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Labeur et profits

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Sujet lancé par Kal'Ash
Le 06-01-1509 à 11h43
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Posté par Kal'Ash,
Le 15-01-1509 à 17h28
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Kal'Ash

Le Matal 6 Jangur 1509 à 11h43

 
Labeur et profits.

C'était la phrase fétiche du patron, une sorte de ligne de conduite soumise à interprétations mais sous entendant que tout travail mérite salaire, et que toute paye doit être consécutive d'un travail honnête.

C'est avec cette idée en tête que j'avais attaqué le travail à mon arrivée à Oriandre, sans avoir vraiment le temps de m'extasier sur l'architecture, ou sur les différences avec Farnya.

Je n'avais pas décroché de tâche sérieuse, juste des petits boulot que me permettait mon statut dans la bulle rouge : le bas de l'échelle. Mais cela ne faisait pas partie des choses qui pouvait entamer mon enthousiasme. Ainsi trois chaises cassées et un panier percé plus tard un militaire s'approchait de moi, plus ou moins discrètement.

Il me demanda s'il y avait moyen d'enchanter son arme, j'oubliais instantanément son nom et lui demandais de me la monter.
Il me tendis alors une lourde hache dont la lame était forgée en double-tranchant, j'imaginais un instant le soldat en pleine bataille, tranchant la tête d'un brigand avant de retourner son arme contre le fourbe qui tentait de l'attaquer dans le dos.

L'arme était de bonne facture et en bon état, mais je ressentais sa jeunesse, il allait falloir remédier à ce manque d'expérience, le défi me plaisait.

Alors que j'étudiais la physionomie de l'arme, histoire de savoir vers quoi l'orienter, j'expliquais ma théorie au lieutenant (ouais, c'était un lieutenant) sur les Essences Fondamentales et sur l'Esprit de la Machine.
Sans illusions, je me doutais qu'il serait au mieux dubitatif, ce qui fut le cas. Il me sortit les lieux commun habituels "l'enchantement c'est de la magie, et puis voila" "les objets n'ont pas d'âme, seul mon bras lui donne sa force blabla et blabla", enfin ce que tout le monde sortait sans trop se poser de question.
Mais je ne lui en tenait pas rigueur, après tout il suffit amplement à un soldat d'avoir une arme fiable, le pourquoi du comment lui échappant, l'explication la plus simple à ses yeux est évidement la meilleure.

Je n'insistais pas, mon travail était de communier avec l'Esprit de cette hache, et une dispute l'aurait certainement contrariée. Pendant que mon client repartait surveiller les remparts, je me lançais dans la-mystérieuse-opération-magique-qui-rend-les-armes-plus-mieux.







 
Kal'Ash

Le Vayang 9 Jangur 1509 à 13h51

 
... c'était ce que je redoutais... Alors que mon dialogue mental avait permis à l'Esprit de la Machine de grandir et d'atteindre ce que le langage populaire appelait naïvement le "second niveau", l'âme de la hache se referma brusquement.

Même si j'avais des doutes à ce sujet, j'espérais que cette opération mystique qui consistait en une communion d'âmes n'ai pas l'intensité nécessaire pour être réversible.
Erreur, l'Esprit de la Machine avait évolué et, d'une façon ou d'une autre, avait lu en moi l'étroitesse et l'égocentrisme de son propriétaire.

Il était en colère...

Il faut savoir que si je ne crains pas grand monde, j'évite de prendre à la légère l'Esprit de la Machine, je compte conserver mes quatre membres encore longtemps.

Je pris la décision de laisser la hache un moment, si le lieutenant m'en tenait rigueur, je lui rappellerais que je l'avais mis en garde et donné les explications pour ne pas contrarier l'Esprit de la Machine...




 
Kal'Ash

Le Julung 15 Jangur 1509 à 17h28

 
... Il était déjà presque midi, pourtant à la lumière du jour on aurait pu se croire beaucoup plus tôt.
C'était ce pilier, il faisait des siennes depuis quelques semaines, je saurais pas trop dire ce que ce truc avait fait mais en tout cas le temps était déréglé.

Voila qu'Oriandre essuyait une averse. Je regardait de grosses gouttes obscures chuter au sol, la teinture noire se diluant dans une flaque d'eau.

Ce truc était sensé tenir une année, mais le marchand qui m'avait vendu cette couleur au rabais allait en entendre parler. Sans avoir besoin de me regarder dans un miroir, je devinais que d'ici quelques minutes je serais devenu une petite chose trempée et ruisselant d'une eau noirâtre, dernier vestige du deuil de feu mon paternel.

Une douche plus tard, ma crinière avait recouvré sa flamboyante couleur naturelle, après plusieurs mois de sombre tristesse cela me faisait presque sourire. Moi qui avait toujours eu cette couleur en horreur, voila qu'elle me plaisait plutôt bien. Elle me rappelait un peu la sienne...

Je sortais de l'auberge avec mon butin de la veille. J'avais réparé le matériel d'un Tydale gigantesque pour un prix exorbitant, il s'en était d'ailleurs ému et m'avait glissé que les artisans de la confrérie des six, eux, travaillaient pour bien moins cher que moi.
Hélas j'avais besoin d'argent, mon projet secret d'acheter un petit atelier pétillait dans ma tête et mes prix s'en trouvaient tout chamboulés.
... Surtout quand il s'agissait d'un étranger, qu'il avait absolument besoin de quelques retouches et que j'en étais la seule capable dans les environs.
Les circonstances ont parfois quelques effets étonnants sur les tarifs annoncés, il faudrait que j'en parle avec le patron à l'occasion.

Dans la série des bonnes nouvelles, j'étais enfin venue à bout de l'opiniâtreté de l'Esprit de la hache. Le lieutenant serait certainement content, d'ailleurs il m'avait déjà commandé un autre boulot.

Qui sait, peut être ce projet d'échoppe n'était pas aussi utopique que ça après tout...






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