, certaine d’y trouver là bas ses homologues symbiosés.
A mi-chemin elle remarqua le Régisseur de la Servitude, elle lui sauta dans les bras et déposa un gros baiser sur sa joue.


Mon héros !
Comment allez-vous ? Ca fait chaud au cœur de vous voir ici ! Nous sommes sauvés !
Avec vous, je suis certaine qu’ils ne passeront jamais ces murailles ; qui pourrait vous résister ?
Hum … Je viens d’arriver ici, sauriez-vous ou je pourrais me rendre utile ? Tout le monde semble occupé et pressé mais moi je me sens un peu nunuche au milieu de toute cette agitation.
Vous faisiez quoi de beau ?

Elle désigna son sac à dos du doigt, avant de poursuivre.

Eeeeeet, vous connaitriez une auberge convenable pour une jolie tchaë comme moi? J'aurais besoin de déposer mes affaires quelque part, avant tout. J'en ai bien croisé une ou deux, mais elles m'ont eu peu ... effrayées ...



Turlututu chapeau pointu

 
Thosen Noril

Le Sukra 10 Astawir 1510 à 00h41

 
La matinée s'était écoulée rapidement, dans une agitation certaine et Thosen préparait ce qu'il pouvait en terme d'évacuation. Les nouvelles n'étaient ni bonnes ni mauvaises, juste appropriées pour apporter davantage d'incertitudes.
S'il avait exprimé l'un de ses doutes à Elchior et sa confusion à la joli Propage, Thosen se gardait bien de les montrer à d'autres et avait été déçu de se faire corriger par le Roi. Comme s'il manquait de bon sens à ce point...

Soupirant pour lui même, Thosen arrêta l'un de ses subordonnés de l'administration de la cité.


Frère Crikaï, dites aux crieurs publiques que les personnes âgées n'appartenant pas à la bulle noire, les frères et soeurs des bulles rouges et bleues non conscrits, les malades, enfants, et tout ceux qui ne sont pas en état de combattre doivent être prêt à être évacué vers Jgalyll.
Placardez aussi des affiches dans la cité.

Je répète, les non combattants des bulles rouges et bleues, les vieillards, les enfants, les malades. L'évacuation, si elle doit se faire, commencera à l'aube. Il faut que tout ces gens là soient prêt à quitter Oriandre à l'aube. On affectera la plupart de nos moyens de transports à cet effet. Allez !


Son regard erra quelques secondes sur la multitude de noirauds en mouvements pour se fixer sur l'un d'entre eux proche et à l'allure moins martiale.

Frère !

L'intéressé, malgré le terme très vague et l'agitation, sursauta.

Frère huissier Drynion, que faites vous ? Non, non lâchez moi ça pour l'instant. S'il vous plait, allez dans la mairie me chercher plutôt les plans du cadastre. Tout les plans ? Non !... Et bien... Tout ce qui a à trait aux caves, aux souterrains, aux canalisations, aux cryptes, égouts, catacombes, grottes, tunnels... Bref ce qui se passe sous terre.
Oui, récupérez les derniers plans en date. Emmenez avec vous un lieutenant ou sergent des sapeurs qui semble oisif, et apportez tout ça au Général.
...
Et bien réquisitionnez moi la moitié de l'administration s'il le faut, mais que cela soit fait vite Frère. Non, non pas la moitié... 4-5 Frères, d'accord ? En marche !



Frère Armurier Fitsar ! Vous ici ! Oui, oui où sinon, bien sur... Excellent, excellent... Le Général ne va pas tarder à données des instructions concernant nos réserves de poudre...
Et bien ce que vous pouvez c'est me faire déjà, bien à l'abris dans un endroit sec, une cinquantaine de sachets d'un kilos de poudre.
Quand c'est réalisé, allez voir le Général Krondor pour la suite des événements...
Mais d'ailleurs... où sont nos réserves d'acide et de feu liquide ?
Je sais que c'est pas joli joli comme pensée, mais à la guerre comme à la guerre.


Se dirigeant vers les ateliers de la Soeur Wisla, Thosen enrôla sept solides gaillards en chemin.
Il en envoya deux prendre des charrettes pour aller réquisitionner plusieurs tonneaux/tonnelets vides dans les domaines vinicoles situés sur les versants Est d'Oriandre.
Le reste l'accompagna dans les laboratoires ignifugés de la Soeur Alchimancienne.


 
Kal'Ash

Le Sukra 10 Astawir 1510 à 11h13

 
*** L'agitation dans la ville avait atteint un niveau important. C'était bien la première fois qu'elle la voyait ainsi, en proie à l'angoisse, à la peur voire au désespoir pour les moins hardis.


Dans cette sinistre confusion elle avait quitté sa tour en quête de quelques inventions oubliés à son atelier et qui se montreraient fort utiles.
Des militaires courraient dans tous les sens, des chariots d'armes, ou de tonneaux de poudre se croisaient pour approvisionner chaque point stratégique.

Elle pointait mentalement sa préparation. Son poste de tir était déployé et largement pourvu en munition, la position était tactiquement avantageuse et elle venait de terminer les provisions.

***


Monsieur Moustaches dit :
Sieur Noril est en train de donner des ordres , là bas.


*** Le Mou bondit de sa besace, ramenant sa symbiote à la réalité.

Le maire n'avait jamais était très loquace avec elle et se gardait bien de partager les informations. Elle commençait d'ailleurs à le soupçonner de ne pas la porter dans son cœur. Elle qui était pourtant adorable.

En telle situation l'approche la plus efficace était donc la déduction, l'interrogation directe ayant de grandes chances de faire choux blanc et elle n'avait pas vraiment le temps de faire plusieurs tentatives.

De sa bonne oreille elle perçu donc les ordres criés à la volée. Souterrains, égouts, catacombes... Les troupes étaient logiquement massées près des murailles, en prévision d'un assaut frontal, mais Thosen semblait redouter autre chose, quelque-chose qui avait a voir avec d'éventuelles voies d'accès souterraines.
Ce n'était qu'un doute, une idée, une inquiétude de plus, peut être soufflée à son oreille par ses grands amis étrangers. Une incertitude pas assez importante pour en parler ouvertement, mais suffisamment pour qu'ils s'y intéresse en catastrophe.

Ensuite ? Acide, feu liquide...

Elle le regarda s'éloigner accompagné vers les ateliers alchimanciens. ***


Monsieur Moustaches dit :
Il semble très préoccupé...



Il pense qu'on va se faire attaquer à revers...

Contacte Mënto, le plan a changé. Les franc-tireurs ne bougent pas, mais tous les autres doivent s'équiper de crache-flammes. Et que tout le monde s'attende à ce que l'ennemi entre dans la ville par des galeries.
.


*** Elle retourna en direction de la muraille, laissant à son mou le soin de faire le lien avec le reste de la loge. ***





 
Krondor

Le Matal 13 Astawir 1510 à 22h25

 
Depuis le signal des vigies, le Général s'était posté sur les remparts, le blasteur posé contre un créneau. De là, il avait pu assister à l'arrivée du monstre.

Il n'aimait pas les étrangers, notamment parce qu'il était habitué à toiser ses interlocuteurs de haut, ce qui était difficile à faire avec un tydale ou un nelda. Et complètement impossible à l'heure actuelle. Il n'aimait pas cela non plus, l'aura de haine destructrice qui se dégageait du géant, et la certitude qu'un regard mauvais de sa part ne le déstabiliserait aucunement.

Il saisit son arme massive, et observa par son viseur ce qui attendait au nord d'Oriandre. De gigantesques reptiles, et surtout, les autres ennemis qui brillaient par leur absence.

Krondor fulminait. Il avait compté sur un répit, sur un assaut frontal qui laisserait le temps à la guérilla de s'organiser en ville. Rien du tout. Le Vortex n'avait pas tenu parole, et n'attendait pas, apparemment, qu'Oriandre soit vide de civils. Il réfléchit à toute allure, comme il en avait l'habitude, pour prendre des décisions militaires cruciales en un battement de cils. Il ne restait plus grand choix, en attendant la décision finale du Roi.

On lui apporta quelques cartes. Il modifia les quelques tracés de sape, en ajouta quelques-uns. Si l'armée venait d'en-dessous, il faudrait l'en empêcher, à n'importe quel prix.


Faites porter ça au Maire, vérifiez qu'il donne son aval à mes modifications. Et dites-lui de presser les Sapeurs. Nous n'avons plus de temps.

D'un coup de lunette, il s'assura qu'il n'y avait pas de natifs aux portes.

Laissez-les entrouvertes, suffisamment pour laisser passer la population à l'ouest, et seulement pour un poussiéreux de large au nord. Et tenez-vous prêts à les fermer sur notre ordre.

 
Aedrenith

Le Julung 15 Astawir 1510 à 20h20

 
Une heure avant l'aube, le Commandant du Corps de Médecine avait quitté l'auberge, où elle avait passé la nuit et qui, depuis la veille, faisait office de dispensaire. L'un des quatre que les Frères Noirs avaient pu installer en toute hâte, si bien que leur donner ce nom de dispensaire était sans doute un peu trop présomptueux.

Mais avec moins d'une centaine de tchaës, il n'était pas facile d'assurer de si titanesques tâches que celles qui s'étaient offertes, ou avaient été imposées. Au cours de la journée passée, quarante avaient rassemblé toute l'eau qu'il leur avait été possible de stocker, quarante autre s'étaient occupés de mettre en place les dispensaires, dix s'étaient consacrés à la production et les dix derniers à expliquer aux civils comment s'occuper des malades et blessés dans leur exil.

Il aurait fallu plus de Frères sur place pour justifier plus de préparation, dans le domaine des soins. Installer du matériel là où il n'y aurait personne pour en user n'aurait été qu'une perte de temps. Si bien qu'au final, la tâche s'était achevée relativement rapidement pour ceux de la médecine, si l'on pouvait ainsi considérer le fait d'avoir pu cesser le travail au beau milieu de la nuit. Une nuit courte pour ceux d'ordinaire en faction dans la citadelle, mais la plus longue depuis longtemps pour ceux ayant participé à la campagne de sécurisation des routes. Presque six heures ! Un vraie grasse matinée !

Il n'en avait pas fallu moins pour digérer les surprises de l'aube.

La première, qui en vérité débuta l'heure la précédant, fut pour ses subalternes de voir arriver un Médecin en Chef des Armées dans un uniforme impeccable, le cheveux encore humides, chignon soigné, et embaumant un parfum de lilas. Oh bien sûr, son visage était encore pâlot, et marqué par l'accumulation de la fatigue, mais elle avait l'air plus fraîche qu'elle ne l'avait été depuis longtemps. Et plus détendue.

Inévitablement, à mesure qu'elle avait inspecté chaque position de ses soigneurs, des rumeurs avaient commencé à se répendre. Ce ne serait pas l'imminence d'une bataille d'une ampleur que personne à part peut-être les Premiers Nés n'avait connu de son vivant qui empêcherait les soldats de faire courir des ragots sur leurs officiers, c'était un des ciments de l'armée et il faudrait plus qu'une promesse de mort pour le fissurer.

Avait-elle attendu la dernière heure pour se dénicher un galant ? Était-elle au courant de choses qui l'encourageaient à se montrer de bonne humeur ? Voulait-elle être belle pour mourir ? Nul ne le savait à part elle, mais en parler détournait l'esprit de l'inévitable vérité. Mais si la raison qui la rendait de si bonne humeur était inconnue, personne n'échappa au constat qu'au terme de son inspection, elle l'était plus qu'à son commencement. Et paraissait très satisfaite.

Elle prit la tête d'une grosse vingtaine de Frères, pour gagner la muraille, selon les ordres du Général, tandis que quarante autres se préparaient à recevoir les blessés dans les dispensaires, et les quarante derniers à assurer le relais entre ces deux groupes.

Lorsque le premier soleil pointa à l'horizon, elle était sur la muraille, ses Brancardiers et Infirmiers en place, tous attendaient. Une question semblait avoir la côte, dans les rangs, celle de savoir ce que déciderait le Roi. Car il n'avait pas encore donné sa réponse, et le terme de l'ultimatum approchait à grands pas.

A la déception générale, ce fut dans une gerbe d'éclairs le Tark'nal qui fit la première entrée en grandes pompes de la journée. Et à sa surprise personnelle, la tchaë se rendit compte qu'elle venait d'échapper d'un cheveu à la mort. L'apparition l'avait faite tomber sur le derrière, et elle avait manqué de peu la chute du haut de la muraille.

Deux Frères Noirs l'aidèrent à se relever, tandis qu'elle observait la gigantesque créature, plus pâle encore que quelques instants plus tôt, mais étrangement assez calme.

Ça manque de subtilité tout ça... Tellement prévisible, soupira-t-elle, faisant sourire nerveusement quelques Frères à ses côtés. La remarque n'était pas fausse, mais le sarcasme perçait bien trop dans la voix pour qu'on le manquât.

Pourquoi se montrer subtil et imprévisible quand on avait à ce point l'avantage de la force brute ?

Elle garderait pour elle ses commentaires à ce propos. La plus grande partie des mesures qu'elle estimait pouvoir donner des résultats avaient été refusées, si bien que la seule acceptée s'étant révélée inefficace, elle n'avait strictement aucun rôle à jouer dans l'affrontement contre ce titanesque adversaire. Elle espérait que le refus de bon nombre de tentatives dans cette visée cachait une méthode efficace de lui régler son compte, sans quoi la bataille était perdue d'avance.

Plus besoin de donner d'ordres, à ce stade, les soigneurs savaient ce qu'ils avaient à faire, et redescendirent de leur point d'observation sur la muraille pour s'installer à son pied. Ils opéreraient du contrebas.

Plus de surprises de ce côté-ci, si ce ne fut celle de la pensée du Roi, qui, tardivement, indiqua son choix. Le Commandant transmit l'idée de cette déclaration, sans un commentaire. Le délais avait expiré quand la décision était tombée, le Tark'nal déjà prêt à se lancer à l'assaut. Rien n'assurait qu'une tardive capitulation serait acceptée...

Là encore, elle n'avait qu'à attendre, elle avait donné ses idées concernant l'éventualité qui s'avérait devenir réalité, prendre les décisions n'était pas de son ressort. Comme par le passé. C'était à la fois frustrant, et un soulagement...


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