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Le Merakih 1 Astawir 1509 à 16h27
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 | Hein ? tant que ça pour une poignée de clous ?
*** Les mains à plat sur la table, le buste bombé, la jeune fille semblait s'indigner face à un marchand. ***
Non mais attend, ils sont en quoi tes clous ? C'est pas de l'or, ça se verrait. Je sais pas, tu les taille dans des cristaux peut être ?
*** Le camelot, chauve et maigrichon, prenait un air détaché et répondait distraitement tout en curant ses ongles à l'aide d'une petite lame. ***
Tu te fatigue pour rien petite, je vais pas foutre en l'air toute ma grille de tarifs en baissant les prix des produits de base, tout ça pour tes beaux yeux...
Monsieur Moustaches dit : Hum... remettre en cause la qualité du matériel n'est un argument valable que devant un artisant consciencieux.
Celui-ci c'est un vendeur, un re-vendeur même, je suis sûre qu'il ne connait même pas la provenance de ses articles.
Essaye plutôt de frapper dans son amour propre.*** Une idée germa, Kal venait de trouver une utilité aux ragots et autres révélations de palier dont elle était régulièrement l'auditrice. C'est avec un sourire narquois et une grande assurance qu'elle s'exclama : ***
C'est peut être les clous du slip de cuir d'la Tydale avec laquelle tu passe tes nuits non?
***
Le visage du marchand se décomposa, il rangea son couteaux et entreprit d'épousseter son comptoir, pourtant très propre, en s'efforçant de paraitre le plus détendu possible. ***
Ah? Héhé... la bonne blague... tu m'excusera mais j'ai plein de ch...
*** Elle, lui coupant la parole. ***
Quoi ? tu croyais que ça allait passer inaperçu ? Ta maison a beau être dans l'quartier marchand, les explosions d'mes arquebuses auraient bien du mal à camoufler les cris d'ta grandasse.
Tien d'ailleurs, s'tu m'fais un prix sur les clous, j'te fabriquerais un joli escabeau, c'est qu'tes pas bien grand... D'ailleurs faudra qu'tu m'explique comment tu arrive à......
Non, finalement j'préfère rien savoir.
*** L'autre lui fit signe de baisser le volume, il jeta quelques regards de gauche à droite et considéra la gamine avec un certain désarrois.
...
Quelques instants plus tard, alors que Kal' fourrait un plein sac de clous dans sa besace, armée d'un rictus hilare, il lui sembla reconnaitre une silhouette à l'échoppe des alchimistes.
Se frayant un chemin à travers la foule, son intuition se confirma. Une carcasse voutée et vieillissante, une barbe grise et une attitude constamment irascible, il s'agissait bien du vieux Grim.
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Hey, salut l'ancien.
Alors on vient chercher la recette de la liqueur de bile de Jytrian ?
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Le Julung 2 Astawir 1509 à 23h39
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| Après la dangereuse bataille face au Vortex et quelques soirées bien arrosées, le vieux magicien avait fait le choix, inspiré par cette étrangère à qui il avait enchanté un fabuleux bâton, de se lancer dans l'alchimie.
Il n'était pas bon cuisinier. A dire vrai, il n'avait jamais été près d'une marmite et savait encore moins se servir d'un économe ou d'un couteau. Pourtant, cette ancienne passion, liant magie et travail de précision, avait soudainement refait surface. Fort de sa bonne situation financière, Grim décida de consacrer une part de son budget, comme un érudit le ferait pour l'achat de livres, à la création de ses fabuleux breuvages que sont les potions.
Ainsi, il s'était rendu au halles des corporation, non sans grogner auprès de quelques gamins pressés qui traçaient au travers de la foule.
Il faisait chaud.
Les uns criaient, les autres frappaient le métal avec ferveur. Senteurs et sons singuliers s'élevaient des quatre coins des halles.
Le vieux, quoique peu habitué à ce genre d'ambiance, parvint à maitriser son agacement vis à vis de ce brouhaha.
Arrivé chez le célèbre Alchimiste du coin, là où quelques jours plus tôt il avait pu trouver la jeune Nelle, Grim se mit à observer les étals et à feuilleter quelques manuels exposés sur ceux ci.
Le magicien s'apprêtait à acheter quelques recettes quand tout à coup, une voix fluette parvint à ses oreilles.
Intrigué, il se retourna pour voir devant lui Kal'Ash, une brave petite.
La p'tite rouquine, on vient faire son marché? marmonna t'il un sourire logé aux coin des lèvres.
Une bouchée de persil plus tard, il reprit :
Ah moi, c'que j'fous ici? Bah...J'apprends !
Série de Notes | |
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Le Sukra 4 Astawir 1509 à 17h23
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| Hep ! Lança t-elle a l'attention d'un Tchaë transportant des rouleaux de parchemins. Un échange de politesses plus tard, il repartait allégé d'un rouleaux.
Se retournant vers le vieux mage elle continua sur sa lancée.
J'vois ça hein, y a des trucs intéressants, faudra que je m'y remette à l'occasion.
Puis une hésitation plus tard elle engagea une conversation un peu différente.
Didonc, comment ça va en c'moment à la bulle noire ?
Y a eu quelques soucis par le passé mais j'espère qu'vous avez trouvé des solutions ?
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Le Dhiwara 5 Astawir 1509 à 15h52
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| *** Kal essayait de ne pas paraitre trop gênée. C'est que la question était assez sensible, le vieux avait payé ses excès par un séjour dans les geôles. Après mure réflexion, il lui semblait évident que le plus dur avait été le coup porté à son égo plus que l'humidité et la rudesse de la vie de prisonnier.
Il s'était retrouvé dans le même état que celui d'un étranger criminel. Elle songeait qu'a sa place elle serait entrée dans une colère noire.
Elle se gratta la tête.
***
Ouais, enfin t'a compris c'que j'voulais dire.
*** On apprenait pas à un vieux singe à faire la grimace. Grim avait son plan, difficile pour elle de savoir ce qui se tramait dans cette vieille caboche, mais il semblait y avoir longuement réfléchit. ***
J'vois c'que tu veux dire, justement l'autre jour je me posais des questions sur la loge d'la libre expression, qui est encore plus vide qu'le Clephte.
Et ça c'est pas peu dire.
*** Elle marqua une pause, feignant de jeter un œil à quelques recettes. ***
Il était surement temps que quelqu'un la dépoussière c'te loge. Y a plein d'truc qu'il faudrait changer, et la voix officielle ça passe toujours mieux qu'de faire cramer un nigaud
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Le Dhiwara 5 Astawir 1509 à 16h24
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| La loge de libre expression. Était-ce là où voulait en venir la petite? l'entrée du Commandant du Corps Funeste de magie au sein de cette dernière avait été volontairement discrète, bien que constituant une suite logique à ses initiatives. Il ne souhaitait pas mêler son activité au sein de la Noire aux débats politiques qu'il désirait mener aux côtés des contestataires. C'est alors que le lien entre le Clephte et la loge de libre expression fut fait.
Le vieux quitta les étals pour fixer la rouquine.
La Loge de libre expression, vide? Rha non! Y'a què'ques gaillards qui y bossent, qui cherchent, pensent à longueur d'journée. Les symbiosés ont la fâcheuses tendances à oublier les Autres, ceux qu'ont pas d'boules d'poils collés à leur basques.
Grim fit une petite pause. Une idée lui revenait soudainement.
A propos du Clephte...J'ai pensé y'a d'sa quèques s'maines, qu'y faudrait voir à régl'menter les allers et v'nues des étrangers, d'même qu'les achats qu'y peuvent faire dans nos boutiques.
Loin d'moi l'idée d'casser l'commerce d'nos artisans, juste qu'j'pense qu'y s'rait néccéssaire d'veiller à c'qu'notre artisanat, notamment c'lui des pétards, reste à la Fraternité, qu'y puisse pas être volé.
Or, si j'me rappelle bien, l'Clephte s'occupe un peu d'tout sa, des étrangers et du danger qu'y r'présentent c'bien sa? Si c'est l'cas, y s'pourrait qu'on puisse bosser ensemble, pour mettre au point une règl'mentation concernant l'patrimoine d'la Fraternité mais aussi d'savoir c'qu'on l'droit ou pas l'droit d'faire les étrangers.
Il était évident que cette "idée" avait germé dans l'esprit du vieillard après l'incident sur la place du marché, il y a plusieurs semaines. Incident qui d'ailleurs avait conduit le mage dans les geôles de la Cité, un choc pour lui !
Série de Notes | |
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Le Dhiwara 5 Astawir 1509 à 17h34
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| *** Baladant son index sur un vélin, comme pour en lire les ingrédients. Il est vrai qu'elle avait tendance à oublier les non symbiotes, ses amis du cercle des alchimanciens ne cessaient de le lui répéter. Cela étant, elle, n'avait personne pour l'assister au Clephte.
Un état de fait probablement due à ses exigences.
C'est quand Grim lança le sujet de l'artisanat qu'elle lâcha l'étal de l'alchimiste. ***
Puisque tu lance le sujet, Y a comme qui dirait un vide juridique à ce propos.
J'suis loin d'être douée au niveau des lois, il me semblait qu'il était déjà interdit aux étrangers d'obtenir nos armes, notre technologie en général, mais c'est peut être une sorte d'accord tacite. Du genre le truc qui nous est évident mais qui n'est marqué nulle part.
Elle tapota un moment le papier roulé dans la paume de sa main, la réflexion marquant son visage.
Tu sais que j'pense la même chose que toi Grim. Et tu sais comme moi que l'histoire de la place du marché a laissé pas mal de questions en suspend, malgré les félicitations qu'la mairie s'octroie.
Héhé, bizarrement j'ai pas trouvé le chapitre qui parle des avertissements d'avant l'incident, ni sur le fait qu'un étranger a quasiment tué un frère, tu sais sur les paplars qu'ils ont collé un peu partout en ville.
Sans doute qu'ils ont oublié...
*** Reprenant sur un ton moins ironique. ***
J'essayerais de trouver ce qui est écrit au niveau des lois sur les étrangers, ça permettra de savoir précisément sur quoi il faut s'concentrer.
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Le Dhiwara 5 Astawir 1509 à 22h15
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| La réaction de la petite satisfit Grim. Il avait toujours bien apprécié cette rouquine, en grande partie pour le soutien qu'elle lui avait apporté lors de cette sale affaire de la place du marché.
Tout en l'écoutant parler, le vieux mage prit sous son bras trois livres de recettes qu'il accompagna de plusieurs ingrédients répartis en petits sachets.
Sur le ton de le rigolade, il lança :
Tu disais n'avoir pas grand chose à faire gamine, j'crois qu'j'viens d'te trouver une occupation hé hé !
Il alla ensuite déposer quelques girasols, le prix exact de ce qu'il souhaitait acheter, au comptoir où se tenait l'un des apprentis du maitre alchimiste du coin.
Par la suite, il retourna auprès de Kal'Ash.
Bien, on est d'accord, z'avez qu'à faire vos r'cherches, plancher sur un projet d'loi ou un truc du genre. C'est l'domaine du Clephte, pas l'mien.
Sur ce, j'dois filer.
Après un bref salut, le vieux s'éclipsa au sein de la foule. Du travail l'attendait.
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