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Recherches dans les archives

Au service commandé de son Ingeniosité
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Sujet lancé par Thosen Noril
Le 31-03-1510 à 01h23
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Posté par Thosen Noril,
Le 05-04-1510 à 01h03
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Thosen Noril

Le Merakih 31 Marigar 1510 à 01h23

 
Frère Noril, et si ? Frère Noril, pourriez vous ? Frère Noril, vous êtes indubitablement le plus qualifié pour !

Comme si être maire, diplomate, assistant armurier, terrassier, conseiller juridique, amoureux ne suffit pas, son Frère Tchik l'assaille de pensées pour qu'il entreprenne sa reconversion en archiviste des corps. Comme s'il avait besoin de ça en ce moment alors qu'il s'est promis justement de faire une petite pause à l'arrivée de Nelle.

La tâche assignée par Tchik en cette fin d'après midi consiste dans l'exploration des quintaux poussiéreux de rapports du corps des sapeurs au sujet du décret 1244, loi cardinale interdisant les excavations au sein des cités.
Et puis aussi, tant qu'il y est, éplucher l'intégralité des rapports, ordres de sécurités, mesures défensives ou offensives concernant les affrontements s'étant déroulés à Oriandre ou Farnya aux pieds ou au sein de leurs murailles...

Il en a au mieux pour la nuit, au pire pour la semaine.

Avançant à petit pas, le jeune diplomate entre dans le temple noir et se dirige vers les archives des corps.
Il salue le frère responsable de la conservation des documents avec une compassion certaine, en voilà un autre qui va s'amuser.


Bonjour Frère archiviste, je suis le Frère diplomate Noril, membre de l'état major et j'aurais aimé savoir si je pouvais emprunter ou travailler ici sur les archives disponibles ?

Accrochez vous bien. Je cherche l'ensemble des données en provenance du corps des sapeurs sur l'exploration des souterrains de nos cités avant l'application du Décret 1244. Cartes, tracés, rapports d'expéditions... tout ce qui touche à ces entreprises et ce qui s'y est déroulé.

Ce n'est malheureusement pas tout Frère, je recherche aussi l'ensemble des documents qui ont été écris sur les attaques subies par nos cités pendant les six cents dernière années... rapports de patrouille, lettre d'officiers, ordre du Général de l'époque, mesures défensives ou offensives réalisées.
En faite, tout ce qui n'est pas entreposé dans les archives de la mairie et qui a eu trait à la défense de nos villes...


Inspirant douloureusement.

C'est possible de m'apporter tout ceci Frère ? C'est particulièrement important, comprenez qu'autrement je ne vous le demanderais pas.

 
Narrateur

Le Merakih 31 Marigar 1510 à 22h21

 
Le tchaë chenu qui reçoit le maire l'observe un instant avec un mélange curieux de respect, de surprise et de peine.

Respect, car il sait qui est le maire, diplomate noir qui plus est.
Surprise, car ce n'est pas tous les jours qu'on lui fait une demande pareille.
Peine, car il a peur de décevoir le dignitaire, ce qui le chagrine : il aime son métier, notre archiviste.


Ce n'est pas une requête légère, mon frère. Le sujet est à la fois très ancien et bien vaste. Les archives du corps des Sapeurs sont tombés en désuétude il y a longtemps, à une époque ou le Corps lui-même a dépéri pour n'être plus que l'ombre de ce qu'il fut...

Je puis déjà vous rappeler le contexte, qui vous permettra peut-être de sérier votre recherche ? Asseyez-vous donc à ce bureau, momentanément inoccupé... attendez, je vais poser ces affaires ailleurs... son propriétaire - mon collègue Ignacien - ne reviendra pas avant la semaine prochaine... voilà...


Le bonhomme s'éloigne, longe une rangée de couloirs perpendiculaires à l'accueil, s'engouffre dans l'un d'entre eux et revient une minute plus tard avec un classeur en cuir dont il extrait un vélin fatigué. Il le tend à Thosen, qui peut lire :

Citation :
Les premières années furent des années difficiles.
Les rejetons tentèrent sans relâche d’éradiquer les nouveaux venus !
Les Nemens incitèrent les poussiéreux à se réfugier dans leurs anciennes cités, toutes proches des piliers, et en utilisant les défenses naturelles de celles-ci, les troupes du P'khenS'sarkh furent finalement contenues dix ans après le premier contact, mais cette guerre d'éradication devait durer encore jusqu'en 1115...

Très vite, les poussiéreux reprirent leurs forces après leur terrible arrivée, et armes, armures, protections diverses furent construites.
Les Nemens étaient fort étonnés de l’activité incroyable dont faisaient preuve ces êtres, et visiblement ne comprenaient ni d’où ils venaient, ni comment les piliers avaient réalisé cet exploit.
Les peuples se regroupèrent, la petite population de départ s’avéra rapidement d’un très grande force physique et surtout morale.
[...]
Jusqu’en 1115 environ, les Nemens continuèrent de protéger les cités de poussière, contre les assauts des rejetons.
Ceux-ci étaient massifs et meurtriers.

Néanmoins, les races de poussière n'ont jamais eu directement affaire au P'KhenS'sarkh.
Seuls ses rejetons majeurs menèrent les multiples assauts contre les murailles des dix cités de poussiéreux.
[...]
Les Nemens étaient des combattants formidables, et bien que ne maniant pas la sorcellerie, avaient d'impressionnantes capacités à résister à tout effet d'altération de la Réalité.
Ils se battaient la plupart du temps avec armes et armures, mais certains n'hésitaient pas à plonger dans le coeur des batailles complètement nus, en ressortant après de longues heures, le corps englué de sang, par delà une pile de cadavres de rejetons aux corps déchiquetés...

La fureur des assauts avait tout d'abord impressionné les êtres de poussière.
Nemens comme rejetons se lançaient les uns contre les autres sans aucun souci pour leur survie, et combattaient parfois jusqu'à en perdre l'esprit !

Malgré les marées de créatures qui s'abattirent sur les bastions de poussière, les cités résistèrent durant ces deux cent premières années.
Et grâce à cela, les poussiéreux purent prospérer et se reproduire.
La mortalité infantile était très basse, et bientôt ils furent multitude suffisante pour espérer survivre.
[...]
En effet, en 1115, le Pk’henS’sarkh fit savoir par ses rejetons majeurs aux êtres de poussière qu'ils n’avaient aucune importance, et n’étaient que fourmis indésirables, qu’il détruirait avec le temps et à son temps.
Il détourna ses armées de la surface de Syfaria, et se tourna vers Ulmendya pour ne plus jamais s’en détourner jusqu’à aujourd’hui.
[...]
Bien entendu, les aberrations, les rejetons mineurs, poursuivirent les attaques sporadiques contre les poussiéreux, mais dans une mesure qu’ils étaient désormais capables de contenir sans les Nemens.


Lorsque le diplomate a pris connaissance du document, le préposé aux archives reprend :

Bien des documents d'époque ont disparu, ont moisi, on été perdus, brulés, volés, prêtés et non rendus. Certains ont même été lavés à la soude et réutilisés, si personne ne les consultait pendant longtemps. Ceux concernant les activités du Corps des Sapeurs historique - c'est-à-dire du premier siècle, pour faire simple, lorsque la Sape était une activité intensive et puissante - sont désormais dispersés dans plusieurs quartiers des archives, en fonction de leur sous-catégorie...

Si vous partez sur quelque chose d'aussi ambitieux que votre entame le laisse entendre, j'en ai pour des semaines de recherches dans nos archives, et vous en aurez ensuite pour des semaines - au mieux - de lecture acharnée et difficile : tout ce qui date de plus de trois siècles est systématiquement rédigé en tchaë ancien, souvent délavé par le temps, avec des tournures de phrases désuettes et difficile à décrypter.

Puis-je me permettre de vous demander ce que vous cherchez exactement, frère Noril ? J'ai une bonne expérience de mon métier et j'ai lu bien des choses ici, le soir et la nuit, lorsque l'insomnie m'empêchait de prendre un repos mérité... j'ai peut-être l'information, ou les informations, que vous cherchez ?


 
Thosen Noril

Le Julung 1 Astawir 1510 à 06h00

 
Souriant à l'archiviste, Thosen hoche la tête. Cela allait lui prendre des semaines en effets...

Bien sur, Frère. Je cherche la source d'un grand pouvoir niché au sein de nos cités, grand pouvoir qui a une influence plus limitée dans les sous sols apparemment. Donc je cherche à savoir si nos Frères sapeurs font référence à quoi que soit d'étrange dans leurs exploration... quels créatures ils ont rencontrés aussi ,à quelles profondeurs.
Et si ces mêmes créatures ont déjà attaqué nos cités à la surface, comment cela c'est déroulé.

C'est ce que je cherche à savoir exactement Frère Archiviste.


 
Narrateur

Le Julung 1 Astawir 1510 à 09h38

 
Le vieux frère marque une pause, le regard perdu dans ses souvenirs. Il soupire un instant et répond :

Je crois savoir ce que vous voulez dire.

Ce que vous avez lu est l'histoire connue, et commune à toutes les cités poussiéreuses. Mais nos villes ont été occupées, dans leurs premières décennies, par nos ancêtres. Et ces derniers possédaient une culture forte, très marquée, avec ses qualités et ses défauts. Notre technologie, bien que performante, n'aurait pu nous sauver de l'anéantissement. Alors, vous le savez, la sorcellerie poussiéreuse est née...

Mais ce que l'on sait moins, bien que des historiens pourraient vous le confirmer, c'est que l'émergence d'une discipline ésotérique, irrationnelle, radicalement nouvelle et adaptée à ce monde, a tué le progrès scientifique et technique.

A quoi bon perfectionner une bouche-à-feu quand un mage de guerre, sans aucun équipement spécifique ni munition, peut créer plusieurs boules de feu par jour ?
A quoi bon faire des études de médecine, quand le premier sorcier venu peut réduire une fracture, guérir un cancer, faire repousser deux bras en un claquement de doigt ?

Je ne poursuis pas, ces exemples peuvent être multipliés à l'envie.
Ajoutez-y un facteur supplémentaire :

A quoi bon développer des machines excavatrices quand on ne peut rien entreprendre ni construire en-dehors de nos remparts, dans des cités aux frontières figées depuis six siècles ?

Nous sommes corsetés sur un territoire fermé. La Bulle bleue s'est détournée des sciences et techniques pour privilégier la sorcellerie, qui n'a connu nul progrès depuis ses origines. La Bulle Noire n'est plus qu'une sorte de milice destinée à sécuriser les routes et faire la police en interne. Le Corps de la Sape, le plus outillé de nos services militaires, est révolu. La Bulle Rouge tient le coup tant qu'elle peut, mais ses productions n'ont plus de marché économique en croissance, puisque le monde est clos, pour la tirer vers le haut...

Voilà la situation, mon frère.

Nous n'en sommes pas arrivés là par hasard.
Le passé de nos villes y a participé, ce qui m'amène à répondre à votre question :

Pendant notre premier siècle d'occupation, l'ingéniosité et le désir presque atavique d'excaver de nos ancêtres, alors qu'existait un Corps de sapeurs efficaces, s'est exprimé. Mais il est apparu, accidents après accidents, que les sous-sols de ce monde étaient tout aussi dangereux, peut-être davantage même, que sa surface. A partir du moment où nos prédécesseurs l'ont compris, d'une part, et se sont rendus compte que les incursions qui survenaient parfois par "en bas" étaient souvent le résultat de nos propres tentatives larvées d'y descendre, d'autre part, ils ont cessé de creuser...

Car voilà quel fut le drame : creuser, c'était attirer des saletés par en-dessous. A quelle profondeur ? Je l'ignore. Quelles saletés ? Toutes celles que vous pouvez imaginer, à commencer par des rejetons ou leurs sbires. Creuser, c'était offrir aux armées qui, à l'origine, assiégeaient nos murs, d'entrer par la "porte de service". Creuser, finalement, ce n'était pas renforcer nos défenses, c'était les fragiliser. La Sape était un Corps d'élite orientée vers l'offensive. Mais l'offensive, nous ne la pilotions pas, nous la subissions.

En émergeant sur ce monde hostile, nous avons perdu le contrôle de notre histoire, mon frère. Nous avons perdu notre destin.
Et tout me porte à croire que cela ne changera pas.


L'archiviste se tait, marqué, comme s'il prenait conscience de ce qu'il dit au fur et à mesure qu'il l'énonce.

 
Thosen Noril

Le Vayang 2 Astawir 1510 à 04h02

 
Le maire dévisage plus en détails le frère archiviste à mesure qu'il parle. Puis au silence presque choqué du vieil homme il répond.

Je... pense que vous avez une vision très... juste de notre situation mon frère. Une analyse de notre société qui mériterait d'être entendu par nos plus puissants qui ne semblent pas toujours avoir conscience de la lente mélancolie dans laquelle nous nous enfonçons.

Nous nous sommes pliés aux règles que l'on nous dictait, et nous y avons ajouté un carcan de défiance pour le changement.
Nous avons bridé notre inventivité naturelle pour nous tourner vers le répétitif, avons justifié pour nous désarmer le confort illusoire de la paix nemen alors que ce monde même nous est hostile, nous nous sommes enfermés dans nos cités en reflet de l'enfermement des autres factions poussiéreuses écrasés par les distances.

... aussi je vous remercie pour ces quelques informations frères, et plus encore d'avoir exprimé ainsi votre pensée sur notre Fraternité. J'aimerais revenir vous parler un peu plus tard si j'en ai l'occasion, mais je pense que je vais essayer de dormir correctement enfin cette nuit...


Et passez voir Nelle peut être ?

...Mais...cependant... certaines choses me portent à croire que cela peut changer... localement et progressivement certe... mais lorsque certains rêveurs passionnés de progrès technologiques rencontrent d'autres rêveurs avec le pouvoir de les réaliser, des miracles parfois surviennent. Ils sont lent à mettre en place, ils se heurtent aux réticences de beaucoup, mais somme toute font leurs chemins.

La Symbiose a donné à certains la suprême arrogance de considérer Syfaria comme leurs appartenant. De repousser les barrières du danger pour voyager impunément de villes en villes. Réduire par leurs trajets les distance entre nos faction.
D'autres, rêvant, mettent en place des projets à l'échelle de la faction, des moyens de transport qui relieraient une ville à l'autre sans avoir besoin des nemens, des corps de la noire qui retrouveraient leurs prestances d'autrefois.
Quelque uns versent inlassablement leurs sang sur les routes, par n'importe quel temps, seuls pendant des semaines entières parfois.
Enfin certains travaillent inlassablement, parfois sur de nouveaux projets où l'inventivité pétille, à donner aux nôtres plus de moyens de nous défendre par la magie ou par la technologie, ou aux nôtres les moyens de comprendre ce monde.

La plupart des symbiosés ne sont rien de tout cela. Mais certaines choses évoluent doucement et la perception de frontières, de règles à respecter, de dangers à accepter, s'étiole au profit d'un esprit de pionners plus résolument tourné vers les moyens de changer ce monde...


Excusez moi, je suis moi même un peu rêveur... et fatigué. Quel est votre nom frère archiviste ?


 
Narrateur

Le Vayang 2 Astawir 1510 à 15h08

 
Le vieux bonhomme ne peut s'empêcher de sourire (un peu) :

Vous êtes jeune, et la symbiose vous a redonné du pep's. Vous croyez que ça marcherait sur ma vieille carcasse ?

S'adressant directement à Alastor, perché sur l'épaule du maire :

Tu veux pas venir avec moi, p'tit gars ? Je te promets pas une vie bien palpitante, mais avec ce qui campe sous nos persiennes depuis deux jours, ça devrait swinguer à peu près partout. Même en ma compagnie...

Plus sérieusement :

En fait, cette histoire de symbiose est une bénédiction. Non pour ce qu'elle fait en apparence, c'est-à-dire envoyer une poignée de gens puissants faire du tourisme sur les routes, mais pour ce qu'elle fait en secret : exciter toute la population, la réveiller et l'amener, progressivement, à s'intéresser aux affaires du monde. Tant que nous serons corsetés dans nos frontières culturelles et physiques, les deux étant évidemment liées, nous stagnerons.

Mais faudrait-il encore que le ramassis de monstres qui s'amasse dehors nous en laisse l'opportunité.

Je m'appelle Kaltebog, monsieur le maire.

Quand ça commencera à chauffer sur les remparts, faites-moi appeler, ça me donnera une bonne excuse pour sortir d'ici.
J'ai un vieux mousquet tout rouillé, il doit encore marcher. Non content de faire des trous, il flanquera en plus le tétanos à mes cibles.



 
Thosen Noril

Le Luang 5 Astawir 1510 à 01h03

 
Je saurais m'en souvenir Frère Kaltebog...

Je vais vous laisser, cela libère ma soirée pour le coup.
Bonne chance, et prenez soin de vous surtout, à la vitesse où bougent les choses en ce moment, tout peut arriver.


Après avoir serré la main du vieil archiviste, Thosen sort du temple noir et se dirige à petit pas vers l'auberge des embruns. A défaut de passer des semaines dans les archives de la noir, il aura au moins fait une rencontre intéressante.

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