Bienvenue dans le forum de Korsyne
A la Gryott fumée

Du temps qu'on nous arrache...

... et qu'on tente de reprendre pour soi...
Page [1]
Détails
Sujet lancé par Antiorn
Le 15-01-1510 à 16h18
9 messages postés
Dernier message
Posté par Antiorn,
Le 23-01-1510 à 20h18
Voir
 
Antiorn

Le Vayang 15 Jangur 1510 à 16h18

 
Allongé sur son lit et adossé au mur, l'artiste décrypte un recueil de poésie des plus hermétique lorsque la pensée effleure son esprit. Effleure au premiers abords, l'enflamme quelques secondes plus tard. Son front se plisse, le livre retrouve son trône sur la table de chevet.

Cette fois-ci il n'y a plus de temps à gagner, plus d'esquive possible. On l'a poussé dans ses derniers retranchements.
On lui a volé le luxe de l'initiative. Volé le temps d'apprécier, de découvrir.
De vivre.

Le Blanc Nelda se relève et saisit la lampe qui éclairait sa lecture. Résigné, il quitte sa chambre et arpente le couloir de l'auberge pour trouver la porte voisine. On peut entendre les traces d'une légère agitation venant des escaliers menant à la salle commune. La soirée est encore jeune. L'agitation nocturne et tamisée de l'Étoile du Laomain est à son calme paroxysme.

Arrivé devant la porte Antiorn inspire. Il aurait aimé que cela se passe autrement.
Il sourit, appréciant l'inversion des rôles depuis le fundeq de Zarlif.
Trois fois ses jointures se heurtent gentiement à la porte de sa chambellan.
Il attend un instant.

C'est moi.


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Achara Edaregord

Le Vayang 15 Jangur 1510 à 17h12

 
La porte s’ouvre brusquement sur son regard rieur. Dans son dos, la chambre est sens dessus dessous, les draps éparpillés à terre, ses vêtements de voyage jetés en tout coin de la pièce, une multitude de rubans multicolore parsemant le parquet clair…
Elle se détourne soudain pour jeter un coup d’œil joyeux au capharnaüm qui l’accueille, avant de le fixer à nouveau un sourire en coin.

Entre, j’étais en train de faire un peu de rangements…


Le mensonge est tellement énorme qu’elle éclate d’un léger rire cristallin. Le précédant dans la pièce, elle récupère d’un mouvement souple l’essentiel de ce qui traîne à terre avant de jeter son butin sur un large fauteuil pourtant déjà fort encombré. Elle débarrasse ensuite une grande chaise de ses instruments perchés, avant de lui faire signe de s’y asseoir pendant qu’elle cherche où poser violon, galoubet et ttun-ttun. Quelques instants plus tard la voilà installée sur son lit transformé en chaos invraisemblable de tissus et d’objets. Son sourire se fait taquin.

Le Temps et le Lieu sont autres, mais nous voici à nouveau dans la pénombre d’une chambre pour parler… à nouveau de secrets ?

Son rire résonne encore, joyeux.

Quoique, la dernière fois, le cadre était moins chaotique !


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Antiorn

Le Vayang 15 Jangur 1510 à 18h17

 
Il entre à sa suite, se demandant bien comment il pourra aborder le sujet qui lui brûle l'esprit. L'air hébété, il la contemple alors qu'elle conjure un semblant d'ordre dans la pièce. Il prend place sur la chaise et sourit d'un sourire forcé. Visiblement, quelque chose le tracasse.

Mais ce chaos nous représente si bien...

Il déglutit, hésite, puis se lance.

Si le temps et le lieu sont autres, les secrets le sont tout autant... bien que la tierce personne impliquée soit la même. Avant de t'exposer ce qui me tenaille, j'aimerais formuler une demande. Celle d'attendre la fin de notre entretien avant d'envoyer quelque pensée que ce soit vers ton frère.

Une pause, il organise ses pensées. Un léger fou-rire le prend alors qu'il réalise l'absurde de la scène.

À l'heure qu'il est, Edoar est en partance pour une expédition vers le Puit du Souvenir et fait une escale à Eleudice. Là vivent mes parents...

Non, ce n'est pas le bon chemin... L'artiste rebrousse.

Depuis mon départ pour venir te rejoindre, ton frère...

Allez, c'est le moment de tout débaler. Le Blanc Nelda accélère le rythme pour ventiler le tout d'un coup, fuyant le regard d'Achara durant le processus.

... ton frère s'est mis en tête que j'étais un candidat idéal. Que ce voyage ensemble serait inconvenant si nous n'annoncions pas nos fiançailles à notre retour. Au début, je n'ai pas pri cela au sérieux et me suis contenté de le garder à distances respectueuse de nos affaires. Jamais je n'aurais cru qu'il prendrait les choses en main de la sorte. Il profite présentement de son escale à Eleudice pour remettre à mes parents une invitation.

Le confrère s'avance sur sa chaise, se rapprochant d'elle et plonge son regard dans ses yeux.

Crois-moi. Je t'ai trouvé et il n'y eut de rencontre plus précieuse. J'aurais aimé que rien ni personne ne se mette au travers de nous. Que le temps nous appartienne pleinement. J'ai tenté de préserver notre intimité sans me heurter à un être qui t'es cher...

Rire étouffé.

... mais il est tenace le bougre.
Je ne puis te faire la demande qu'il exige aujourd'hui parce qu'elle serait issue de son initiative. Initiative qui précède notre rencontre-même. Et tu m'est trop précieuse pour que je puisse laisser cela arriver.


Ses mains cherchent la sienne.

Ma demande sera donc la suivante: Achara, compagne de chimère et de Rêve, veux-tu avec moi poursuivre cette Quête de tous les possibles que nous avons entammée ensemble et par laquelle nos âmes et nos fils se lient chaque jour un peu plus et ce, jusqu'au bout des mondes, du temps et de nous-même ? Désires-tu en ma conpagnie faire mentir l'impossible et arpenter la Mélodie des origines ? Ensemble ?


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Achara Edaregord

Le Dhiwara 17 Jangur 1510 à 23h33

 
L’air tracassé de son Artiste ne lui échappe pas et c’est avec un haussement de sourcils interrogatif qu’elle commence à l’écouter. Haussement qui ne tarde pas à se transformer en froncement, doublé d’un air de légère suspicion, lorsqu’il fait mention de son frère et lui demande d’attendre la fin de l’entretien pour envoyer une quelconque pensée…
Devant son regard embarrassé elle acquiesce sans mot, mais l’on peut sentir dans son maintien une certaine défiance quant à ce qui va suivre. Elle connaît trop bien Edoar. Et si Antiorn prend tant de pincettes c’est qu’il a quelque chose à lui annoncer qui ne va surement pas lui plaire. Et elle sait Ô combien son frérot peut lui être déplaisant. Oh, jamais de son plein gré bien sûr, mais il a l’art de se fourrer en tête qu’il sait bien mieux qu’elle ce qui lui est bon, ce qui généralement ne correspond pas vraiment à sa propre vision des choses…
Elle attend donc la suite avec méfiance. Et la suite ne tarde pas à venir… Bien pire que tout ce qu’elle ce qu’elle aurait pu imaginer.
Au fur et à mesure que l’Artiste expose la dernière lubie d’Edoar (leur mariage, rien que ça) elle sent une rage brûlante monter en elle… Comment a t’il osé ? Une rage qu’elle contient tant bien que mal jusqu’à ce qu’il lui annonce que son 'frère' est en train de profiter de son passage à Eleudice pour déposer une invitation chez les parents d’Antiorn. Une invitation ? Mais de quoi j’me mêle ? Et une invitation pourquoi, d’abord ? Le flou laissé autour de ce fait n’empêche pas la pensée rageuse de partir sans même qu’elle s’en rende compte et contre toutes paroles qu’elle a pu auparavant donner.

C’est son regard ancré au plus profond de son âme qui l’empêche de se lever d’un bond et commencer à méthodiquement déverser sa rage destructrice sur la chambre pourtant déjà bien assez chaotique. Elle se raccroche aux yeux émeraude, sa colère encore bouillonnante, prête à chaque instant à la faire vaciller...

Elle est en train de lister tous les noms d'oiseaux dont elle va pouvoir affubler Edoar quand l'Artiste prend sa main dans la sienne apaisant soudain la tension qui l’anime et rendant leurs sens aux mots qu’il est en train de prononcer.

Elle ferme les yeux.
Inspire profondément.
Laisse la sérénité qui se dégage de son compagnon d'art la pénétrer.
Et répète.

Ensemble…

Ses yeux se rouvrent sur son double d’opale.
Elle murmure…

Encore.
Toujours.


Et sourit. De ce sourire qui illumine non seulement le visage de celui auquel il appartient mais aussi de ceux à qui il est destiné.

Tu n’as pas besoin de ma réponse, tu la connais déjà…
N’est-ce pas d’ailleurs ce que nous faisons déjà depuis de longs mois ?


Son regard se durcit brusquement pour s’échapper, lointain, au-delà de ce que révèlent les murs de la pièce désordonnée.

Il va tout de même falloir que nous mettions certaines choses au point…


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Antiorn

Le Luang 18 Jangur 1510 à 16h35

 
Pendant un instant il a l'impression qu'elle va exploser. Il s'attend à recevoir toute la rage du monde au visage. À ce que la chambre soit déchirée de la fabrique même de l'existence par une colère digne d'un cyclone, un maeltrom enragé de destruction pure.

Mais le visage de son double d'ébène se radoucit. Leurs yeux se croisent pour une énième fois et les âmes se calment. L'ouragan se dissipe en un clin d'oeil, sa propre appréhension fond comme neige dans un volcan.
La sérénité renaît de ses cendres. Un léger malaise persiste-t-il ? À peine.

Ils sont forcés de mettre des mots là où il ne devrait jamais en avoir eu. Cela le désole.
Mais cela est aussi loin d'être irrécupérable.

Le regard de sa consoeur se perd dans le lointain. Son attention n'est plus sur la chambre, mais ailleurs en Syfaria.

Si je n'ai pas besoin de ta réponse, c'est que nous n'avons jamais ressenti le besoin d'y apposer des mots. Les mots peuvent être merveilleux, dansants, chantants, lumière et ténèbre à la fois, tranchants et clairs. Ils ont aussi la faculté de fixer la réalité, de ramener la trame de tous les possibles à un seul. Nos simples regards dépassent de loin les mots, et ce depuis des mois qui furent tout sauf longs.

Sourire, encore.

Mettre des choses au point ? Il n'en ressentait pas le besoin, à moins que ce ne soit "remettre Edoar à sa place". Alors ça, certes, il allait falloir faire quelque chose.


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Achara Edaregord

Le Merakih 20 Jangur 1510 à 18h40

 
Oui, leurs regards ont toujours suffi à exprimer ce qu’ils ressentent au plus profond d’eux-mêmes. Oui, les mots n’étaient pas nécessaires… Mais heureusement rien n’a été brisé.
Elle se demande un instant comment, sur les deux personnes les plus chères à son cœur, l’une peut à ce point la faire sortir de ses gonds, tandis que l’autre est capable de l’apaiser de sa simple présence sereine. Encore la marque paradoxale de ce monde…
C’est le moment que choisit son frère pour lui répondre d’une petite phrase tellement significative…

« Puis je savoir ce qui me vaut un tel traitement ? »


Elle en rirait si ce n’avait été d’eux-mêmes dont il était question. Elle hésite un instant à lui répondre vertement, mais finalement retient la pensée prête à s’envoler en soupirant. Tel qu’elle le connaît, il sait parfaitement à quoi elle fait allusion et cherche seulement à construire sa défense en lui soutirant le plus d’éléments possible concernant ce qu’elle a pu apprendre de sa sombre machination. À moins qu’il ne soit tellement choqué par ses propos (il faut bien le dire légèrement véhéments) qu’il rejette toute responsabilité ou tout du moins refuse d’admettre sa culpabilité dans cette affaire…
Repensant à ses mots, elle regrette soudain la pensée qu’elle a laissé échapper : elle sait qu’elle a été particulièrement dure, frappant là où elle savait pouvoir faire mal et l’achevant sans pitié en renonçant à leur lien de parenté… Antiorn avait raison : elle aurait dû éviter de lui envoyer une quelconque pensée avant la fin de leur discussion. Tout est maintenant beaucoup plus compliqué…
Elle sait pertinemment qu’il lui faudra gérer ceci plus tard à tête reposée, mais pas maintenant les nerfs encore à vifs du guet-apens dans lequel il les a entraînés.
Balayant son impossible frère d’un geste vif de la main, elle replonge dans le regard serein de son double opalin, la mine encore grave mais les yeux légèrement pétillants. Un instant elle ne sait plus quoi la dire, la situation finalement étrangement comique dans son absurdité.
Elle commence doucement à rire.

Dire qu’il y a quelques semaines nous étions réunis pour évoquer Chuchoteurs, Artefacts et Trame de la Réalité et nous voici aujourd’hui plus agités par mon imbécile de frère qui veut nous voir marier.


C’est par à coup que le fou rire s’installe, la dernière phrase prononcée presque en hoquet.

Finalement… peut-être aurait-il été… préférable… pour nous… qu’il disparaisse… au cœur de cette nuit sombre !


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Antiorn

Le Merakih 20 Jangur 1510 à 19h47

 
Antiorn revêt la mine la plus rassurante qu'il puisse conjurer.

Bien sûr que non. Il t'aime de la façon la plus énervante qui soit, certes, mais il t'aime.

Puis il rit à son tour.

Ces gens qui nous ont vu naître et grandir sauront toujours titiller nos cordes sensibles, sciemment ou non.

Soupir.

La dernière fois que j'ai vu mon propre frère, il avait forcé la serrure de ma maison et est disparu avec ma bourse pour s'en retourner le S'sarkh seul sait dans quel recoin mal fréquenté de la Perle...
Mais il est mon frère... Quel que soit le chemin qu'il choisit de se frayer à travers la trame...


Puis, un sourire malicieux et comploteur fend son visage.

Et puis, si Edoar avait disparu, cela nous priverait de lui jouer un tour pendable en retour, non ?

Oh que si... Ça, il en brûle d'envie. Lui remettre la monnaie de sa pièce à cette fouine...
Mais la décision doit venir d'un accord entre eux.
Un sordide pacte de vengeance qui en fera voir au chambellan du Calligramme de toutes les couleurs.
Rien de dangereux, bien entendu... Mais un embarras indescriptible ferait bien son afffaire...


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Achara Edaregord

Le Merakih 20 Jangur 1510 à 23h47

 
Le fou rire s’apaise en sourire.

Bien sûr qu’il m’aime. Et évidemment que la réciproque est vraie.
Mais il peut être parfois tellement agaçant…


Elle secoue la tête doucement déclenchant les tintinnabulements de clochettes, bracelets et grelots toujours mêlés à sa fourrure. La mention du frère d’Antiorn lui rappelle qu’ils ont encore beaucoup à découvrir l’un de l’autre, malgré cette incroyable sensation de se connaître depuis toujours. Et pour cela, ils possèdent le Temps, instrument clé de leur quête : celle d’eux-mêmes ainsi que de leur monde…

C’est finalement avec un très léger rire qu’elle accueille la dernière phrase du Blanc Nelda.

Et bien soit ! Préparons donc une vengeance machiavélique, quelque chose de sournois et qu’il ne puisse voir venir…


Ses yeux se perdent un instant dans le lointain.

Mais avant toute chose, je dois régler avec lui ce différent qui nous oppose. Lui faire comprendre qu’il n’a pas à interagir avec ma liberté… Avec notre liberté.

Elle hésite.

Et me faire pardonner des paroles que je n’aurais jamais dû prononcer…


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Antiorn

Le Sukra 23 Jangur 1510 à 20h18

 
Il lui sourit de plus belle. L'orageuse pensée semble s'être envolé malgré tout. Soit. Les états d'âme avaient été ébranlés mais rien n'était brisé. L'absurde situation se résorbait.

Bien.

Il laisse planer un silence. Non pas un malaise, mais un retour au bien-être.

Je te laisse à ta réconciliation.

Léger rire et hochement incrédule de la tête. Mais comment avaient-ils pu se rendre jusque là ? Il doit bien s'avouer qu'il en est en grande partie responsable. Il a laissé cette situation évoluer jusqu'à son paroxysme de par son refus de croire que l'Edoar se rendrait si loin sur cette pente glissante.

Il a mal jugé le caractère du chambellan du Calligramme. Il en prend bonne note.
Sur ce il se redresse et se dirrige vers la porte puis, avant de sortir, il se retourne pour lui adresser un simple:
Merci.


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

Page [1]
Vous pouvez juste lire ce sujet...