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Le Julung 25 Saptawarar 1508 à 23h01
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| *** Aerodiüs sortait tout juste des halles d'Oriandre quand il entendit un des clameurs venant de la direction du palais. Intrigué, il décida de se rapprocher de la petite foule qui déjà s'y formait. C'est là qu'il entendit une voix qui ne lui était pas inconnue crier. ***
« ELCHIOR ! ESPECE DE FOURBE ! »
*** Cette voix, il ne l'avait jamais entendue et pourtant elle lui était familière... le consensus de faction. C'est par pensée qu'il avait déjà rencontrer cette voix. Il s'agissait d'Herménégilde, l'alchimancien récemment exclu de Farnya. Mais que lui prenait-il bon sang ? Cela ne lui suffisait pas de s'être mis le prince à dos voilà qu'il venait chercher des noises au père !
Pauvre fou. Par solidarité pour son frère bleu, il lui fallait faire quelque chose. Il s'avança en repoussant le badaud à coup de canne et aperçu Herménégilde. Il se précipita sur lui, le saisit par le bras et tenta de le raisonner. ***
« Frère bleu, que t'arrive-t-il ? Calme-toi, je t'en prie ! Pourquoi t'en prend-tu ainsi au roi ? »
*** C'est seulement alors qu'il se rendit compte de l'état dans lequel se trouvait l'alchimancien. Son corps était couvert de blessures et il semblait au bord de la mort... ***
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Le Julung 25 Saptawarar 1508 à 23h59
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| Au bord de la mort ? Au bord de la mort ? …
Si le petit Bleu surexcité avait pu lire dans les pensées du bichromé, il l’aurait bouffé sur le champ.
Cette terre habitée de héros est parfois le théâtre d’évènements demeurant à la limite du croyable. Et l’expression « les apparences sont parfois trompeuses » n’a jamais eu autant de sens que sur Syfaria, et plus précisément sur les pavés formant la route qui relie les deux cités d’Oriandre et de Farnya. C’est là que l’on vit se dérouler l’un des affrontements les plus titanesques de toute l’histoire de la Fraternité. Seul, n’écoutant que son devoir et répondant à l’appel de son Roi, l’Alchimancien affrontait un Braxat, un Chiroptère énorme, un Jytryan visiblement déchu, deux de ces fleurs immondes qui poussent sur les détritus – ce qui prouvait que les abords d’Oriandre étaient loin d’être propres – et un malfaisant canidé connu sous le nom scientifique de Loup. Avant ça, une de ces espèces de mou volant l’avait même collé pendant une dizaine de lieues. Bref.
Affronter seul une telle horde d’engeances du S’sarkh relève de l’exploit héroïque, d’une passe d’arme digne des plus grandes sagas de marins, digne d’être contée dans toutes les tavernes, sous tous les toits ! Lui, le laborantin, le plancheur, l’écrivain, le dessinateur de plan, le bidouilleur de potions ! Combattre ainsi une telle équipée ! Le rouquin tenait là son heure de gloire ! Enfin, façon de parler, parce que ça a tenu moins d’une heure… Ah ouais, largement. Ouais nan… deux minutes. A tout casser ? Ca c’est sûr, il était tout cassé à la fin. Ah ! Nan, horrible. Je ne vous raconte pas. Eparpillé. Répandu sur le sol. Dégueulasse. Pis du sang empoisonné en plus. Berk. Au moins les pavés avaient plus besoin d’être repeints. Il s’en était occupé. Qu’est-ce qu’il faisait pas pour sa Fraternité, ça on se le demande. Travailler ? Ah oui, peut-être bien.
Bref.
Je passe sur la mort, l’agonie, les tripes aux quatre vents, l’Âme dans le Sous-monde oniriquo-spirituel de Syfaria, les échos des morts passés et présents, et tout le tintouin.
Ce qui compte, c’est ce qui s’est passé avant, et ce qui vient après.
Avant, notre magnifique Tchaë, voyageant, drapé de sa cape d’Azur brillant au troisième soleil, avait rejoint l’autoproclamé héros et son escorte Noireaude. Décidant de profiter de vaillants soldats comme les deux présents ici – dont un officier ! – il continua la route sous leur garde et leur connaissance fort utile des dangers, leur sens de l’initiative et leur aptitude au combat.
…
Ouais nan en fait c’est juste de la propagande. Ils servent à rien en vrai.
« On prend la route Nord ! »
… Ca me va. Oh ! Un Braxat et un Chiroptère !
Zet’ sûr ?
Ouais ?
Ah, faut que j’avance ? Oui m’sieur.
Et le Jytryan c’est normal aussi ?
Allo ?
J’suis tout seul ?
Ah oui.
Bon…
J’suis mort ?
Ah oui.
Bon…
Heureusement, les Dieux de la Fraternité ont bien voulu de lui encore une fois. Pas sûr qu’ils aient eu raison, mais au moins ils seront assurés du Désordre.
Et évidemment, la première chose qui passe par la tête du fraîchement revenu du pilier, c’est la notion de complot. Le Roi a plongé son opposant dans un guet append. Quel moyen utile pour mettre sur le compte du S’sarkh un forfait aussi ignoble ! Quelle excuse parfaite avait-il trouvé là, faisait prendre au troubleur de consensus la route la plus dangereuse du domaine ! Mais ne sait pas quelle erreur fait celui qui s’en prend au Bleu. Surtout celui-ci. Une vraie teigne. Le pire, le pire c’est peut-être le message télépathique qui lui revint à son retour parmi les vivants de ce monde.
« Ouais euh, y’a trop de monstres sur les routes, on décale la convocation finalement. »
Avec cette voix mièvre et haïssable que possédait le secrétaire de celui qui prétendait les gouverner.
Y’avait quand même de quoi être un tantinet sur les nerfs...
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Le Vayang 26 Saptawarar 1508 à 10h51
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| C’est dans ces moments là que l’on se rend compte que les mous sont utiles. Malines, parfois espiègles, bonnes conseillères ou pas, ces créatures ont toutes la capacité de conférer au symbiosé qu’elle choisisse le pouvoir de parler dans la tête des autres symbiosés. Et peut-être aurait-il été, en effet, plus judicieux de laisser éclater sa colère par ce moyen autrement plus intime…
Le plan qu’il avait conçu, émergeant à peine du pilier hagard, tremblotant de rage et d’épuisement, était simple : faire une entrée des plus spectaculaires au palais. Telle une tempête de ciel bleu balayant les nuages, il aurait effacé les gardes l’un après l’autre pour parvenir, à force cris et vociférations, jusqu’au frère-roi, avec la ferme intention de lui expliquer ce qu’il pensait de ses manières.
Le Tchaë n’avait encore jamais mis les pieds dans le donjon d’Oriandre, mais quelque chose lui disait que les gardes ne l’avaient pas emmené là où il l’espérait…
Au moins explorait-il le palais de fonds en combles. C’était assurément un privilège ! Ou pas.
Trèves de plaisanteries : sa situation était des plus graves. Avant son trépas, il était convié au palais en tant que partie au litige qui l’opposait au gouvernement. Dorénavant, il y séjournait – et encore, ce n’était même pas sûr – en tant que prisonnier. Et ça changeait assurément la donne. L’initiative qu’il avait eu en sortant du pilier, ou en venant de lui-même à Oriandre s’était envolée, partie en fumée comme le contenu d’une cornue que l’on aurait laissé trop longtemps sur le feu. Il pouvait être maintenant traité comme un criminel, et cela ne lui laissait une marge de manœuvre que très limitée. Contre attaquer était la seule solution.
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