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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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Le Sukra 15 Nohanur 1508 à 21h31
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La lourde porte d'un vaste bureau cossu, richement décoré de murs molletonnés, de sculptures en bronze, argent et vermeil, de chandeliers d'or et d'une vaste bibliothèque aux ouvrages épais et nantis de fermoirs, s'ouvre toute seule, dans un soupir velouté.
L'endroit est riche, ostensiblement, presque exagérément. Quelques instruments de mesure non identifiés, posés par endroits, et d'étranges tuyaux de cuivre, qui traversent la pièce en longeant les murs et se raccordent dans une belle commode surmontée d'une pendule d'officier, donnent à l'espace dévoilé un coté steampunk des plus curieux.
Un nemen se tient debout. Il se retourne lentement pour observer l'entrante, car il regardait présentement une carte murale de Syfaria, d'une finesse extraordinaire, composée d'un panneau d'ivoire très finement gravé. Les traits qui composent l'œuvre ont été surlignés d'encres de couleurs variées, et l'ensemble forme un véritable tableau de maître, au-delà de sa qualité scientifique...
Kuin'to Attilian Syrta'Mae, Callimancien, Doge 8.301, sourit modestement à Lasha. Son regard aigu, perçant, semble la jauger brièvement. Il porte une main à son menton, en un geste machinal de réflexion, comme s'il cherchait à raviver quelque souvenir enfoui. Puis il désigne un très confortable fauteuil Voltaire à la tydale, avant de rejoindre à pas lents son propre bureau et de s'y installer.
Élégamment vêtu, Kuin'to ne laisse voir que ses mains et son visage altier. Il est d'âge indéterminé, mature, comme bien des siens. Mais ce qui frappe, c'est le nombre très élevé de runes qui courent sur sa peau. Elles sont infiniment complexes, intriquées à l'extrême et, Lasha en jurerait...
Elles bougent. Illusion, comme pour ces spirales que l'on fixe trop longtemps ?
Impossible à dire.
Le charismatique nemen parle sans préambule, dans un S'sarkhness à peine altéré d'un accent piquant :
Soyez la bienvenue, témoin... Lasha.
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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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Le Dhiwara 16 Nohanur 1508 à 14h33
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Les pupilles de Kuin'to s'élargissent imperceptiblement. Elles évoquent deux puits sans fond, ouverts sur quelque insondable promesse, ou menace. Le Callimancien ne cille pas, c'est perturbant, comme s'il avait des yeux de verre qu'il est inutile d'humecter. Pourtant, son expression est indiscutablement aimable, même s'il s'agit d'un grand mot pour qualifier un sourire nemen.
Elle ne m'a pas davantage donné le vôtre. Pourtant, je le connais, et j'en suis plus riche ce jour que je ne l'étais en me levant. Ce n'est pas l'un des miens qui me l'a dit, ni l'une de ces petites créatures rondes que vous affectionnez tant...
C'est votre peau, pâle, au grain fin et délicat. Elle dit bien des choses, à qui sait l'écouter. Elle dit votre nom, par exemple. Elle dit aussi que vous n'êtes pas matriarcale...
Un ange passe
Pardon : que vous ne l'êtes plus.
Redressant très légèrement sa posture, le haut dignitaire se présente enfin :
Je me nomme Kuin'to Attilian Syrta'Mae. Peut-être entendrez-vous des gens m'appeler Kuin'to, par exemple si vous demandez le chemin de mon salon, ou celui de mon laboratoire. Mais c'est un diminutif, que je vous demande gracieusement de ne pas utiliser en ma présence. Nous autres nemens sommes très attachés à nos noms...
Ils sont une part insécable de notre identité.
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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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Le Dhiwara 16 Nohanur 1508 à 23h38
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Grands dieux, non : la peau est comme un tableau que l'on peint lentement, au cours de sa vie. Elle enregistre les grandes étapes, les grands changements, avec lenteur et fidélité. Quelque chose d'aussi évanescent, d'aussi éphémère qu'une idée... ne l'affecte pas. A moins, bien sûr, que cette idée ne bouleverse votre vie.
Observant Lasha avec une indéfinissable expression mâtinée de réelle curiosité, il dit comme s'il pensait à voix haute :
Quel dommage, que les non-nemens ne puissent réagir positivement à la calligraphie runique... car la nature vous a incontestablement dotés de belles peaux, parfaitement aptes en elles-mêmes à accueillir...
Mais laissons cela. J'ai toujours tendance à ramener tout ce qui m'entoure à ma compétence première. C'est un trait d'orgueil auquel je cède trop volontiers, dans mon enthousiasme professionnel. Sachez que si j'accorde une grande importance à la peau, je n'oublie jamais qu'elle n'est qu'un emballage, quand la personne... est le cadeau.
Que puis-je faire pour vous être agréable ?
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Le Luang 17 Nohanur 1508 à 23h56
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Elle était troublée par les paroles du Callimancien, elle ne pouvait se le cacher. Cela faisait bien longtemps que les paroles d'un homme n'avait suscité ce trouble là.
Vos... vos paroles me touchent profondément.
Si ma peau vous... Si vous ressentez le désir de peindre ma peau peut être le devriez vous. On dit que nous, les poussiéreux, sommes des êtres aux multiples possibilités. Il n'y a encore pas si longtemps, la symbiose entre poussiéreux et Mou ne se faisait pas et maintenant sans être commune, elle n'est plus rare. Il y a quelques semaines, un symbiosé a réussi à faire des choses que nul avant lui n'avait réussi. Les temps changent et avec lui les poussiéreux. A moins que ce soit l'inverse, les poussiéreux changent et avec eux les temps.
Elle baissa son regard pour regarder le sol afin de reprendre ses esprits et ordonnées ses pensées. Elle releva la tête et le regarda dans les yeux.
Ce que je veux dire, c'est que ce qui est vrai hier ne le sera plus forcément demain. Promettez moi juste de réfléchir à ma proposition et de me faire savoir si vous changez d'avis. Ceux qui ont échoué voulaient faire de la Calligraphie une chose qu'elle n'est pas. Ce qui n'est pas notre cas... n'est-ce pas?
Elle reprit son souffle et resta quelques secondes silencieuse.
Pour m'être agréable, vous n'avez rien à faire de plus que ce que vous faites actuellement. Vous parler suffit à mon bien être. Hélas, ce n'est pas pour cela que je suis venu.
Comme je vous l'ai dit, la symbiose a radicalement changé les poussiéreux. Du moins c'est l'impression que nous avons. Il y a un an, au début de ce que nous appelons le Concile, cet évènement où les Obsessions ont été rassemblées et ont chanté un court instant, un message venant des Nemens laissait penser que la Symbiose avec les Mous avait perturbé le fragile équilibre et qu'elle avait établit une mutation sans précédent en Syfaria. Il nous conseillait d'essayer d'en savoir plus sur la symbiose et les Mous et de venir à Ulmendya une fois qu'elle serait libérée du siège pour profiter des connaissances contenues dans vos archives.
Ceci est la raison de ma venue. Nous pourrions sûrement trouver par nous même des connaissances sur ce sujet. Cependant le message que nous avions reçu laissait penser que vous, les Nemens ou du moins certains d'entre vous, aviez au moins une petite idée sur la question pour nous conseiller de faire ces recherches. Quand j'en ai parlé à la Judicatrice Gallëa Artmyhn’Karn Arkhenys, lui demandant de me conseiller un expert qui pourrait nous aider dans cette tache voir partager sa connaissance avec nous, elle m'a dit ne s'être jamais penché sur la question mais que, peut être, vous pourriez nous être de service.
C'est donc humblement que je vous demande votre aide.
Lasha lui fit un sourire, pleine d'espoir. Anya, son mou se posa sur sa tête et lui fit à son tour les yeux doux.
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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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Le Matal 18 Nohanur 1508 à 10h08
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Je prends note de votre intérêt pour mon Art. Votre enthousiasme me surprend et m'honore...
Sans pouvoir accepter votre inédite et généreuse proposition de partenariat dans l'immédiat, je la garde en mémoire.
Croyez bien que j'y suis sensible, et soyez certaine qu'elle n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd.
Qui sait ce que l'avenir nous réserve ?
Le Callimancien marque une pause. Une phrase - mais laquelle ? - prononcée par Lasha semble produire un échos dans les pensées du nemen. Bien qu'il ne laisse guère affleurer ses émotions sur son visage, il s'avance imperceptiblement, les mains posées à plat sur son bureau, et parle d'une voix douce et profonde :
Je vais m'efforcer de vous aider, avec l'espoir de ne pas décevoir vos attentes. Mais je suis avant tout un Callimancien, aussi mes réponses ne peuvent-elles prétendre à l'universel. Sans doute vous faudra-t-il croiser d'autres interlocuteurs et multiplier les expériences, dans vos recherches. Sans doute vous faudra-t-il faire preuve de pugnacité et de patience. La cité-puits est un monde en soit...
La symbiose a radicalement changé les poussiéreux, dites-vous. J'ai sur cette question un point de vue plus nuancé, si vous me permettez. Je distingue les vôtres non seulement selon leur appartenance à telle ou telle faction, mais aussi en tant qu'individus : vous êtes unique, comme je le suis.
Ces prolégomènes aux allures de truismes pourront vous sembler précautions excessives, vérités d'évidence, mais vous verrez qu'ils prendront sens plus avant dans le débat :
La symbiose a changé une poignée d'entre vous, c'est certain : ceux qu'elle affecte sont devenus télépathes et, presque à coups sûr, capables de ressusciter. Mais ces effets ne concernent - et c'est un premier mystère - qu'une faible partie de vos populations. Oserai-je ajouter qu'ils touchent aussi quelques-uns des nôtres ?
Ainsi, votre entame m'apparaît lacunaire. Ce n'est pas un reproche, je sais qu'elle n'avait d'autre but que d'initier le dialogue.
J'ai un souvenir précis du message qui vous a été envoyé lorsqu'il s'est agi de préparer le Concile. A mon humble avis, il était excessivement mélodramatique dans sa formulation.
Vous devez comprendre que six cent mille âmes ne peuvent cohabiter, ou même coexister, sans se structurer horizontalement et transversalement. A mesure que vous vous familiariserez avec Ulmendya, vous y découvrirez des castes, des clans, des chapelles et, au sein de ces entités aux motivations parfois obscures, des influences voire des conflits d'intérêt variés. La cité est organisée comme un millefeuille et croyez-moi, ce n'est pas qu'une donnée architecturale.
Ne le prenez pas comme un obstacle à votre compréhension du monde nemen, mais a contrario, comme une grille de lecture. Comme une clé.
Les prolégomènes susdits commencent à trouver leur place, n'est-ce pas ?
Or donc, le message en question ne me plaisait guère. Il n'était pas, vous l'aurez compris désormais, l'expression d'une pensée et d'une opinion nemen monolithiques ou consensuelles. J'aurais souhaité que les choses soient exprimées avec moins d'emphase et plus d'honnêteté, mais peu importe. A user de termes impressionnants, on impressionne à peu de frais...
Et j'en suis gêné. Car s'il est vrai que j'ai conduit diverses expériences sur la symbiose ou plus prosaïquement, sur quelques épiphénomènes de cet ensemble de faits connus sous ce vocable global, dire que leurs résultats composent des pans entiers de nos archives est objectivement exagéré. Or, je n'aime pas décevoir sur des promesses... que d'autres tiennent à mes dépens.
Cependant, n'allez pas croire que je me dérobe. Ce que je sais de la symbiose sera partagé. Simplement, n'attendez pas de moi des révélations de thaumaturge. J'ajoute que j'aime prendre mon temps, comme bien des miens que l'on soupçonne souvent à tort de procrastination. C'est une conséquence mécanique de notre longévité.
Je répondrai donc à vos questions, si je le puis.
Désirez-vous accéder aux archives associées à mes recherches, ou préférez-vous poursuivre votre quête par le biais de notre présent entretien ?
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Le Merakih 19 Nohanur 1508 à 00h54
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Lasha acquiesça aux paroles du Callimancien sur son Art. Qu'il ne rejette pas l'idée était déjà quelque chose de positif. Il n'avait jamais hésité à parler franchement jusqu'à là et Lasha ne doutait pas de sincérité du Nemen. Elle le remercia silencieusement et écouta le reste de ce qu'il avait à dire.
Quels que soient les résultats obtenus par mes recherches, je ne repartirais pas déçu car j'aurai la satisfaction d'avoir fait de mon mieux et d'avoir appris beaucoup sur votre civilisation. A ce sujet, je vous remercie d'essayer de me faire comprendre la pensée Nemen. Je tenterai à mon tour de vous éclairer sur ma façon de pensée qui se rapproche de celle des Témoins dans leur majorité.
Je suis d'accord pour dire que la symbiose n'a pas radicalement changé la vie de tous les poussiéreux. Seul les symbiosés ont vu leur vie modifiée notablement. Cependant l'amélioration majeure de la vie d'une minorité entraîne des améliorations mineures dans celle de la majorité. Je m'explique, on dit que la symbiose améliore les capacités physiques et intellectuelles. Le symbiosé est le premier bénéficiaire de cela bien sur mais ceux qui l'accompagnent en profite également par extension puisqu'ils seront mieux protégés, que les décisions qui seront prises seront plus perspicaces
Ceci dit, oui mon intention était bien de lancer le sujet de manière plus élégante que de vous demander directement ce que vous saviez sur la symbiose. Je puis vous rassurer de plus en vous confiant que je ne recherche pas un spécialiste sur la symbiose en vous. Je serai bien embêté si vous l'étiez car mes connaissances actuelles sur le sujet sont plus que lacunaires et les paroles d'une telle personne risqueraient d'être trop complexe pour moi. Que vous soyez ce que vous soyez, une personne s'étant intéressée à la question sans en avoir fait sa spécialité, me convient parfaitement.
Je n'ai pas la prétention de penser repartir d'Ulmendya en sachant tout ce qu'il y a à savoir sur la symbiose. En savoir plus me semble un but plus réaliste et atteignable. Un savoir ne s'acquière que rarement sur une courte durée.
Discuter sur le Message qui a été donné aux Poussiéreux est un sujet qui nous occuperait pendant des journées probablement. S'il ne manque pas d'intérêt, il n'est pas celui que je me suis fixé actuellement. Votre avis dessus a été le bienvenu cependant et m'a aidé à comprendre certaines choses. Je tiens à insister sur le fait que je vous demande votre aide et ne l'exige nullement ou pense qu'il m'est du.
Je peux comprendre que vous ayez d'autres priorités que les miennes et si vous deviez avoir besoin de mettre fin à notre étude ou vous absenter, je ne m'en offusquerais nullement. Quant au déroulement de celle ci, si cela vous convient, je préfèrerait poursuivre par le biais de notre conversation pour l'instant. A moins qu'il y ait quelques chose que vous teniez à me montrer avant de se lancer dans le vif du sujet.
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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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Le Merakih 19 Nohanur 1508 à 17h12
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Non, rien ne s'oppose à ce que nous entrions dans le coeur du sujet de votre visite. Il n'y a rien de particulier que je souhaite vous montrer avant que de m'efforcer de répondre à vos interrogations. Je n'ai jamais considéré votre démarche comme invasive ou offensante, ne soyez pas gênée ; si tel était le cas, je ne vous aurais tout simplement pas reçue. Vous pouvez donc me parler et me questionner en toute franchise et liberté.
Le dignitaire nemen se détend, élargit modestement son sourire et poursuit d'un air urbain :
Pour tout vous dire, je préfère également poursuivre notre conversation, même si mon temps n'est pas extensible à l'infini : c'est plus enrichissant pour moi, très égoïstement, de vous parler plutôt que de vous laisser consulter des écrits qui, j'y songe à l'instant, sont rédigés dans ma langue et que vous ne pourriez peut-être pas comprendre sans l'aide d'un traducteur.
Kuin'to Attilian Syrta'Mae tend les mains vers Lasha, dans un geste universel l'invitant à parler à son tour, puis se ravise soudain :
Oh, dites-moi...
Avant que de vous laisser la parole, je vais m'autoriser également une question, avec votre permission :
J'observe que vous êtes seule à être venue me visiter, lors que toute une délégation de membres d'autres factions a été reçue - si j'en crois les rumeurs qui circulent en ville - par la Judicatrice elle-même. Comment se fait-il que cette dernière n'ait pas suggéré à vos pairs et collègues de se joindre à vous pour ce présent entretien ?
Je n'en suis nullement contrarié, simplement intrigué.
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Le Julung 20 Nohanur 1508 à 01h14
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C'est étrange quand je vous parle, je n'ai pas l'impression que la compréhension entre Poussiéreux et Nemens soit si difficile que cela à atteindre. Il est même plus facile de communiquer avec vous ou avec la Judicatrice qu'avec la plupart des poussiéreux des autres factions. C'est sûrement car vous n'essayez pas d'avoir le dessus, de démontrer la supériorité de votre faction par rapport aux autres.
Soupir.
Pourquoi suis-je seule devant vous? A cause d'un problème de compréhension justement. Les poussiéreux et les Nemens n'ont pas encore l'habitude de se parler et quand la Judicatrice nous a reçus les choses ne se sont pas aussi bien passé qu'elles auraient pu. Je vous explique. Elle nous a invités à ce que chaque faction lui pose une question. Toutes ne furent pas à mon avais très pertinentes ou diplomatiquement posées mais connaissant les factions qui les avaient posées, elles ne me surprirent pas. Pour faire simple, c'était des questions auxquelles la Judicatrice ne pouvait répondre. Son erreur, si je puis m'exprimer ainsi, et je sais qu'elle est du même avis, a été de tenté de répondre. Ses réponses n'ont donc pas satisfaits ceux auxquelles elles étaient destinées. De plus, le manque de connaissance de la Judicatrice sur les différentes factions a fait qu'elle a répondu sans tenter de ménager les différentes susceptibilités.
Ne pensez pas que je crois que la faute en revient à la Judicatrice. Nullement. Un manque de connaissance des deux côtés est à l'origine de ce désastre diplomatique. Ainsi que le comportement déplacé de certains diplomates et leur manque de maîtrise d'eux même. Ils ont fait choix de couper court le dialogue plutôt que de le continuer. Ce n'est pas ainsi qu'ils auraient du réagir. Mais il faut les comprendre également, je ne pense pas qu'ils étaient venus pour cela et ils ont tout à coup était propulser au rang de diplomate avec une question à poser.
Je disais donc, certains sont partis en colère, refusant de fait tout aide, chercher les solutions eux même. D'autres ne désiraient rien de spéciale et sont sortis du Centre de Judication, d'autre ont demandé à la Judicatrice quelque chose dans leur langue natale que je n'ai pas pu comprendre et ont été mené vers quelqu'un d'autre je suppose. Quand c'était enfin à moi de parler, il ne restait plus que moi. J'avoue avoir été un peu énervée par leur attitude. Le moindre des respects aurait été d'attendre que tout le monde ai fini avant de partir, tout comme nous avons attendu que tout le monde soit la pour commencer, plutôt que quitter la discussion dès que leur intérêt était assouvi. Le comportement de mes pairs me surprend également parfois.
Voila pourquoi je suis seule. Au final cette situation ne me déplait pas à moi non plus. Nous ne pourrions sûrement pas parler aussi librement si ce n'était pas le cas. Ma réponse est peut être un peu longue mais cette question méritait une explication aussi exhaustive. Si vous avez d'autres questions, je serai heureuse de vous répondre et je tenterais d'être plus concise si possible.
Lasha se gratta la tête.
Oui bien sur vous avez écrit vos observations dans votre langue que je ne maîtrise malheureusement pas. Je serai donc obliger de revenir plus tard.
Lasha ne semblait pas contrarier à cette éventualité. Le sourire qu'elle a dressa au Callimancien laissait même penser le contraire.
Que vous parliez la mienne est déjà formidable. Je suis reconnaissante à la Judicatrice Gallëa Artmyhn’Karn Arkhenys de m'avoir dirigé vers vous.
Je ne sais par où commencer alors excusez-moi si mon analyse ne semble pas avoir de sens au départ. J'ai cru remarquer que la symbiose ne donnait pas de nouvelles facultés aux poussiéreux mais renforçait celles qu'ils avaient déjà. Un symbiosé sera plus fort, plus intelligent, il aura plus de facilité à apprendre. Mais un symbiosé aurait pu devenir plus fort plus intelligent en s'entraînant plus en se cultivant plus en passant plus de temps à s'entraîner. De même les symbiosés poussiéreux quand ils meurent ressuscite presque toujours mais un non symbiosé peut aussi ressusciter avec beaucoup de chance. Voyez vous ce que je veux dire?
La seule exception serait peut être la télépathie qu'ils acquièrent à la symbiose. Mais peut être pas. Peut être cette capacité est-elle sous jacente également?
Les symbiosés Nemens de leur côté ne semblent pas bénéficier de cette capacité de ressusciter contrairement à ceux poussiéreux. Peut être parce qu'ils ne l'ont pas de base même avec de très très faible chance. A moins qu'ils l'aient également mais que les poussiéreux n'ai jamais vu un Nemen sortir d'un pilier? Les symbiosés Nemen ont-ils des capacités que les symbiosés poussiéreux n'aient pas?
Les Mous de leur côté semblent y trouver leur compte également. Leur longévité est grandement améliorée puisqu'ils vivent aussi longtemps que leur symbiosés arrivent à ressusciter. Ils développent également des appendices, ce qui semble leur plaire. J'ai d'ailleurs entendu dire que les Nemens avaient mis au point des onguents qui accéléraient ce phénomène?
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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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Le Vayang 21 Nohanur 1508 à 00h40
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Et bien, concernant les rapports qui lient ou délient les factions poussiéreuses entre elles, ainsi que la perception que nous en avons...
Je dirais que votre analyse est, dans ses grandes lignes, correcte.
Je la tempérerai juste en remarquant que les individus, s'ils en ont la volonté et oserais-je dire, le courage, peuvent s'affranchir des préjugés et des rigidités héritées de leurs cultures de factions. Il est certains sujets, et surtout certains enjeux, qui méritent que l'on sorte du corset dans lequel nos éducations respectives nous maintiennent.
C'est une vérité que mes frères et moi-même pourrions d'ailleurs méditer.
Mais parlons de la symbiose :
J'ai mené, avec des moyens variés, un certain nombre d'expériences à ce sujet. Elles se sont étalées sur quelques mois, un clin d'œil au regard de l'histoire, mais une durée non négligeable compte tenu de mes obligations professionnelles. Au risque d'insister, vous devez comprendre que ce sujet n'était pas pour moi une priorité. Je m'y suis intéressé parce que je disposais des outils physiques et conceptuels les plus appropriés.
Plutôt que de vous narrer la liste exhaustive de mes travaux, ad nauseum, je vais vous en tracer les principales conclusions :
Pour l'essentiel, vous avez mis le doigt dessus. Les changements induits s'apparentent davantage à l'amélioration de capacités et talents existants... qu'à de véritables créations. Les organismes des gens touchés par la symbiose ne sont le siège d'aucune mutation, leur évolution ne semble pas affectée. S'ils subissent des modifications de type phylogénique, ces dernières sont trop subtiles pour être détectées par nos moyens d'investigation.
Mais de fait, les sujets concernés sont incontestablement changés. En mieux. Ils sont plus forts, plus intelligents, plus résistants. Peu sujets aux maladies naturelles, ils vivent aussi plus longtemps. Je manque de recul pour être formel, mais tout me porte à croire qu'ils vieillissent aussi plus lentement ; en toute logique, indépendamment des décès accidentels, ils devraient donc vivre plus longtemps.
Concernant la télépathie, il est tentant d'y voir une exception : ne serait-elle pas véritablement originale, au sens où les gens "ordinaires" sont absolument incapables de transmettre leurs pensées ou de communiquer à distance ?
Je ne le crois pas, pour deux raisons :
La première est que des cas de perception distante ont été observés, entre des individus non symbiosés. N'est-ce jamais arrivé... pour vous ? On se promène dans un bois, ou dans un champs, on regarde le ciel ou la surface calme d'un beau lac, on est serein... et soudain, une vision s'impose : celle d'un être, inconnu, ou bien d'un nom...
La télépathie est présente en chacun de nous à l'état latent. J'en suis persuadé. La symbiose ne fait que la révéler.
Par ailleurs, n'oubliez pas que les mous eux-mêmes sont capables de communiquer à distance. J'ai mené divers tests à ce sujet, et je suis formel : à l'état natif, naturel, ils peuvent s'échanger des émotions, des images. Lorsque la symbiose se produit et qu'ils se trouvent soudain liés à un être civilisé, ils acquièrent aussitôt son langage et ses mots ; mais leur télépathie préexiste.
Ecartant les mains en signe d'impuissance, l'alchimancien conclut :
Le mystère profond de la symbiose demeure, parce que les mous échappent à toute analyse poussée : si vous tentez de les contraindre, ils se téléportent aussitôt. Les étudier à l'état sauvage relève de la gageure, parce qu'ils ne supportent ni la captivité, ni la moindre contrariété. Or, sans comprendre ce qu'ils sont précisément avant de se lier à quelqu'un, nous échouons à comprendre pourquoi ils le font.
Pour ce qui est de l'incapacité des miens à ressusciter, il s'agit là d'une question bien antérieure à l'avènement de la symbiose, et même à votre sortie des piliers. Je la crois sans rapport avec ce qui vous préoccupe.
En revanche, j'attribue la capacité des symbiosés à renaître presque systématiquement à leur plus grande résistance physique et mentale. De mon point de vue, mais ce n'est qu'une hypothèse, l'amélioration née du phénomène permet à leur corps et à leur esprit de se reconstituer, via l'énergie contenue dans les piliers, bien plus efficacement qu'auparavant. Mais là encore, nous parlons d'un pouvoir préexistant...
Pour résumer, voilà ce que je sais, et voilà quelles sont les limites de mon présent savoir.
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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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Le Dhiwara 23 Nohanur 1508 à 22h36
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Oh, concernant les outils dont je dispose, ce n'est pas tant de la Callimancie en elle-même, qui me permet véritablement d'avancer : ce sont les instruments - comme par exemple un laboratoire d'alchimie très bien équipé - ou les méthodes qui gravitent autour de cet art. Quand vous passez des siècles à composer des encres extraordinairement complexes, vous devenez un alchimiste tout à fait honorable, presque malgré vous. D'autre part, comme vous pouvez le comprendre, j'ai l'habitude d'étudier la peau de mes clients d'assez près. Un tel examen, très pointu et très subtil, s'intéresse autant à la nature physique de cette peau qu'à son histoire et à son héritage. Cela conduit tout naturellement à développer une véritable science de l'analyse dermatologique que l'on peut sans exagérer assimiler à une discipline médicale en soi.
Dès lors, un Callimancien est aussi un médecin. Et sa familiarité avec l'étude fait généralement de lui un excellent diagnosticien. Il est normal que l'on ait fait appel à quelqu'un comme moi pour mener des recherches sur la Symbiose, de ce point de vue. Cela vous explique aussi pourquoi mes conclusions touchent essentiellement aux changements - ou modifications - physiologiques des gens dotés d'un mou.
Des recherches conjointes, de nature extra-ordinaire, ont aussi été menées en parallèle des miennes. Malheureusement, elles n'ont pas donné de résultats probants, ne fut-ce que parce que nous ignorons la sorcellerie telle que vous la pratiquez. Je ne veux pas dire par là que nous sommes démunis, mais que nous avons d'autres centres d'intérêt, en matière surnaturelle. Et la Théorunie n'a rien à dire du phénomène symbiotique.
Vous évoquez la propension des mous à suivre de près leur hôte. Cela semble vous surprendre, c'est pourtant - à mon avis - inévitable :
Il s'agit d'une symbiose, c'est-à-dire que chaque membre de l'union mou/poussiéreux en retire des bénéfices. L'hôte reçoit les pouvoirs que vous savez, mais le mou aussi est largement changé : il acquiert une intelligence supérieure à ce qu'elle est à l'état natif. Il acquiert un langage et un vocabulaire à la hauteur de ceux de son associé, ce qui enrichit considérablement sa capacité à communiquer. Il acquiert enfin des excroissances nouvelles s'apparentant à des membres : bouche, nez, etc...
Enfin et surtout, d'un point de vue psychologique, il acquiert une dépendance flagrante envers son hôte. Ce phénomène est le plus souvent réciproque : on pourrait simplifier le propos en disant que tous deux deviennent proches, comme des frères ou des amis. Dès lors, qu'y a-t-il de surprenant à voir chacun rechercher la présence de l'autre, et refuser de le perdre de vue ? Ce serait risquer qu'il ne meurt ; or, si tous les gens symbiosés peuvent ressusciter, il arrive pourtant qu'ils ne le fassent pas. Le mou, redevenu sauvage, perd aussitôt ses "privilèges"...
Quelle créature intelligente souhaiterait redevenir stupide sur un tel coup du sort ?
Vos hypothèses, au sujet de l'addiction des mous pour leurs hôtes, sont intéressantes mais me semblent superflues. Pour ce qui est des conséquences d'une séparation prolongée d'un symbiosé et de son mou, je les suppose nulles ; mais en vérité, une telle expérience est impossible à mener, le mou se téléportant à volonté.
Enfin, je n'ai jamais été informé qu'un Vortex ne se soit jamais affilié avec un tel symbiote...
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Le Luang 24 Nohanur 1508 à 00h24
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Ah oui je vois. Cela explique en effet pourquoi on a fait appel à vous pour étudier ce phénomène et comment vous avez pu obtenir de tel résultat sans être symbiosé vous-même. Je vous félicite d'avoir aussi astucieusement mis vos talents au service de cette étude.
Soudain une idée lui traversa l'esprit et son intérêt pour le Callimancien changea. Puis elle redevient comme normal.
Vos paroles ont résonné profondément en moi et pendant un instant j'ai vu comment vos connaissances auraient pu nous aider grandement il n'y a pas si longtemps. Lestian, un symbiosé s'est fait capturer pat le Maudit et par l'utilisation de cristaux et de sang pourri empestant les effluves, l'a manipulé pour lui faire exécuter ses plans. Je me disais que peut être vous auriez été capable de le sauver. Il est bien dommage que votre Art soit hors de notre portée.
Elle garda le silence pour quelques secondes et une certaine tristesse s'exprimait dans les paroles qui suivirent.
C'est toujours une grande tristesse de voir un poussiéreux passer sous la coupe du Maudit. Et pourtant même alors, il a résisté le plus qu'il pouvait. Une part de lui subsistait toujours.
Sa vois redevient normal.
Cela me fait penser à nos soucis actuels, le tchäe Flymeur et son action sur les piliers. Si vous l'approchiez suffisamment près, peut être sauriez vous ce qui lui arrive? Mais c'est sans doute une mauvaise idée et je rechigne à vous mêler à cela. Vous ou les Nemens. Vous pouvez cependant nous aider. On m'a dit que la peau de ce dernier avait une particularité bien spéciale: elle était douce, froide, visqueuse comme celle d'un poisson. De plus son touché est douloureux et entraîne des hauts le cœur. Qu'en pensez vous?
Pour en revenir à notre sujet initial... Avez vous eu l'occasion de remarquer si au fur et à mesure des années, les améliorations dues à la symbiose s'accentuaient ou à l'inverse s'affaiblissaient? Je n'ai pas eu cette impression mais en même temps ma jeunesse ne me permet pas de répondre de façon satisfaisante . De même l'apparition et le nombre d'appendices grandissant sur les Mous changent-ils quoi que ce soit à leur comportement ou à la symbiose? Encore une fois, je n'ai pas eu cette impression. Bien qu'ils deviennent de plus en plus bavard avec l'apparition de ces derniers. Comme s'ils devenaient plus... éveillés peut être? Ou intéressé à ce qui les entoure voir désireux de faire connaître leur avis à moins qu'ils deviennent plus apte à le faire connaître. Potentiellement les appendices apparaissent quand le Mou s'est habitué à la symbiose ou rentre dans une intimité plus profonde avec son symbiosé. Pourtant je n'ai rien ressenti de spéciale quand Anya, mon Mou, s'est découverte une bouche.
Elle pris une moue songeuse.
Mais quand j'y pense on m'a dit que vous aviez mis au point une crème qui accélère la pousse de ces appendices. Cela met à mal mes suppositions.
Je me demandais également si c'était possible pour un symbiosé d'avoir plusieurs Mous. Je n'ai jamais observé ce phénomène chez les Témoins donc je doute de cette possibilité mais si un poussiéreux ou un Nemen est considéré comme un hote acceptable par un Mou pourquoi ne le serait il pas pour un autre Mou également. On peut voir dans la Nature certains hotes abritant plusieurs symbiotes.
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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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Le Luang 24 Nohanur 1508 à 21h05
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Kuin'to écoute attentivement Lasha, notamment lorsqu'elle détaille la sensation ressentie au toucher de la peau de Flymeur. Il ne masque pas sa surprise et ses sourcils se haussent tandis qu'il dit :
Ce que vous me décrivez ne correspond à rien de connu, chez les miens comme chez les vôtres. Une peau lisse, froide et visqueuse évoque immanquablement celle d'une créature aquatique. Quant à la douleur et hauts-le-cœur provoqués, c'est encore pire, si j'ose dire : cela traduit la présence d'un effet paranormal, que vos organismes considèrent comme... contre-nature. Ca n'augure vraiment rien de bon.
Il semblerait que vos yeux vous trompent, lorsque vous regardez ce pseudo-tchae. Ce qu'il montre n'est pas, à l'évidence, ce qu'il est. Il est bien plus facile de berner la vue que le toucher, sens qui perce la plupart des illusions simples. Ce que l'un des vôtre a ressenti au contact du Sieur est certainement plus "vrai" que ce qu'il veut bien vous dire ou vous montrer.
En matière de monstre susceptible d'assurer un mimétisme proche de la perfection, je ne connais guère que le Jytryan. Mais ce dernier sait reproduire une texture de peau réaliste. Ca ne colle pas.
Un instant pensif, le Callimancien reprend :
Ma curiosité est piquée. Il m'est hélas impossible de m'absenter de la cité-puits plusieurs jours d'affilée, compte tenu de mes responsabilités et de ma charge de travail. Qui plus est, autant je pense être compétent dans mon domaine de savoir et de savoirs-faire, autant je ferais un piètre voyageur, incapable d'assurer ne fut-ce que sa propre sécurité. Vous allez devoir, je m'en excuse, approcher Sieur Flymeur sans que je puisse vous assister.
J'ai d'ailleurs cru comprendre qu'il ne nous portait pas - nous, les nemens - dans son coeur... ce qui, bien entendu, m'intrigue fortement !
Pour en revenir au sujet des mous, la symbiose est un évènement trop récent - trois ans à peine - pour que des effets notables s'expriment dans la durée. Aussi n'ai-je noté aucune accélération ou à l'inverse, nul ralentissement des pouvoirs conférés par ce phénomène. Les appendices acquis par les mous, lorsqu'ils sont associés à un hôte, ne changent pas véritablement leur comportement, si ce n'est que ces appendices génèrent en eux-mêmes de nouvelles fonctions : si votre mou n'avait pas de bouche, il ne pourrait parler, bien qu'il en ait la capacité intellectuelle.
Je pense qu'ils ne deviennent pas plus éveillés ou curieux qu'ils ne le sont déjà, mais qu'ils acquièrent parfois les traits de caractère de leur associé : si ce dernier est bavard et leur parle, ma foi, son symbiote fera rapidement de même. Dans mes recherches, j'ai noté une indéniable connivence entre la plupart des symbiosés et leurs mous. Mais j'ai aussi, à contrario, souvenir d'un tchae qui détestait copieusement son petit partenaire ; ce dernier le lui rendait bien ! Tous deux s'ignoraient ou se chamaillaient comme un vieux couple aigri et acariâtre...
Le nemen sourit modestement avant de poursuivre :
Puisque vous en parlez, je n'ai pas de scrupules à confirmer l'existence d'un onguent qui, en effet, accélère l'apparition de membres nouveaux chez les mous. Il est le résultat d'un travail collectif, et j'ai quelque peu participé à son élaboration. Ce produit est une conséquence inattendue de nos études : nous l'avons trouvé un peu par hasard. Le but n'était pas d'en faire commerce, mais de fait, puisqu'il existe... il sera bientôt en vente dans nos boutiques.
Enfin, pour votre dernière question, vous devriez en parler à Koïya’NisKa’tsih. Il est... tavernier... et toujours accompagné d'une bonne dizaine de mous. Je ne connais personne qui puisse se prévaloir d'une multi-symbiose, mais peut-être est-ce son cas ? Il n'a pas souhaité participer aux recherches que j'ai effectué, aussi ne puis-je vous dire ce qu'il en est.
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Le Matal 25 Nohanur 1508 à 01h04
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| Nous avons parlé avec les Ombres qui se sont installées aux pieds des Piliers. Ils nous disent que Flymeur est le dernier d'une race aujourd'hui décimée. De par mes suppositions il essaie de faire retourner les choses comme elles étaient avant notre arrivée, avant la votre même. Son peuple devait encore exister à ce moment là. Lui devait être endormi quand cela est arrivé, je suppose, ce qui lui a permis de survivre du moins partiellement. Maintenant qu'il est réveillé, il doit pense qu'en nous faisant partir de Syfaria, son peuple reviendra. Les Ombres nous disent que ce n'est pas le cas. Elles nous disent de plus que ce qui est Mort a été réveillé et ce qui est Vivant a été endormie et que pour se sortir de ce mauvais pas, on doit réveiller ce qui a été endormie pour que ce qui a été réveillé retourne à la Mort.
Elle regarda Kuin'to Attilian Syrta'Mae et dit:
Quand je vous explique c'est à la fois plus clair dans mon esprit et plus confus. Connaissez-vous une race disparut qui pourrait remplir ces conditions? Je pense que c'est la partie tchäe de Flymeur qui a été endormi et que quelque chose, un esprit emprisonné quelque part a pris possession de lui et le transforme. A moins que ce soit les Effluves qui lui ont fait cet effet.
Hum, une autre option serait bien sur que la créature qui le poursuivait quand il voyageait entre les Consensus l'ai rattrapé. Il l'a nommait l'anamorphose. Ce terme doit vous être familier Voyons, comment vous la décrire. Abjecte, terrifiante. Bien grosse. Elle se déplace à quatre pattes, elle a une figure collée à son torse, presque pas de cou. Elle a des ergots aux pattes, des excroissances qui lui sortent du dos. J'ai également l'impression qu'elle avait des runes sur le corps. Attendez.
Lasha tente de lui faire un dessin du corps de la bête et des motifs qui s'y trouvaient.
Vous m'avez dit que Flymeur n'est sûrement plus un tchäe maintenant mais son Mou continue à le suivre quand il saute de Pilier en Pilier. Or comme vous me l'avez dit seul les poussiéreux et les Nemens peuvent être symbiosés donc une partie de Flymeur doit rester.
Le temps me manque malheureusement. Nous manque.
Vos réponses m'ont grandement éclairé sur ce qui est de la Symbiose. Je n'ai plus de questions pour l'instant. Je vais réfléchir de ce que nous avons débattu et je reviendrais vers vous pour vous faire part de mes pensées.
Elle semblait vouloir en dire plus mais se retient visiblement.
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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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Le Merakih 26 Nohanur 1508 à 01h04
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Pensif, Kuin'to hoche la tête à plusieurs reprises, sans que Lasha puisse percevoir si par ce geste il l'approuve ou l'incite simplement à poursuivre. Il inspecte le dessin de la tydale avec attention, puis prend la parole :
Ce que disent les ombres, dans la mesure où nous ignorons - vous et nous - ce qu'elles sont vraiment, doit être pris avec des pincettes. Il en est de même des discours plus ou moins attribués à Sieur Flymeur : à l'en croire, il dit nous en vouloir, mais ce n'est pas nous qu'il menace expressément en s'attaquant aux piliers de poussière ; les miens ne ressuscitent pas.
Je vous suis sur un point : il reste quelque chose du vieux tchae dans la... créature qu'il est devenu, ou qui s'exprime à travers lui. Le maintien de sa symbiose plaide en faveur de cette hypothèse, ainsi que son comportement. Mais ce "quelque chose", hérité de son histoire poussiéreuse, peut-il encore être atteint ? Rien n'est moins sûr. Et je me suis laissé dire qu'expérimenter quoi que ce soit avec ce personnage, ou avec les ombres qu'il fait surgir des piliers par ses actes, est hautement dangereux.
Peut-être me trouverez-vous excessivement confiant, ou pour le moins, peu alarmé ? C'est dans notre nature, mais surtout, cela traduit le fait que je ne crois pas - et bien des miens avec moi - que Sieur Flymeur réussisse véritablement et durablement à altérer la réalité syfarienne. Toute déviation sensible de la trame se corrige d'elle-même avec le temps. C'est une loi qui n'a pas été mise en défaut depuis si longtemps qu'elle s'apparente, pour nombre de penseurs et de sages, à un dogme.
Examinant à nouveau le croquis de Masha, le Callimancien poursuit :
Une telle créature ne m'évoque rien. Et je puis vous assurer que les signes qui parcourent son corps ne sont pas des Runes, au sens ésotérique du terme.
Se redressant, Kuin'to soupire puis se lève pour raccompagner la témoin :
Votre visite m'a également enrichi. Je réside pour ainsi dire en permanence à Ulmendya, aussi n'aurez-vous aucun mal à me retrouver si vous le souhaitez. Je vous souhaite, ainsi qu'à vos pairs poussiéreux, de résoudre sans heurt les mystères liés aux agissements incompréhensibles de l'un des vôtres. J'espère que cette inquiétante histoire ne remettra pas en cause les liens historiques et indéfectibles qui lient nos civilisations...
Il s'incline aimablement et claque des mains : aussitôt, on ouvre la porte.
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Kuin'to Attilian Syrta'Mae
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