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Le palais royal

Dialogue avec son Mou.

Dans les sous-sols du Donjon royal...
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Sujet lancé par Herménégilde
Le 15-10-1508 à 14h51
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Posté par Herménégilde,
Le 19-01-1509 à 13h01
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Herménégilde

Le Merakih 15 Otalir 1508 à 14h51

 
Partout où les prunelles d’ambre se posaient, elles ne voyaient que la laideur de la pierre nue, ternie par des années durant lesquelles elle avait attendu en vain qu’un bon bain vienne la décharger de tant de crasse accumulée. Les barreaux de la liberté demeuraient impassibles, sourds à ses requêtes. Ils étaient droit, gardiens d’acier immuable, dressés comme la trique du geôlier.

« Ai-je bien agis ? »


La voix résonnait dans le vide crépusculaire de la prison. Et personne n’était là pour y répondre…
Personne ?
Peut-être que si, finalement.


dit :
« Tu sais très bien pourquoi tu es là. La question n’est pas celle que tu viens de poser. »


Encore et toujours, la Voix sarcastique de son ego faisait entendre les doux sons de ses mots psychiques.

dit :
« Notre plaidoirie n’était pas si mal que ça. Et je note que nous avons semé le trouble dans les juges qui traitent notre cas. »


« En effet... Mais cela sera-t-il suffisant ? »

dit :
« Trop de questions agitent l’esprit du courageux penseur en ce jour. Pense à l’avenir. Vois plus loin que le moment présent. Qu’importe la sentence qu’ils prononceront ? Seule la trace que nous laisserons dans l’esprit de la Fraternité compte. »


Le silence flotte un instant sur l’humide et lugubre cellule gracieusement allouée au jeune révolutionnaire pour son séjour dans le Palais. Pas un seul instant il n’avait imaginé que ses quelques interventions auraient autant de portée, autant de conséquences physiques et morales sur son humble personne. Il risquait la prison à vie. Condamné à être l’occupant perpétuel de ces murs.

dit :
« Ce n’est pas vers cela que ton esprit doit se tourner. Imagine l’exemple que nous sommes pour les générations futures de contestataires. Imagine l’idée que nous transmettons ! »


« Oui, je vois et j’entends. Nous serons célèbre. »



 
Tryphon

Le Julung 16 Otalir 1508 à 14h11

 
Accompagné d'un garde, le secrétaire palatal Tryphon descend dans le cachot d'Herménégilde et demande à parler au prisonnier. On l'amène donc devant les barreaux de sa cellule...

Le vieux tchae voit le jeune bleu, correctement habillé. On a disposé à sa demande un bureau sommaire, dans un angle de la geôle. Il y a par ailleurs un lit de camps, austère mais correct, ainsi qu'un poêle à bois, une bibliothèque modeste et une alcôve privée. Un vrai petit appartement... sans les clefs.

Il s'avance tandis qu'Herménégilde le regarde, et dit :


Je viens vous annoncer la sentence votée ce jour par le gouvernement :
Vous êtes condamné à la prison à vie.


 
Herménégilde

Le Julung 16 Otalir 1508 à 14h47

 
Le couperet était tombé, sec, rapide et froid comme la mort. La voix sans intonation du secrétaire palatiale était pire que tout. L’indifférence la plus totale. Aucun sentiment, ni la tristesse, ni la déception, ni même la haine. Rien ne transparaissait dans la diction de cette simple et terrible phrase. Les mots ne semblaient lui vouloir aucun mal, n’ayant pour lui aucune antipathie ou complaisance ; ils n’accomplissaient que leur devoir : annoncer. Jusqu’au dernier moment il avait cru à une possible libération, croyant déceler dans l’hésitation première et le conflit opposant le Grand Témoin au Roi à son sujet, une forme de salut, la clef qui lui permettrait de s’en aller de sa nouvelle demeure.

L’idée fit son chemin dans son esprit, tentant de l’imprégner de ce qui constituait désormais sa nouvelle réalité. Le petit bleu aux cheveux de feu ne réagit tout d’abord pas, contenant son infinie surprise.


« Puis-je avoir les détails du jugement ? »


 
Tryphon

Le Julung 16 Otalir 1508 à 18h29

 
Tryphon soupire ; les détails ? On s'en fout, des détails... compte tenu du résultat.

Soit, dit-il :

Vous avez été reconnu coupable de haute trahison pour tentative de coup d'état, doublé d'intelligence avec l'ennemi.

Le Secrétaire marque une pause, soupire à nouveau, puis poursuit :

Voilà pour l'officiel. Mais l'officieux, à mon avis, est plus intéressant. Je n'étais pas présent lors des délibérés, on m'a simplement chargé de vous communiquer la sentence... aussi, ce dont nous parlons maintenant est un bonus, si vous voulez. Mon opinion personnelle sur votre affaire. J'imagine qu'un jeune homme qui va passer le reste de son existence dans cette pièce et l'espace restreint de la cour royale a droit à quelques derniers égards...

Ceci étant, mon opinion, vous n'en avez peut-être rien à cirer. Et quelque part, ça m'arrangerait.
La voulez-vous ?


 
Herménégilde

Le Julung 16 Otalir 1508 à 19h37

 
Ainsi donc avait-il été reconnu coupable des faits les moins avérés de son procès ; les deux seuls qu’il avait refusé de plaider pour la même raison. La fourberie du Gouvernement était donc sans limite. Ils prouvaient, à l’ultime instant de l’affaire, qu’il avait eu raison de mener ce combat désespéré contre l’autorité suprême de la Fraternité.

« Voudriez-vous priver ma curiosité d’une chose aussi intéressante ? Allez-y, je vous en prie. »

Mi sarcastique, mi sérieux, le jeune condamné braquait ses yeux d’ambre sur le vieux secrétaire. Que pourrait celui-ci, s’il demandait une révision de son procès ?


 
Tryphon

Le Vayang 17 Otalir 1508 à 09h43

 
Oh, c'est assez simple à comprendre :

Ce ne sont pas vos idées révolutionnaires, le problème. En elles-mêmes, elles ne constituent pas vraiment un délit, puisque la liberté d'opinion est la règle dans notre Fraternité. Evidement, insulter les hauts dignitaires ou remettre en cause l'autorité du roi sont déjà plus problématiques et justifient de poursuites, mais il n'y a là pas de quoi se retrouver derrière les barreaux bien longtemps...

C'est d'autant plus vrai, en ce qui vous concerne, que votre activisme politique n'a guère généré qu'indifférence ou hostilité, parmi vos frères symbiosés comme non-symbiosés. Vous ne m'en voudrez pas d'être franc, hein... mais ce constat, même vous pouvez le faire.

Non. Le problème, c'est la confluence de deux faits qui vous accablent : l'acquisition d'un savoir propre à la Fraternité, au sujet des armes de haute technologie, et la tentative - suicidaire - de prise de contact avec des factions susceptibles d'accueillir des tchaes en leur sein...
Ces deux éléments, additionnés à une démarche qui ne pouvait guère conduire qu'à votre bannissement, à terme, ont été interprétés comme la préparation d'une trahison de grande ampleur : comme si vous aviez déjà prévu de vous vendre au plus offrant.

Voilà, jeune bleu, ce qui explique votre disgrâce et votre incarcération. Vous bannir, au regard de cette thèse, aurait été tomber dans votre piège.




 
Herménégilde

Le Vayang 17 Otalir 1508 à 13h11

 
Consterné. Il était consterné. La remarque fut comme un coup de masse dans le ventre.

« Je suis donc victime de présomptions. Quelle sublime preuve de liberté vous m’apportez. Mais votre raisonnement est bancal : vous dites vous-même que je ne serai resté derrière ces barreaux que peu de temps, avec mes seules paroles et actes. Comment donc prévoir un bannissement que je n’aurai jamais eu ? »


Toute contestation nouvelle était inutile, il le savait pertinemment. Mais il risquait de n’avoir personne avec qui parler avant longtemps…

« Jamais n’ai-je conversé en une autre langue que le Tchaë, et je n’ai jamais pris contact avec d’autres factions, au final. Enfin… Je suppose qu’un appel ne me sera pas accordé ? »


Il alla s’asseoir sur sa paillasse. Tout l’accablement du monde semblait peser sur ses épaules. Tomber pour si peu. La gloire lui échappait, s’arrachant à ses doigts comme l’oisillon qui indubitablement, prend son envol. Tout ceci pour rien. La prison à vie pour de simples soupçons. Là résidait la vraie disgrâce ! Il aurait voulu hurler sa rage. Mais à quoi bon ?



 
Tryphon

Le Vayang 17 Otalir 1508 à 23h23

 
Un appel ? Ce n'est pas inconcevable. Je sais qu'il y a deux conditions à respecter, dans le Droit Fraternel, pour pouvoir justifier d'une telle mesure. Mais je ne les connais pas, je ne suis pas un grand spécialiste... et pour tout dire, je n'ai jamais participé directement à un procès en appel.

Vous devriez poser la question au Grand Témoin Sowane. Il ne tient qu'à vous de lui demander un entretien, si la chose vous intéresse.


 
Herménégilde

Le Luang 20 Otalir 1508 à 00h21

 
« Oui, la chose m’intéresse. Serez-vous mon messager ? »

 
Tryphon

Le Luang 20 Otalir 1508 à 11h15

 
Aucun soucis, jeune frère. Ceci étant, vous êtes en prison, pas au secret : il vous est permis d'écrire à n'importe qui, sachant que la symbiose a de toute façon rendu ce droit quelque peu obsolète : il vous suffit d'appeler un garde, et il transmettra vos courriers ou vos demandes d'entrevue. Par ailleurs, tout frère peut venir vous visiter s'il en fait la demande ; je crois savoir que cela est limité à une personne par jour, à vérifier...

Bref, encore une fois, même si vous avez une piètre opinion du gouvernement et de ses lois, sachez que nous ne sommes pas une faction de sauvages. En matière de possibilités, ou d'évolutions de vos confitions d'incarcération, vous en discuterez avec le Grand Témoin, elle est bien plus au fait de ces choses-là que moi.

Sur ce, je vous laisse. Dame Sowane devrait vous visiter demain, si mes suppositions sur le rythme admissible des entrevues autorisées est celui que j'ai en mémoire.


Le secrétaire palatal salue Herménégilde, puis s'en va.

 
Herménégilde

Le Sukra 25 Otalir 1508 à 11h38

 
Il attendait. Il attendait toujours. Depuis combien de temps ? Aucune idée. Perdu dans ses pensées, il avait laissé filé le décompte des heures. Quand Sowane devait-elle le visiter ? Le lendemain. Et ? Aucune idée. Quel jour était-on ? Le lendemain ? Peut-être.

Perdu dans ses pensées et la morosité de sa condition nouvelle, il attendait.


 
Narrateur

Le Sukra 25 Otalir 1508 à 21h19

 
C'est un message de la garde qui vient tirer le tchae bleu de sa morne torpeur :

Détenu ? La grand témoin Sowane demande à vous visiter demain à la première heure. Si vous en êtes d'accord, signez ici... (il tend un papier à Herménégilde à travers les barreaux)... ici... et là, là... et là.

Par ailleurs, on m'a demandé de vous faire porter des affaires civiles et des vêtements d'intérieur et d'extérieur, et j'ai besoin de connaitre votre taille...

Vous chaussez du combien ?


 
Herménégilde

Le Dhiwara 26 Otalir 1508 à 16h20

 
Le Tchaë grommela à son vocable. Avait-t-il déjà perdu son nom ? N’était-il plus qu’un occupant de cellule pour son peuple ? Enfin…
Il regarda avec circonspection les feuilles que lui tendaient le garde, cherchant quelque fourberie dans la formulation du paraphe sous ses yeux.


« Tout ceci pour une simple visite ? »

Il continue de parcourir les lignes, perplexe, écoutant vaguement les paroles du garde qui enchaîne sur ses mensurations. Au moins lui paye-t-on une garde robe ; faut-il être en prison pour être bien traité ! Le Grand Témoin acceptait de le rencontrer à nouveau, tout n’était donc pas perdu.

« Du 29. Pour le reste, il vous faudra mesurer vous-même. »


 
Narrateur

Le Dhiwara 26 Otalir 1508 à 20h38

 
Vous ne connaissez pas votre taille ? Grommèle le garde. Z'êtes bien un bleu, tiens...

Bref. On se débrouillera.


Puis il disparait. La journée s'écoule sans anicroche, jusqu'à la fin d'après-midi où Herménégilde est conduit dans un bureau, hors de sa cellule mais dans le fort et sous bonne garde. L'y attend déjà la Grand Témoin Sowane, en tenue officielle, c'est-à-dire vêtue d'une longue robe sombre ourlée de blanc.

Elle ne se lève pas à l'entrée du prévenu, mais lui fait un geste aimable pour qu'il s'assoit et le salue simplement :


Bonjour, frère Herménégilde.
Le seccrétaire palatal Tryphon m'a signalé votre désir d'un entretien, à propos des possibles évolutions de votre statut de condamné et de prisonnier purgeant une peine d'enfermement à vie.

Avant d'entamer sur ce sujet, j'aimerais savoir si vous confirmez ce point.


 
Herménégilde

Le Dhiwara 26 Otalir 1508 à 21h26

 
Elle était là, dans ses noirs habits de cour, aussi impressionnante qu’au premier jour et pourtant empreinte de plus d’humanité. Le geste presque amicale qu’elle lui adressa et son ton pratiquement dénué de toute solennité superflue des usages du tribunal en étaient la preuve. Ici se trouvaient-ils tous les deux dans un bureau, pièce ô combien plus intime et chaleureuse que le lieu de leur dernière rencontre. Peut-être aurait-il de plus amples chances de rallier le Grand Témoin à sa cause, loin de la présence du Roi et de ses sbires ? Le penseur condamné s’inclina légèrement, respectueuse réponse à l’invitation, avant de s’asseoir.

« Oui, je le confirme. »


 
Narrateur

Le Dhiwara 26 Otalir 1508 à 22h17

 
Bien, acquiesce-t-elle simplement.

Il y a deux options possibles, toutes deux reposant sur des démarches assez différentes. La première concerne votre mode de plaidoirie, la seconde un appel et un éventuel procès en révision :

Dans le Droit Fraternel, à partir du moment où un prévenu est déclaré coupable par un tribunal compétent, son mode de plaidoirie intervient dans la sanction : en clair, plaider non-coupable est un handicap, si vous êtes convaincu de ce dont on vous accuse, parce qu'au délit lui-même s'ajoute celui de parjure. Du point de vue du législateur, vous êtes non seulement un délinquant, mais aussi un menteur.

Voilà pourquoi le mode de plaidoirie influe sur le jugement rendu. De fait, la plupart des accusés consultent un juriste avant un procès, afin d'estimer leurs chances d'être acquittés : en fonction de ce que leur dit leur conseiller, ils ajustent leur discours et tranchent entre "coupable" ou "non-coupable" avant même de venir à la convocation du tribunal.

Pourquoi n'avez-vous pas consulté de spécialiste ? J'en suis surprise, compte tenu de la gravité des faits qui vous sont reprochés.

Désormais, vous savez que votre condamnation tient en partie à votre choix : si vous aviez plaidé coupable, sans doute bénéficieriez-vous d'un strict contrôle judiciaire, et non d'une peine d'emprisonnement.

Vous devez vous demander pourquoi j'évoque ce sujet, le procès ayant eu lieu ? Parce que le Droit Fraternel autorise l'amendement : en clair, vous pouvez user de rétroaction, et modifier votre choix premier. Normalement, cela ne devrait pas changer la peine prononcée, car elle est irrévocable. En revanche...


La plus haute autorité judiciaire fraternelle se fend d'un petit sourire, se jouant des subtilités du Droit comme un chat se joue d'une souris :

En revanche, cela permettrait au Procureur Général de réouvrir l'enquête. Il viendrait vous demander des précisions, arguant de vos aveux de culpabilité : Quels étaient vos intentions précises, en fomentant de renverser le gouvernement ? Qui étaient vos contacts étrangers, et quels rapports entreteniez-vous avec eux ? Ce genre de choses...

Et dans l'hypothèse où vous pourriez répondre, alors, vous bénéficieriez soudain des circonstances atténuantes qui vous ont été refusées lors du verdict ; votre peine serait rapidement commuée en quelque sanction moins insupportable que celle qui vous frappe actuellement.


La jeune tchae à la beauté sévère conclut provisoirement :

Mon propos n'est pas de vous inciter à infléchir votre ligne de défense, mais simplement de vous informer. Il est évident que vous êtes seul à pouvoir décider de ce qu'il convient de faire. Mais désormais, vous avez les éléments d'information qui vous ont fait défaut, à l'évidence, lors du procès.

Croisant les doigts, elle écorne la suite de son discours :

L'autre façon de faire, plus rare et plus ardue, consiste à faire appel pour obtenir le droit de bénéficier d'un nouveau procès.
Cela ne peut se faire que si l'un des partis - ici, vous-même ou le gouvernement fraternel - apporte un "élément nouveau", susceptible de justifier d'une réouverture du dossier.
Et la seule personne habilitée à déclarer qu'un élément donné - un fait, un témoignage, une pièce matérielle, etc. - est véritablement "nouveau", au sens législatif du terme...
C'est moi.


 
Herménégilde

Le Luang 27 Otalir 1508 à 18h26

 
Décidément, il n’était pas au bout de ses surprises. La magistrate était pleine de ressources, et à l’évidence pouvait se révéler d’une grande aide. Pourquoi n’avait-il pas contacté de spécialiste ? En effet la question méritait d’être posée. Il n’y avait pas pensé. Tout simplement. Cependant, plaider coupable pour une chose qu’il n’avait pas commis lui semblait une conduite étonnante et presque dénuée de sens. On s’intéressait peu à ce que l’on avait réellement fait, mais à ce que l’accusé était capable d’expliquer face aux accusations.
Bref.

Elle avait comme insisté sur le dernier mot qui s’était échappé de ses lèvres. Le message était presque clair, limpide comme un cristal liquide. C’était un félin du droit, tantôt neutre et placide, tantôt subtile, accueillante et surprenante. Des deux solutions, seule la seconde lui permettrait une absolution totale, et une réhabilitation pleine et entière auprès de la Fraternité. Mais que pouvait-il apporter de nouveau ? Ou plutôt… Que pouvait-il faire pour que soit accepté un élément comme « nouveau » ? Il pouvait commencer par ne pas déplaire au Grand Témoin. Pour l’instant, leurs relations n’étaient pas trop houleuse, il y avait un espoir.


« Mmmh… »


Pensif. Le tract pour lequel il avait été condamné, il le connaissait bien. Peut-être en avait-on créé un autre en cherchant à le confondre ? Et il pourrait également s’expliquer sur la nature de ses relations avec les factions extérieures…


« Mmmmh… »

Comment tourner tout ça…

« Et quel sens législatif possède le terme de nouveau ? »

 
Narrateur

Le Luang 27 Otalir 1508 à 21h34

 
Sowane répond avec une certaine pédagogie, mais sans aucune condescendance :

Lorsqu'une demande - on parle d'Interjection - d'Appel est formulée, c'est au Grand Témoin - donc à ma personne - que l'on demande d'étudier l'élément inédit justifiant de la réouverture du procès.

Si cet élément m'apparaît à la fois crédible et susceptible d'induire une modification du verdict antérieur, il acquiert le statut légal de "nouveau" et dès lors, l'Appel est officiellement validé.

Dans votre cas, le verdict du premier procès serait maintenu jusqu'au moment où vous seriez rejugé : une Interjection, lorsqu'elle est acceptée, prend généralement un à deux mois. C'est assez rapide, en fait.

En ce qui me concerne, le temps qui m'est nécessaire pour me prononcer sur la validité d'une pièce présentée comme "élément nouveau" est très variable : cela peut être immédiat, ou demander un lourd complément d'enquête. Tout dépend de la pièce, et de l'affaire considérée.


 
Herménégilde

Le Dhiwara 9 Nohanur 1508 à 14h37

 
Le droit lui semblait bien compliqué. Tant de procédures et de conditions à remplir… Fallait pas être pressé non plus. Et de plus, en dehors du Grand Témoin, il ne connaissait nul spécialiste capable de l’aider.

« Grand Témoin… Quel élément inédit sur cette affaire serait, selon-vous, susceptible de m’aider ? »

Accepterait-elle de se prêter au jeu ?


Hrp: Hem... Désolé. Petit passage à vide.

 
Sowane

Le Luang 10 Nohanur 1508 à 17h38

 
La jeune tchae lève un sourcil, curieuse :

Quel élément inédit ? Je ne peux répondre à cette question à votre place, frère Alchimancien. Mon rôle m'oblige à la plus stricte des neutralités. Il m'est impossible, en tant que Grand Témoin, de faire pencher la balance du coté de l'accusation comme de la défense. Je ne peux me prononcer qu'à posteriori, lorsqu'un élément m'est présenté et qu'il me faut juger de sa pertinence.

S'il m'est interdit de vous apporter un tel élément, je ne suis pas tenue de ne pas vous instruire de certains faits, car nul n'est censé ignorer la loi. Je peux, de la sorte, vous conseiller, à partir du moment où je n'énonce aucune contre-vérité, ou n'influence personne :


Sowane sourit, comme à chaque fois qu'elle flirte avec les limites de son grand pouvoir :

L'accusation d'intelligence avec l'étranger repose sur le témoignage d'un ou de plusieurs frère(s), et non sur celui de personnes non membres de la Fraternité. Pourquoi ? Parce que la parole de gens n'appartenant pas à notre faction n'est pas recevable, légalement parlant, et le Procureur Malgrange - qui connait son Droit - le sait.

Vos dénonciateurs étrangers pourraient être un bon millier, ça ne changerait rien à l'affaire : ils ne seraient pas acceptés à la barre.

Donc, si vous connaissez l'identité de votre ou vos accusateur(s) sur cette charge précise, vous pourriez tenter de négocier avec lui (ou eux) : si il(s) consent(ent) à revenir sur son (leur) témoignage(s), l'accusation sera bancale, et vous serez rejugé...


Croisant les mains sur son bureau et s'installant plus confortablement, la Grand Témoin conclut avec sérieux :

Bien entendu, par négociation, je n'entends nullement parler de transaction commerciale : acheter un témoin est un crime passible de prison.

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