Bienvenue dans le forum de Korsyne
La mairie

S'abreuver à la source du Rêve.

Deux confrères s'entretiennent avec le fondateur de l'Ordre.
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Sujet lancé par Antiorn
Le 23-11-1509 à 18h42
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Posté par Achara Edaregord,
Le 27-01-1510 à 14h23
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Antiorn

Le Luang 23 Nohanur 1509 à 18h42

 
De bon matin, les deux confrères s'étaient levés et, suite à un déjeuner frugal, étaient sortis en direction de la mairie.

Les préparatifs de leur projet avaient été rondement menés la veille grâce aux contacts fournis par Ligerio. La carnine avait été négociée en même temps que les capteurs de rêves et leur enchantement avait été confié à Morora, qui leur offrait un prix plus que raisonnable. Le rêvant Nakhrym, lui, s'était montré favorable à l'idée de guider leurs premiers pas vers le Rêve un peu plus tard. Le tout se mettait en place harmonieusement.

Korsyne étalait son silence en cette matinée ensoleillée. La ville dormait. Rêvait. Et bientôt, ils l'espéraient, ce volet caché de l'Étoile du Laomain s'ouvrirait à eux. Mais auparavant, ils étaient attendus.

Nelda de jais et blanc nelda se présentent donc sur les marches de la mairie et l'artiste entamme les présentations d'usage en portant la main à sa poitrine.


Hejia, nobles sentinelles. Voici la chambellan des Arts et des Lettres de la Confrérie des Six Achara Edaregord, et je suis son humble artiste, Antiorn. Le maître du Songe Firydor nous attend...

N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Firydor

Le Merakih 25 Nohanur 1509 à 01h05

 
Sans plus de cérémonie, on indique aux visiteurs de s'avancer et de prendre place dans l'un des petits salons.
Les rares bruits sont étouffés par moult coussins et draperies.
L'ensemble parait parfois disparate, mais il est parfaitement harmonieux.
Paradoxe de ce qui fait tout le naturel de cette civilisation.
Monde du Mensonge, mais Monde dont la beauté serait ternie sans la douce présence de ces Rêvants.
Voir Korsyne, pénétrer ses alcôves, est un délice pour l'âme...

bientôt, le Maitre des songes apparait en repoussant un rideau.
Il sourit à ses invités du jour, et s'affale dans les coussins.

Bienvenue à vous, nobles représentants de la Confrérie des Six.
Votre séjour est-il le chemin que vous aviez imaginé ?


 
Achara Edaregord

Le Merakih 25 Nohanur 1509 à 16h26

 
Elle l’a suivi en silence, traversant dans un rêve les rues assoupies.

L’atmosphère de l’Étoile l’apaise. Elle suit sans peine son rythme alangui, glissant légèrement à travers les songes des endormis, presque palpables, marquant la cité d’un dôme ensommeillé. Elle entend le battement sourd des cœurs des rêveurs, cadence perpétuelle d’un monde de sommeil…

Quelques instants plus tard, les voici devant la Mairie. Ils pénètrent dans le vaste bâtiment à pas feutrés, ne souhaitant rompre la quiétude qui y règne. Les rares sons qui leur parviennent ne sont que murmures : mots prononcés à voix basse et vent dans les tentures.

On les emmène dans un petit salon, à l’image du reste de la ville : serein, calme, harmonieux. Elle s’installe avec souplesse sur un amas de coussins, maintenant clochettes et grelots dans une sourdine de circonstance sans laquelle elle se ferait sinon l’impression d’être un carillon en puissance.

Fyridor apparaît. Et sourit. Elle lui répond de même, avant de prendre la parole d’une voix douce.

L’Étoile du désert est un nœud sur le fil de notre destiné… Ce qu’il est, je ne sais l’imaginer. Je le... ressens. Tel une note bien particulière sur la Trame de notre cheminement... un son sourd, profond, entêtant...



Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Antiorn

Le Julung 26 Nohanur 1509 à 04h46

 
Bien callés dans leurs coussins, les deux confrères attendent un court moment dans l'alcôve avant l'arrivée de leur vénérable hôte. Le Blanc Nelda s'était attendu à plus de cérémonie mais réalise alors le ridicule de ces attentes. Simplicité, dépouillement, franchise. Pouvait-il en être autrement au sein de la Congrégation ?

Le Maître des Songes apparaît de derrière un rideau puis prends place à son tour dans les coussins. Il émane de ce nelda une puissance sourde et sans âge. Firydor, fondateur de l'Ordre des Haut-Rêvants, premier-né, premier explorateur du Second Monde...

Ils avaient fait un long voyage pour arriver devant lui. Antiorn attendait cet entretien depuis plus longtemps encore. Son regard se pose sur Achara, puis sourit doucement à ses paroles avant de se retourner vers leur hôte.


Il est bien plus...

Court silence.

Arc' Rhon, nous sommes honorés de l'attention que vous nous accordez.



N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Firydor

Le Sukra 28 Nohanur 1509 à 21h35

 
Firydor laisse passer quelques secondes, non pas pour gêner ses invités, mais pour profiter de l'instant.
Il reprend la parole avec dans la voix un mélange de respect et d'inquiétude.
Antiorn, Achara Edaregord, vous n'êtes pas sans savoir que nous avons toujours accueilli à bras ouvert les populations poussiéreuses de toutes origines.
Ceci n'est pas prêt de changer.

Mais dernièrement, votre ancien dirigeant fait beaucoup parler de lui.
Kryniosias...
On me pose des questions. J'y réponds.
Mais un mystère demeure : comment certains peuvent croire qu'il puisse encore être de ce monde ?


 
Antiorn

Le Dhiwara 29 Nohanur 1509 à 19h01

 
La question était désarmante de sa simplicité... Il était difficile de traduire en mots toutes les touches évasives que le Destin avait peint depuis des cycles sur la toile de certains confrères... destins partagés, motifs croisés, séparés, recroisés... De quoi s'y perdre. Depuis un moment déjà, Antiorn se concentrait sur l'ensemble du tableau. Il lui fallait donc faire un effort considérable pour retracer chaque trait qui les avait mené ici.

Fronçant les sourcils, il s'affaira à la tâche


Noble Firydor, verbaliser cette impression née de plusieurs signes au fil des ans est un travail ardu... et peut-être superflu au vu de mon interlocuteur. N'avez-vous pas vous-même senti ? Vous êtes premier-né, tout comme lui. Un lien vous unit... Néanmoins, puisque le fondateur de la Confrérie des Six fut un jour votre ami, il serait cruel de notre part de vous cacher les remous qu'il cause toujours en ce monde et ce, malgré le fait qu'il demeure introuvable.

Peut-être sa recherche est-elle née de l'espoir des citoyens d'une patrie sans père. Pour nous confrères, Kryniosias n'a jamais été mort, mais bel et bien disparu. Certains gardent toujours espoir de retrouver ce qui a été perdu...

Nous avons retrouvé sa trace dans l'affaire des Obsessions, celle de Flymer et dans certaines recherches portant sur des objets Nemens composé du même métal que les Obsessions.

Nous avons croisé les Chuchoteurs qui se revendiquent les seuls à suivre sa Quête et qui pourtant semblent entretenir avec les agents du P'khen S'sarkh des liens au potentiel des plus troublants.

Nous croyons qu'il nous est apparu, prodiguant un avertissement qui fut répété par les Ombres des Pilliers.

Le feu Grand Chambellan du Luth Idrys Alveck est décédé dans des circonstances plus que nébuleuses en clamant son retour imminent.

De plus, après des centaines d'années de stagnation, la quête des Six refait surface. Nous avons joué du Luth.

Le Blanc Nelda prit une pause, laissant le temps aux révélations de s'imprégner dans l'esprit de son interlocuteur. Puis, calmement, reprit.

Et enfin, une vision de Rhona Penthésilée dans la grotte de Kysall nous mena vers vous. Sardoryane nous en apprit beaucoup sur la quête des Six. Nous espérons que vous nous en apprendrez sur l'être de poussière se cachant derrière le mythe de l'Horloger. Nous voilà, à tenter de démêler les signes, à tenter de savoir qui est notre allié, qui est notre ennemi, à tenter de démystifier les ombres et les chimères. Nous voilà avec une pelotte bien emmêlée à chercher le fil qui nous mènera vers le dénouement. Mais au vu de nos découvertes, la question primordiale reste sans réponse.

Chercher Kryniosias est-il une erreur ?

Vous avez été, en un temps inimaginable pour le commun de la poussière, amis. Nous sommes ici devant vous pour vous demander la permission d'arpenter le second monde à la recherche d'un fil hors du Mensonge... et pour apprendre à connaître à travers vous le père de notre nation. Qui était-il ? Et sa quête des Six l'a-t-elle transformé ?



N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Firydor

Le Merakih 2 Dasawar 1509 à 23h48

 
Firydor semble attendre quelques instants, pour laisser Achara s'exprimer si elle le désire.
Puis il reprend la parole, avec un hochement de tête.

Kryniosias était en effet mon ami.
Nous avons vu les prémisses des sociétés actuelles, et contempler certaines choses ensemble qui nous ont effrayé.
Sa quête était éperdue, car les Nemens l'ont mis sur ce chemin sans le vouloir.
Les artefacts sont un espoir, une clef, pour lui comme pour ceux qui croient en lui.
Ils sont à la fois Nemens et Eduens, vestiges de temps qui nous sont antérieurs.

Selon Kryniosias, ils renferment nos origines, notre provenance, et pourrait nous donner le pouvoir de comprendre.
Pas de vivre mieux.
Mais de savoir pourquoi l'on vit, et aussi pourquoi l'on ne meurt pas...
Cela l'obsédait, mais pas seulement.
Il ne les recherchait pas pour le bien être commun, ni pour lui même.
Il les recherchait, voilà tout...

Le chercher relève de la même essence. Ce sont les raisons de cette recherche qui forgeront le bien ou le mal de celle-ci, non cette recherche en elle même.

Pour ma part, je ne crois qu'en une chose : il a voulu partir, et c'était sans aucun doute pour une bonne raison, que lui seul peut saisir.
Je tente de protéger ce que je peux, en ces temps troublés.
Ce monde est de mensonges, Antiorn, et cela n'est pas qu'une philosophie...

Kryniosias était un être de vérité pure, et en cela il n'avait plus sa place.
Nous, les Hauts Rêvants, supportons ce monde car nous savons qu'il en existe un autre.
Lui n'avait pas cette chance, le Rêve lui a toujours été inaccessible...


 
Antiorn

Le Sukra 5 Dasawar 1509 à 19h27

 
L'Artiste buvait les paroles du premier-né, apportant une importance capitale à chaque mot, chaque syllabe prononcée. Une Quête éperdue. Une quête frénétique. Celle des Artefacts puis celle de l'Horloger. Le Maître des Songes avait raison. Chercher sans raison ne pouvait mener qu'à un dénouement malheureux. À chercher pour chercher, on ne peut que se perdre... mais n'était-ce pas déjà le cas ? Ne cherchaient-ils pas, eux, par pur désir de braver l'impossible et de côtoyer des chimères improbables ? Ou leurs intentions étaient-elles, après tout, plus louable que la simple compulsivité à filer la trame d'un mystère ?

Un regard à Achara. Elle semblait se contenter de suivre la discussion pour le moment. Il ne doutait pas qu'elle y ajouterait son grain de sel avant que cet entretien ne se termine.


Qu'il se soit retiré ou non, plusieurs le cherchent dans l'ombre... peut-être n'ont-ils jamais cessé depuis sa disparition. Et nous craignons que certains d'entre eux n'agissent pour le P'khen S'sarkh, sciemment ou non. Si nous le recherchons aujourd'hui, c'est par un amalgame indissociable de destins croisés, de curiosité, de quête d'identité et de volonté de préserver Syfaria d'un danger aux conséquences improbables.

Mais cette quête s'effectue dans l'ombre, à travers mensonges et faux semblants, feintes et mystères, tromperies et illusions. Si le fondateur de la Confrérie était un être de vérité, sa descendance spirituelle, elle, est passée maître dans l'art de la désinformation. Arameth est le centre de ces intrigues et pourtant, difficile de dire qui est confrère et qui ne l'est pas, qui oeuvre pour qui... ou pourquoi...

Nous ne représentons qu'un groupe de poussiéreux qui préfère garder l'anonymat pour l'instant, agissant indépendament des horloges, bien qu'en leur sein.

De par le Luth, nous avons constaté que Kryniosias était... partout. Un autre fil que j'ai cru bon de suivre jusque votre porte. J'ai tout d'abord cru qu'il pouvait se trouver dans un monde parallèle au notre, lui touchant en plusieurs point. Lui ou sa conscience, son essence. J'ai donc pensé au Second Monde. Mais ce que vous m'apprenez sur lui me fait penser autre chose.

Serait-i possible, selon vous, qu'il ait pu transcender le Mensonge d'une autre façon que par le Rêve ? Lui, être de vérité auquel le Second Monde est déffendu. Et pourtant défiant les lois du Mensonge...


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Achara Edaregord

Le Luang 7 Dasawar 1509 à 18h25

 
Elle écoute.
Chaque mot, chaque phrase, chaque inspiration.
S’imprégnant de la multitude de sens qui s’en échappe.
Éveillée…

Sous ses yeux, la pelote attend qu’on la démêle.
Mais tirer sur un fil revient à embrouiller le reste.

Le Temps…

… se suspend.

La Trame se déroule et se fige.
Symphonie en arrêt,
silence oppressant.


Un léger tintinnabulement la tire de sa vision.
Elle inspire profondément avant de prendre à son tour la parole.

Si certains cherchent Kryniosias, nous sommes en quête de Vérité.

Comprendre…
Comprendre la Confrérie, certes.
Mais aussi savoir qui nous sommes.

Notre quête est celle de l’Identité : la nôtre et celle de ce monde.

Pourquoi maintenant, pourquoi nous ? Je ne sais si les fils que nous suivons aujourd’hui nous sont destinés, mais je sais que nous leur sommes maintenant intrinsèquement liés. Je n’ai pas choisi de me lancer dans cette quête. Je m’y suis trouvée si profondément mêlée, qu’il m’a semblé… évident de suivre cette pelote et d’essayer d’en démêler les fils.

Cette quête fait partie de nous en un sens. Comme elle a fait partie de Kryniosias.

L’Horloger n’est finalement qu’une étape sur le chemin de la Vérité.

Le Temps une composante essentielle…

Mais en quel sens ?


'Le Temps est la clé d’une porte que l’on ne souhaite ouvrir.'
Les mots résonnent longuement en elle...
Elle murmure :

La Vérité peut-elle détruire le Mensonge ?


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Firydor

Le Julung 10 Dasawar 1509 à 23h44

 
Transcender le Mensonge d'une autre façon que par le Rêve ?
La Vérité peut-elle détruire le Mensonge ?
, répète Fyridor après un long moment de silence et de réflexion.

Ces deux phrases peuvent se compléter selon votre voie.
Et il semble évident qu'en un certain sens elles sont amenées à éclairer votre chemin.

Mais transcender n'est pas détruire.
Et notre but, à nous autres Hauts Rêvants, n'est ni l'un ni l'autre.
Ce monde est de mensonge, mais il est.
En cela, ce mensonge est une parcelle de vérité.
Nous ne nions pas l'existence du Mensonge. Nous l'acceptons comme une part de notre recherche.
Nous ne cherchons pas non plus à transcender le Mensonge.
Certains parmi nous l'oublient parfois, mais le but n'est pas de nous échapper ni de nous élever, même si ces termes simplifient bien souvent l'exposé de ce qu'est le Rêve.

Nous ne cherchons pas non plus la Vérité, telle que vous autre semblaient la désirer.

Nous sommes, et cela est déjà bien suffisant, en quête d'au delà.
Au delà de nos perceptions, au delà de nos exigences, au delà de nos préjugés.
Un bon Rêveur doit avoir cela à l'esprit en permanence, ou ses songes ne seront qu'emprunts de sa propre subjectivité.
Inutiles, donc...
Certains considèrent qu'en six siècles, notre quête n'a pas avancé, et que de fait elle est vouée à l'échec.
Qu'elle est en soi inutile.

C'est là une partie du Mensonge.
La quête ne vaut pas par ses résultats, mais par la façon dont on l'accomplit.
Car réussir à atteindre son but est souvent synonime d'échec cuisant si on s'attend à la réussite.

Ce que je veux vous exprimer, membres de la Confrérie des Six, c'est que rechercher Kryniosias sera une voie sans retour si cette quête est menée par défaut.
Elle le sera aussi si elle l'est sans but précis.
Le paradoxe est là tout comme dans notre propre quête.
Chercher sans vouloir, mais aussi rechercher en sachant vers quoi l'on tend, sans le désirer...

Paradoxal, mais juste.
La justesse est une façon de ne pas se noyer.
Prenez garde, vous et tous ceux qui se lancent à la poursuite de Kryniosias.

Ce que vous recherchez n'existe plus depuis bien longtemps...


 
Antiorn

Le Dhiwara 13 Dasawar 1509 à 18h22

 
Ils y sont. Le paradoxe des Haut-Rêvants. Car il y a toujours un paradoxe. C'est là la nature de la poussière. Et ce n'est qu'en contemplant ce paradoxe et en acceptant sa double nature que l'on peut en venir à connaître intimement. Certains confrères croient dur comme fer que la Perle Sombre détient le monopole du paradoxe. Grossière erreur. Ceux-là n'auraient qu'à cesser de se contempler le nombril pour regader vers l'autre. Regarder, puisque voir n’est jamais suffisant.

Chercher sans vouloir. Savoir vers quoi l'on tend sans désirer... La Quête comme fin en elle-même. L'Horloger et les Six comme des étapes vers la découverte de soi.

N'en avaient-ils pas déjà appris beaucoup sur leur nature de confrère ? N'en savaient-ils pas plus que la grande majorité des habitants d'Arameth ? Ne naviguaient-ils pas entre les visages secrets de la Confrérie ? Il a l'impression de naviguer dans le crâne malade d'un fou dont les multiples personnalités s'entredéchireraient non pour le contrôle du corps, mais pour la priorité de l'agenda.

Être confrère signifie être individu et multiple à la fois. Faire une distinction perméable entre les intérêts personnels et ceux de la faction. Vivre dans les secrets. Ceux qui font vivre la Confrérie des Six… et ceux qui la rongent de l’intérieur comme une gangrène.
Parler de liberté de pensées et de paroles alors que les Grands Chambellans veillent à tisser des prisons de mensonges et de non-dits.

Et pourtant il aime sa patrie. Il aime Arameth. Il aime ses habitants. Et il est confrère tout autant que les autres. Libre d’être un esclave, ouvertement secret, fils de chimères et de vents.

Ce que vous cherchez n’existe plus depuis longtemps.
Bien sûr. Mais ce qu’ils cherchent n’est autre qu’eux-même. Et ils comptaient se retrouver de l’autre côté du miroir…

Alors, selon vous. Que peut-il rester de ce qui n'est plus ? Qu'a pu devenir votre ami, en ces siècles d'absence ? Peut-il en subsister une parcelle ?

Soupir.

Et si jamais nous le trouvons... désirez-vous lui adresser un message ?



N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Firydor

Le Merakih 16 Dasawar 1509 à 00h16

 
De Kryniosias ne pourra subsister que la volonté pure, car elle seule le constituait à la toute fin.
Mais cette volonté aura subi des siècles d'évolution.
Je ne peux malheureusement vous en dire plus, car je n'en sais pas plus.
Tout ceci n'est que spéculation...

Sachez néanmoins que nul parmi les premiers sortis ne souhaitent revoir Kryniosias.
Nous ne souhaitons pas qu'il fut mort.
Nous souhaitons juste qu'il ne réapparaisse pas, et nous ne ferons rien en ce qui le concerne.
Mais nous ne vous empêcherons pas de le rechercher...

Ceci est le paradoxe que vous devrez porter : le trouver pourrait être l'évènement le plus important pour vous, mais pour nous il n'aura aucune portée, si ce n'est un souci de plus qu'il nous faudra envisager...


 
Antiorn

Le Vayang 18 Dasawar 1509 à 17h13

 
Ainsi donc Kryniosias, mort ou vif, disparu ou de retour, ne fait plus partie de la communauté des premiers-nés...

Tout plongé qu'il est dans ses pensées, la phrase échappe au Blanc Nelda.
Il doit se rendre à l'évidence. Il ne peut tout comprendre.
600 ans est pour lui un laps de temps incommensurable.
Inimaginable.
600 ans depuis la sortie des Pilliers.
600 ans que les premiers-nés foulent le sol de Syfaria.
400 ans depuis la disparition de l'Horloger.

Quels événements extraordinaires Firydor doit avoir vécu !
Qui est-il, lui, simple confrère, pour remettre en cause ses raisons ?
Rien.
Une goute d'eau face au Grand Lac.
Il ne comprend pas.
Il n'a pas à comprendre.
Certaines choses le dépassent. Voilà tout.

Antiorn se ressaisit. Son regard trouve celui du Maître des Rêves.

Votre attitude m'échappe. Je la respecterai néanmoins.

Un autre point, si vous le permettez... pourquoi avoir caché aux peuples de poussière la véritable nature des villes Nemens ? Vous devez savoir ceci: l'un des nôtres a dévoilé le résultat de ses recherches à ce sujet à différents membres de toutes les factions.


Regard vers Achara. Soupir.

Cela n'aurait pas été ma démarche. Mais c'en est une que je respecte. Je tenais à vous le dire afin que vous puissiez agir en harmonie avec les vôtres. Que cela ne mine pas leur confiance en vous.


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Firydor

Le Dhiwara 20 Dasawar 1509 à 23h38

 
Firydor parut peiné, car visiblement sa démarche n'était pas comprise.
Il se reprit, sachant qu'il fallait laisser du temps au temps...

Pour nos cités, je crois comprendre de quoi vous parlez.
C'est assez simple.
La question qui s'est posée, se pose et se posera est : doit-on révéler ce qui n'entrave en rien la vie et la survie ?
Doit-on dire à tout prix ce qui pourrait perturber, alors qu'en rien cela n'entache notre bien être ?

L'omission, je vous le concède, est importante par sa nature.
Mais au delà de celle-ci, les Nemens nous ont offert un foyer.
Ce foyer a des particularités, tout comme les Nemens, qui peuvent parfois nous dépasser.
Ce monde a cela de troublant que nous n'y sommes que de passage.
En soi, il nous est étranger.

Cette étrangeté doit-elle être dépassée, ou comprise ?

Pour ma part, je ne crois pas que notre salut passe par une meilleure acceptation de ce monde.
Nous devons juste arriver à nous en séparer...


 
Achara Edaregord

Le Merakih 27 Jangur 1510 à 14h23

 
Elle est restée muette le temps de ce dernier échange, laissant le soin à son Artiste de mener une discussion qui la plonge quant à elle dans un abîme de réflexion.

Plus que jamais elle ressent leur condition intrinsèque de Poussiéreux ; infimes grains de poussière ballottés par les souffles de la destinée. Qui sont-ils pour essayer d’appréhender cette Réalité d’une infinie complexité ? Rien. Mais ne dit-on pas qu’un simple grain de sable peut dévier le plus immuable des rouages ? Ils savaient, lorsqu’ils ont choisi d’arpenter cette route, qu’elle serait parsemée d’obstacles que certains qualifieront d’insurmontables, mais c’est en connaissance de cause qu’ils ont choisi de se confronter à l’Impossible. Jamais ils n’ont souhaité faire preuve de raison, bien au contraire, et c’est cette folie qui leur permet aujourd’hui, si ce n’est de comprendre, tout du moins d’appréhender le sens des mots du Maître des songes. Fyridor évoque en effet un chemin d’absolu quand ils ne sont encore qu’aux prémisses de la compréhension de leurs moi profonds. Deux grains de poussière face à un Premier-né arpentant depuis des siècles les deux mondes : le décalage est inéluctable, mais pas insurmontable.
C’est pourquoi ils sont venus ici : pour poursuivre le chemin qui les mène vers le Rêve et son apprentissage…

Elle en est là de ses pensées quand Antiorn évoque l’étrange capacité des villes nemens. La réponse du Maître des songes illustre cette fois parfaitement la conception du monde haut-rêvante. La lointaine pensée de Petrorius lui revient un instant en mémoire, en totale opposition avec la vision qu’évoque les dernières phrases de Fyridor… Elle sourit.

Son regard glisse finalement sur son artiste qui répond à sa question muette d’un léger hochement de tête. Elle prend alors la parole d’une voix douce, en s’inclinant avec respect.

Nous sommes encore de nouveaux-nés face à la nature des mondes… Merci pour le temps que vous avez bien voulu nous accorder : si nous avons encore des difficultés à appréhender votre compréhension des choses, je ne doute pas que notre échange nous permettra plus tard d’accéder à une vision plus… totale de ces Réalités dont nous nous sommes fait les arpenteurs…


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

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