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Bien, donc, à la demande de Potent, qui n'a jamais été très doué pour la pédagogie...
Calmos sur les commentaires.
Ahah.
Pardon. A sa demande, donc, je vais tenter de rendre publiques ses hypothèses sur la Traméga.
De toutes façons si ça dérape, je reste là.
Nous allons procéder en plusieurs parties. Un préambule, une étude des différences avec l'autre théorie, un point sur plusieurs explications apportées par la théorie, et enfin une étude du potentiel et des limites.
I) PREAMBULE
La théorie de la Traméga expose un système de remplacement de la théorie usuelle de la trame de la réalité. Habituellement, on imagine la Trame comme une infinité de fils, des fils de réalité, entremélés les uns aux autres. L'ensemble de ces fils forme comme une gigantesque tapisserie
Les Tydales parlent de tableau.
Une tapisserie ou un tableau, oui. Mais à un instant donné, nous ne sommes que sur un unique fil, chaque fil est une ''réalité totale'', et nous voyageons sans cesse de l'un à l'autre.
Dans le cas de la Traméga, il existe une infinité de versions d'un seul et unique fil, la plupart étant quasi vides. Pour autant, ce que nous percevons, ''notre'' réalité, est la réalité unique, mais qui n'est qu'une... Coexistence à chaque instant de l'état probable dans chaque Trame. Une...
Superposition statistique d'états.
Merci Potent. Là où dans la théorie usuelle nous serons sur un fil de trame où il y a une averse, alors que sur un autre fil il ferait beau, la théorie de la Traméga nous dit que l'averse est une superposition de réalité contenant chacune une seule goutte d'eau.
En fait pour percevoir une goutte elle coexiste sans doute dans plusieurs millions de versions, et certaines versions contiennent un océan complet, mais j'aime bien l'image de l'averse composée de chaque goutte unique.
De même, si une personne existe, c'est parce que, de façon simultanée, elle existe dans une multitude de versions de la...
Je crois que c'est bon. La suite.
Oh, bien.
II) DIFFERENCES
Alors, les différences entre les deux théories.
Par rapport à la théorie habi...
T'occupe.
Pardon, Dubitable ?
C'est un jeu de mot.
J'ai pigé. Laisse-tomber, Structeur.
Je ne vois pas, là...
La théorie ha – ''bi-t'occu'' – pe
Oh, voyons !
Navrant.
Continue.
Donc, différence avec la théorie usuelle.
Dans la perception que nous avons des sortilèges. Au lieu de parler de ''sauts'' d'un fil de trame à un autre -ce qui contraint, même pour le plus simple des sortilèges, de faire sauter toute une réalité, ce qui intuitivement semble une épreuve énorme- on parlera ici de simple résonance. Un sort, donc, fait comme une vaguelette dans une mare quand on jette un caillou qui, heu...
Perturbe les autres versions, les faisant vibrer très légèrement.
Oui, mais si ça se contente de vibrer...
Aimant. J'ai dit un aimant.
Oh, oui. On jette un aimant, plus ou moins gros -donc variations plus ou moins importantes- mais qui va donc plus ou moins attirer et bloquer les autres versions voulues qui passeraient assez près.
Vu que tout existe simultanément, un sort se contente de faire coexister parfaitement des états qui coexistaient imparfaitement. D'où matérialisation dans la Traméga.
Voilà. La principale différence est donc sur la portée d'un sort. Dans un cas on fait une action unique sur un espace infini, dans l'autre, c'est une action sur un espace parfaitement localisé, mais répétée à l'infini dans les strates de la Traméga.
Pas à l'infini, non, ça ce sont les sorts totaux.
Pardon. Répété à grande échelle. Comme le caillou qui va traverser toute l'eau avant de toucher le fond.
En plus, ça explique le caractère aléatoire des sortilèges, autrement qu'avec une foule de paramètres incohérents : un seul problème ici, la profondeur de trame accessible, et la force du lancer. Plus on affecte de versions, plus le sort est puissant.
De même, ce qu'on nomme décohérence dans le cadre de la théorie des fils de trame, se traduit par une désharmonie dans le cadre de la Traméga. Désharmonie... ?
Un endroit où n'existe plus aucune cohérence entre les versions.
Comme générée par une sorte d'anti-aimant, qui ferait se diversifier des versions localement identiques. La grosse différence étant que là où une déchirure a tendance à s'étendre et à empirer, le petit trou de néant provoqué par la désharmonie de la Traméga ne peut subsister qu'en maintenant un apport en énergie de son vecteur de désharmonie. Autrement dit, au pire on reste avec une sorte de sphère de négation où rien ne peut exister, stable, au mieux elle se résorbe très vite.
On passe aux exemples d'explications ?
C'est parti.
III) EXPLICATIONS
Ce que la théorie permet.
En fait, il y a toute une série d'explications qui découlent d'une unique notion : celle de densité réalitaire. C'est une explication de la dureté d'un objet sans lien avec ses propriétés structurelles. Un outil de fer est dur parce qu'il est en fer. Une brique est dure parce que... Elle est ''dense''. Enfin l'outil aussi, mais lui est lourd. En fait...
On distingue densité réelle de densité réalitaire. La densité réelle dépend du matériau, et a une incidence sur le poids. La densité réalitaire dépend de sa faculté de résonnance, et ne varie pas le poids.
Merci, c'était un peu flou. Pour appréhender le concept de densité réalitaire, il suffit de regarder une brique nouvellement formée, encore humide. Un bout de bois. Une fois passé au feu, leur masse n'a pas changé, pourtant ils sont plus durs, sans que la science parvienne parfaitement à l'expliquer, l'évaporation de l'eau n'expliquant pas tout. Le feu est un...
Vecteur de résonance.
Voilà, un des plus simples. Il renforce la réalité des choses, pouvant leur donner une dureté exceptionnelle, sans que leur masse y joue un rôle. Comme... Comme un diamant, par exemple.
Très bon exemple, le diamant ! Léger et très dur.
De fait, on tient là l'explication des esprits, et autres manifestations immatérielles : elles sont moins denses, réalitairement parlant, que les êtres vivants, mais doués d'une cohérence réalitaire suffisante pour apparaître dans la Traméga.
De même, les impressions de déjà-vu s'expliquent, et de façon plus satisfaisante que des... Incohérences de pensées, qui ''sautent'' d'un fil de trame à un autre. Là, il s'agit simplement de versions de la Traméga suffisamment cohérentes pour laisser une trace, mais pas assez pour apparaître réellement. Donc on ressent les événements avant leur apparition dans la Traméga, sans pouvoir les percevoir totalement pour cause de manque de densité réalitaire. D'où impression de déjà-vu.
De même, plus performant que le feu – un peu de feu entraine une résonance, trop l'annule-, un environnement magique stable aide.
Autrement dit un enchantement.
J'y venais. Un enchantement renforce un objet, pour une raison simple : quand le feu agite, le mana attire, il est l'aimant dont nous parlions. Un enchantement -autre que ceux visant à apporter une nouvelle propriété- va renforcer la densité réalitaire d'un objet. Plus dur, plus résistant, au final une arme enchantée percera plus facilement une armure standard, car elle est plus dense.
En l'absence d'expériences plus poussées, il est impossible d'être catégorique, mais cela pourrait aussi expliquer la corruption due aux cristaux. A l'inverse des enchantements, ils induisent une désharmonie, sous forme d'un syphon. La densité réalitaire alentours est sans cesse variable, et un individu contaminé voit donc ses perceptions modifiées en permanence. Même si la Traméga n'est pas en soi profondément altérée, la victime à l'impression qu'elle est fluctuante, d'où une instabilité, puis une folie inéluctable, avec parfois l'apparition de capacités étranges. Plus la densité de cristaux actifs est importante, plus la désharmonie est forte, et plus... Il peut arriver n'importe quoi.
En fait l'Entropie n'est absolument pas instable, elle lance un autre type de caillou que les sphères de l'Arkan, mais garde le même processus : recherche de résonance en vue d'une cohérence. La véritable entropie, le véritable chaos, c'est la désharmonie induite par les cristaux. On passe au potentiel.
Bien.
IV) POTENTIEL
La théorie de la Traméga explique aussi en partie certaines capacités uniques de la Callimancie ou mouesques, et nous les présentent comme -théoriquement- accessibles. Ainsi la téléportation instinctive n'est qu'une désharmonie corporelle : la cohérence chute, le corps se reforme à l'endroit de coexistence statistique la plus forte. On ne sait pas exactement où on va atterir, mais on y va.
Les Mous semblent mieux contrôler ce pouvoir qu'un phénomène purement aléatoire, et la téléportation sans filet se traduirait sinon par une simple disparition. Mais en projettant des ancrages de la Traméga, qui forcerait une coexistence dans différentes versions, c'est très possible. Cela reviendrait, à notre échelle, à enchanter un lieu où nous nous rematerialiserions en cas de téléportation inopinée.
Ce qui a déjà lieu, pour certains, par la réincarnation. Les Piliers peuvent se voir comme des zones d'ancrage des êtres sur les versions de la Traméga, et la mort entraine une désharmonie, compensée par un regain de densité réalitaire au niveau des piliers.
On devrait aussi pouvoir batir des clones de soi-même, mais... Bon, c'est très théorique.
Il y a aussi une possibilité plus attirante encore : l'immortalité !
L'inaltérabilité, attention au terme.
L'inaltérabilité, oui. Par une coexistence totale sur toutes les versions de la Traméga, on atteint l'invulnérabilité virtuelle. Pour une raison simple : sur aucune version de la Traméga il n'existe autre chose que notre corps, à l'emplacement de notre corps. Impossible d'y enfoncer une lance, puisque nulle part il n'y a la place pour la mettre. Comparativement, elle est d'une densité réalitaire infiniment plus faible.
Sans compter les bénéfices offensifs.
Ah ? Ca m'interresse, ça.
Tout à fait. Comparé à nous, un pur d'acier est aussi tangible qu'un... mur d'air. D'un revers de main, on traverse le plus résistant des ennemis, un crachat transperce la plus épaisse des armures, car il aura une densité réalitaire totale.
Quant aux sorts, même principe ! Un sort présent sur toutes les versions coexistantes de la Traméga n'est plus une pierre s'enfonçant dans l'eau, c'est un pilier traversant le monde, et revenant sur lui-même au terme d'une boucle infinie. Un sort pas forcement plus spectaculaire qu'un sort normal, mais ayant un effet total. Armure impénétrable, attaque inarrêtable, chant à l'échelle du monde entier, résurrection... Le potentiel est infini
Et ça explique plus simplement la nature du Tark'Nal.
Ah, oui, ça... Le Tark'Nal est en fait moins dense que la plupart des êtres. Il entretient une certaine désharmonie locale, mais une grande harmonie globale. Autrement dit, il n'est qu'un spectre MAIS est sans doute entouré d'autres images de lui-même, à peine moins tangibles mais pour autant indiscernables. Il n'est pas invulnérable, c'est plutôt qu'il... compense chaque attaque ?
Oui, par un échange entre ces pseudos images, bénéficiant d'une capacité d'encaissement et de récupération à l'image de sa densité réalitaire proche absolument exceptionnelle, et de l'immatérialité due à une densité réalitaire ponctuelle. Autrement dit, il agit non pas à l'instar d'une entité unique, mais comme un millier de spectres cohabitant dans une région restreinte, et dont seul le plus dense est perceptible.
Heu... Voilà. Et ça explique aussi sa faculté de téléportation, bien plus simple pour lui, déjà à la limite de l'imperceptibilité, que pour quelqu'un d'autre. Et au final, la technique d'ancrage dans notre fil de réalité se traduirait, en terme de Traméga, par une réharmonisation du Tark'Nal, forçant toutes ces images partielles à coexister. D'où la conclusion scientifique à ce qui n'était que de simples suppositions métaphysiques dans l'autre théorie : oui, la matérialisation complète du Tark'Nal le rend vulnérable, mais en augmentant grandement ses pouvoirs. D'où morflage sévère.
Conclusion.
V) LIMITES
Le but -sorts infinis et invulnérabilité- est connu. La méthode pour y arriver peut se déduire : il s'agit de forcer l'harmonie, appliquer une résonance totale sur les versions de la Traméga. Plutôt que l'analogie avec un aimant, il faudrait ici batir une sorte de lentille à réalité, une lentille convergente couplée à un miroir sans tain. Qui permettrait de capter les images des différentes versions de la Traméga pour les concentrer -lentille- sans laisser ces images s'échapper -miroir- afin de multiplier à l'infini les images de ce qui est voulu. Et au final harmoniser toutes les versions de la Traméga, simultanément. A noter que la création du Tark'Nal fait sans doute intervenir une version modifié de cette lentille. Imparfaite, car elle ne permet pas -du moins on l'espère – d'affecter toutes les versions de la Traméga, mais avec un côté ''facettes'' qui permet de concentrer les images, mais imparfaitement.
La question simple se posant étant : comment batir ces lentilles à réalité ? Il serait de bon ton de poser quelques questions à la personne à l'origine du Tark'Nal, nous y gagnerions des cycles et des cycles d'expériences.
L'autre question, ce sont... C'est génant.
C'est la réponse à la question ''pourquoi exposer cette théorie sur des fils de pensée moins accessibles''.
Moui... En fait, cela se formulerait par ''les Nemens se sont-ils trompés, ou nous ont-ils trompés ?''
Car les théories des fils de Trame et de la Traméga expliquent les mêmes choses, et pour le commun des mortels, elles se confondent. Mais en poussant, on se rend compte que certaines choses semblant hors de portée ne le sont que parce que notre point de vue les rendent innaccessibles. Les sphères sont un carcan, mais un carcan indispensable, et visible. Donc d'une efficacité limitée. Si nous ne pouvons même pas imaginer le monde autrement, comment trouver ses véritables limites ? Comment un aveugle comprendra-t-il une langue basée sur des couleurs ?
La coruscation était une tentative de briser le carcan des sphères, mais c'était un moindre mal, quelque part, bien que rapidement exploitable. La Traméga n'offre qu'un regard neuf à court terme, à long terme... C'est plus délicat à définir.
Peut-être que les Nemens seraient ravis de connaître cette théorie. Peut-être qu'ils ne seraient pas ravis de voir que nous, nous la connaissons.
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