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Le Luang 5 Otalir 1509 à 16h30
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 | Tout en marchant dans les rues de Korsyne en compagnie de Ligerio, Penthésilée répond d'abord à sa première question :
Pourquoi la boxe, enfin... le combat sans armes ? J'ai fait ce choix pour deux raisons :
La première tient à ma nature nelda. La proximité du loup se traduit, chez nous, par un physique particulier et une propension instinctive à l'usage des griffes et des crocs. Cette propension est un héritage des plus malsain, dont nous nous passerions volontiers : seules les bêtes fauves se battent ainsi, et les imiter serait sombrer dans la plus vile des régressions.
Aussi se transmet-on, entre veilleuses, un art martial qui s'appuie sur un usage offensif du corps, mais dénué de toute animalité. Cela ressemble à de la boxe, car nous fermons nos poings afin d'en neutraliser les griffes. Mais nous usons aussi de nos coudes, de nos genoux, de nos tibias et de nos pieds. L'objectif est de porter des coups, ou d'effectuer des prises sur nos adversaires afin de les sonner, de les assommer, de les immobiliser, voire... de les étrangler.
Le but ultime est de vaincre par un enchainement de gestes parfaits, c'est-à-dire... qui ne font pas couler le sang. Car ce dernier est la signature de l'attaque bestiale, sauvage ; il trahit la déchirure des chairs, il excite le fauve qui sommeille en nous ! Le Vargulfr aime le sang, il le réclame... Notre art du combat sans armes le met à la diète.
Un grand maître de cet art pourra terrasser son ennemi sans qu'une seule goutte de sang ne vienne souiller sa victoire. Cette victoire est moins celle du guerrier que du sage, tant elle traduit la domination de son âme sur son corps. La spiritualité prime sur la force.
Notre art martial est le contraire de la bagarre ; il est l'extension naturelle de notre philosophie de vie.
Plus d'esprit que de corps, désormais j'apprends. Cela prendra du temps et, le moment venu, mes gestes suivront un ordonnancement implacable. Fürm, Ahsha, Grior, Toh.
Petite pause
La seconde raison tient à mon statut : je ne puis désormais me permettre aucune faiblesse, ou plutôt... je dois anticiper n'importe quelle situation de danger, et pouvoir m'en dépêtrer ; c'est le minimum, quand on prétend ensuite vouloir en dépêtrer les autres.
Or, il y a deux situations possibles, en combat : celle où tu disposes de tes armes, ou de tes sortilèges, et celle où tu es laissée à toi-même...
Dans ce deuxième cas, il faut pourtant savoir se battre. Ce peut être une question de vie ou de mort. Je ne veux pas devenir une experte absolue en combat sans armes, mais je veux pouvoir me débrouiller, pour ne pas être démunie le moment venu.
Quelques temps plus tard, la Haut-Rêvante poursuit à l'auberge à propos de son Rêve :
Oh, j'ai peur que tu ne sois déçu... je ne me souviens pas de grand-chose ! Mais c'est de ma faute, je n'étais pas veillée, je voulais être seule pour cette première expérience. J'étais à la fois honteuse et fière, c'était un peu confus dans ma tête ; c'était un peu bizarre...
Toujours est-il que le peu que j'en sais, c'est ce qu'a bien voulu m'en dire Achille.
Achille, c'est mon mou. Il ne parle que dans ma tête et généralement, c'est pour dire des horreurs...
Achille dit : Je t'emmerde ! Panpan, tu t'interroges et l'avenir frémit
Tandis que l'horizon s'approche et s'assombrit
Un orage se prépare au sein du premier monde
Une tempête qui sera désastreuse... ou féconde ?
Déjà le tonnerre gronde pour qui voit au-delà
Du prodigieux mensonge engluant nos destins
De la fumisterie dont nous sommes les pantins
L'Armaggedon menace, il est même déjà là !
Le message de Kysall n'est qu'un signe tangible
Là où tout s'est joué dans le monde invisible
Désastreuse ou féconde... cela dépend de toi :
Impose ce que tu crois, face à ce que tu vois
Confrontée à l'horreur, à la désespérance,
Tu devras préférer l'esprit à la matière
Privilégier le Rêve à la vie ordinaire
Et chercher les réponses derrière les apparences
Mais n'oublies pas, Onÿr, ce que tu dois défendre :
Une cité n'est jamais qu'un gros amas de pierres
Sans âmes à l'intérieur, nous n'en avons que faire
Sans braises dans le foyer, je ne vois là que cendres
Dans les jours difficiles qui s'annoncent, mon amie,
Les sages et les Rêvants seront ton seul souci
Rien ne doit détourner ton coeur et ton esprit
Du rôle qui est le tien : les maintenir en vie.
Je m'explique mal le "Panpan" du début, seuls mes parents et mon vieux précepteur m'appelaient ainsi. Mais j'ai un autre souvenir étrange lié à ce Songe : mon équipement... me gênait. Mon armure ne m'allait plus, mon arc m'encombrait, c'était vraiment bizarre !
Pour le reste, j'ai pratiquement tout oublié.
C'est normal, je débute, seuls les sages aguerris savent s'extraire du deuxième monde sans s'y écorcher la mémoire.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Luang 5 Otalir 1509 à 17h04
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| *** Ligerio reste silencieux lorsqu'elle lui parle des techniques de combat des veilleuses. Il finit par reprendre la parole: ***
Je ne savais pas qu'il existait un tel art du combat parmi les combattants de l'Ordre, c'est très intéressant. Tu pourras me montrer quelques mouvements plus tard? Si tu veux je t'enseignerais comment faire porter les coups et quelques petites choses utiles.
Je considères l'escrime un peu comme ça une discipline de l'esprit et du corps.
*** Il hésite un peu avant de lui dire: ***
Tu sais en gardant les Quatre à l'esprit, je suis arrivé à battre Anandra. Je suis arrivé à égalité avec Nemès et Kaliss. Je pense que je ne suis pas loin de la maitrise complète du combat à l'épée.
D'ailleurs en parlant de sortilèges, en as tu obtenus. Tu peux user de la décrépitude je crois bien. Un ami à moi sait très bien copier ces sorts là.
*** Il est surpris par le rêve de la Nelda. Mais ses discussions avec les membres de l'Ordre l'ont laissé ouvert à toutes les possibilités du Deuxième Monde. Il lui répond: ***
On dit souvent que les rêves sont prémonitoires. Tu sais avant de venir à Korsyne la première fois, j'ai fait un rêve. J'avais le choix entre plusieurs voies. Mais je savais qu'il y avait autre chose, une autre possibilité que ce que le monde offre.
Le role de la Vigie est de défendre les rêvants, mais n'est il pas plus globalement de défendre l'Ordre, de défendre ceux qui suivent la Quête.
L'absence n'existe pas, peut-être as tu vus justement tes parents ou ton précepteur. Ils sont toujours vivants en toi à chaque moment, comme ils sont vivants dans les souvenirs de tous ceux qui les connaissent ou les ont connus.
En tout cas, au vue des évènements récents, ce Rêve prend tout son sens.
Laissez moi rêver rien qu'une fois . | |
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Le Luang 5 Otalir 1509 à 22h50
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| *** Ligerio semble enchanté de la question même si la situation est grave et il s'en rend compte. Son ton n'est nullement léger : ***
Hé bien, je compte me rendre à Jypska plus rapidement. En effet avec tout ce qui se passe en ce moment, ce n'est pas le meilleur moment pour qu'on m'enseigne la philosophie de l'Ordre. Je me sens un peu inutile, incapable de vous aider dans le Deuxième Monde. Mais je penserais à vous à chaque instant.
J'ai beaucoup appris ces derniers temps, sur l'onirisme. Tu sais que le précepteur de Arc'Rhon Sirilius est arrivé à parler directement à notre esprit alors qu'il n'est pas symbiosé. Il a utilisé des fils de la trame du Songe pour nous parler. C'était la première fois que cela réussissait sur des non-Neldas. Apparemment tout ce qui est tourné vers le Deuxième monde, vers la Haut-Dome, sont reliés par ces fils. C'est ce qu'utilisent les voleurs de songe.
Je pense qu'il y a donc une communication entre le Premier et le Deuxième Monde. Mais imagine que le Pkhen S'sarkh ait pu envoyer de ses agents dans le Deuxième Monde, je me demande s'il n'y a pas des passages qui relient le Deuxième et le Premier Monde. Des portes qui permettent d'y entrer sans user de la transe.
Je me demande si le pont des songes n'est pas un tel endroit, nous avions comme projet d'y aller avec Liam. Il nous faudra juste nous hâter, cela pourrait apporter de nombreuses réponses à des questions, voir de vous donner un coup de pouce dans le Deuxième Monde.
Qu'en penses-tu?
*** Le tydale sort un petit paquet de sa poche: ***
En parlant du Deuxième monde, j'ai un cadeau pour toi. Je l'ai acheté en pensant à toi. On m'a dis que cela augmentait la puissance de la transe d'un rêvant. Et tu m'as donné le tien, la première fois où tu m'as quitté... Je ne voudrais pas que cela te manque le moment venus.
*** Ligerio avait fait de son mieux pour cacher son inquiétude, il était mort de trouille. Penthésilée allait au devant d'un danger inconnu, quelque chose de complètement étranger au tydale. Dans le paquet, la Nelda pouvait y voir un capteur de rêve de bonne facture. ***
Laissez moi rêver rien qu'une fois . | |
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Le Matal 6 Otalir 1509 à 19h46
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| Wahouu ! Il est superbe !
Penthésilée tourne le dos à Ligerio pour qu'il attache le pendentif à son cou ; elle s'appuie peut-être un peu trop sur le mâle tandis qu'il opère, et sa queue s'attarde sans doute anormalement longtemps autour de ses reins, mais l'opération s'exécute sans qu'on puisse crier à l'attentat à la pudeur. Ceci fait, elle ajoute :
Celui-ci ne finira pas sa vie dans le Puits des Vanités... il y a de la vérité dans son pouvoir, puisqu'il fait le lien entre les mondes et favorise la transe.
Puis elle reprend le fil de la conversation :
Des fils reliant Syfaria au Rêve..? Je ne sais pas, il faudrait demander à un spécialiste de ces choses ; en fait, je suis relativement inculte en matière de Rêve, comme bien des Veilleuses. Notre éducation n'est pas forcément très poussée sur cette question, car notre tâche est plus de protéger les Rêvants que de les accompagner. Mon Précepteur m'a bien éduquée, mais il a essentiellement orienté ses enseignements sur l'histoire et la philosophie de l'Ordre. Les aspects, disons... pratiques... de la Transe n'étaient pas traités. Il faut dire que je n'imaginais pas un instant m'y plonger moi-même...
Pour ce qui est de la présence d'agents du P'khen S'sarkh dans le deuxième monde, elle n'aurait rien d'extraordinaire : j'y ai bien croisé un ancien Rêvant, Karash, que la rancœur et la haine des siens avaient perverti au point d'en faire un quasi-séide du Maudit. Et puis, s'il semble bien établi que les rejetons sont des êtres cruels et malintentionnés, cela ne les exclu nullement d'une perception de la Vérité. Et comment l'atteindre, si ce n'est par l'Onirisme ?
Souriant à l'évocation d'un mission conjointe Ligerio / Liam, la jeune nelda conclut :
Aller explorer le pont des songes est une idée séduisante. Je suis heureuse de savoir Liam escorté d'une fine lame, et je suis sûre que vous apprendrez beaucoup au contact l'un de l'autre. Il ne cesse de m'étonner, et toujours en bien.
Et puis, le pont des songes : un nom pareil, ça laisse songeur... ou ça fait rêver !
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Matal 6 Otalir 1509 à 23h43
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| Des éclaireurs ?
L'idée amuse Penthésilée, qui s'imagine une horde de veilleuses en furie courant tous azimuts dans les tourbillons et vortex insondables du deuxième monde :
Il n'y a pas à proprement parler "d'éclaireurs" parmi les sages arpenteurs Rêvants ; mais il y a des clairvoyants, plus à même que d'autres d'éviter les pièges, de ne pas se perdre et de trouver les bonnes sentes. Sirilius, l'un des nôtres, est déjà entré en Transe : nul doute qu'il saura trouver ce que je ne ferais qu'esquisser, si j'avançais seule.
Je serai veillée par Mraw'La. Nulle autre guerrière ne pourrait être plus attentive, plus à même de déceler mes soucis. C'est un être à part, une rhona trop discrète et particulière pour vraiment faire parler d'elle. Mais moi, je ne suis pas passée à ses cotés sans la remarquer. Mrawou... elle se mérite !
Non sans solennité, la Vigie poursuit :
Evidemment, j'apprécie que tu souhaites venir me voir pendant ma transe. Mais je ne puis ni t'inviter, ni te chasser (si cette idée saugrenue me venait) : seule Mraw'la décide. Ma veilleuse est responsable de moi, tout le temps du voyage onirique. C'est avec elle qu'il te faudra... négocier !
Sinon, tu ne m'as pas dit pourquoi tu souhaitais aller à Jypska : tu as quelque chose de spécial à y faire ? Liam t'a donné rendez-vous là-bas pour partir en direction du pont des songes ? Je ne sais même pas où se situe cet édifice, si c'en est un ; j'ai bien l'impression que personne, parmi ma faction, n'est jamais allé là-bas.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Merakih 7 Otalir 1509 à 17h22
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| Lorsque Ligerio propose d'entrer en contact avec Achille, ce dernier disparait aussitôt avec un drôle de rictus ; la réponse de la rhona est vive et immédiate :
Non ! Euh, je veux dire... il n'est pas très bavard, tu sais. En fait, il ne te répondrait pas...
Achille dit :Ou pire : je répondrais...
J'aimerais bien quand même... te savoir là. En tout cas, une chose est sûre : nous ne pourrons pas communiquer par télépathie. Ce genre d'exploit est réservé aux très grands, pour ne pas dire exclusivement au Rhéteur Dunthil. Tu penses bien que si les arpenteurs du Rêve pouvaient témoigner en direct de ce qu'ils ressentent et vivent, les veilleuses et les transcripteurs deviendraient quelque peu inutiles !
Non, hélas, on ne peut se parler d'un monde à l'autre.
Mais quoi de plus normal ? La vérité n'est pas soluble dans le mensonge.
J'ai vaguement entendu parler du pont des brumes, oui. Mais juste assez pour savoir qu'un tel lieu existe, sans plus. Je me disais aussi, le pont des songes... aurait davantage titillé notre curiosité ! Mes pairs ne sont pas de grands explorateurs de Syfaria, ils ont bien assez à faire avec la Transe : tant de mondes à visiter, à découvrir... tant de mystères à expliciter, et tant de spiritualité...
Comment pourrions-nous vouloir perdre notre temps à parcourir la terre, quand le ciel nous tend les bras dès lors que nous fermons les yeux ?
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Merakih 7 Otalir 1509 à 17h51
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| *** Ligerio regarde le mou disparaitre avec un petit sourire, il croit savoir que les relations entre Penthé et son mou ne sont pas au beau fixe. Enfin c'est surtout une sale teigne. ***
Glay dit :
Tout mon contraire en somme. En plus tu as vus ça, pas de bouche, ni de cheveux, un mou bas de gamme. Pour une Vigie, elle pourrait se payer un mou un peu plus classe. ***
Le tydale ignore le commentaire de son mou, son regard ne quitte pas la blanche neldame assise en face de lui. Il lui prend délicatement la main:
***
Ne t'en fais pas, je serais toujours à tes cotés. Tu le sais bien et puis il n'y a pas de raison que ça se passe mal avec Mraw'La. Elle est très gentille d'après ce que j'ai pus en voir.
C'est logique qu'on ne puisse pas communiquer avec un rêvant en transe, mais ça veut dire que tu seras aussi coupée du consensus de l'Ordre?
***
Lentement le tydale retire discrètement l'un de ses chaussures, il n'y a quasiment personnes aux alentours aucun risque d'être vus. Il avance son pied jusqu'à celui de la nelda et entreprend de le caresser du bout des orteils. ***
Il est vrai que le Deuxième Monde doit être quelque chose de fantastique à contempler et à explorer. Mais il ne faut pas non plus mettre de coté le Premier Monde, on pourrait passer à coté de précieux indices pour la Quête, même s'il faut se méfier de ses charmes les plus tentateurs. C'est en partie pour cela que je suis intéressé par la voie d'Asha et plus particulièrement celle de Demystificateur.
J'en ai parlé avec Liam et Shaam'aresh, cela s'est révélé très intéressant. Rhon Shaam'aresh m'a posé une question très intriguante. Qu'est ce qui fait que l'on soit Nelda ou Tydale? Au final ces distinctions ne sont elles pas illusoires? Ne proviennent elles pas de nos sens abusés par le Mensonge? Nous ne sommes certes pas originaires du Premier Monde, gouttes de Vérité dans un océan de Mensonge. Les nelda,s les tydales, les tchaës sont différents à l'extérieur, mais au final c'est l'âme qui compte plus que l'apparence. Et je peux te dire que tu es la plus belle âme que j'ai jamais contemplé.
***
Ligerio dévore des yeux son épouse, il en a même oublié le plateau de pâtisserie qui décidément n'est pas honoré comme il se doit. ***
Laissez moi rêver rien qu'une fois . | |
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Le Julung 8 Otalir 1509 à 01h30
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| Penthésilée rebondit sur la dernière phrase de Ligerio, pour masquer sa gêne d'être ainsi complimentée :
Tu dis ça parce que tu m'aimes...
Ca ne vaut pas, précise-t-elle d'un air taquin. Et si j'étais la fille ainée du P'kehan s'sarkh ?
Jouant des jambes et glissant sa main sous la table, elle attrape le pied du tydale et le coince délicatement contre son bas-ventre, la queue roulée autour de sa cheville. Puis, commençant à lui masser la voute plantaire, elle reprend d'une voix plus chaude comme si de rien n'était :
Shaam'aresh a raison sur un point : la matière n'est pas grand-chose face aux pouvoirs de l'esprit. Il se pourrait bien qu'une âme nelda soit, in fine, indistinguable d'une âme tydale. Il se pourrait qu'au-delà de nos cultures respectives, le terreau spirituel soit le même chez les uns et chez les autres. Il se pourrait qu'on y récolte les mêmes fruits, si l'on y semait les mêmes graines...
Et de fait, les rares tydales que notre société a recueillis se sont adaptés à notre culture, à notre philosophie, à notre foi dans les Quatre et dans la Quête séculaire des sages.
Mais Shaam'aresh a tort sur deux points, et non des moindres :
Seuls les neldas peuvent arpenter le deuxième monde.
Seuls les neldas ont une bête tapie en leur coeur.
Le massage s'intensifie, non sans phases s'apparentant à du chatouillement.
Les membres de l'Ordre non-neldas, quelle que soit leur assiduité, ne Rêvent pas. Ils ont beau essayer, persister, user de Carnine ou de sorcellerie... rien n'y fait. Au mieux, ils sont aspirés, transportés par une Transe déjà ouverte par quelque puissant Voleur de Songe, puissant comme l'étaient Karash, comme le sont Maliss, Artinoë peut-être...
Mais livrés à eux-mêmes, ils n'arpentent que le monde du mensonge.
Les gestes de la nelda se font langoureux, caressants, aimants. Des doigts fins se glissent entre des orteils.
Le Vargulfr attend.
Hérité de nos origines bestiales, monstre brutal de chair et de sang, il guette nos faiblesses, nos doutes et nos faillites. Il attend le faux-pas pour mieux nous supplanter, et reprendre le contrôle. Celui qu'il a perdu lorsque nous nous sommes civilisés.
Ce ne sont ni nos poils, ni nos crocs, ni nos queues qui font de nous ce que nous sommes.
Ce sont le Rêve et le Vargulfr.
Sur une dernière taquinerie, un dernier trait de griffe lentement pointillé en délicieuse torture tout le long de la plante du pied, la Haut-Rêvante libère le membre capturé.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Julung 8 Otalir 1509 à 08h02
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| *** Ligerio est tiraillé entre l'intérêt qu'il porte à la conversation et les frémissements qui remontent de son pied. Terrible supplice que voilà, mais il va lui falloir l'endurer. C'est d'une voix maitrisé qu'il lui répond: ***
Dans ce cas-là, j'éviterais juste de rencontrer beau-papa.
*** Il hoche la tête aux paroles de son amante avant de lui répondre: ***
En es tu aussi certaine? Que jamais un tydale ne pourra Rêver? Les Neldas ont une affinité avec le Deuxième Monde, c'est manifeste. Mais n'est il pas possible pour un non-nelda d'accomplir une transe? C'est sans doute extrêmement difficile. J'aimerais essayer, car même l'échec est porteur d'apprentissage. Sauf si tu penses que mes essais pourraient être dommageable pour le Deuxième Monde, dans ce cas je ne ferais rien. Et bien sur je ne le ferais pas maintenant, j'attendrais votre retour.
Et en ce qui concerne la bête...
***
Le tydale doit se concentrer sur la discussion, les massages sont vraiment très plaisants. Il en frissonne très légèrement, tel est pris qui croyait prendre. Il reprend le regard toujours autant emplis de désir: ***
Je dirais que nous avons tous nos démons intérieurs et ils prennent des formes multiples. Certains sont plus présents que d'autres et je ne peux imaginer ce que c'est qu'avoir à combattre le Vargulfr. Je t'avoue que voir la rage de Tomasin m'a profondément marqué. Mais tu ne peux nier que depuis leur arrivée dans le Premier Monde, les Neldas ont évolués, ils ont appris.
***
Ligerio doit réprimer un « Oh ! » de surprise lors de la dernière manœuvre de sa promise et il laisse échapper un soupire. Il descend lentement son pied le long de la jambe de la Nelda avant de lui répondre: ***
Hum et si nous continuons cette discussion dans ma chambre? Il pourrait y avoir des développements intéressants.
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Le Julung 8 Otalir 1509 à 09h54
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| Tandis que Penthésilée sourit à la dernière question de Ligerio, quelques pâtisseries finissent leur vie dans la bouche des deux convives. La jeune nelda mange sans trop y penser, plus par devoir - on ne part pas en transe sans être reposée et correctement sustentée - que par véritable appétit. La seule chose qu'elle dévore des yeux est son beau mâle. Et pourtant...
Et pourtant, la frustration l'emporte sur l'envie. Car elle doit désormais entrer dans une phase de préparation, de concentration sereine. Elle va partir pour le deuxième monde ce soir même, dès ce repas conclu. Si elle se donne à son époux, et vice versa, elle manquera son rendez-vous et Mraw'La l'attend. Surtout, elle basculera entièrement dans les affres séduisantes du mensonge physique, aussi attrayant soit-il, au moment précis où il lui faut s'en détourner.
La proposition du mâle eut convaincu sans discussion la Griffe qu'elle était, il y a encore quelques semaines ; une Griffe amoureuse et qui ne demande que ça. Mais la Vigie du Rêve ne transige sur rien : on ne s'engage pas dans une étreinte juste avant d'entrer en transe ! L'amoureuse est dominée par le Pilier.
Je ne peux pas, dit-elle avec une moue douce et douloureuse.
Tu vas m'ancrer dans Syfaria comme un harpon planté droit dans mon corps, alors même que je dois libérer mon âme de ce qui l'entrave. Alors même que j'ai déjà commencé mon voyage. Ma résolution faillira entre tes bras. Venir avec toi serait merveilleusement plaisant... et terriblement imprudent. Je ne puis basculer de l'amour au Rêve d'un simple claquement de doigt...
Il est l'heure, déjà. La Veilleuse doit se lever. Elle hésite, puis s'exécute avec un long soupir.
Pour son promis qui se dresse à son tour, elle murmure :
Je sens ton regard sur moi.
Ton désir m'enveloppe comme un grand manteau.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Vayang 9 Otalir 1509 à 13h19
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| Les mots de Ligerio font frissonner la jeune nelda, qui tourne sournoisement la tête pour que de son oreille chatouillée, la bouche du mâle glisse contre la sienne. Elle lui offre alors un long baiser, tandis que ses mains parcourent la nuque et le dos de son partenaire, avant de s'en détacher lentement et de s'éloigner, silencieuse, vers le coeur de la Shamesha.
Penthésilée ne se retourne pas, en effet : ce serait tout simplement cruel, un peu plus douloureux que nécessaire. Elle sait, elle sent que son époux la regarde s'éloigner, la queue balancée comme un grand pendule, sinueuse et rythmée en alternance, amplifiant le mouvements de ses reins.
Puis elle disparait dans les lumières colorées des lampions, particulièrement nombreux ce soir : nombre de Hauts-Rêvants sont en partance pour d'autres mondes, à la recherche de leur Rhéteur perdu.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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