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Sujet lancé par Penthésilée
Le 23-06-1509 à 09h29
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Posté par Arzela,
Le 10-07-1509 à 14h21
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Penthésilée

Le Matal 23 Jayar 1509 à 09h29

 
Penthésilée entre en mairie, saluant d'un grand sourire et d'une frappe amicale du poitrail toutes les veilleuses et sentinelles qu'elle croise dans son parcours.

Evidemment, ces dernières jurent leurs quatre dieux que l'Onÿr leur a manqué ; difficile de savoir si la politesse et la hiérarchie prévalent sur leur sincérité, telle est la triste rançon de son maigre pouvoir... la vérité, c'est que l'inverse est pertinent : la jeune nelda ressent une émotion profonde, initiée par les retrouvailles avec Mraw'La, et qui ne s'éteint plus.

Pourtant, elle doit garder la tête froide. Ce qui l'amène en mairie est l'aboutissement cohérent d'une succession de voyages qui ont permis à la veilleuse de construire des relations parfois amicales, parfois fructueuses, avec nombre de non-Rêvants membres de factions lointaines. Ces relations lui ont même permis d'initier, il y a peu, une tentative de rapprochement entre Korsyne et Utrynia, la moins fermée des deux cités matriarcales. Une tentative encore fragile, qui n'engage guère que son auteure et les personnes qui, coté Déclin, voient sa démarche avec bienveillance.

Pour aller plus loin, Penthésilée a besoin de temps. La Durée, toujours, pilote et rythme ce que le monde construit et déconstruit.
Mais le temps ne fait pas tout à l'affaire. L'Onÿr, restreinte à sa charge sécuritaire, manque cruellement de légitimité.

C'est de ce point dont elle vient discuter.


Héjia, dit-elle à l'employée de mairie - une petite nouvelle, tiens - qui l'accueille au guichet du grand hall d'entrée.

Je viens demander audience auprès de la Lumière du Rêve Firydor.
Pouvez-vous lui transmettre ma requête ?
Je vais attendre ici.


Puis elle retourne s'asseoir au milieu des rares personnes qui, dès mâtines, viennent visiter l'administration.

Penthésilée
Vigie du Rêve
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Firydor

Le Vayang 26 Jayar 1509 à 23h31

 
Après quelques minutes, c'est Firydor lui même qui vient à la rencontre de la Nelda.
Il sourit, et semble sincèrement heureux de revoir l'Onÿr dans sa cité.
Après un bref échange dans le hall, il l'entraine vers l'une des salles enfumées où le Maitre des Songes est connu pour s'assoupir.

Il lui désigne sans plus d'étiquette quelques coussins, et se vautre lui même dans un amoncèlement qui prête à la rêverie, même éveillé.
Le confort règne plus que tout.

Il laisse passer quelques secondes, et attaque bille en tête, sans aucun préambule.

L'absence...
Que nous enseignent les Quatre sur l'absence, Onÿr Penthésilée ?


 
Penthésilée

Le Sukra 27 Jayar 1509 à 09h09

 
Chez la Lumière du Rêve, la nonchalance du corps est particulièrement trompeuse. C'est une duperie élevée au rang d'art, un cas d'école, qui rend d'autant plus saillante sa vivacité d'esprit. Firydor n'est pas un gros poussah bas du front avachi dans son tas de coussins, c'est un philosophe qui professe ceci : ce que vous voyez - un vieux nelda paresseux - est une image.

Une image parfaitement réelle et donc, absolument contraire à la vérité.

Penthésilée est très loin de ce degré de maîtrise et de sagesse. Elle ne peut pas dissocier, ou très mal, ce qu'elle montre de ce qu'elle dit. Et quand bien même y parvient-elle, à force de volonté, que sa queue fantasque - son alter ego animal - ruine aussitôt ses velléités érudites. D'ailleurs, si la veilleuse demeure un instant coite et tranquille, son appendice caudal fait des bonds en tous sens comme un oiseau en cage désireux de prendre la poudre d'escampette.

La jeune nelda retire son casque et s'assied confortablement, profitant de la manoeuvre pour coincer son membre sous un lourd pouf en cuir : il devrait se faire oublier, ainsi tenu. Une demi-seconde, l'Onÿr s'est demandée si Firydor souhaitait Rêver sous sa garde : ça n'aurait rien eu d'incongru, à défaut d'être attendu. Mais non, il entame le dialogue... sur les chapeaux de roue !

L'absence. La question est tout sauf anodine. Fort charitablement, la Lumière du Rêve ne pousse pas son avantage trop loin, et ne questionne pas la femelle sur ce qu'elle pense, elle, de l'absence. Non... il l'interroge sur ce qu'en disent les Quatre. Bien sûr, le sujet choisi peut laisser croire que s'y cache une allusion cruelle, en forme de léger reproche : si quelqu'un(e) a bien été absent(e) de son poste traditionnel, ces derniers temps, c'est précisément Penthésilée ! A ce stade, difficile de mesurer ce que le guide suprême de l'Ordre a en tête. La jeune nelda opte pour une réponse d'élève, plutôt orthodoxe, non sans bénir silencieusement feu son précepteur :


Fürm nous dit que l'absence est une noble perception, un acquis supérieur de la conscience des êtres et des choses, qui nous les fait voir alors même qu'ils ne sont pas à portée de nos sens. Une perception que les animaux ignorent. Chez eux, l'oubli l'efface très vite et avec lui, disparait la souffrance née de l'absence. La nature a horreur du vide, au point qu'elle l'efface quand elle ne peut le combler.

Grior fait de l'absence, principe passif, quelque chose de dynamique. Il nourrit la douleur de l'absence, puisque Fürm nous octroie la mémoire. Et cette douleur nous incite au mouvement, à l'action. Par la grâce de la Durée, la souffrance croit. Par la grâce de Fürm, l'oubli nous est refusé. Alors, à mesure que le temps passe, nous affrontons l'absence avec plus de sagesse et de pugnacité. Jusqu'à la vaincre, d'une façon ou d'une autre.

Ahsha oriente cet affrontement, ce combat. Il pourrait nous affaiblir, nous corrompre, nous inciter à l'indifférence ou à l'oubli. Le divin principe de l'apprentissage nous polarise, nous pousse de l'avant. Il nous dit que combattre l'absence est un moyen, une voie, une philosophie de vie en soi. Il nous dit que l'absence nous fait grandir, qu'elle soit résolue ou non. Il nous dit enfin que la seule vérité attenante à l'absence, c'est la manière dont nous allons l'utiliser pour nous élever au-dessus de notre condition.

Mais comme souvent, si Fürm, Grior, Ahsha nous guident et nous orientent, in fine... ils ne font qu'éclairer le chemin qui même au grand Toh.
Toh éclaire l'absence de sa lumière crue, jusqu'à réduire sa part d'ombre à la portion congrue.
Il nous dit finalement que l'absence n'existe pas, qu'elle n'est qu'une illusion : car comment pourrait-on définir un concept sur des fondations qui se nient elles-mêmes ? Nier une présence, c'est la percevoir et donc... c'est nier son absence. Ainsi, au terme d'un long combat de notre conscience, nous devenons lucides et nous apprivoisons la douleur.

Toh n'apparaît qu'au bout de cet édifiant parcours, et souffle à nos âmes éplorées par l'éprouvant et cruel cheminement :

L'absence n'est pas. Le père disparu vit dans ton coeur.


Penthésilée
Vigie du Rêve
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Firydor

Le Dhiwara 28 Jayar 1509 à 23h24

 
Firydor penche légèrement la tête de côté après avoir écouté Penthésilée, l'observant avec une acuité redoutable.
Il reprend la parole après quelques secondes.

L'absence n'est pas.
Et pourtant elle est pour nos sens. Pour nos sentiments. Pour notre élévation ou notre chute.
Pour nos joies et nos peines.
Vos peines...

Le Rêveur est souvent confronté à cette dure réalité qu'aucun précepte ni aucun enseignement ne préparent à affronter.
Paradoxe entre un monde si cru et une Vérité parfois si abstraite.
Les enseignements jalonnent le chemin, à l'aller comme à l'inévitable retour.

L'absence...
Notre peuple vit dans l'absence.
De soi. De réponse. Parfois d'espoir.

Êtes vous l'une de ces absences, Penthésilée ?


 
Penthésilée

Le Luang 29 Jayar 1509 à 09h02

 
Oui, le peuple du Haut-Rêve vit dans l'absence...
L'absence, source de souffrance mais surtout, de désir. Est absent ce qui manque. Manque ce qui est attendu, espéré, quêté.
Et lorsqu'on ignore ce que l'absence cache... on l'imagine.
L'absence est dynamique. Firydor le sait, lui qui, en matière d'Être présent sans l'être, se pose là...


Je m'y efforce, ô Lumière du Rêve.

Je distille mes présences et mes absences à l'aune unique de leur utilité pour autrui.
Même si je sais qu'elles m'édifient.
Trop de présence étouffe, tue dans l'œuf l'épanouissement de nos plus jeunes et, sous prétexte de les aider, nie en vérité leur liberté et leur droit fondamental... à l'erreur.
Trop d'absence confine à l'abandon. Et il n'est pire crime que d'abandonner celle ou celui qui vous fait cadeau de sa confiance.

Telle est ma façon d'être une présence, et une absence.
Alternée.
Cyclique.
Equilibrée, dirait mon preux ami Veiglaigh.


Et si nous parlions de ce qui m'amène, lumineux grigou ?

Penthésilée
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Firydor

Le Merakih 1 Julantir 1509 à 00h31

 
Firydor cessa de sourire, et sembla lui même absent quelques secondes.
Puis il reprit la parole avec un ton grave.
Équilibrée...
Rare est ce qui l'est. Mais je suis d'accord, vous l'êtes.
Et cela est précieux.
C'est pour cette raison que je n'aime pas vous savoir perturbée...

Nos derniers échanges télépathiques m'ont laissé dubitatif.
Je veux tenter d'ôter tout déséquilibre dans votre approche de ce qui se passe ici et ailleurs.

Laissez moi vous conter une courte histoire...



A la sortie des piliers, les Neldas n'étaient rien.
Des bêtes assoiffées de violence pour la plupart.
Certains savaient se contrôler, mais ils étaient minoritaires.

L'histoire officielle énonce que ce fut la découverte de la Carnine qui sauva notre race.
Ce qui est vrai.
Mais l'histoire officielle ne peut raconter ce qui se passa dans les premières heures, dans les premières minutes ou secondes.
La nudité. La peur. L'incompréhension.
Et la rage des créatures qui nous attaquèrent. Les rejetons...

Aux alentours des dix piliers qui s'étaient activés, nous n'étions à chaque fois pas plus de six cent.
Quelques uns moururent.
Mais peu si l'on compare notre dénuement à nos adversaires d'alors.
Pourquoi nous ont-ils attaqué ?
Je ne saurai le dire.
Peut être est-ce nous qui avons provoqué en tous ces endroits le conflit.
Ils devaient eux aussi être surpris. Être sur le qui-vive.
Les piliers ont toujours fait peur aux rejetons, ce sont les armes ultimes des ancêtres des Nemens après tout.
Et nous en sortions...

Ce que je peux dire, c'est que nous avons été trois à sortir du même pilier, et à être aujourd'hui encore vivants.
Moi, Sardoryanne et Kryniosias.

Voilà pourquoi vous nous avez vu ensembles dans votre vision.
Car lui et moi sommes liés plus que l'histoire ne le conte.
Nous avons vécu ensemble les premiers instants.
Les premières minutes...


Pourquoi n'avez vous pas vu Sardoryanne ?
Car dans cette vision, vous étiez cette troisième Nelda, Penthésilée.
Je vous l'ai dit, il n'y a nul mystère.
Votre vision n'est pas liée à un lieu.
Elle est liée à vous même, Penthésilée.

Dans votre quête, vous avez attirée mon attention.
Je vous trouve certaines des qualités que je trouvais naguère chez Sardoryanne.
Et je ressens un lien très fort entre vous et la Confrérie des Six.
Un lien puissant.

Je vous ai influencée dans mes songes, Penthésilée, voilà tout le mystère...


Il laisse passer un court silence.

Pourquoi veniez vous me voir, Penthésilée, si ce n'est pour des questions de relations entre les êtres ?



 
Penthésilée

Le Merakih 1 Julantir 1509 à 02h10

 
Penthésilée écoute la parole du Haut Nelda avec des yeux de plus en plus ronds, jusqu'à ce que le vert émeraude de ces derniers se dilate à lui manger le visage. Ce que dit Firydor n'est pas surprenant, le mot est trop faible : c'est, à tous points de vue, complètement inattendu !

L'information de fond est, au premier abord, sans rapport aucun avec sa mission. Elle réfère à un évènement très ancien, la sortie de pilier commune aux trois premiers neldas de l'histoire. Que Sardoryanne soit exclue de la vision - au profit de l'Onÿr - met cette dernière plutôt mal à l'aise : par quelle gymnastique mentale, forcément tordue, s'est-elle imaginée dans la peau de la maîtresse équilibrienne ? Qu'est-ce qu'une telle transposition peut bien cacher ? Voilà qui inquiète sérieusement la Sentinelle, d'autant qu'elle se voit mal avouer à ses deux compères d'aventure... que sa vision la met en scène en lieu et place de leur guide ! La blanche nelda doute que cette interprétation leur plaise. Mais peut-elle la leur taire ?

Puis vient la remarque sur la Confrérie. La queue de Penthésilée échappe à sa gangue de coussins et entreprend d'étrangler méthodiquement un gros pouf tandis que sa propriétaire se plonge dans la contemplation assidue de ses orteils. Les confrères... un sujet hautement sensible. Un peu trop pour une jeune fille, nelda ou pas...

Firydor conclut, puis tend la perche à la veilleuse. Ainsi, cette histoire de vision n'est donc... que cela ? Une réminiscence, influencée par le maître ?
Soit...

Soudain, alors qu'elle reprend son quant-à-soit et répond à la question posée, quelque chose, distillé mine de rien dans le discours tenu, accroche l'esprit de l'Onÿr. C'est peut-être un point de détail, une formule en l'air ?
Ou pas...


Je... vous remercie infiniment pour cet éclairage édifiant, Ô Lumière du Rêve.
Concernant ce qui m'amène à vous, et bien...
Je souhaite vous parler de la sécurité de l'Etoile, d'une part.
De projets de partenariat avec d'autres cités poussiéreuses, d'autre part.


Elle ajoute, avec un sourire timide :

J'ai bien peur que ces deux sujets ne reviennent, in fine, à parler de relations entre les êtres.

Un ange passe, puis elle soupire enfin ce qui la taraude :

Pardonnez-moi, mais...
Ne venez-vous pas de me dire... que... Kryniosias est toujours vivant ?


Penthésilée
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Firydor

Le Julung 2 Julantir 1509 à 23h15

 
Firydor contemple la queue de Penthésilée tout en répondant.
"Disparu" ne signifie rien pour nous autres Rêvants.
Un être tel que lui a forcément transcendé ce que nous appelons vie et mort, comme nous autre Rêvants transcendons ce que la plupart nomme le réel.
En ce sens, il n'y a alors aucun doute, il est empli de vie...


Je vous écoute, Onÿr de Korsyne, sur les sujets qui vous amènent.


 
Penthésilée

Le Vayang 3 Julantir 1509 à 09h02

 
Bien sûr. L'allusion est symbolique. Qui mieux que Firydor peut estimer la valeur de la vie, de la mort et du rêve ? Si Kryniosias n'était plus, la Lumière et la Shaïm en seraient les premiers touchés ; leur sentiment ne peut être remis en question par une jeune nelda.

Le retour aux sujets triviaux de sa demande d'audience remet Penthésilée d'aplomb. Pour le coup, elle va aborder des points on ne peut plus terre à terre, dans des domaines qui sont certes moins nobles que les précédents, mais des plus familiers à la guerrière - de formation - qu'elle est... et à la diplomate - de fait - qu'elle devient.

Prenant son temps pour s'expliquer avec le plus de clarté possible, non sans foudroyer du regard son appendice caudal aux mouvements impatients et nerveux, elle pose sa respiration et se lance :


Avec votre permission, le premier point que je souhaite aborder concerne les défenses de l'Etoile.

Les Quatre me sont témoins que j'aimerais voir nos remparts dépérir et tomber en ruines sans avoir jamais vraiment eu l'occasion de servir, mais le monde du mensonge satisfait rarement nos voeux pieux. Aussi, considérant qu'ils sont indispensables, me dois-je d'assurer leur efficacité pleine et entière.

Il n'y a pas de tour sur les murailles situées entre les portes ouest et Sud. L'accès aux remparts est très malaisé, et la ronde ne peut se faire correctement sur toute la ville.

Je suggère donc de déplacer la tour des portes Sud de sorte à ce qu'elle change de coté, et vienne flanquer cette muraille « aveugle » dans nos défenses. Tout en restant affectée aux portes Sud, elle nous donnera accès au chemin de ronde. Les remparts situés entre les portes Sud et Est sont déjà nantis de la tour des portes Est, et ne seront par conséquent pas dépourvus de point d'entrée.

Il y a deux tours à l'aplomb des faubourgs, là où une seule positionnée à l'angle des remparts (en face de la Groytt fumée) suffirait.

Aussi, je propose de déplacer l'une de ces tours à l'angle susdit, et l'autre nettement plus au Nord : à la pointe la plus au Nord de nos fortifications, en fait, sur un secteur aujourd'hui mal couvert par nos veilles.

Ces modifications impliquent des travaux, mais j'ai fait en sorte qu'ils n'imposent pas de rechercher des matériaux nouveaux, ni d'exploiter des carrières à l'accès dangereux : le nombre de tours ne changera pas, et les moellons de l'une pourront donc être employés pour ériger l'autre. Bien sûr, j'aimerais que nous disposions de davantage de tours, mais j'ai peur que cela ne soit guère réaliste, et ne mette en danger celles et ceux qui devraient aller chercher de quoi les construire à l'extérieur de l'enceinte protégée de la ville.

Le bilan, du point de vue des pierres, est finalement nul. Mais je le pense positif sur le plan défensif.

Le second point qui m'amène à vous concerne la politique étrangère du Haut-Rêve.

Je ne suis pas diplomate, mais mes nombreux voyages - un peu trop nombreux, peut-être - m'ont permis de percevoir quelques... grands principes actuellement à l'œuvre dans les relations complexes qui se sont établies, dans l'histoire et jusqu'à aujourd'hui, entre les factions poussiéreuses et notre Ordre.

Parmi ces principes, je retiens celui consistant à construire des relations honnêtes et enrichissantes - pour ne pas dire des alliances de fait - par petites touches successives et rapports personnalisés, plutôt que par grands décrets et autres annonces aussi spectaculaires qu'inefficaces dès lors qu'ils ne s'appuient pas sur un travail préliminaire au niveau des personnes concernées elles-mêmes. Pour le dire autre...


Achille dit :
Bordel, on n'y comprend goutte à ton charab...
Gargl !!


Achille, jusque-là parfaitement discret, émerge d'un coussin et tente une pensée parasite. Il est aussitôt attaqué par la queue de l'Onÿr, qui s'enroule tel un python autour de sa proie ! Il n'échappe à la constriction que par une téléportation réflexe... et disparait à la vue des protagonistes.

Penthésilée, indifférente aux grossièretés de son symbiote, poursuit sans même s'interrompre :


...ment, toute tentative de rapprochement qui n'est pas précédée d'une patiente prise de contact, voire par l'établissement d'une amitié sincère, me semble au mieux hasardeuse et au pire, vouée à l'échec.

Comme vous le savez, je tente de créer des liens entre notre cité et la ville d'Utrynia. Ces liens sont construits sur la base de rapports amicaux, établis avec les personnes de Nemès, d'Anandra, de Khamaat - l'ancienne bourgmestre - et plus modestement, de Kaliss, qui lui succède. Le processus en est à ses débuts, mais semble bien engagé. D'ors et déjà, quelques membres de l'Ordre ont fait le déplacement jusqu'au Matriarcat, ont profité de la maison acquise au nom de l'Etoile, et travaillent à l'établissement de liens plus durables concernant le commerce, l'échange érudit ou l'entrainement croisé de nos Sentinelles.

Je ne vous cache pas avoir d'autres projets similaires, en particulier avec la Perle, cité confraternelle que j'ai eu l'occasion de visiter, et pour laquelle je jouis - pour l'instant - d'un droit d'accès qu'il serait judicieux de faire fructifier.

J'ai, sur cette question, deux remarques et demandes à formuler :

La première est que j'aimerais connaître votre sentiment sur l'évolution que j'essaie d'entretenir en agissant ainsi. Si je me positionne à l'échelle des villes et non de la faction, c'est parce que je n'ai pas d'autre légitimité que celle octroyée par ma charge. Il est cependant évident qu'une telle politique ne sera poursuivie - par moi, entre autre - que si elle vous agrée. Qu'en est-il de votre opinion, Ô lumière du Rêve ?

La seconde concerne, précisément le problème de la légitimité. Mais il est prématuré de l'aborder sans que vous n'ayez clarifié votre pensée sur l'opportunité de poursuivre dans la voie tracée.


Sur ce, la Veilleuse se tait, apaisée par le fait de s'être exprimée sans frein. Elle est curieuse, ne sachant de quel bois "l'animal politique" Firydor est fait...

Penthésilée
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Firydor

Le Sukra 4 Julantir 1509 à 19h28

 
Firydor prit le temps de se servir une tasse de thé.
La théière était splendide, mais lorsqu'il versa le breuvage, Penthésilée sentit une odeur acre et puissante s'en dégager.
Une odeur à faire frémir des narines non averties.

Le Maitre des Songes n'en proposa pas à l'Onÿr, et continua comme si de rien n'était, après avoir absorbé quelques gorgées de la mixture.

Pour ce qui est des tours, je comprends votre point de vue, Penthésilée.
Il est important de protéger les abords de notre cité.
Mais le principal reste que ces créatures n'entrent pas dans nos murs, ce que les anciennes murailles Nemens, même faiblement consolidées comme elles le sont, font parfaitement.
En dehors des infâmes fleurs de fiel, nous n'avons jamais subi d'agressions notoires en nos cités.

Par ailleurs, ces travaux me semblent inadaptés en un lieu où le calme est de rigueur.
Non que je ne vous fasse pas confiance pour tenter de réduire les nuisances de ces destructions, constructions, mais je ne prendrai pas le risque de nuire au repos de nos Rêvants.
Ils ne seraient pas forcément dérangés par le bruit, comprenez le, pas forcément.
Mais l'idée même les perturberait.
Six siècles d'étude patiente et d'attente avérée peuvent rendre grincheux.
Surtout que ces derniers mois ont vu des révélations se faire jour, et qu'il faut à tous le calme d'esprit comme de corps pour accomplir leur tache...


Il laisse passer un temps, et déguste de nouveau quelques gorgées.

Par ailleurs, je trouve vos idées sur le rapprochement entre nos peuples très vivifiantes.
Et réalistes.
Je vous soutiens dans cette Voie, sachez le.

Mais comme je l'avais énoncé sur notre Consensus, cela doit en rester pour le moment à des relations entre individus, entre cités, mais pas entre les factions.
Ceci est trop... dangereux.

J'estime qu'il faut appliquer à votre "politique" les principes inhérents aux Quatre, tout comme un Révant le fait lorsqu'il plonge dans le Second Monde.
Ainsi, vous éviterez bien des faux pas, et ne vous noierez pas en un chemin sans retour possible.


 
Penthésilée

Le Sukra 4 Julantir 1509 à 23h36

 
Firydor, comme toujours, met l'accent sur quelque chose d'essentiel : les cités poussiéreuses sont d'architecture nemen, et rien ne dit que leurs occupants actuels ont la compétence requise pour les modifier sans risques sérieux. Mais c'est, à sa façon, un gentleman ; il ne blâme pas la jeune nelda sur son erreur d'appréciation, mais recadre le débat sur le volet culturel haut-rêvant. Ceci étant, l'argument est incontestable : nombre d'habitants verraient les modifications défensives d'un œil inquiet, pour le moins...

Penthésilée sourit et baisse la tête, appréciant et le dit, et le non-dit du discours tenu. De fait, la cité n'a jamais été envahie, c'est une vérité historique. L'Ordre n'est pas réputé pour ses entreprises audacieuses, il est plutôt adepte du principe suivant : « on ne change pas une équipe qui gagne ! »

Tout en demeurant coite, la Sentinelle écoute attentivement la suite des propos du maître Rêvant. Son assentiment la revigore, même si l'allusion aux Quatre comporte sa part d'avertissement : il y a là un message fort, à décrypter, et c'est à l'Onÿr d'en saisir le sens et la portée. Il y a des gens pour qui se référer aux dieux est une forme de juron inversé, de tic de langage. La jeune nelda, en l'occurrence, doute que Firydor puisse céder à cette facilité. Il signifie là quelque chose d'essentiel... qu'il faut clarifier.


Votre analyse m'éclaire, Lumière du Rêve. Elle me permet de relativiser mes projets à l'aune de leur importance véritable, de leur caractère futile ou utile. Je suis d'ailleurs amusée - si vous m'autorisez un peu d'auto-dérision - de voir à quel point mes idées d'Onÿr sont finalement de moindre intérêt que mes suggestions de voyageuse ! Force m'est d'admettre que faire bouger les gens est autrement plus conséquent que faire bouger des moellons. Je suis très honorée par vos encouragements ; il me faut cependant gagner en sagesse, et bien comprendre votre dernière remarque :

Appliquer à la politique les principes inhérents aux Quatre...

Je pense saisir quel est l'apport de Grior, dans un tel cadre : il impose d'agir au rythmes adéquats, variables selon les gens, les factions, les thèmes considérés dans un projet de rapprochement ou de partenariat. La Durée n'est pas le concept le plus facile à manier, mais je puis comprendre son importance. De fait, j'ai pu mesurer à quel point les filles du Déclin n'aimaient pas être brusquées, ou plus exactement, avoir le sentiment de l'être. Un tel sentiment nait d'autant plus vite que vous vous montrez pressée...

Je crois comprendre ce qu'Ahsha impose, dans une telle démarche : le progrès. Si je n'apprends pas de mes succès et de mes échecs, dans une telle politique menée sur le long terme, auprès de factions fort différentes, j'échouerai. Je buterai sur un obstacle que mes expériences passées ne m'auront ni permis d'anticiper, ni de contourner. Comme Grior, Ahsha ne me garantit pas le succès, si je le suis : mais il me promet l'échec si je l'ignore.

Fürm... que me dit Fürm ? J'hésite, Maître des Songes.
Fürm pourrait me parler des autres, plus que de moi-même... pour changer. M'expliquer que comprendre autrui impose de se faire violence, de se mettre à la place de ceux qu'on prétend approcher, de... changer ? Mais changer est dangereux. C'est risquer de perdre son identité. Et pour nous autres, neldas de l'Ordre, l'identité est un refuge conquis de haute lutte sur le mensonge et la bestialité. Le changement me fait peur ; Fürm peut être une façon de l'initier sans se perdre soi-même...

Toh, enfin, préside à la finalité du projet. Il m'incite à ne jamais perdre de vue l'objectif, à juger tout acte à la lecture de sa participation positive ou négative à son accomplissement. Il me rappelle, à tout moment, que sauvegarder l'Ordre et la Quête est l'unique projet digne de ce nom, et que toutes nos entreprises doivent - d'une manière ou d'une autre - y participer. Toh me permet de trier le bon grain de l'ivraie, dans ce que je fais, sur le plan personnel comme sur le plan public... ou politique. Toh construit notre sécurité, et si je m'éloigne un tant soit peu de cette vérité, c'est que, contrairement à ce que je crois... je me perds en chemin.

Toh est le fil d'Ariane de ces projets de partenariat : il est l'idée, il est le procédé, il est la finalité.


S'inclinant en se frappant la poitrine du poing, Penthésilée conclut :

Je vais attendre quelques temps avant d'initier de nouveaux rapprochements. Laissons grandir ce qui nait avec le Matriarcat. Rien ne sert de courir plusieurs lièvres à la fois, sous peine de les voir s'échapper...
De fait, toute considération de légitimité est donc prématurée. Je viendrai vous retrouver en temps et en heure pour aborder ce point, lorsqu'il sera d'actualité.
Sashi de m'avoir éclairée, Ô Lumière du Rêve.



Penthésilée
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Firydor

Le Luang 6 Julantir 1509 à 19h41

 
Firydor acquiesce en silence, visiblement satisfait de l'analyse de l'Onÿr.
Il ferme les yeux un instant, les rouvre sur la Nelda.
La question reste muette, mais est très claire, sans aucune volonté d'abréger l'entretien, juste pour savoir si le temps est à d'autres occupations.
En avons nous terminé ?, demande ce regard.


 
Penthésilée

Le Matal 7 Julantir 1509 à 09h26

 
Penthésilée s'incline et salue silencieusement le Maître des Songes pour un A'Kajia traditionnel, avant de se retirer. Elle a abordé tous les points dont elle souhaitait discuter, et n'entend pas accaparer le temps de Firydor plus longuement, d'autant qu'elle soupçonne son thé curieusement épicé de préluder à quelque activité qui ne concerne que lui.

Raccompagnée par le grand nelda jusqu'au Hall de la mairie, elle reprend pied dans la réalité de l'Etoile et se dirige sans autre formalité vers l'armurerie, où l'attendent ses compagnes d'entrainement.


Penthésilée
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Arzela

Le Vayang 10 Julantir 1509 à 14h21

 
Excusez-moi, mais je crois que je vous reconnais, grand maître firydor, ne seriez-vous pas celui qui m' a appris les bases de la pensée?

Je tenais à vous remercier, dussé-je être damné pendant mille ans...

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