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Abel avait suivi distraitement les fils de pensée des noirauds préoccupés par leurs conditions de travail, tout affairé qu'il était à la confection d'une armure de malfaisant.
Il se disait que les humeurs de ses collègues finiraient bien par s'apaiser. Pourtant, certains semblaient suffisamment déterminés pour qu'il s'inquiétât de la tournure que pourrait prendre les évènements. Aussi, il posa ses outils, quitta sa demeure qu'il ferma à double tour, toujours méfiant.
Par acquis de conscience il fit un saut à le Tour de Garde vérifier que la patrie ne fut pas en danger, et se dirigea enfin vers l'Auberge des Embruns.
En sa qualité de Commandant, il ne pouvait laisser les noirauds discuter hors de son contrôle.
Accessoirement, sa réserve de vinasse était vide, ce qui constituait finalement une raison bien suffisante pour s'inquiéter de la santé des sœurs Cormaq...
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Pour une fois, elle était entrée sans que l'on l'entende. Il faut dire qu'elle été plutôt de bonne humeur, et chose rare en ces temps, elle n'avait personne sur qui pester.

En passant elle ponctua sa phrase par une tape amicale sur l'épaule de Cresius, et salua les autres, sans s'arrêter elle se hissa sur la table du vieux Grim avant de capter le regard farouchement désapprobateur de la tenancière. Elle esquissa une mine désolée et finit par s'assoir plus convenablement sur une chaise. ***

*** Elle feignait l'ignorance mais savait pourtant bien pourquoi le mage les avait invité aujourd'hui. Il avait laissé parler sa colère envers un étranger qui passa un peu trop près de l'étiquette de "tueur de Frères", ce qui avait fait de lui le plus vaillant Tchaë au yeux de la jeune fille.
L'affaire avait dérapé, il avait fait un séjour "préventif" en prison, peut être avait-il crié trop fort son "je vous l'avais dit !", perspicace et de circonstance au demeurant, mais bien mal vu par la garde à ce moment là.

Pendant ces jours dans l'obscurité humide des geôles, il avait du sacrément gamberger.
Si Kal' été de son avis sur beaucoup de chose, elle espérait que le vieux fou aurait revu ses méthodes ***

*** Da'regh entre à sa manière dans la taverne. Passant devant le comptoir et après avoir discuté avec la propriétaire, une mine grave sur son visage, il sortit sa choppe et lui demanda de la remplir. Il avait reçu le message du vieux Grim, et lui aussi avait son truc à dire sur le sujet. Avalant sa mousse avant que celui-ci ne disparaisse, il avança d'un pas sur en direction de ses confrères, arrivés quelque peu avant lui. Il savait que tous ceux qui avaient franchi le pas dans la taverne étaient bien décidé à agir. Faire arrière aurait été trop simple, et tellement stupide... Ils devaient faire changer les choses.
Arrivant donc à la petite table, bien installé dans le coin, de manière à voir tout le monde sans être vu, il fit un petit signe de tête au groupe, accompagné d'un grave bonjour. ***

*** Marquant une pause, il regarda bizarrement Kal'Ash. Que faisait-elle là? Mais un rapide regard à Grim lui fit comprendre que tout c'était bon. ***

*** Emernel rentra dans l'auberge avec une trace de sang coagulée sur le visage et le hache toujours à la main. Un regard énervé du patron lui fit comprendre qu'il fallait arranger son apparence. Il sortit un chiffon de son sac pour se nettoyer le visage et mis sa hache dans don dos.

Il arrivait juste au bon moment, Grim était entrain de faire son discours et il commanda une boisson à la serveuse tout en se posant sur un tabouret.

A la fin du discours il pris la parole. ***

*** Le discours allant, la jeune Tchaë finit par s'apercevoir que son Mou n'avait peut être pas tord. Grim parlait au nom de la noire. Un coup d'œil à droite, un coup d'œil à gauche, les gens semblaient à l'écoute.
Bien sur, les soldats de la bulle noire, eux, étaient au courant de tous les faits relatés. D'un coup elle se sentait assez seule. La conversation aller tourner autour des doléances des militaires, voire de l'élection d'un représentant si les réserves d'alcool des tenancières le permettaient. ***

*** Sïïma, arriva dans la Taverne, avec un sentiment de dégout...

Celui-ci préféra de ne pas boire ce soir, car il n'était pas dans une bonne forme. Mais surtout il ne voulait pas oublier cette soirée ainsi que de ne pas oublier de revendiquer avec ces camarades les problèmes de la Bulle noire.. ***

*** Sïïma lève les yeux au ciel, afin de faire un signe de remerciement aux dieux. ***

*** Sïïma vit Kal'Ash, qui n'avait pas l'air alèse, alors il décida de s'y rapprocher. ***

*** Da'regh écouté le discours de ses confrères, tout aussi outré qu'eux. Bière après bière, sauf quelques uns, les noirauds vidaient leur sac et exprimaient tout leur dégout et leur révolte. De très bonnes idées en sortaient, et Grim avait bien fait d'organiser un tel événement. Il était seulement regrettable qu'il ne soient pas plus.... ***

*** Marquant une pause dans son discours, sans doute l'effet de la boisson, l'artilleur observa chacun de ses confrères uns à uns. ***

*** Pour une fois elle se taisait, prise dans le torrent de revendications, elle ne savait que répondre. Monsieur Moustache lui même fut impressionné de ce silence, si rare en compagnie de Kal'.

Ses amis les soldats ne lui en voulait pas à elle, elle le savait et pourtant il lui était difficile de ne pas se sentir désarmée dans ce déferlement de doléances.

Elle pausa les yeux sur Grim. C'était le vieux fou, bourru, méfiant à l'extrême. Les derniers évènements n'avaient pas arrangé sa paranoïa, et pire que ça, celle-ci c'était dirigée vers l'intérieur. Malgré ça elle soutenait sa vision de la politique extérieure, peut être un peu nuancée par sa condition d'artisan, désireuse de renflouer sa bourse en profitant de la naïveté des touristes.

Siima, elle l'avait souvent croisé, peut être avait-elle échangé quelques banalités avec lui mais rien de plus. Seulement il avait effectivement été patron de la Loge bien avant elle. Lui certainement plus que les autres comprendrait qu'elle ne pouvait pas rester et ce malgré ses paroles qui se voulaient rassurantes.

Elle fixa ensuite Bagnus un moment. Elle avait fait un travail pour lui peut de temps auparavant, il s'était d'ailleurs avéré être un compagnon de boisson plutôt jovial et agréable.

Vint ensuite Abel, elle... non finalement c'était l'un des rares qu'elle ne connaissait pas ou très peu.

Da'regh... le sergent lui avait cédé une petite arbalète, longtemps auparavant. Peut être lui même ne s'en souvenait plus, mais elle n'avait pas oublié.

Emernel lui avait été un compagnon de chasse pour le moins efficace. Sans lui, elle ne serait peut être déjà plus. Un gambol avait voulu jouer aux billes avec sa tête, mais le soldat au regard sauvage l'en avait empêché.

Tous étaient ses amis. Mieux que ça ! ses Frères !

Son appartenance à la bulle rouge, celle des artisans et des marchands, son poste d'Analyste du Clephte et ce profond attachement à chacun la tiraillait de toute part.
Sans doute le sort des soldats de la noire était peu enviable, raconté sous cet angle, mais d'un autre côté l'argent ne coulait pas non plus à flot chez les artisans, ou du moins pas chez elle.
L'acquisition d'un atelier indispensable bien que misérable, et pourtant relativement onéreux, l'achat des outils, des matières premières, du savoir faire, des méthodes et recettes, tout cela pesait lourd dans la balance. Cela dit elle ne pouvait en vouloir à des soldats qui dépensaient leurs soldes dans l'espoir de pouvoir survivre de ne pas connaitre l'envers du décors.

étonnante complexité. S'il avait suffit de déposer une arme sur le comptoir pour obtenir des ristournes... mais non, il fallait dialoguer, alterner fermeté et souplesse, demander au marchand des nouvelles de ses gosses, complimenter sa vitrine, voire même sa coiffure dans ses bons jours. Et même avec ça les réductions ne sont ni évidentes à obtenir ni conséquentes par leur proportions.

Oui il fallait leur dire tout ça, mais cela lui était impossible.

Rester à ce stade signifierait écrire un rapport sur cette réunion, ou bien se montrer indigne de sa fonction. Trahir son poste, et par extension la fraternité, ou bien trahir ses amis...
Certaines fois la fuite est préférable, même si elle doit être considérée comme un acte de lâcheté.

Dans la foule, dans le bourdonnement d'exigences, il ne lui fut pas difficile de se frayer un chemin pour rejoindre la porte. En adressant un regard navré à Grim elle espéra qu'il comprenne.

Une fois dehors, ses mains enfoncées dans les poches, elle frappa d'un grand coup de pied dans une motte de terre. Elle allait rentrer chez elle, vider deux ou trois bouteilles pour que sa matinée du lendemain soit dédiée à soigner une accablante migraine. Elle ne se souviendrait que partiellement de cette réunion et l'aurait de toute façon quitté alors qu'elle n'en était qu'au stade d'assemblée d'ivrognes jacassant de leurs problèmes.

C'était mieux ainsi.

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*** Je saluais la soeur avant qu'elle ne parte, puis revenant au vif du sujet. ***

*** Da'regh vida sa choppe avant de la déposer et de prendre la parole à son tour. ***

*** Marquant une courte pause, l'artilleur se délecta de sa pipe avant de continuer.... ***

*** Abel restait éloigné des conversations, se concentrant sur sa vinasse, un brin bougon.
Krondor et Thosen ne seraient pas enchantés d'apprendre qu'une telle réunion se tenait, mais malgré tout le respect qu'il leurs devait, il pouvait comprendre certaines revendications qui en ressortaient.
Il décida d'intervenir brièvement :
Il est impensable que la Bulle Noire soit à ce point dépendante des autres corps de métier. Faisons en interne, un inventaire de nos compétences, un véritable état des lieux de nos ressources avant d'aller plus loin.
Quant aux missions qui nous sont confiées, il me semble que nous sommes rétribués pour mener à bien celles-ci... ***