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Initiation alchimique

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Sujet lancé par Nelle
Le 03-02-1509 à 23h43
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Posté par Nelle,
Le 09-03-1509 à 23h43
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Nelle

Le Matal 3 Fambir 1509 à 23h43

 
Le premier soleil est levé depuis à peine une heure quand Nelle pénètre dans la maison des Corporation avec un mélange de timidité et d'excitation.
L'immensité des halles a effectivement de quoi intimider, mais c'est surtout la perspective de ce qu'elle vient y faire qui forme ce curieux mélange d'appréhension et d'exaltation dans l'esprit de la jeune tchaë.
La veille, elle est venue, rapidement, se renseigner sur les horaires et tarifs des cours proposés par l'un des maîtres alchimistes de la corporation. Cela fait quelques temps que ça lui trotte dans la tête, et après quelques jours de repos bien mérité suite à leur périple dans le pseudo-néant de Flymeur, la petite tchaë s'est décidé à se mettre enfin à l'ouvrage, à franchir le pas...

Surprise de voir déjà autant de monde à une heure si matinale, elle ne s'attarde pourtant pas à flâner le long des nombreuses échoppes qui remplissent l'immense marché couvert, et marche presque en sautillant jusqu'à l'atelier du maître artisan.
Lorsqu'elle y arrive, elle comprend pourquoi cette journée d'initiation ne coûte que cinq girasols : elle n'est pas en retard, mais il y a déjà une bonne vingtaine de personnes qui occupe les bancs de la petite pièce. Des jeunes, surtout, qui se préparent certainement à entrer en apprentissage auprès d'un artisan et viennent auparavant acquérir des bases, mais également quelques tchaë plus âgés.

Nelle salue timidement le maître alchimiste, lui donne la somme demandée et file s'assoir à une place libre au premier rang.
L'initiation doit durer la journée entière, la matinée étant dédiée à l'histoire et les bases théoriques de la pratique alchimique. Les premières expérimentations et première manipulations pratiques ne viendront que l'après-midi.

En attendant que tout le monde finisse d'arriver et que la séance commence, Nelle sort un carnet et son stylo à plume en argent, celui-là même offert par le Prince un an plus tôt, et qu'elle continue de garder précieusement malgré la détérioration larvée de leurs rapports...


 
Nelle

Le Luang 9 Fambir 1509 à 20h48

 
Quelques regard appuyés venant des deux garçons assis à sa droite la rendent dans un premier temps un peu mal à l'aise. Elle sait la Fraternité peu ouverte et d'un naturel suspicieux, particulièrement envers les étrangers.
Mais bon, quand même, ce n'est pas écrit sur son front, pourquoi ils la regardent comme ça, ces deux-là ? L'idée qu'elle provoque chez eux un quelconque émoi adolescent l'effleure à peine, mais suffisamment pour la rendre encore plus gênée des regards insistants qu'ils lui jettent.
Puis enfin, le plus proche d'elle crève l'abcès, et cesse les messes basses avec son copain pour se pencher vers elle :

Dites... madame... il est à vous le mou ?!

C'est donc ça !!
Knüt. Tranquillement installé sur le dessus de son sac, somnole sans se soucier le moins du monde de ce qui l'entoure. Du moins, c'est ce qu'il laisse entendre, car à peine le jeune tchaë a-t-il posé la question que la boule jaune ouvre les yeux et les braque joyeusement sur lui.


Knüt dit :

Ça dépend, pour quelques dizaines de girasols je pourrait bien être à quelqu'un d'autre...


Répond-il directement sans laisser le temps à Nelle de le faire, non sans une certaine malice dans le regard.

Knüt dit :


Hé hé, c'était pas tes beaux yeux mais les miens qui suscitaient leur émoi, gamine.


Ajoute-t-il mentalement à sa symbiote avec suffisance.

Knüt ! S'exclame-t-elle avec indignation, sans indiquer à laquelle de ses deux réflexions elle réagit. Visiblement à la première, car c'est vers les deux garçons dont les yeux brillent déjà d'envie qu'elle se tourne et répond à son tour, essayant de ne pas parler trop fort : le cours n'a certes pas encore commencé, mais elle ne tiens pas particulière à attirer l'attention de toute la salle...

Ne l'écoutez pas, il n'est pas à vendre. Enfin, ce que je veux dire c'est que... Oui, c'est mon mou, si l'on veut, car nous sommes symbiosés lui et moi. Mais cela ne se vend ou ne s'achète pas, n'écoutez pas ses salades...
D'ailleurs, je ne vous souhaite pas de tomber sur un chenapan comme lui...


Knüt singe l'air sérieux de sa jeune symbiote dans son dos, ajoutant quelques grimaces de sa conception, ce qui a pour effet de provoquer une crise de rire chez les deux adolescents, rapidement communiquée à quelques autres dans les rangs derrières.
Nelle soupire, hésitant entre rire à son tour ou s'énerver après le mou incorrigible.

Finalement, c'est le maître alchimiste qui règle le problème, fermant la porte de la pièce et s'éclaircissant la voix pour attirer l'attention de tous.
La journée d'initiation va commencer.

Nelle attrape son mou, le fourre dans son sac en lui intimant mentalement, et sèchement, que l'heure n'est plus aux pitreries et qu'il n'a pas intérêt à troubler le cours qui commence, puis reprenant son carnet et son stylo plume, porte son attention vers le maître artisan.
Les choses sérieuses commencent, et c'est elle qui a désormais les yeux brillants...


 
Nelle

Le Sukra 21 Fambir 1509 à 00h40

 
La matinée de cours théorique s'écoule sans encombre et sans autre dérangement. Lorsque vient la pause déjeuner, Nelle a les yeux toujours aussi brillants, voire même un peu plus : pas le moins du monde rébarbatives, les quatre heures retraçant aussi bien l'histoire que diverses théories sur la pratique alchimique l'ont tout bonnement passionnée.
Nelle a d'autant plus hâte de continuer sa formation et de passer à l'aspect plus pratique de celle-ci, forte de ces nouvelles connaissance.

Afin d'éviter un nouvel assaut de questions de ses jeunes camarades de classe non symbiosés, elle s'éclipse pour aller manger son casse-croute dans un petit parc situé à quelques rues des halles.
Tout en mangeant, elle revoit fébrilement les pages de son carnet désormais noircies des notes prises durant ces premières heures d'apprentissage. Oui, elle a vraiment hâte de passer à la suite !

Elle revient juste à temps pour la reprise du stage, alors que le maître alchimiste les invite à passer de la salle de classe aux laboratoire, tout en reprenant succinctement ses enseignements du matin.


« ... l’Alchimie est donc in fine l’Art de composer des potions, c’est-à-dire des décoctions ayant des propriétés surnaturelles équivalentes, ou apparentées, aux effets de sort.

« L’effet » d’une potion ne vient pas de l’insertion terminale de mana dans la décoction : il vient de la préparation elle-même.
Dans l’ensemble infini des décoctions possibles, un tout petit nombre – ce qu’on nomme des potions - possède de tels effets.
Faire de l’alchimie, c’est identifier les recettes qui permettent d’obtenir, précisément, des potions... et c'est formaliser le protocole à suivre durant toute l'opération.

L’Alchimie n’est donc - à priori - pas une forme d’enchantement qui se limiterait aux décoctions : c’est un art en soi.
Il n’est nul besoin d’être compétent en Arkan/Anarkan pour le pratiquer.
A priori, car le débat fait rage, comme évoqué ce matin...

En effet, deux caractéristiques propres à la composition de potions évoquent irrésistiblement le travail des enchanteurs :

Premièrement, la composition d’une potion exige des matériaux de pureté exceptionnelle, et un très haut degré de précision et de rigueur.
C’est un point commun avec l’enchantement, qui ne '' prend '' que sur des objets excellemment manufacturés.

Deuxièmement le travail de l’alchimiste entremêle toujours deux phases, bien distinctes d’un point de vue technique : d’une part, on suit une recette, comme pour une simple décoction, avec une marge de manœuvre extrêmement réduite, et d’autre part, on y associe un protocole contextuel, c’est-à-dire qui concerne tout sauf la recette : récolte des ingrédients à telle heure, sous telle configuration astrale, dans tel état d’esprit, par telle personne ou à l’aide de telle créature, etc...*

Cela, nous l'avons vu ce matin : si vous avez bien écouté et noté, vous avez désormais toutes les cartes en main pour savoir choisir exactement les bons ingrédients nécessaires à la fabrication des potions les plus basiques.
Pour ceux qui comptent réellement se lancer dans cet art avec sérieux, et envisagent de fabriquer des potions plus complexes, je vous invite une nouvelle fois à vous procurer un exemplaire des ''Recueils et traités fondamentaux des protocoles approfondis des recettes alchimiques élaborées'', des frères Flemmal. Le titre est un peu pompeux, mais l'ouvrage est une véritable référence.
»

Nelle vérifie qu'elle a bien noté le nom du livre et de leurs auteurs dans son carnet le matin même, résolue de l'acheter dès le lendemain. Même si elle n'est sans doute pas prête d'en avoir besoin, elle ne doute pas que ça fera un très bon livre de chevet en attendant.
Tout le monde a fini de rentrer dans le laboratoire plutôt exiguë et se tasse plus ou moins en arc de cercle autour du maître artisan, de peur, sans doute, de toucher, voire de faire tomber un des nombreux livres, pots ou flacons qui surchargent la moindre parcelle horizontale de la pièce : comme pour ne pas décevoir toutes les idées préconçues que l'on peut se forger à propos d'un laboratoire d'alchimiste, celui-ci ne fait pas exception à la règle et est passablement peu ordonné...




___________________________________________________
* extrait tiré du BG sur la sorcellerie ;)

 
Nelle

Le Vayang 27 Fambir 1509 à 00h42

 
Comme un silence à la fois respectueux et excité s'installe peu à peu autour du maître alchimiste, une fois tout le monde rassemblé dans la pièce, celui-ci reprend de sa voix docte et assurée :

Bien, ce point concernant les ingrédients, leur choix et leur conservation, est donc considéré comme réglé. Nous allons maintenant passer à la suite de ce programme d'initiation : les ustensiles dont a besoin et se sert un alchimiste dans la préparation de potions, leur fonctionnement, leur manipulation...

Alors alors... Tout d'abord une paire d'ustensiles que vous connaissez sans doute déjà si vous faites un peu de cuisine : le mortier et son pilon.


Tout en parlant, le tchaë saisit lesdits ustensiles sur une étagère, et un dans chaque main, les agite sous le nez des élèves tout en expliquant :

Le mortier est un récipient permettant de broyer des matières que l'on veut transformer en pâte ou en poudre, et ce grâce à l'action d'un pilon.
On les trouve principalement fabriqués en bois ou en pierre, mais parfois également en porcelaine, en métal ou, plus rarement, en verre.
Personnellement, je préfère utiliser des mortiers en pierre, plus lourds et donc plus stables pour travailler confortablement, mais un artisan amené à voyager souvent préfèrera sans doute un modèle en bois plus léger à trimbaler.
Son usage est simple : on mets dans le mortier les ingrédients à réduire en poudre... et on les réduit en poudre avec le pilon...


Etrangement, il dit cela avec tout le sérieux du monde.
Puis il repose le le bol en pierre et son pilon sur une autre étagère, de laquelle il prend un nouvel ustensile aux formes un peu biscornues, composé de verre et de cuivre, et beaucoup plus imposant.


L'autre outil indispensable à tout alchimiste est l'alambic. En verre ou en cuivre, principalement. Ou les deux, comme celui-ci.
Son principe est assez simple à expliquer : il s’agit de séparer, ou bien on dit aussi de fractionner des liquides à divers points d’ébullition.
Le produit destiné à être distillé est chauffé dans la chaudière jusqu’à ébullition. La vapeur s’élève de là à travers le chapiteau...


Tout en parlant, le maître artisan indique chaque partie de l'alambique d'une main au fur et à mesure qu'il les nomme et les détaille.


... puis passe par le bec montant avant de pénétrer dans le col-de-cygne pour se condenser finalement dans le réfrigérant.
Et c’est tout.
L’opération consiste à modifier l’état substantiel du liquide au gazeux puis de nouveau au liquide de manière à transporter des substances essentielles ou évanescentes du produit initial jusqu’au condenseur.
De cette façon, on peut séparer par exemple l’alcool de l’eau ou bien produire des huiles d’aromates ou de plantes, tout ça avec un alambic classique ou bien avec un modèle plus avancé comme un alambic à colonne...


Voyant les regards un peu perdus de la majorité de son auditoire, il marque une légère pause en se raclant la gorge, puis reprend.

Bref, le principe est assez simple.
Il existe des alambique de tailles variées, notamment justement pour les producteurs d'alcool ou de parfums qui produisent en plus grande quantité et qui utilisent donc des alambic pouvant atteindre la hauteur de cette pièce, mais cela ne concerne pas les alchimistes : notre travail est bien trop minutieux et délicat pour envisager de faire de la... série. Ou de la quantité.
L'alchimie, c'est un art qui demande de la rigueur, de la finesse et beaucoup de concentration, jeunes gens, soyez-en conscients.
La qualité ! Car sans cette rigueur, sans l'attention et la patience nécessaires, vous ne produirez que de l'eau un peu colorée, de la décoction sans effet... de la tisane !
Et parfois, il suffit de rien, pour tout faire basculer !


Le fait que le maître artisan est passionné par son art ne fait strictement aucun doute, étant donné la véhémence avec laquelle il a prononcé ces dernières phrases. Et tant mieux, songe Nelle, car à égalité, son envie de transmettre cette passion est tout aussi évidente... et c'est cela qui fait sans doute de lui un excellent professeur...

Bien, est-ce qu'il y a des questions, avant que nous entrions plus avant dans le vif du sujet ?

Demande-t-il en faisant signe à l'assemblée de le suivre à proximité du foyer dont il s'empresse de raviver les braises.


 
Nelle

Le Luang 9 Marigar 1509 à 23h43

 

Pas de question, mais le vif du sujet, pour les impatients comme Nelle ne commence réellement qu'une bonne heure plus tard. Car après la présentation et les rapides explications sur les ustensiles d'alchimie, le maître alchimiste passe à la démonstration.
Une heure durant, il leur montre comment concrètement faire bon usage d'un alambic -celui du mortier et pilon est relativement évident- détaillant chaque étape de la distillation, insistant sur les erreurs à ne pas commettre et indiquant de temps à autres quelques astuces bonne à connaître.

Nelle continue de prendre religieusement des notes détaillées dans son carnet, parfois agrémentées de croquis rapides, bien que comme beaucoup elle a, au fur et à mesure que l'échéance approche, hâte de mettre elle-même la main à la pâte.
Le moment des travaux pratiques arrive finalement, et les alchimistes en herbe peuvent enfin mettre la main à la pâte, répartis en petits groupes de travail. Le maître alchimiste arpente la salle d'un groupe à un autre, prodiguant conseils et répondant aux questions.
La fin de la journée s'écoule donc à une vitesse ahurissante du point de vue de la jeune propage dévorée de curiosité et de l'envie d'apprendre.

Lorsqu'elle quitte l'atelier de Maître Kalar à l'issue de cette première journée d'initiation, c'est bien résolue d'y revenir le lendemain, et de s'y remettre à bras le corps. Le Maître artisan a accepté de lui donner quelques cours particuliers un peu plus poussés, dès le lendemain matin, et Nelle est déjà complètement impatiente.
Elle contacte Stennar dès sa sortie des halles, pour qu'il lui négocie auprès des commerçant son propre matériel d'alchimie... Vivement le lendemain !


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