Qu'y a-t-il aux deux pôles supposés de ce Flux ? Bien malin qui le sait, jeune dame. A ma connaissance, nul Nemen n'a jamais cherché à le savoir. Monter une expédition au-delà des mers est suicidaire, je ne vous apprends rien. Et nous sommes peu concernés par cette question, qui touche en premier lieu la sorcellerie poussiéreuse. Une sorcellerie dont nous ne voulons pas.

Pour cet âge, je suis un sémanticien hylozoïste.

En clair, je considère que les idées signifiantes sont vivantes, et qu'elles s'incarnent, matériellement parlant, dans tout ce qui nous entoure.
les cailloux sont vivants, parce qu'ils sont l'expression réelle l'un fondamental idéel nommé "cailloux".

Le fait que les êtres pensants soient les vecteurs les idées pourrait laisser croire que nous sommes la clé le ce que nous prétendons qualifier le vivant, dans l'approche hylozoïste de la trame le réalité...
Il n'en est rien : les idées préexistent aux vecteurs que sont les êtres pensants, et ce pour une raison de logique philosophique incontestable : lesdits êtres pensants sont eux-mêmes l'expression de leur propre version idéelle.

Un piège usuel de la pensée hylozoïste mal comprise réside dans l'idée que tout se vaut, puisque tout est vivant.
la encore, il n'en est rien.
les idées sont hiérarchisées et donc, l'échelle du vivant l'est également.
les idées évoluent, se combattent, se dévorent, s'entremêlent et enfantent d'autres idées qui tuent leurs idées parentales. Elles participent à un immense mouvement global qui les voit naitre, grandir et disparaitre et, plus généralement, pousser la réalité qui en découle dans une direction générale que l'on nomme : l'évolution.
Et dans cette hiérarchie bien entendue...

Syfaria tient une place majeure.
Syfaria est vivante, en effet. Elle occupe une place élevée dans la hiérarchie les êtres idéels. Conséquemment, elle génère une réalité qui s'impose à nombre d'autres. En fait, qui s'impose à presque toutes les autres...
Presque.

Ainsi, dans l'école le pensée dont je dépens, non seulement Syfaria est vivante - en tant qu'idée - mais elle est aussi dominante, en tant qu'idée majeure.

Savoir si les idées sont consubstantielles à Syfaria, ou si elles existent dans une sorte de monde voisin auquel nous serions liés... peu nous importe. Ce qui nous préoccupe bien davantage, c'est d'observer de quelle façon ces idées s'incarnent et s'expriment dans la Trame de Réalité, puisque c'est en partie par notre intermédiaire.

Comme je vous l'ai dit, les idées en soi ont une existence. Certaines s'incarnent, d'autres non. Pour mon école de pensée, on ne crée jamais rien : on ne fait que découvrir. et découvrir a chez nous un sens très précis : c'est faire basculer une idée de l'intangibilité vers la tangibilité. C'est lui donner un incarnat.

Oui, Syfaria est l'idée-majeure. Elle organise, car sa présence écrasante, incontestable, les mondes idéel et réel qui fondent notre quotidien. Elle donne vie aux idées que nous sommes, que vous êtes, des idées qui ne peuvent s'incarner sans contexte parental. Et ce contexte, c'est Syfaria.

L'idée-majeure vit, comme toute idée. Elle est conséquemment là vie majeure de cette réalité, celle auxquelles les autres sont subordonnées.
L'école hylozoïste ne peut qu'aboutir à cette conclusion.

La Matrice fonctionne sur les deux niveaux que vous décrivez : en tant qu'idée, et en tant que mathématisation d'un vaste ensemble d'idées réparties tout au long de la frise historique syfarienne.

J'ignore si les idées précèdent leurs incarnats. En vérité, je ne suis pas sûr qu'il soit pertinent, ni même sensé, de les envisager séparément. Quant à savoir d'où elles viennent, comme tout ce qui est, leur origine est le néant.
Le contraire serait surprenant : le néant est l'idée-mère.

Le Néant.
Par définition, sujet insigne et immensément vaste... même si le Néant n'est pas infini, non :
Il est indéfini.

Il est l'idée-mère, et la mère de toutes les idées.
Il n'est pas pour autant l'idée-maitresse, ni l'idée-majeure.
L'idée-maitresse est la Rune. L'idée-majeure est Syfaria, comprise et pensée sous l'angle de la Trame de Réalité.
Mais rien de ce qui est ne serait sans le Néant, d'où tout vient, tout procède, et où tout retournera. Lorsque vous dites que d'aucuns l'ont exploré en suivant Flymeur dans son petit monde clos, vous faites erreur : le Néant ne se visite, ne se parcourt pas. Il ne peut être violé, investi. Bien qu'il soit partout, il n'est nulle part.

Rien ne peut altérer le Néant.
Mais le Néant, lui, peut tout altérer...

Et qui joue avec le Néant détient l'arme suprême, celle qui relie par l'origine l'ensemble des idées et de leurs incarnats.

Le P'khen S'sarkh aime à croire qu'il pourra, un jour, faire cela : effleurer le Néant pour rejouer une partie qui lui déplait.
Je n'y crois pas. C'est impossible. Ontologiquement impossible.

Lorsque le vent cesse, l'énergie qu'il dispense disparait...
Mais l'air demeure. Il est nécessaire à la vie.
Il en va de même du Flux et de la Mana. Plus de Flux, plus d'énergie pour votre sorcellerie...
Mais la Mana demeure. Elle est nécessaire à Syfaria.
Syfaria peut se passer du Flux. Elle l'a déjà fait.

La Trame de réalité et le Flux sont liés. Mais cela ne saurait vous surprendre, jeune maîtresse :
Tout est lié.

Oui, votre création tord, modestement, la trame. Très modestement.
Mais c'est encore trop.
Vous êtes, à vous seul, un bon condensé de ce qu'est la poussière, frère Tchik : un talent fulgurant, une insouciance désarmante, un danger effroyable.
Dévier les flux pour faire une boite à musique ! Que seriez-vous prêt à faite pour un grand œuvre ? Je n'ose l'imaginer.
Je me dis parfois que vous vous détruiriez vous-même avant que le P’khen S'sarkh n'ait le temps de fermement l'envisager...
Mais nous vous protègerons, bien sûr.

Et ce faisant, nous nous protègerons aussi.

Quant à vous, jeune poussiéreuse, vous n'avez rien d'une parasite. Votre sorcellerie, en revanche...