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Le palais royal

Justice royale

Un prévenu tchae en vaut deux
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Sujet lancé par Narrateur
Le 05-10-1508 à 10h43
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Posté par Narrateur,
Le 11-10-1508 à 10h23
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Narrateur

Le Dhiwara 5 Otalir 1508 à 10h43

 
Fonkin Sheppen, Baër'lupis et Herménégilde sont rapidement regroupés dans l'antichambre de la garde personnelle d'Elchior, en charge de la sécurité du palais.

Chacun, escorté de trois mousquetaires du Roi, membre de la plus réputée des troupes d'élite de la Fraternité, est désarmé et mené dans la salle d'audience réservées aux grandes occasions. Le silence est de mise, et les gardes ne disent pas un mot, n'expriment nulle émotion, parfaitement maîtres d'eux-mêmes et stoïques comme des colonnes cariatides.

Les « invités » du jour peuvent noter que la salle a été aménagée :

Elchior est sur son trône, installé sur une estrade, dominant la situation et protégé par un rideau de quatre soldats armés de pistolets étranges, à double canon. Il a sa tête des mauvais jours et n'esquisse pas le moindre geste lorsque la troupe et les trois prévenus entrent dans la salle.
Aux pieds de l'estrade, se levant en faisant craquer ses os, le secrétaire palatal Tryphon se dévoile ; Lui non plus ne dit rien et semble un tantinet... résigné. Il louche un instant avec concupiscence sur la tenue légère de la Grande Naturaliste, mais se reprend vite, sa libido fantasque soudainement calmée par un léger raclement de gorge royal.

Sur la gauche, dans une sorte de chaire surélevée, un frère sec comme un coup de trique se tient debout. Ses bésicles et son air peu amène lui donnent l'air d'un hibou sévère. Il regarde chacun des entrants avec un mépris palpable, et une certaine... jouissance. Son expression n'annonce rien de bon, c'est l'évidence même. On sent que ce gars-là n'est pas porteur de bonnes nouvelles, et que le rôle de vilain petit canard lui plait beaucoup.

Sur la droite, à hauteur normale, on a installé un bureau derrière lequel est assis un scribe, déjà occupé à prendre des notes. Il a tout d'un fonctionnaire discret jusqu'à la fadeur, mais il écrit à une vitesse proprement diabolique. Derrière le scribe, debout, se tient une jolie jeune femme revêtue d'une longue toge noire. Son expression est douce, attentive et d'une neutralité parfaite.

Le reste de la salle est occupé par des chaises. Trois ont été disposées vers les premiers rangs, de sorte à reposer entre les personnes susnommées, et en face du trône royal. Les mousquetaires y accompagnent Fonkin Sheppen, Baër'lupis et Herménégilde, mais ne leur permettent pas de s'asseoir.

Le secrétaire Tryphon prend la parole, un peu las, mais faisant un effort méritoire pour sembler concentré :


Ma soeur, mes frères : veuillez décliner vos identités, couleurs et statuts à voix haute. Ensuite, je présenterai les personnes ici présentes, puis Sa Majesté Elchior s'exprimera...


 
Fonkin Sheppen

Le Dhiwara 5 Otalir 1508 à 13h07

 
Il était dans le Palais!
Même si ce n'était pas dans les conditions optimales, voilà un pas de gambol effectué.
La plus grande contrariété du jeune tchäe semblait de ne pas pouvoir admirer comme il l'entendait l'architecture et la décoration intérieure à cause de son escorte peu commode.
Il portait une attention toute particulière aux tableaux et portraits mettant en scène des tchäes, ce qui lui valait le plus souvent une invective et une main ferme sur l'épaule jusqu'à ce qu'il reprenne la progression vers l'antichambre.

C'est donc contrarié que Fonkin pénétra dans l'immense salle où ça devait se produire. L'ambiance était solennellement lourde, les visages graves et les gardes armés.
Conduit au premier rang, le jeune Régisseur ne prit le temps de s'attarder que sur l'expression du Roi avant de répondre à l'invitation.

S'avançant d'un pas, il prend soin de retirer son masque, laissant apparaître le visage intact d'un tchäe de 17 cycles, vierge de toute cicatrice, dont l'expression trahissait une forte émotion et les yeux émeraudes pétillaient de plaisir:


Fonkin Sheppen, Régisseur de la corporation de la Servitude, de la Bulle Rouge.

D'un pas en arrière, il se repositionna au niveau des deux Bleus, concentrant son attention sur ses examinateurs du jour, tentant de déceler la moindre réaction.

Labeur et Profits.

F. Sheppen, Héros.

 
Baër'lupis

Le Dhiwara 5 Otalir 1508 à 23h54

 
Les joues pourpres, la vieille n'avait pas quitté le sol des yeux. Même le vieux Tryphon, elle n'osait le regarder en face. La lourdeur de l'atmosphère était palpable. Quel gâchis de temps, pour tous ceux présents dans la salle. Lorsque le Régisseur se fut présenté, elle s'avança à son tour. Elle tenta une révérence, dont l'effet fut des plus ratés, au vu de la taille de sa jupe, qu'elle du pincer à mi-cuisse. Quelle était, parmi toutes, la plus grande des humiliations ?

Baër'lupis, Bulle Bleue. Grande Naturaliste.



 
Herménégilde

Le Luang 6 Otalir 1508 à 00h25

 
Il jubilait. Mais prudemment, sans montrer trace de l’agitation intérieure qui bouillonnait dans son esprit. La salle où l’audience semblait devoir se tenir était autrement plus agréable à vivre que les chambres que l’on réservait aux invités. Il lui faudra toucher deux mots à l’intendant de la Maison à ce propos… Lui-même n’avait rien contre visiter les sous-sols, mais ils étaient fort humides, et fort peu confortables.

Le Tchaë retint une moue devant l’indifférence impolie dont fait preuve son souverain à l’entrée des trois protagonistes. S’il n’avait rien fait pour arranger son cas, le Frère Elchior semblait également déterminé à susciter l’antipathie vis-à-vis des sujets les plus réfractaires à sa position sociale, et l’autorité censée en découler. Soit ! Adviendra ce qu’il en pourra advenir. Mais rien ne bon ne pouvait résulter de l’entrevue future… Tout indiquait que le destin de chacun d’eux était scellé ; et rien n’y ferait pour changer la donne. Le Bleu n’avait pas l’avantage, la partie commençait mal.

Son tour vint, et se drapant dans la mante azurée et salie des insanités de la mort et des cachots qui le recouvrait, le penseur s’annonça.


« Herménégilde, Bulle Bleue. Alchimancien, sociétaire de la Loge de Magie Expérimentale. »


Une ombre féminine attira un instant son attention…
« Intéressant »



 
Tryphon

Le Luang 6 Otalir 1508 à 11h50

 
Tryphon toussote dans son poing fermé, s'avance d'un pas et déclame d'une voix qu'il essaye de rendre solennelle :

Sont présentes pour cette audience préliminaire au procès intenté par Fonkin Sheppen contre Baër'lupis, par le gouvernement fraternel contre Herménégilde, et par la Bulle Bleue contre Fonkin Sheppen, les personnes suivantes :

Tryphon, Secrétaire palatal, porte-parole du gouvernement fraternel et de Sa Majesté Elchior.

Désignant le sombre tchae en chaire :

Octave Malgrange, Procureur général, en charge des actes d'accusation.

Puis le frère installé à son bureau :

Hector Lampion, Greffier, Huissier de Justice, en charge des actes du procès et de leur transcription intégrale.

Se tournant vers la jeune femme en noire :

Sowanne, Grand Témoin. En charge de la régularité de la procédure et gestionnaire des temps de parole. Détentrice de l'autorité suprême en matière de Droit Fraternel.

Désignant les gardes armés d'un geste large :

Le Premier Delcourt est responsable de la compagnie des mousquetaire du Roi, chargés d'assurer la sécurité de tous.

Enfin, s'inclinant en direction du trône :

Je ne présente pas Sa Majesté Elchior, comme le veut la bienséance.

 
Elchior

Le Luang 6 Otalir 1508 à 19h53

 
Le roi tchae laisse planer un certain silence avant que de poser les avant-bras sur ses accoudoirs et de se redresser quelque peu :

Ceci n'est pas, à proprement parler, une audience.
C'est une convocation.

A l'heure où de grands troubles secouent notre consensus et même, me suis-je laissé dire, ceux de factions étrangères...
A l'heure où un supposé frère a agressé le Prince Gorgo en usant de moyens surnaturels impossibles à contrer...
A l'heure où le complot visant mon fils via l'enlèvement de ses gens court toujours...
A l'heure où l'on rapporte qu'un tchae écume nos routes à la tête d'une bande de flavistes équipés et organisés comme s'ils partaient en guerre...
A l'heure où je croule sous les rapports indiquant une extraordinaire recrudescence de l'activité monstrueuse autour de nos villes, activité dont sieur Herménégilde ici présent a fait les frais...

... je me serais volontiers passé d'avoir à gérer ce triple procès, dont les ressorts sous-jacents et les motifs avoués sont plus sinistres et affligeants les uns que les autres !

Car ne vous y trompez pas, ma sœur, mes frères : c'est un procès qui s'ouvre, et non une aimable discussion entre honnêtes citoyens. Dans ce procès, je tiendrai le rôle de juge. Et vous serez, vous-mêmes, chargés de votre propre défense. In fine, je statuerai sur votre éventuelle culpabilité, avec les conseils éclairés et sous le contrôle du Grand Témoin Sowane. Puis j'émettrai une sentence, qui sera soumise au vote des membres du gouvernement.

Avant l'ouverture de la séance, qui sera initiée par la lecture des actes d'accusation et une première plaidoirie à charge du Procureur Malgrange, il est permis à chacun des prévenus de poser une question, une seule, à n'importe quel membre du tribunal ici présent.

Si vous souhaitez user de ce droit, faites-le maintenant, ou taisez-vous.


Elchior se recule, manifestement contrarié, attendant que chacun s'exprime... ou pas.

 
Baër'lupis

Le Matal 7 Otalir 1508 à 11h05

 
Aux paroles du Roi, les joues, déjà pourpres, de la vieille, virèrent au cramoisi.

Elle aurait souhaité réagir, protester, montrer qu'elle aussi avait perdu
la vie en plus de son temps de travail.

Elle regarda ses pieds en silence. Connaissant les deux autres accusés, nul doute qu'ils allaient intervenir, usant de toute liberté qu'on leur cèderait.



 
Fonkin Sheppen

Le Matal 7 Otalir 1508 à 14h25

 
Le plus jeune des trois accusés ouvrit la bouche mais se contenta d'inspirer avant d'offrir une moue boudeuse de gamin puni.
Observant tour à tour le Roi et chacun des fonctionnaires, son inquiétude semblait grandir à chaque nouveau faciès observé.

Puis il observa ses co-accusés et son expression devint songeuse.


Labeur et Profits.

F. Sheppen, Héros.

 
Herménégilde

Le Matal 7 Otalir 1508 à 19h55

 
Peut-être avait-il laissé son esprit dans les limbes, suspendu entre la Vie et la Mort lorsque les créatures perverties eurent achevé leur macabre besogne, et que la totalité de son fluide se fut répandue sur les pavés polis de la route. Peut-être n’était-il plus qu’un fou, vide de tout sens et de tout désir pour cette terre-prison sur laquelle son peuple était retenu.
On l’avait convoqué pour une audience auprès du Roi, le voilà qui comparaissait devant ses juges. Etaient-ce là les manières du Gouvernement vis-à-vis de ses sujets ? Elchior était-il à ce point aveugle pour ne pas comprendre qu’il commettait là une nouvelle erreur ? Il fuyait la discussion, pourtant porteuse de réconciliation, et broyait la main tendue dans son gantelet de fer. Etouffait par la même le reste de bonne volonté qu’avait conservée l’Alchimancien dans le fond de son esprit oublié.

Alors lui vint à la tête la seule question qui pouvait logiquement être posée :


« Puis-je m’en aller ? »

Après tout, il n’était pas venu pour son procès…


 
Narrateur

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 08h29

 
Non, répond le Roi Elchior avec une certaine lenteur, comme s'il s'adressait à un demeuré mental. Puis il se tourne vers Octave Malgrange.

Le désigné Procureur dispose d'un dossier épais, fermé devant lui, sur lequel il s'appuie des deux mains pour se redresser. Il commence à parler d'une voix forte et sévère :


Nous sommes ici réunis pour juger de paroles séditieuses, d'actes de sabotage, d'actes de trahison ou de tentatives de meurtres dont ces trois personnes (il pointe les prévenus du doigt) se sont rendues coupables, par irresponsabilité ou claire volonté de nuisance, faisant fi d'un rang et d'un statut qu'à l'évidence, elles ne méritent pas.

Fusillant Herménégilde du regard :

Frère, vous êtes accusé par le gouvernement fraternel de trouble à l'ordre public, de complot contre la faction, de tentative de coup d'état, de calomnie envers le Prince et Précepteur Rouge Ethan Gorgo, d'insulte à Sa Majesté Elchior, et d'intelligence avec des puissances étrangères.
Pour cet acte d'accusation, vous risquez au pire la prison à vie.
Plaidez-vous coupable ?


Passant à Fonkin Sheppen :

Frère, vous êtes accusé par la Bulle bleue d'actes de provocation, de nuisance et de sabotage, ainsi que par l'Erudite Thanakis de harcèlement, d'insultes, de troubles et de provocations répétées à l'encontre d'elle-même et du personnel des jardins d'Ykena.
Pour cet acte d'accusation, vous risquez au pire une amende de 250 girasols, assortie d'une mesure de bannissement définitif des quartiers concernés.
Plaidez-vous coupable ?


Concluant par Baër'lupis :

Soeur, vous êtes accusée par le Régisseur Fonkin Sheppen d'agression physique envers sa personne, agression requalifiée en tentative de meurtre compte tenue de votre qualité et de vos capacités de sorcière.
Pour cet acte d'accusation, vous risquez au pire une dégradation, assortie du versement de 350 girasols à la victime au titre de dommages et intérêts.
Plaidez-vous coupable ?


Avec un sourire mauvais, tapotant sur son gros dossier avec jouissance, il siffle tel un serpent :

La parole est à la défense.


 
Herménégilde

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 19h00

 
Le chef d’accusation était impressionnant. On pouvait raisonnablement affirmer qu’en ce moment, le Frère Bleu avait ce que l’on appelle de la classe. Il était impliqué dans des actes inconnus de lui-même, n’ayant, par exemple, jamais entretenu la moindre relation, ni échangé la moindre parole avec un membre d’une autre faction que la sienne. Ce devait être ce chouinard de Thosen qui avait détourné ses interrogations sur les diplomates. On était jamais tranquille, même auprès de ses prétendus frères…
Enfin au moins répondit-il à la question de manière désinvolte, comme si elle venait d’un imbécile s’interrogeant sur une évidence :


« Je plaide non-coupable, bien entendu. »


 
Fonkin Sheppen

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 20h11

 

Le jeune tchäe sembla particulièrement agité à la lecture des chefs d'accusation et garda le silence et les yeux baissés de longues minutes après que le Procureur eut fini.


Puis Fonkin secoua la tête de droite à gauche en soupirant.


Nuisance et sabotage de la bulle bleue... Ma vie et celles de valeureux noirauds ont réellement été risquées pour entendre ça?


Le petit Sheppen croise alors les bras et lève son regard vers Octave Malgrange.

Je plaide évidemment non coupable à cette farce censée me faire regretter d'avoir réagi aux félonies dont j'ai fait l'objet!

Le Régisseur offre un visage jeune mais déterminé à la petite assemblée.

Labeur et Profits.

F. Sheppen, Héros.

 
Baër'lupis

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 20h16

 
La vieille haussa un sourcil à la mention de ses talents de magicienne, mais cela, personne ne le vit tant elle regardait à ses pieds.

A son tour de réponse, elle susurra :


Je plaide coupable pour l'irresponsabilité du geste, Frère Procureur, mais je nie avoir eu l'intention de tuer, ou d'entraîner des répercussions séditieuses.

J'ai jugé le comportement du Régisseur comme dépassant l'entendable, et par cela j'ai fauté. Je suis prête à proposer ma démission.


Elle tourna la tête vers Fonkin.

Mais ça ne sera pas sans me défendre des accusations de cet infâme personnage !


 
Narrateur

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 22h08

 
Le Procureur Malgrange écoute avec attention les réponses de chacun, et lorsque Fonkin Sheppen prononce sa brève allocution, son sourire mauvais s'élargit encore ; sa première remarque est pour le Régisseur :

Une farce ? Grand Témoin Sowane, avez-vous bien entendu ? Le prévenu Sheppen vient d'outrager la cour... Greffier Lampion ? Je vous prie d'ajouter ce délit à l'acte d'accusation de notre frère Rouge, et d'assortir la peine encourue d'une amende supplémentaire de cinquante girasols.

Se tournant vers le jeune tchae :

Vous n'avez pas l'air de comprendre que le temps des insultes et des rodomontades est passé. Je vais m'efforcer, pierre par pierre, de vous en convaincre. Quitte à vous laisser sans le moindre sou vaillant.

Il se redresse et reprend le fil de sa diatribe :

Je vais procéder au détail des soupçons qui pèsent sur chacun de vous, et des éléments de preuves réunis à ce jour :

Frère Herménégilde, je dispose de plusieurs témoignages, issus des couches populaires non-symbiosées et symbiosées, faisant état de la distribution de tracts appelant au soulèvement contre l'autorité du Gouvernement et du Roi Elchior. J'ajoute que le Tribunal dispose d'un exemplaire de votre tract séditieux.
Par ailleurs, le consensus mental de la Fraternité s'est fait l'écho de vos écrits, et là encore, j'en ai l'exhaustive et nauséeuse logorrhée sous les yeux... oh, les vilains termes que voilà, pour qualifier notre Roi ou son noble fils le Prince... pour qualifier le gouvernement fraternel : « mascarade », « marionnette fantoche », « oppression », « honte », « avilissement », « esclavagisme »...
Le pire, dans cette sinistre affaire, c'est que le fait qu'on ne vous ait pas suivi – vos frères ne sont pas les moutons stupides que vous supposez – n'a en rien calmé votre vindicte : vous avez persisté contre l'évidence.
Quant aux prises de contact avec l'étranger, allons, frère alchimancien, elles ne sont un secret pour personne. Vous êtes dépositaire de secrets technologiques majeurs en matière d'armes à feu, vous vous lancez dans des projets séditieux et, préparant votre bannissement programmé, vous cherchez déjà à vous vendre aux autres factions... coïncidences ?
Il n'est plus temps de nier, mais d'expliquer, ici et maintenant, pourquoi vous avez agi de la sorte.


Passant à Baër'lupis :

C'est bien aimable à vous, de présenter votre démission. Mais les prévenus n'ont pas à choisir leur peine.
Dans la mesure où vous ne contestez pas les faits, je me contenterai de vous demander des précisions sur vos intentions exactes, lorsque vous avez usé d'un sortilège s'attaquant directement à la vitalité du Régisseur Sheppen ici présent : ne me dites pas que vous avez agi sous le coup de la colère ! Votre acte était réfléchi, prémédité ! De rage, on peut gifler, mordre ou frapper quelqu'un, mais en aucun cas, se concentrer et faire appel aux savoirs subtils de l'Arkan... Cela demande beaucoup de contrôle de soi, de sang-froid...
Or donc, madame, si vous ne vouliez pas tuer, que vouliez-vous faire ?


Concluant par Fonkin Sheppen :

Voyez-vous ce gros dossier, frère Régisseur ? Il contient pas moins d'une bonne centaine de lettres, de plaintes et de récriminations diverses à votre endroit ! Les gens qui travaillent quotidiennement aux jardins d'Ykena se plaignent depuis des mois de vos insultes, de vos provocations, de vos cris, de vos mimiques, grimaces, gênes permanentes et j'en passe... des mois ! Si ce n'est pas du sabotage, quel mot dois-je employer, monsieur ? S'y ajoutent plusieurs témoignages concordant faisant état d'insultes directes adressées à l'Erudite Thanakis, confirmant ses propres dires. Compte tenu de votre gracieux commentaire concernant le qualificatif requis pour notre tribunal, il y a quelques minutes à peine, la cour appréciera...
J'aurai une question simple, pour vous : Est-il bien normal qu'un Régisseur passe l'essentiel de son temps à musarder dans les jardins, désœuvré au point d'occuper ses journées à pourrir celles des autres ?


D'un geste à chasser les mouches, il termine comme s'il crachait :

La parole est à la défense.



 
Herménégilde

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 23h57

 
Le rouquin d’azur revêtu se retenait de rire devant le spectacle qu’offrait le Procureur. Seul un mince sourire narquois étiré sur ses lèvres enfantines trahissait ses pensées. La justice portait vite un avis sur les choses, mais il savait que tout ceci n’était que pure rhétorique, destinée à les mettre devant un fait pseudo-avéré.

« Que l’on m’amène les preuves et les témoins de ce que vous avancez, Frère Procureur. »


 
Fonkin Sheppen

Le Julung 9 Otalir 1508 à 13h32

 
De manière surprenante, l'annonce de l'amende supplémentaire semblait amuser le Régisseur qui se contenta de dodeliner de la tête en réaction, comme s'il attendait impatiemment de pouvoir prendre la parole.
Un air contrarié voila son visage lorsque l'alchimancien fut plus prompt que lui à répondre.

Aussitôt qu' Herménégilde eut fini, Fonkin Sheppen fit un pas en avant, frissonnant avant de prendre la parole.


Vous avez encore du mou avant de me laisser sans le sou.
Mais pourquoi suis-je ici si je n'ai même pas le droit de donner ma version des faits? Dans cette convocation, un frère noir symbiosé a trouvé la mort, et pour quoi? Pour entendre parler de sabotage de la bulle bleue et voir un travailleur syndiqué racketté pour avoir osé réagir à l'injuste comportement de l'Erudite et de sa clique?
Soit, vous faites ce que vous voulez, et durant mon dur et reconnu labeur, j'ai amassé un bon millier de girasols et de quoi m'offrir une villa au plein de coeur de Farnya la rouge, donc vous en disposez comme bon vous semble. Mais avec un tel comportement, il ne faudra pas vous étonner d'une éventuelle disparition de certains bons artisans refusant un système de racket.
En attendant, je me refuse à écouter ces balivernes sans réagir, ne serait-ce que par mémoire pour le lieutenant qui a donné sa vie pour que je puisse répondre devant vous.


Mais je suis certain qu'en plus de m'expliquer la nécessité réelle de ma présence, vous y ajouterez les rapports entre les recettes de mon labeur et la plainte de l'Erudite car j'avoue ne pas en saisir le moindre.


Alors qu'il laissait le temps à ses interlocuteurs de réfléchir à chaque phrase, Fonkin enchaina particulièrement rapidement avec la suite cette fois ci.


Quant à tous vos papiers, ils sont fabriqués sans l'ombre d'un doute. Voyez vous, au moment du haro au Régisseur, étrangement ce dossier n'existait pas. Et il apparait comme par enchantement, sans que j'en sois informé durant des mois, juste après que je réagisse au bannissement abusif des jardins?
Allons, vous ne trompez personne! D'ailleurs ça doit certainement avoir un rapport avec le fait que nous sommes à huis clos. Mais ce n'est pas avec des charges fabriquées pour soutenir des accusations fabriquées que vous pourrez fabriquer ma résignation.


Le sourire s'effaça du visage de l'adolescent pour faire place à une expression plus stoïque. Son regard émeraude ne détachait plus du frère Malgrange, ni né pétillait.

Mais je pose des questions, qui ne trouveront probablement pas de réponse tellement absurde en est l'originie, donc je vais me faire un devoir, et un plaisir de répondre à la votre.
Tout d'abord, le musardage de Fonkin Sheppen, expression des plus burlesques, et donc qui reste dans le parfait ton de tout ce que vous me reprochez:
Je suis Fonkin Sheppen, Héros de la Fraternité et ai participé au sauvetage des dits Jardins lorsque l'Oortisanisphère a déraillé et que peu de frères et soeurs se dresseaient face à elle. J'ai également participé à la chasse aux obsessions, même si c'est ce bon et grand Iucounu qui l'a récupéré en main propre, je fus celui qui resta au milieu des Neldas pour les retenir tandis qu'un frère noir s'enfuyait avec en direction de Farnya.
Et je pourrais continuer ainsi la liste de mes exploits jusqu'à l'hiver, mais l'important est que tout cela n'est qu'un passe temps!
Car dans la vie quotidienne, je suis effectivement Régisseur de la Servitude, grand parmi les grands qui servent la Fraternité à la sueur de leur front.


*Brandissant son index en l'air devant lui*


Enumérons je vous prie:
- Il n'y a meilleur fournisseur et négociant que moi et ce depuis des cycles! Du moins un bon et demi. Jusqu'à il y a quelques semaines, j'étais même le seul auquel les symbiosés faisaient appel, et ce, sur l'ensemble, je dis bien l'ensemble la Fraternité. Notez bien frère greffier.
- En sus de cela, car non content d'exceller dans un domaine primordial au bon équipement des frères noirs, des besoins ou fantaisies des frères bleus et des fournitures des frères syndiqués, je suis également meilleur luthier de la Fraternité. Mon doigté et expertise sans pareil ont une renommée insulaire!
Et c'est bel et bien grâce à moi que nous entendons de si enchanteresses mélodies et de si variés orchestres!
- Mais ce n'est pas fini, et je me demande moi même où je trouve tout ce temps, mais je suis également ébéniste, bien que plus humble dans ce domaine que les autres. Mais je reste le seul ébéniste à fournir les symbiosés, encore une fois, et la demande est conséquente!

Donc vous voyez, frère procureur, je suis de loin le plus jeune de cette petite assemblée, mais certainement pas le plus inexpérimenté, ni le plus expert en musardage.

Mais passons, je ne voudrais pas vous laisser trop longtemps face à votre flagrante méconnaissance de vos frères syndiqués, vous risqueriez de m'en tenir rigueur. Donc passons à ... attendez... oui mes grimaces et autres facéties.

Donc malgré un emploi du temps aussi chargé, je trouverais le temps de passer mes journées à harceler mes frères qui eux sont bien plus productifs, c'est cela?
A la bonne heure, j'espère bien que vous comprenez mieux le qualificatif de farce à présent.

Donc il m'arrive d'échanger avec mes frères oui, qu'ils aient passé commande ou non d'ailleurs, car je ne me contente pas d'entretenir des relations avec les plus nantis. Mais même avec mes meilleurs clients, je ne passe pas mes journées, sinon je n'en serais pas là aujourd'hui.
Et si je ne moleste ni ne menace ceux qui me dérangent, contrairement à une Erudite et certains frères, je ne me gène pas pour leur donner le fond de ma pensée quand les doigts de pied en éventail ils demandent plus de financements fraternels.
Car voilà la réelle origine du problème!
Avoir dit à haute voix ce que tout le monde sait déjà. Au jeu du musard caché, une bulle devance les autres, et si les réels travailleurs de cette bulle sont restés concentrés sur leurs recherches, ceux qui avaient plus de réclamations que d'occupations m'en ont mortellement voulu, c'est le cas de le dire, d'avoir énoncé ce qui n'est un secret pour personne!

Et c'est bien à partir de là que tout s'est emballé, et les agissements de l'Erudite même étant contestés dans ses propres rangs, étrangement, tout devient affaire d'Etat, doit être traité à huis clos et je suis expressément convié à un voyage des plus dangereux ou nombre de moins héroïques et chanceux auraient, voir ont trouvé la mort.

Alors oui, toutes les excuses qu'invoquent aujourd'hui l'Erudite ne sont pas sans fondement. Il est vrai que je l'ai nommée par un qualificatif plus parlant que son titre, que je ne peux ré-employer puisque c'est devenu interdit par edit royal depuis, mais je tiens à souligner que j'appelais ma grand-mère ainsi et qu'il est évidemment témoin d'une affection certaine et toute fraternelle!
Il est également vrai que j'ai employé le tutoiement, mais je tiens à ajouter pour ma défense que j'étais alors sous le coup d'un choc post-traumatique d'une tentative d'assassinat fratricide!
Des insultes? J'en demande la liste exhaustive, voyons! Et ainsi que la liste des "victimes", dates et lieux. Je suis de très bonne compagnie, c'est bien connu!
Quant aux grimaces et aux mimiques, j'en rie. J'ai parfois un comportement héroïque il est vrai, qui dit héroïque dit original et pas toujours compris de tous, et si ça ne plait pas aux moins héroïques, qu'ils se concentrent sur autre chose plutôt que sur ce qu'ils ne savent pas apprécier à leur juste valeur.
Je n'ai jamais que rendu service à mes frères, et lorsque je me suis offusqué d'une telle concentration d'énergie hostile à mon égard, il était impensable que cela amène à une limitation de ma circulation au sein de la Fraternité ou à une atteinte à mes recettes... Bien que ce dernier point revienne à ponctionner directement mes clients d'une certaine manière.


Fonkin déjà debout, se dresse et s'étire encore plus droit.

J'ai fini.

Labeur et Profits.

F. Sheppen, Héros.

 
Narrateur

Le Julung 9 Otalir 1508 à 14h39

 
Le Procureur Malgrange demeure concentré lorsque Fonkin Sheppen s'exprime, et à nouveau, il ne peut s'empêcher de sourire avec jubilation lorsque le Régisseur parle de dossier truqué et de charges fabriquées. Ce n'est pourtant pas ce sujet qu'il aborde en premier :

Tiens, c'est amusant que vous évoquiez un molestage, dont se serait rendue coupable l'Erudite... car le premier témoignage du lourd dossier qui vous accable parle précisément d'une attaque sauvage dont vous vous seriez rendu coupable contre l'argonaute Krepion Loudmer, alors simple frère bleu, sous les yeux de plusieurs dizaines de personnes dont la Première-Née elle-même...

Encore une pièce fabriquée ?Truquée ? A l'outrage à la cours, vous ajoutez l'outrage à Magistrat : nous en sommes donc à quatre-cent pièces d'amende. C'est un vrai bonheur d'avoir à faire votre procès, frère Sheppen : deux prévenus comme vous par an, et la Justice Fraternelle sera financée jusqu'à la fin du siècle ! A ce r...


Il s'interrompt soudain, car la jeune femme en noire vient de lever une main nonchalante et le coupe dans son élan :

L'accusé Fonkin Sheppen ayant signifié qu'il avait terminé sa plaidoirie, tout discours à charge doit cesser, car le dernier mot revient toujours à la défense. Greffier Lampion, veuillez ne pas tenir compte de la dernière intervention du Procureur Malgrange.

Ce dernier fulmine mais se tait tandis qu'elle poursuit d'une voix neutre en direction des trois prévenus :

Ma sœur, mes frères : vous devez prendre acte du fait que les dossiers contiennent des éléments objectifs irrécusables, parce que j'ai été chargée, en tant que Grand Témoin, d'en valider la conformité. En ce sens, ils sont inattaquables, et je vous informe du caractère absolument vain, d'un point de vue judiciaire, de toute contestation quant à leur légitimité. Dans ce procès, ce ne sont pas tant des actes qui sont jugés, puisqu'ils sont avérés, mais des intentions : seules ces dernières peuvent justifier d'une relaxe, de circonstances atténuantes, neutres ou aggravantes.

Puis elle revient au Procureur :

L'affaire opposant le Régisseur Sheppen contre la Grande Naturaliste Lupis, de même que l'affaire opposant la Bulle Bleue contre le Régisseur Sheppen, ont été plaidées et sont désormais en attente de jugement royal. Demeure en plaidoirie l'affaire opposant le Gouvernement Fraternel contre le frère Alchimancien Herménégilde.

Enfin, elle se tourne vers le Roi :

Votre Majesté : souhaitez-vous que nous délibérions maintenant, de sorte à ce que vous rendiez justice à Fonkin Sheppen et Baër'lupis avant que de reprendre, ou souhaitez-vous poursuivre en l'état et délivrer votre sentence au terme du triple procès ?
Dans la mesure où les trois affaires sont en partie intriquées, les deux procédures sont également recevables.


Elchior soupire, semblant chercher la réponse dans les grands yeux pers de la juriste, puis décide :

Poursuivons.

Sowane se tourne vers Herménégilde :

Frère alchimancien : les témoins vous impliquant se sont produits devant moi. Leur identité est protégée par le secret de l'instruction, dont je suis seule garante : Notre Roi lui-même ne peut exiger ce que vous demandez. Je vous prie donc d'adapter votre plaidoirie à cette donnée fondamentale et vous permets de reprendre votre dernière intervention.

Le Procureur Malgrange est littéralement pivoine, comme s'il s'était assis sur une taie d'oreiller pleine d'oursins, mais il reste coi.


 
Herménégilde

Le Julung 9 Otalir 1508 à 23h22

 
L’instruction était pipée. Il n’y avait d’autres mots à employer devant l’étalage de la procédure juridique dont venait de faire état la mystérieuse juriste, de cette voix neutre et désagréable qui vous annonce clairement que quoique vous puissiez dire, votre sentence est déjà proclamée. Le jeune révolutionnaire était en proie à un dilemme : devait-il expliquer ce qu’il n’avait fait, baissant ainsi le front devant la Loi mais pouvant espérer une remise de peine ? Ou refuserait-il de plaider, s’exposant ainsi à des choses dont il n’osait pas même tracer les contours supposés ?

Il restait là, silencieux, les yeux vagues, perdu dans ses pensées. Les pupilles d’ambre s’illuminèrent de nouveau d’un éclat juvénile, rehaussé d’une pointe étrange et indéfinissable, lorsque revenant à la réalité, il se décida à prendre la parole :


« Grand Témoin, Procureur, Greffier, membres de la cour… »

Ainsi débutait la tirade, les derniers mots allant se perdre dans le souffle résigné de l’accusé qui, contraint, consent enfin à s’aller parler. Le Bleu se tourna vers le Tchaë vautré dans son trône omnipotent, toisant l’être un instant avant de s’adresser à toute l’assemblée.

« Qu’il est étrange de me voir ainsi jugé par celui que j’accuse, jugé par celui qui m’accuse, jugé par la partie qui m’est opposée. N’est-ce pas là l’indigne démonstration que la justice de la Fraternité est des plus subjectives ? Comment s’étonner, alors, de voir d’autres Tchaës, dans un futur proche, se soulever à leur tour contre la tyrannie régalienne dont je fais aujourd’hui les frais ?

Si j’accepte de plaider devant vous, ce sera uniquement sur ce que je sais être vrai, et non sur ce que le Grand Témoin, aussi belle soit-elle, a pu officialiser. Ainsi niè-je d’emblée les accusations d’intelligence avec d’autres factions, de distribution de tracts séditieux, de tentative de coup d’état et de complot contre la faction. Soit la moitié des chefs d’accusations ici énumérés, sur lesquels je refuse de m’expliquer, puisqu’ils sont totalement infondés. Encore une fois, je demanderai à Soeur Sowane ce qui l’a pu conduire à croire que je trahirai mon peuple tant chéri, pour lequel je suis allé jusqu’aux plus profondes cellules de ce palais, après être passé dans les limbes de la mort. Voyez cela comme une dérogation spéciale dont je vous fais la demande officielle.

Du reste, la liberté d’expression existe dans notre peuple. La Loge des Contestataires en est la preuve irréfutable, et s’ils devaient être traduits en justice pour le travail qu’ils fournissent, nul doute que nous aurions vu depuis longtemps pareille opposition que la mienne... Si ce n’est plus violente encore. Aussi j’estime être dans mon droit lorsque, seul en apparence bien que soutenu en réalité, j’exprime mes idées sur le consensus. Si de ce droit je ne suis dépositaire, pourquoi m’autoriser à parler devant ce tribunal ?
Les pensées que tous vous avez entendus, justifient et expliquent assez bien, par elles-mêmes, pourquoi elles furent prononcées. Et sans vous les ressortir, je vous rappellerai seulement qu’elles trahissent l’injustice dont je suis la victime. Et avec moi, nombre de Frères et Sœurs de la Bulle Azurée.
La rhétorique est un art que se doit de maîtriser tout penseur qui souhaite un jour véhiculer le fruit de ses réflexions. Le style que je choisi fut volontairement provocateur. Car trop longtemps s’est endormie cette faction, et ceux qui la gouvernent ; bien longtemps ils demeurent sourds aux protestations des vivants. Si c’était à refaire, mes mots seraient les mêmes, le ton égal, mais les actions plus nombreuses. »


Une pause, il reprend son souffle. Les iris contractés se posent sur chaque Tchaë qui compose le tribunal. Enfin il conclu, ayant laissé assez de temps pour imprimer sa plaidoirie dans les esprits, mais trop peu pour permettre au vicieux petit Procureur de lui reprendre la parole.

« J’ai déjà bien trop payé le prix de mon audace et de ma hardiesse, laissant mon sang sur la route, quand les soldats de l’escorte du Régisseur à laquelle je me greffe se tournent les pouces et me conduisent à la mort. Mais si vous deviez me condamner, vous ne feriez de moi qu’un exemple, celui qui a prouvé la censure qui plane au dessus de nos têtes.

J’en ai terminé. »



 
Baër'lupis

Le Vayang 10 Otalir 1508 à 02h20

 
Tout le temps que les autres accusés défendaient leur cause, la vielle avait semblé complètement indifférente. Lorsque Fonkin Sheppen mentionna l'Oortisanisphère cependant, son visage s'empourpra, et elle le fusilla du regard. Lorsque ce fut à son tour de prendre la parole, elle répondit avec placidité.

J'aurais effectivement pu griffer où mordre. Mais est-ce cela à payer ? Les paroles du Régisseur ont été tout aussi blessantes qu'une douleur psychique ou physique... Contrairement à ce qu'il affirme, ses insultes étaient nombreuses et ô combien précises -je les ai gardées en tête. Je sais de quoi je parle, et je ne fais pas partie pour autant des chercheurs bleus qui sont à la recherche des pierres rouges. C'est pourtant ce qu'il a du en comprendre, en venant pavaner aux Jardins pour nous faire partager ses inepties et ses insultes. Je n'avais pour ma part jamais rien fait contre lui, je pourrais même dire que j'ai su être généreuse en passant commande chez lui.
Et qu'il ne dise pas que je ne l'avais pas prévenu, quand il a dépassé les bornes : je les chassé des Jardins, et il a préféré rester me lancer ses terribles piques. La moutarde m'est montée au nez et ... Vous auriez entendu ces paroles...


Elle haussa les sourcils.

Vous me parlez de Mots, Procureur. J'étais en plein apprentissage théorique avec un collègue magicien, ce geste m'a semblé opportun à ce moment-là. Je savais très bien par ailleurs que je n'étais pas même suffisamment douée pour tuer le Régisseur d'un mouvement. Celui-ci ne s'est pas gêné, en tous les cas, pour aussitôt tenter de me rendre mon coup. Mais où va le monde, si sont ainsi traités les anciens ?

Elle souffla. Ces paroles, prononcées sans cohérence, parurent cependant satisfaire la botaniste, comme si elle relâchait un sanglot qui était par trop conservé.

Je paierai de la façon que vous voudrez, mais ce que j'ai perdu, en quittant mes recherches depuis tout ce temps, en trépassant ... en échouant dans mon trajet vers Oriandre, en faisant perdre du temps mes frères et en m'humiliant aux yeux de mes collègues, ce n'est rien comparé au matériel... Payer ma faute, cela me semble légitime, car je la reconnais. J'ai outrepassé la loi.


Elle haussa les épaules.

Je ne veux pas me plaindre. Je m'en moque, je veux bien payer. Je voudrais simplement ... retourner travailler.



 
Narrateur

Le Vayang 10 Otalir 1508 à 09h47

 
Le Grand Témoin se tourne vers le roi :

Les plaidoiries sont terminées, votre Altesse.
Nous pouvons délibérer.


Tandis que les prévenus demeurent dans la salle en compagnie des gardes, Elchior et Sowane se retirent dans une pièce adjacente. Le procureur sort dans une autre direction. Le greffier reste assis à sa place.

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